RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Suite à plusieurs (passionnantes, comme toujours) discussions ici, je me suis plongé dans les numéros équivalents à :

Dont The Mighty Avengers #21-36, le run de Dan Slott sur ce titre.
Des numéros entre la fin de Secret Invasion et Siege, dont le fameux Dark Reign de Marvel.

Bon. Ben j’avoue que j’en espérais un peu mieux.
Attention, c’est de qualité : Dan Slott est un très bon scénariste, il sait raconter une histoire, et tout se lit très bien. Mais ce n’est pas « fou », quoi.

L’idée de base est que Hank Pym revient de son enlèvement par les Skrulls, découvre que Janet Van Dyne s’est sacrifiée à la fin de SI, et découvre aussi tout ce qu’il s’est passé depuis des années (Disassembled, House of M, Civil War, World War Hulk, SI…). Désormais The Wasp, en hommage un peu bizarre il faut l’avouer, il créé un Pymspace, une dimension entre les dimensions, pour accéder à tout lieu sur Terre via des portes. Cette idée formidable court dans tout le run, et c’est le point le plus intéressant de tout ça, en fait. Le final révèle l’objet du Pymspace, à savoir « retrouver » Janet, dans l’infiniment petit, et faire du labo’ de Pym une sorte de harnais pour l’empêcher de s’étendre et disparaître. C’est pertinent, intéressant, et fort.

Dan Slott ne parle pas que de cela, cependant, et livre plusieurs sagas. Une première où la Sorcière Rouge réunit ces Avengers pour stopper Chton, ne faisant pas confiance aux Dark Avengers ; mais Wanda est en fait Loki, qui a surtout envie d’embêter Norman Osborn. Une autre sur un roi inconnu, mystérieux et volontairement oublié des Inhumains, après une trahison. Une confrontation directe avec les Dark Avengers, qui tourne mal. Une vengeance directe contre « Wanda ». Et un final, centré sur Hank Pym et Jocaste, face aux conséquences des choix du premier.

Celui-ci est d’ailleurs au centre des récits… mais n’est pas forcément « bon », en fait. Dan Slott fait de Hank Pym un personnage étrange, autant brillant comme scientifique que médiocre comme être humain. Son traitement de ses troupes, mais aussi de Jocaste, qui tombe amoureuse de lui et qu’il utilise (d’abord comme « remplaçante amoureuse » de Janet, dont elle a les chemins cérébraux, que pour autre chose à la fin, encore plus sombre), est dégueulasse et honteux. L’auteur veut montrer ainsi que ce super-héros, « condamné » constamment pour avoir frappé la Guêpe jadis, est certes formidable comme scientifique - mais bien pauvre humainement.

C’est intéressant, mais ça va souvent trop loin, trop vite. Un bon résumé de cette série, en fait, qui survole essentiellement ses idées. Les sagas sont bonnes, cohérentes, même si la première n’est pas non plus extraordinaire, et la seconde est assez basique. Les personnages sont cependant bien écrits, avec de bonnes dynamiques. Accompagnent ainsi Hank Pym : Hercules et Amadeus Cho, très pertinents dans les rôles rôdés de Incredible Hercules ; Stature et Vision, les « jeunes » sympathiques et motivés, notamment dans l’approche de « Wanda » ; US Agent, partisan de Norman Osborn, hélas évacué bien trop rapidement sur la fin de la série ; Jocaste, donc ; Quicksilver, échappé de Son of M et Silent War, à la poursuite de « Wanda », et qui profite de tout ça pour se rattraper (en « mentant » quand il prétend avoir été enlevé par un Skrull).

Tout ça est bien, en fait, mais tout va trop vite. Dan Slott évoque un moment Salvation-2, un robot qu’il construit en secret, en lien avec le robot Salvation qu’il voulut construire jadis quand les Avengers l’ont viré, et qu’il voulait se racheter. C’est là qu’il frappe Janet qui veut l’en empêcher, mais… ça ne va pas plus loin. Idem pour les conséquences du mensonge de Quicksilver, pour le triangle amoureux Amadeus/Stature/Vision, pour le rapport d’US Agent avec Osborn, pour les liens des Mighty Avengers avec l’organisation internationale GRAMPA.

On sent que Dan Slott aurait pu en dire plus, et c’est fort dommage que ça s’arrête aussi vite. Mais, dans ce qu’il raconte, tout n’est pas idéal non plus… les idées sont bonnes, mais la mise en place manque d’ampleur. C’est bien, mais ça aurait dû être mieux. Les deux grosses sagas, les deux premières, sont bonnes, mais méritaient plus de force, d’épique, de grandeur, de puissance. Les rebondissements sont un peu mécaniques, un peu faciles, un peu précipités.

Comme, notamment, cette idée que Eternité fait de Pym le Scientifique Suprême, ce qui a du sens dans le récit… mais c’est contredit par « Wanda » trois numéros avant la fin. Quid, donc ? Est-ce vrai, ou pas ? Cet entre-deux correspond bien au run, oscillant entre le bon et le très moyen, sans se décider vraiment. Dommage.

D’autant que, graphiquement, c’est quand même très compliqué. Segovia n’est pas encore au niveau de Hal Jordan and the Green Lantern Corps, mais c’est plutôt joli ; il est hélas trop rare. Khoi Pham fait au mieux, mais ce n’est ni beau, ni raté ; juste moyen, et parfois même moyen-moins.

En soi, le run de Dan Slott ne me paraît pas mauvais… mais il sonne comme un vrai gâchis.

Gâchis d’idées, gâchis de potentiel du fait du rythme effréné de Marvel alors, dont nous parlions aussi. Mais gâchis dû aussi à Dan Slott, qui a beaucoup de bonnes idées, mais ne semble pas capable de bien les articuler, ou va peut-être trop fort avec elles.

Quel dommage. M’enfin, ça se lit quand même bien.