RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

voilà pour moi le run classique entre tous de spidey, hormis les premiers par lee et ditko.

1 « J'aime »

Un vrai appeau à Jim …

C’est clair.
Sauf que je me fais les Essentials, donc j’aurais tout cela en noir & blanc. Mais ouais, c’est de l’excellent matos (et j’ai encore en tête sa prestation sur Spectacular Spider-Man, qui me semble presque meilleure encore que celle sur Amazing Spider-Man…). Bref, j’adore.

Jim

Doctor Strange - "A Separate Reality"

J’en cause mais je ne pense pas que ça fasse vraiment l’actualité. Mais bon, j’ai été tellement emballé par les épisodes compilés ici que je le signale quand même…

51DF2FRZ4GL.SX313_BO1,204,203,200

J’adore le personnage du Docteur Strange, qui me semble un des concepts les plus originaux et les plus porteurs de toute l’histoire de MarveL Le ressort de la série dès les origines est de déplacer le cadre narratif des héros Marvel des 60’s : pas de pseudo-science comme dans les FF, Hulk, les X-Men ou Spider-Man, mais un pseudo-ésotérisme qui ne s’appuie de plus sur aucun panthéon préexistant (comme « Thor » par exemple). C’est un concept monstrueux et fun, que Lee et Ditko s’empresse de transformer en chef-d’oeuvre.
Voilà, c’est à peu près tout pour ma connaissance de ce perso…les boules !!
Comme tout lecteur majoritairement VF, j’ai été particulièrement mal servi en Doc Strange. Bien sûr, il y a les team-up et les titres associés (genre « Défenseurs »). Bien sûr il y avait les édition Arédit / Artima, mais dans le bordel le plus complet (je me souviens quand même d’une poignée d’épisodes mémorables signés Starlin). Et bien sûr, il y a eu quelques numéros spéciaux et autre minis qui ont donné lieu à de chouettes albums chez Lug puis Semic, comme le sublime « Triumph and Torment » avec Doc Fatalis, ou encore le « Gambit de Faust » (j’y reviendrais sur celui-là).

Bref, c’est pas la joie pour les fans francophones du Maître des Arts Mystiques. Il manque des pans entiers de la biographie fictive du Doc, et pas des moindres : il suffit de lire le travail ahurissant de Steve Englehart et Frank Brunner sur le titre pour se dire qu’on tient là le menu idéal d’un futur « Marvel Classic ». C’est de l’ordre de la sur-tuerie totale !!
Le tandem arrive sur le perso à un drôle de moment de sa vie éditoriale : « Strange Tales » est devenu « Docteur Strange volume I » quelque part aux alentours du numéro 170, puis la série est purement et simplement annulée (après diverses tentatives pour booster le titre, comme ce Doc masqué…). Le perso réapparaît dans « Marvel Premiere 3 » et s’installe jusqu’au numéro 14 pour une série d’épisodes anthologiques, surtout à compter du 9 où Brunner s’installe sur la durée. Marvel accouche naturellement devant la qualité du matos d’un nouveau titre « Docteur Strange vol. II » avec Englehart et Brunner aux manettes, qui entament d’ailleurs la série avec un arc absolument incroyable et séminal.
Le présent TPB reprend les numéros 9 à 14 de « Marvel Première » et les 5 premiers de « Doctor Strange vol. 2 ».

