Le deuxième tome commence à poser les choses, à éclairer quelques points un peu obscurs, à détailler les relations entre les personnages, et à dérouler quelques fils d’intrigue, y compris des points que l’on pensait réglés (ou pistes fermées) faute de participants. Mais non, les auteurs ont su déjouer les attentes, relancer des sous-récits après nous avoir trompés à la fin du tome 1.
Ils rajoutent de nouvelles informations, à l’occasion de certaines scènes fortes (celle de la chaise, notamment, m’a frappé). Le récit, peut-être plus linéaire, se lit me semble-t-il plus vite que le premier tome. Ce que l’on gagne en compréhension d’un côté, on le reperd ailleurs, un ailleurs qui se recouvre de mystère à mesure qu’on s’y enfonce.
L’album vaut aussi pour son portrait d’une famille dominant la région, par l’argent, la politique, sans doute le chantage, un réseau bien installé, une possession à la fois des terres et des esprits. Ce clan, juché dans sa demeure dominant la région, a quelque chose d’une famille dysfonctionnelle de dieux, avec son Jupiter d’autant plus colérique qu’il sent son royaume lui échapper, son Uranus à distance mais influent, et sa flopée d’héritiers tous décevants, qui est incompétent, qui manque d’ambition. Des dieux de l’Olympe locale, perchés sur un promontoire qu’on sent à la fois écrasant et fragile. Et dans le portrait de cette cellule familiale navrante, Lehman et Peeters parviennent à glisser de l’humour.
Le récit s’articule autour d’un imaginaire vertical, axé sur la montagne, opposant le haut et le bas, le pouvoir et les possédés, le ciel et l’enfer. Tout ceci est soutenu par une récurrence des lignes horizontales (la route, l’horizon montagneux, l’aqueduc brisé) et par d’autres oppositions symboliques (eau / feu, surface / profondeur…). L’intrigue polar tout autant que le jeu des symboles, tout cela donne envie d’en savoir plus.
Jim