REALISATEUR
Norman Jewison
SCENARISTE
William Harrison
DISTRIBUTION
James Caan, John Beck, Moses Gunn, John Houseman, Maud Adams…
INFOS
Long métrage américain
Genre : drame/science-fiction/action
Année de production : 1975
Dystopie sportive qui s’inscrit dans cette vague de films de science-fiction pessimistes ayant marqué la première moitié des années 70, Rollerball se déroule dans un futur proche…qui est maintenant notre passé puisque l’action prend place en 2018. Le scénariste William Harrison adapte lui-même sa nouvelle Roller Ball Murder en imaginant un monde tombé sous la coupe des corporations. Ce sont les grandes entreprises, réparties en six départements (il y a une corporation de l’énergie, une de l’alimentation, etc…) se substituant aux Etats, qui régissent la vie des gens en décidant de tout, même de la formation des couples…
La femme n’est en effet plus qu’un objet dans une société froide et déshumanisée qui n’assouvit ses pulsions qu’à travers cet équivalent des jeux du cirque qu’est le Rollerball, un sport ultra-violent. Jonathan E. est la star absolue de ce jeu depuis dix ans, à tel point qu’il a acquis un statut qui dépasse le cadre du Rollerball. Les cadres de la corporation décident alors de le mettre sur la touche, car personne ne peut être « plus grand que le sport lui-même ». Il ne faudrait pas que cela donne des idées aux « petites gens », du genre remettre en question leur place au sein du système…
James Caan (Le Parrain) est très bon en sportif qui perd peu à peu ses illusions (ce qui a commencé le jour où la femme qu’il aimait a été « donnée » à un cadre de la corporation) et qui ne s’accroche qu’à la seule chose pour lequel il est bon, le Rollerball. C’est d’ailleurs dans le cadre du jeu que l’on trouve les relations les plus sincères, comme l’amitié de Jonathan E. avec son vieux mentor ou avec son pote Moonpie. La seule nuit passée avec les membres de la haute-société se transforme en rassemblement décadent qui finit sur une sorte de « sacrifice de la nature » comme pour bien appuyer sur la vulgarité et la vacuité de ces hédonistes.
Le message est fort, même si pas toujours bien nuancé par Norman Jewison (Dans la chaleur de la nuit, L’Affaire Thomas Crown…) qui se montre de temps en temps un peu trop théâtral à mon goût. La description de cette société totalitaire n’échappe pas aussi à un certain côté daté, notamment dans les choix de la direction artistique. Mais le parcours du personnage principal est intéressant et la distribution est de qualité avec, entre autres, un John Houseman impeccable en président de la corporation de l’énergie.
Il y a trois matchs de Rollerball dans le déroulement du récit, au début, au milieu et à la fin. Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, les règles changent au bon vouloir des dirigeants qui espèrent ainsi pousser Jonathan E., l’homme qui a eu l’audace de se rebeller, vers la sortie. Ces moments-forts sont superbement filmés à tous les niveaux (les entrées des joueurs, les montées dramatiques, des idées visuelles fortes, une sensation de vitesse renversante grâce à un montage très dynamique) et montent bien en puissance jusqu’à l’éprouvant et impressionnant jeu de massacre final, au dernier plan libérateur…
En 2002, John McTiernan a tourné un remake de Rollerball qui s’est soldé par un échec critique et financier. Je l’ai vu une fois à l’époque…et je dois avouer que je n’en ai gardé aucun souvenir…