J’étais très curieux de lire ces épisodes : a priori j’avais la sensation qu’ils étaient à leur façon totalement « historiques », à plus d’un titre. D’abord, ces épisodes constituent un magnifique fleuron de ce qu’a pu donner de meilleur la tendance des « cosmic comics ». Dans la lignée de quelques expérimentations plus ou moins isolées des années 60 (les histoires bizarres de Arnold Drake ou John Broome et Gardner Fox chez DC, et le travail de Ditko évidemment sur Doc Strange), et surtout totalement infusés de l’ambiance contre-culturelle de l’époque, ces épisodes aux côtés des travaux de Starlin sur « Captain Marvel » et « Adam Warlock » constituent le sommet de ces comics « psychédéliques » où les héros sont messianiques, les rencontre avec diverses entités abstraites des « trips », et où l’on acquiert des niveaux supérieurs de conscience après de véritables rites initiatiques : le versant « Jodorowsky » des comics, en somme. D’autre part, ce titre s’inscrit dans la veine « proto-Age de Bronze », d’une manière différente des « Green Lantern / Green Arrow ». On exige plus du lecteur, le cadre des références a de plus été décalé (plutôt que les références « classiques » chez Lee ou Kirby à la Frankenstein ou au mythe du Golem, on va plutôt chercher des concepts chez Robert Howard et H.P. Lovecraft). Enfin, graphiquement, le titre s’inscrit à la pointe de ce qui constitue le renouveau du genre dans les années 60 / 70…

J’ai pas été déçu du voyage. Les premiers épisodes (bizarrement tronqués du crescendo qui les précèdent, allez comprendre) relatent le premier affrontement entre le Doc et le terrifiant Shuma-Gorath (un concept typique des seventies naissantes, ça), un tournant historique dans la série car les répercussions de cet affrontement sont énormes. On trouve aussi ici le fameux épisode avec Sise-Neg, où Strange rencontre Dieu en personne en assistant à la création (qui dit mieux ??), ce qui vaudra à Englehart des réprimandes de Lee qui exige unje clarification…puis se rétracte à la lecture d’une fausse lettre de fan, rédigée par Englehart en douce !
Plus fort encore, la saga qui introduit la deuxième série consacrée au perso est pour moi, au coude-à-coude avec les Ditko, LE classique absolue du Docteur.
Silver Dagger, un prêtre catholique fanatique qui assassine les mystiques à travers le monde, parvient à attenter à la vie du Doc au sein même de son Sanctuaire. Et voilà le Doc parti à travers l’Irréalité (où il croisera une chenille géante façon « Alice au Pays des Merveilles ») pour un voyage visant à fuir la Mort elle-même (qui fait ici si je ne m’abuse sa première apparition dans le Marvelverse).
Incroyablement rythmé, tendu et inventif, l’arc est de plus une merveille au niveau graphique, Frank Brunner (que j’avoue ne pas connaître mais qui m’a séché sur le coup) assurant un espèce de mélange de rêve antre les pattes respectives de Steve Ditko et de Neal Adams. Hallucinant, au sens propre.
Je ne résiste pas à la tentation…

A noter que l’album RCM que j’évoquais plus haut, « Le Gambit de Faust », signé par Roy et Dann Thomas (et dessiné par…Guice ?), et qui est un formidable récit loufoque qui réussit l’exploit d’être fidèle à l’univers du Doc et d’être totalement hilarant (ceux d’Englehart sont bien plus sinistres), puise allègrement dans cette saga, et révèle même un secret étonnant sur la chenille croisée par le Doc ici…

Un must absolu. Panini, si vous cherchez le menu d’un futur Marvel Classic…?

Pour la petite histoire, tu parlais de Jodo et de trips psychédéliques des années 70, mais le titre renvoie directement à un classique du genre de cette époque-là, Voir, de Carlos Castaneda, dont c’est le titre original.

(pour ceux qui ne connaissent pas, Castaneda était un étudiant en ethnologie qui est allé faire sa thèse chez les sorciers Yaquis, et en est revenu un peu accro aux champignons et autres herbes bizarres. Pour situer un peu, la moitié des répliques de Maitre Yoda sortent directement de chez Castandeda.)

Ton commentaire m’emballe aussi. :wink:

N’y avait-il pas une controverse à ce sujet, comme quoi cette histoire de sorcier Yaqui aurait été, c’est le cas de le dire, une vaste fumisterie ?

en tout cas ce qu’il en raconte l’est.

