Merci.
Oui, j’ai Galactic Storm ! Bonne lecture un peu grasse mais fort sympathique pour les fans.
J’aime beaucoup. L’équilibre entre les séries est plutôt réussi, aucun personnage ne fait de la figuration, les péripéties sont bien étalées sur les différents chapitres, Harras tire de tout ça de bonnes choses et utilise le contexte afin de couper son groupe et de mettre en avant ses personnages préférés. C’est copieux, mais certains cross-overs plus courts ne réussissent pas à intéresser de la même manière ! Excellent souvenir de lecture.
Jim
Oui, pareil. Une vraie grosse bataille cosmique, avec des conséquences, des choses terribles, des choix bien pensés, et plusieurs camps bien animés.
Et bon, sortir un peu les Shi’ars des X-Men, c’était agréable aussi.
Mais qui au final donne la nausée et des gaz.
Disons que pour un truc avec autant de séries, ca ne souffre pas des défauts des cross Batman (perso qui servent a rien, rallonge avec des episodes qui servent a rien).
Là le découpage est bien foutu et les persos sont tous parti prenante… apres c est un peu long…
Mais la fin est sympa…
Bon ca donne la nausée parfois mais pas plus que pas mal de trucs recenbts par certains scenaristes
Tiens, je me rends compte qu’on a souvent évoqué ce récit, mais apparemment on ne lui a jamais consacré de sujet en particulier.
Réparons cette erreur.
Parue au début de l’année 1992, la saga « Operation: Galactic Storm » est un événement éditorial emportant dans son sillage les titres de la « famille Vengeurs ». Donc Avengers, Avengers West Coast, mais aussi Captain America, Thor, Quasar, Wonder Man et Iron Man. L’idée de base est la suivante : les empires cosmiques des Krees et des Shi’Ars se font la guerre, un conflit qui met la Terre en danger et qui amène les Vengeurs à intervenir directement, à « se déployer », d’où l’analogie dans le titre avec la fameuse « Desert Storm » décrivant l’intervention en Irak l’année précédente.
D’après certaines sources, l’idée provient d’un récit que Mark Gruenwald réservait à l’origine à Quasar (et peut-être en lien avec la dépouille de Captain Marvel, ainsi qu’on le verra dans un des épisodes concernés). À la même époque, la rédaction envisage un cross-over impliquant les Vengeurs, donc l’idée est retenue. Bob Harras, qui est alors scénariste d’Avengers et responsable éditorial des titres mutants, permet l’utilisation des Shi’Ars (nous sommes encore à l’époque de Tom DeFalco, il y a donc encore un editor-in-chief et le catalogue n’est pas encore morcelé entre plusieurs responsables jaloux de leurs licences, mais les univers se mélangent cependant avec précaution). L’ensemble du récit comprendra dix-neuf chapitres officiels, sans compter le chapitre « aftermath » dans Captain America #401 et quelques autres déclinaisons. L’épopée a été compilée dans deux recueils bien dodus.
Au-delà de la genèse éditoriale, on peut aussi voir dans « Galactic Storm » une sorte de suite à la fameuse « Kree-Skrull War » que Roy Thomas avait orchestrée dans Avengers à la toute fin des années 1960, avec Neal Adams et John Buscema au dessin. Dans ce récit désormais classique, la Supreme Intelligence des Krees convoite Rick Jones, ce dernier partageant un lien avec Mar-Vell et disposant de pouvoirs latents qui pourraient l’intéresser (et qui lui permettent de matérialiser des héros de l’Âge d’Or et ainsi de renverser la vapeur en faveur des Vengeurs). C’est également par Rick Jones que la tempête arrive puisque, dans Captain America #398, le jeune homme est enlevé par des Shi’Ars, ce qui entraîne l’intervention du héros patriote puis de ses équipiers. Ce sont les Vengeurs de la Côte Ouest qui interviennent afin de récupérer l’otage, tandis que Quasar part enquêter sur un vaisseau Shi’Ar, fait face au Docteur Minerva et au Captain Atlas, qui a volé les bracelets de Mar-Vell et se retrouve téléporté sur Terre face à Wonder Man… Donc très rapidement, tout le monde est impliqué dans le conflit.
Dans le même temps, les portail permettant aux différentes flottes belligérantes de se déplacer d’une galaxie à l’autre perturbent le soleil, qui met d’abord en danger la station Starcore puis la Terre tout entière. La saga prend alors une ampleur cosmique à laquelle les dessins de Capullo sur Quasar ou d’Epting sur Avengers donnent toute sa dimension.
Question baston, ça envoie du bois. On a droit à quelques duels bien sentis, opposant Wonder Man à Captain Atlas, Thor à Gladiator, Iron Man à Ronan… Au niveau des péripéties, c’est plutôt pas mal non plus : Clint Barton alias Hawkeye redevient momentanément Goliath, autre référence à la « Kree-Skrull War », les Shi’Ars bâtissent une « Nega-Bomb » destinée à exploser sur leurs ennemis…
Les Vengeurs se divisent en trois équipes, deux se rendant sur les mondes en guerre afin de lancer des négociations (en vain), la troisième devant protéger la planète. De l’extérieur, le vaste groupe semble faire front de manière unie et solidaire à l’adversité, mais en fait, la saga sert aussi à amplifier les failles qui les séparent. L’idéalisme de Captain America (pourtant l’un des rares guerriers du groupe) s’oppose au pragmatisme de certains autres personnages, et ce assez tôt dans le récit.
