SAINT-ELME t.1-5 (Serge Lehman / Frederik Peeters)

Le deuxième tome commence à poser les choses, à éclairer quelques points un peu obscurs, à détailler les relations entre les personnages, et à dérouler quelques fils d’intrigue, y compris des points que l’on pensait réglés (ou pistes fermées) faute de participants. Mais non, les auteurs ont su déjouer les attentes, relancer des sous-récits après nous avoir trompés à la fin du tome 1.

Ils rajoutent de nouvelles informations, à l’occasion de certaines scènes fortes (celle de la chaise, notamment, m’a frappé). Le récit, peut-être plus linéaire, se lit me semble-t-il plus vite que le premier tome. Ce que l’on gagne en compréhension d’un côté, on le reperd ailleurs, un ailleurs qui se recouvre de mystère à mesure qu’on s’y enfonce.

L’album vaut aussi pour son portrait d’une famille dominant la région, par l’argent, la politique, sans doute le chantage, un réseau bien installé, une possession à la fois des terres et des esprits. Ce clan, juché dans sa demeure dominant la région, a quelque chose d’une famille dysfonctionnelle de dieux, avec son Jupiter d’autant plus colérique qu’il sent son royaume lui échapper, son Uranus à distance mais influent, et sa flopée d’héritiers tous décevants, qui est incompétent, qui manque d’ambition. Des dieux de l’Olympe locale, perchés sur un promontoire qu’on sent à la fois écrasant et fragile. Et dans le portrait de cette cellule familiale navrante, Lehman et Peeters parviennent à glisser de l’humour.

Le récit s’articule autour d’un imaginaire vertical, axé sur la montagne, opposant le haut et le bas, le pouvoir et les possédés, le ciel et l’enfer. Tout ceci est soutenu par une récurrence des lignes horizontales (la route, l’horizon montagneux, l’aqueduc brisé) et par d’autres oppositions symboliques (eau / feu, surface / profondeur…). L’intrigue polar tout autant que le jeu des symboles, tout cela donne envie d’en savoir plus.

Jim

Bien vu.

Et sa junon.

Zactement. Je pense qu’on peut décliner.

Jim

Serge Lehman sur FesseBouc :

La vie secrète des mythes
Je me souviens assez bien de la façon dont j’ai trouvé le nom de la ville et, du coup, celui de la série.
C’était en 2018, pendant des vacances d’été en Catalogne. La maison que nous avions louée était incroyablement bien située : les vagues roulaient sous nos fenêtres, on se levait et se couchait au son du ressac. Fred et moi étions convenus que l’histoire se déroulerait en montagne près d’un lac. Et je savais aussi que ce serait un polar noir, qu’il y aurait une vache en feu et que le héros serait double – un justicier en deux corps – incarné par deux frères détectives. Mais le nom de la ville ne venait pas.
Dans ces cas-là, le mieux est de laisser l’esprit vadrouiller.
L’histoire devait être dure, violente ; ça faisait partie des choses que Fred voulait explorer. Un matin je me suis mis à penser à Wes Craven et à Nightmare on Elm Street.
Elm St… Saint-Elme… Vertu de l’association libre.
Je ne savais rien du Saint lui-même mais j’ai saisi l’idée au bond, parce qu’une ville portant ce nom était plausible en Suisse, en France, en Autriche, en Italie et même en Espagne (j’avais l’extrémité orientale des Pyrénées sous les yeux). Fred et moi tenions à cette touche d’ubiquité européenne.
Ce n’est qu’ensuite que je me suis souvenu qu’il existait une chose appelée « feu de Saint-Elme ». Pour une histoire de vache en flammes, le nom semblait parfait.
J’ai alors lu, comme je le fais toujours, les interprétations symboliques associées (un bon dictionnaire des symboles est un outil de travail précieux) et suivi toutes sortes de liens internet. Et j’ai découvert avec surprise que :

  1. Saint-Elme (également connu sous le nom de Saint Erasme de Formia) était le patron des marins.
  2. Le feu de Saint-Elme était vu par les anciens comme la manifestation physique des Dioscures, les « jumeaux divins » de la tradition indo-européenne dont Castor et Pollux sont la version grecque.
    En somme, le nom livré par l’association libre contenait tout ce que Fred et moi avions déjà décidé : l’eau, le feu, les frères.
    On peut appeler ça coïncidence, hasard objectif ou vie secrète des mythes, selon son caractère.

Jim

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Sur le Tumblr de Frederik Peeters, quelques recherches… sans doute pour la couverture d’un prochain tome ?

Jim

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C’est plutôt Saint-Guy que Saint-Elme, là…

Tori.

Héhé.

Jim

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Apparemment, c’est pour octobre :

Jim

Pour mon anniversaire ?

Delcourt pense à toi !

Jim

Saint-Elme T03: Le Porteur de mauvaises nouvelles

Philippe Sangaré débarque à Saint-Elme et se lance sur la piste de son frère disparu. Romane révèle à Paco ce que voit réellement son père dans sa chambre. Le directeur Jansky tente une manoeuvre désespérée pour convaincre Roland Sax de signer le projet de Stan et Tania. Et sous terre, Franck se laisse guider par les grenouilles.

  • Éditeur ‏ : ‎ Delcourt (12 octobre 2022)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Relié ‏ : ‎ 80 pages
  • ISBN-10 ‏ : ‎ 2413044493
  • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2413044499
  • Poids de l’article ‏ : ‎ 788 g

Un peu avant mon anniversaire.