Hier, c’était l’épisode sur le martyre de Siegel et Shuster. Signalons que, conformément aux méthodes en vigueur de nos jours dans la fabrication de documentaires, la partie biographique est mise en scène avec des acteurs. C’était également le cas de l’épisode sur Marston (où le bon docteur était interprété par un bonhomme odieux qui transpirait joyeusement le contentement dans la débauche). Pour le Lee & Kirby, en revanche, les étapes de leur relation étaient sous forme d’animation limitée, façon Grantray-Lawrence.
C’est pas mal, parce que sauf dans le cas exceptionnel de Marston qui a eu droit à My Wonder Women, les chances de voir la vie des grands auteurs de comics racontée en long-métrage restent tout de même assez faibles (sauf dans le cas de Stan Lee, dont Disney produira forcément un biopic un jour, de préférence après sa mort, pour être tranquilles). Ces petites saynètes sont donc, sans doute, ce qui s’approche le plus d’un objet pratique pour montrer au grand public que non, justement, Stan Lee n’était pas tout seul pour inventer les super-héros.
Il y a quelques catastrophes dans les sous-titres français. La première, ce sont les sous-titres en eux-mêmes, blancs sans contour, ce qui fait toujours son petit effet sur un fond blanc. Ensuite, un conseil aux collègues qui les rédigent : si ton bonhomme dit « comic strip », ça veut dire qu’il veut faire la distinction avec « comic book ». Et c’est une distinction importante, historiquement et sociologiquement. Il y a un truc merveilleux appelé wikipédia qui peut t’expliquer tout ça. Bref, si tu traduis tout indifféremment par « bande dessinée », les gens qui regardent le poste ne vont pas comprendre que les auteurs de comic strips étaient des vedettes richissimes dans les années 30 et 40, par opposition aux auteurs de comic books qui étaient à la merci de négriers déguisés en éditeurs.
Si j’ai l’air un peu crispé, c’est parce qu’à chaque fois qu’on voit un sujet sur les comics à la télé, popularisation ou pas, on tombe sur ce genre de couillonnade. Et ça doit bien faire 40 ans que ça dure. Décrochez vos téléphones, les gars. Maintenant, il y a des professionnels dans le milieu des livres à images immobiles qui peuvent vous faire des topos là-dessus.
(C’est beau, quand je parle dans le vide, hein ? Ça fait comme une belle beauté tragique.)
Notons pour finir que cet épisode nous donne également l’occasion de constater de visu à quel point Craig Yoe, historien des comics qui fait partie des spécialistes interviewés, a élevé la coiffure de merde au rang d’art :
Je me demande quel sera le « secret » du prochain épisode. Le rôle de Bill Finger dans la création de Batman, peut-être ?