C’est là que le cross-over aura des conséquences (au-delà même du rôle des Krees par la suite, notamment avec le futur cross-over « Live Kree or Die »). En premier lieu, cela nourrit la dynamique du groupe et apporte des éléments pour les intrigues que Bob Harras leur concocte. On peut aussi voir dans cette saga l’un des tournants clés de la relation tendue entre Captain America et Iron Man, qui s’était déjà dégradée au sortir de la saga « Armor Wars » (enfin, des deux sagas, mais surtout de la première, dans la seconde période Michelinie).
Le récit est aussi une réussite visuelle. Captain America, dessiné par Rick Levins, est faiblard, même si l’illustrateur y met de l’énergie. Sur Thor, Ron Frenz est remplacé par Pat Olliffe, et c’est un peu moins bien, malgré quelques bastons bien péchues. Mais dans l’ensemble, ça reste quand même très agréable à l’œil, avec une mention spéciale pour le tandem Epting / Palmer, qui parvient à copier intelligemment les tics de Jim Lee sans jamais tomber dans la caricature. Le portrait qu’ils font de Deathbird s’inscrit complètement dans l’esthétique d’Uncanny X-Men #275, c’en est un bonheur !
Car l’un des autres plaisirs pour le fan, c’est aussi de voir débouler un tombereau de personnages secondaires qu’on n’avait parfois plus revus depuis des décennies. C’est notamment le cas chez les Krees, occasion de revoir Demon Druid rebaptisé Ultimus, Shaterrax ou Korath the Pursuer. C’est tout bête, mais voir l’Intelligence Suprême avec un corps au sein de la Star Force, c’est rigolo.
Le point fort du récit tourne autour de l’équipe qui s’est rendue dans le monde des Krees. Elle comprend Captain America et le Black Knight, qui développe au fil du récit une vision différente de leur rôle dans ce conflit. Nous sommes au début des années 1990 et les super-héros deviennent plus interventionnistes (là encore, c’est sans doute les X-Men de Claremont qui ont montré la voie, notamment avec la période australienne qui les montre attaquer de front un État dictatorial comme Genosha). Ce n’est pas la première fois que les Vengeurs décident d’agir au lieu de réagir, mais en général, l’intervention des héros est soit mal vue (Vision virant au dictateur dans les Avengers de Stern) soit moralement contestable (le Squadron Supreme de Gruenwald). Avec « Galactic Storm », le discours évolue, en accord avec l’air du temps, et faisant écho à une tendance qui s’installera dans le paysage (de X-Force à StormWatch, pour parler de la même décennie).
Ici, le propos se fait sur un événement éditorial regroupant des séries classiques et bien en vue. Ce n’est pas une production de petit éditeur indépendant ni une version alternative. Ce n’est même pas un récit discret fait dans un coin entre deux grandes sagas. Non, cette fois, c’est une grosse vitrine. Le groupe, déchiré entre deux tendances, à savoir retourner chez soi une fois la guerre achevée (sur la défaite des Krees) ou aller jusqu’au cœur de l’empire en ruines et décapiter le pouvoir, est poussé à bout par l’explosion de la Nega-Bomb construite par les Shi’Ars. Et c’est le Black Knight qui porte le coup de grâce.
L’instant sert à la fois en termes de caractérisation (le personnage se durcit, entame une évolution qui nourrira la « Dark Sersi Saga »), en termes de dynamique de groupe, mais aussi au niveau de la réflexion sur le genre lui-même. Sur ces trois niveaux, la réflexion de Captain America, qui décide de laisser faire le groupe dissident, porte une lumière intéressante. Est-ce le vieux soldat qui voit la guerre le rattraper ? Est-ce le stratège qui laisse une partie de l’équipe faire le sale travail ? Est-ce le héros fatigué qui cède un peu au désespoir ? Harras, sur le coup, parvient à matérialiser des moments forts qui synthétise tout l’intérêt de la saga. Il nous offre des personnages intenses et parvient à associer le mainstream avec une véritable réflexion politique entamée dans la décennie précédente et sortant les héros de leur rôle en général immaculé. En gros, il pose la question des mains sales.
Chose intéressante, « Galactic Storm » est aussi l’histoire d’un échec. L’intervention des Vengeurs n’aura servi à rien, à part éventuellement contribuer à la confusion générale et au désespoir des troupes. La Nega-Bomb a explosé, l’Empire Kree est ravagé (ce qui nourrira haine et rancœur), les Shi’Ars étendent leur zone d’influence, et les héros sont déchirés. Le bilan, pourrait-on paraphraser, est globalement négatif.
