RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Il y a quelque temps, j’ai complété deux trois trucs grâce à l’ami Fred le Mallrat. Et parmi ces trucs, il y a la mini série Punisher / Captain America: Blood & Glory.

Voilà qui est fait, mais je n’avais pas encore pris le temps de le lire. Et c’est très sympa, quoique un peu bourrin.
Il s’agit d’une mini-série en trois épisodes, publiées dans le format « prestige », lui-même inauguré par le Dark Knight de Frank Miller, à savoir quarante-huit pages de BD, sans pub, avec une couverture plus épaisse et un dos carré. J’adore ce format. J’ai acheté plein de mini-série publiée sous cette apparence, à la fois pour le plaisir de la lecture et pour celui de l’objet.

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Grosso modo, le héros patriote et le justicier expéditif enquêtent chacun de son côté sur un trafic d’armes. L’opération est complexe, et consiste à financer un dictateur sud-américain (« médizuélien », plus précisément), en lui fournissant des armes comportant des malfaçons, ce qui permet de s’assurer qu’il ne l’emportera jamais réellement, tout en empochant des ronds et en faisant une marge substantielle, ainsi qu’en préparant l’éventuel renversement du despote ce qui permettra de soutenir la candidature de certains hommes politiques qui se dressent en pourfendeurs de la corruption. En bros, le beurre, l’argent du beurre, et le fessier de la crémière.

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C’est écrit par Dan G. Chichester, dont on se souvient notamment pour sa reprise de Daredevil, fort controversée, après la période Nocenti. C’est donc musclé, un brin tarabiscoté, parfois dialogué à la truelle, mais le scénariste a le bon goût de nous rappeler que les deux héros, pour différents qu’ils soient, sont avant tout des soldats, construits par la guerre. Deux opposés qui, bien entendu, se ressemblent. Cela conduit à des voix off intéressantes, et surtout à une imagerie qui cogne : voir Frank Castle brandir le bouclier de Cap, c’est quelque chose.

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Graphiquement, c’est dessiné par Klaus Janson. C’est donc hyper-musclé et carrément bancal, mais l’ensemble a tout de même beaucoup de charme. Janson sort des cases assez puissantes, notamment dans les portraits.
Les deux premiers tomes sont très chouettes. Le troisième sent carrément la précipitation, et le dessin se fait moins détaillés, les matières dont l’illustrateur abuse d’ordinaire ne parvenant plus à masquer les maladresses du dessin. Dommage : la dernière scène est magnifique, s’il avait eu plus de temps, ça aurait bien donné. Ça se sent, cette précipitation, au fait que la couverture double reprend une double page intérieure, au lieu d’utiliser une illustration inédite.
Signalons que la précipitation ne se voit pas qu’au dessin. Trois numéros, trois coloristes, ça sent un peu le rappel des troupes en urgences. De même, le premier numéro est lettré par James Novak, qui livre plein de bulles déséquilibrées avec des césures maladroites. Les deux autres sont lettrés par l’excellent John Workman (le lettreur de Simonson, mais aussi des Batman de King et Finch), et c’est d’un autre niveau. Ses onomatopées sont notamment formidables.

Punisher-Janson

L’ensemble s’inscrit dans le récit de complot politique dont la période raffolait (et qui fonctionne encore très bien aujourd’hui), où le gouvernement ne peut que se compromettre dans de sales affaires. C’est un peu daté et ça développe un manichéisme d’un autre genre, mais c’est plutôt bien troussé et les relations entre les deux héros sont bien travaillées.

Jim

PS : un aperçu est disponible ici :
http://bestcomics.org/marvel-comics/the-punisher-comics/38-the-punisher-captain-america-blood-and-glory-1-3-series.html