Je suis en train de finir le bouquin. Il est pas mal du tout, même s’il souffre d’une relecture catastrophique qui a laissé passer un grand nombre de coquilles. Fort dommage.
Outre la présence de quelques entretiens, parfois courts (comme celui de Serge Lehman que j’ai lu hier soir) mais toujours intéressants, il développe une argumentation intéressante sur les rapports entre l’imaginaire et la réalité, et comme le premier influence voire déforme la seconde. À un point que ça en est inquiétant, puisque Colson avance l’idée que la science-fiction ne nous avertit pas des dérives à venir, mais nous prépare aux dérives à venir en les rentrant parmi les représentations, de sortes qu’on finisse par les accepter comme naturelles (il tient ce raisonnement pour les rapports entre le cyberpunk et les dérives libérales, c’est très intéressant, mais ça fait peur).
La première moitié du bouquin est passionnante, malgré les coquilles. Et assez ambitieuse. Il y dresse un portrait des différentes formes de rétro-futurs, partant du steampunk qui est bien connu désormais, et déclinant les différentes périodes couvertes pour évoquer le dieselpunk ou l’atompunk.
C’est également l’occasion d’un retour sur les esthétiques passées, sur les utopies politiques et esthétiques, et sur la manière dont les décennies passées ont appréhendées la notion de futur. C’est l’occasion de parler d’architecture, d’évoquer les styles Art Déco ou Googie (et là, tonnerre, que j’aurais aimé avoir encore plus d’images pour illustrer) ou le travail de l’architecte Hughes Ferris. Le thème de la ville a une place importante dans l’approche que les Moutons électriques ont de la fiction et de l’imaginaire, et leur réflexion sur le milieu urbain est au centre de leur recherche, et de leur catalogue. Il n’est donc pas étonnant que ce soit aussi au cœur de ce bouquin, qui passe en revue de nombreuses œuvres où la ville est essentielle.
La deuxième moitié est moins voltigeuse, elle me semble s’intéresser à des choses qui ont été évoquées mille fois, dans mille bouquins, que ce soit la relecture des vieux héros (héros de pulps chez les Américains, héros de feuilleton populaire chez nous), le thème de la guerre, voire celui du robot. Ça reste quand même très intéressant, quoique parfois un peu répétitif par rapport à la première moitié.
Voilà donc un bouquin qui aurait gagné à être relu, et peut-être amaigri de quelques redites, mais c’est un super passage en revue de plein de choses qui ont eu leur importance.
Le bonus, pour moi, c’est que ça m’a donné envie de redécouvrir des trucs à côté desquels je suis parfois un peu passé, que ce soit les BD de Dean Motter, les albums de Daniel Torres, voire L’Adolphus Claar de Chaland (ah et puis, décidément, faut que je complète mes Capricorne d’Andréas)… Ça, c’est toujours bon signe, quand un auteur sait parler d’autres auteurs au point qu’il donne envie de les relire.
Jim