Très bonne saga qui offre de la baston, des costumes colorés, des décors exotiques et une action soutenue, « Galactic Storm » reste comme une réussite et un tournant pour les Vengeurs, pour l’univers Marvel et peut-être pour les super-héros en général. La saga peut être savourée dans deux recueils, dont le second contient également un diptyque de What If donnant une vision alternative à l’événement.
Je découvre aussi une édition dans la collection Epic, en un seul volume, mais qui semble moins complète. Les deux What If ne sont pas là, pas plus que le Captain America #401.
Jim
Réédité ces temps-ci (l’effet Empyre ?), ainsi qu’un Epic allant jusqu’au final de la « Kree-Skrull War ».
Oui, j’avais repéré le Live Kree or Die. Je pense que je vais me le prendre (même si j’ai lu ça chez Panini). L’autre, j’ai son équivalent en Essential, donc c’est moins pressé.
Jim
Oh, il est édité dans quoi ? Epic aussi ?
Pas un Epic mais plutôt un tpb à part avec un sommaire quelque peu fourre-tout, correspondant à la thématique « Vengeurs contre Krees survivants durant les 90’s » (donc suite aux retombées de ce crossover).
Collects Avengers (1963) #365, 378-379; Iron Man (1998) #7; Captain America (1998) #8; Quicksilver (1997) #10; Avengers (1998) #7; material from Avengers (1963) #364, 366.
Merci !
C’est également ici que se trouve les racines de la scission entre les Vengeurs et les Vengeurs de la Cote Ouest comme Iron Man le montrera lors du derniers épisodes de la série.
C’est vraiment le cross-overs de la frustration pour le lecteur français de l’époque tellement on voyait les répercussions sans jamais avoir pu lire l’origine de tout cela. J’ai jamais compris pourquoi Semic ne l’avait pas traduit.
Ben disons que Semic avait 4/5 séries non traduites habituellement… donc le mettre dans strange ca aurait duré perpete avec une série avengers déjà en retard…
Il fallait 4-5 RCM… sinon… ou Top BD…
Je pense qu en collection privilège, les ventes de Thor ou Cap ont pas du les pousser à tenter…
Surement que Semic aurait du reconfigurer son offre et surement soit abandonner Strange, Nova… soit les configurer par famille de titres… (aux risques commerciaux que ca soulevait)… (comme ils auraient du publier du DC… avant de perdre Marvel… )
Je suis d’accord : on sait que la période n’était pas propice (quand Aredit et Sagédition ont retiré leurs billes, Navarro était sur le point de prendre sa retraite, Semic achetait (donc difficile de se lancer dans de grandes manœuvres), et d’après Xavier Fournier, il a même été question que Lug devienne une antenne de Marvel, ou un éditeur licencié sous exclusivité. Même si cela n’a pas été discuté longtemps, les conditions, vers 1987-1989, pour faire du DC, n’étaient pas réunies.
Après, Semic a eu quelques années pour tenter le coup, ainsi que tu le soulignes. Et pourtant, ils n’ont pas bougé, à part, timidement, un magazine consacré à la version cartoony, puis un autre dédié à Legends of the Dark Knight. C’est maigre de chez maigre. Ils ont passé une décennie à ne pas bouger.
Jim
Je viens de me faire le TPB house of X / Power of X et j’ai vraiment aimé avoir une histoire dans la continuité mais accessible et qui, même si elle va amener une suite, se suffit en elle même.
Vous avez des TPB dans le même esprit pour des histoires X-men plus ou moins récentes à me proposer ?
L’ensemble des events X-men : House of M / La trilogie du messie / Schism, c’est ce qui me vient en tête comme ça
j’avais lu house of M.
La trilogie du messie j’avais lu le début de messiah complex, c’est vraiment bien ?
L’estimable Fred Steinmetz a posté deux images montrant le travail des excellents Bret Blevins et Al Williamson sur le « graphic novel » The Inhumans, évoqué un peu plus haut dans ces colonnes.
Je me permets de les copier ici, c’est de circonstance :
Et c’est un régal pour les yeux.
Plus précisément, c’est là :
Jim
Vraiment bien tout est relatif, mais ça se tient
Si tu ne les as pas déjà lus, je dirais en priorité les Astonishing X-Men de Joss Whedon et John Cassaday (24 numéros plus un « Giant Size » final, 2004-2008). Ça existe en deux TPB en VO, et aussi deux volumes « Icons » de Panini en VF. Le titre fait directement suite aux New-Men de Grant Morrison (2001-2004, également disponibles en VO et VF), qui est aussi une lecture des plus recommandables (malgré les deux derniers arcs que je trouve décevants)… mais, disons, un peu moins… « classique » (?) d’aspect, bien qu’on reste dans le domaine du facilement abordable pour le lecteur. Whedon reprend quelques éléments chez Morrison (le personnage de Cassandra Nova principalement), mais pour l’essentiel revient aux fondamentaux avec un casting plus resserré et plus classique, ce qui ne l’empêche pas d’être absolument épique.