Toutafé. Il y a un certain nombre d’incohérences dans les récits de Castaneda. Tout ce qui touche au peyotl, par exemple, ne colle pas avec les indiens qu’il a rencontrés et les lieux qu’il a fréquentés.

Par ailleurs, à partir d’un certain point « la disparition de Don Juan », le discours s’infléchit et devient quand même assez malsain. Par ailleurs, pas mal de gens se réclament de lui de façon explicite ou implicite, avec les histoires d’ « Accords Toltèques », par exemple, qui sont de la pure continuation.

Néanmoins,* L’herbe du diable*, Voir et le Voyage à Ixtlan contiennent des choses très fortes. Après, que ce soit de la fumisterie ou qu’il y ait eu à l’origine une vraie démarche initiatique, je renvoie à la jurisprudence Barnum : passé un certain point, la réalité de la chose m’intéresse moins que son impact.

Tout simplement excellent, je le note. :wink:

On parle aussi de jurisprudence Liberty Valance : « quand la légende dépasse la réalité, publie la légende ».

tout le truc est de ne pas rester dupe du procédé.

On peut résumer le truc autrement : Je me fous cordialement que Salieri n’ait pas tué Mozart, ça a donné un film fabuleux.

Gaiman se reclamait de cela lorsqu’il commentait son episode de sandman où l’on suit lady constantine à la recherche de la tête d’orphé durant la révolution française.

Il avait été alors interpelé par un thèsard français en histoire sur le portrait peu flatteur pour dire le moins qu’il avait fait de Robespierre.

Et Gaiman de dire en effet que c’était là au service de son histoire et qu’il ne fallait pas à ce point se cramponner à la vérité historique.

Disons que certaines histoires fabuleuses ne valent pas d’étouffer le fabuleux de l’Histoire.

« on peut violer l’histoire. à condition de lui faire de beaux enfants ». Alexandre Dumas.

après, tout dépend de ce qu’on cherche à faire. Si l’intention est documentaire, bien entendu, s’arranger des faits est malhonnête. Mais si le but est de raconter une bonne histoire…

Ainsi que l’aigle dans les Doors d’Oliver Stone, non ?

Jim

probable, mais en fait je ne l’ai pas vu.

De mémoire (mais bon, je l’ai vu il y a longtemps), le film s’ouvre sur un aigle survolant le désert.

(Faudrait creuser cette histoire de rapace : y a aussi un aigle - ou une sorte de gros piaf de ce genre - dans son Alexandre, film où des éléphants dansent au ralenti dans des pluies de pétales roses : ils n’ont pas fumé que de la nicotine et du goudron, sur ce plateau !).

Jim

Oui, mais j’aime bien justement proposer autre chose que ce dont on a l’habitude, et Barnum change un peu de Liberty Valence justement. :wink:

Du coup, je m’interroge : Abraham Lincoln, il a réellement été chasseur de vampires, ou pas ? ~_____^

Tori.

C’est Christophe Bourseiller (essayiste, journaliste spécialiste des extrêmes mais aussi acteur chez Godard ou dans…« P.R.O.F.S. » avec Bruel et Luchini !!) qui a consacré un livre à la véracité supposée des écrits de Castaneda, et dont le titre résume un peu les différentes maximes évoquées ici : « Castaneda, la vérité du mensonge »…

Je connais un tout petit peu Castaneda, mais j’ignorais que le titre « A Separate Reality » provenait de lui.

Oui y’a de ça, mais dans le cadre d’une mesclaille (qui résume quand même un peu les centres d’intérêt de Jim Morrison) qui fusionne allègrement William Blake, Aldous Huxley, Castaneda et quelques autres…
J’aime bien les séquences psychédéliques chez Stone, d’ailleurs. Je préfère de loin le Stone sous LSD que le Stone cocaïné…

J’aime bien Bourseiller, je vais jeter un coup d’œil à son livre. Merci.