Même si je suis pas regardant sur la crédibilité, force est de reconnaître que le coup de la destruction de New-York, ça a depuis longtemps passé la limite du comique involontaire (de répétition). Il s’en trouve même parmi les plus ricanants des auteurs (comme Bendis) pour faire des vannes là-dessus. Je me souviens d’un temps, enfant, où dans les comics ce type d’attaque massive était soigneusement masqué à la connaissance du grand public, ce qui me semblait paradoxalement plus réaliste d’ailleurs.
J’avais exhumé il y a quelques temps l’excellent fan-site (« Fantastic Four 1961- 1988 : The Great American Novel ») d’un mordu des FF, qui disait aussi regretter le temps où l’apparition de Galactus était prise pour un canular par les New-Yorkais : pour lui c’était l’assurance d’une plus grande juxtaposition de notre monde à l’univers Marvel, une composante essentielle pour lui (beaucoup plus important que chez DC, un peu condamné d’avance par les métropoles « fictives » genre Gotham). Je suis assez séduit par cette idée.
C’est peut-être de ce point de vue que le ressort est un peu cassé, mais à mon sens ça remonte à bien plus loin que l’avalanche des events de ces dernières années. Ces events me gênent perso surtout dans la façon dont à gros traits ils permettent de résumer les péripéties grossièrement. « Civil War » fait d’Iron Man le patron mais il est décrédibilisé par « Secret Invasion », qui voit l’avènement du « Dark Reign », interrompu par « Siege », qui voit l’accession aux plus hautes fonctions de Cap’, qui fait marche arrière aussitôt au cours de « Fear Itself », qui fout un bordel que les conséquences de « Avengers versus X-Men » se chargeront de reconfigurer, permettant les événements des sagas de Remender dont le prochain « Axis » (et finalement l’event qui se tire de ces rouages c’est « Original Sin », le plus sympa du lot).
En gros ça pourrait être ça le canevas de cette fameuse « métahistoire », et résumé comme ça (8 ans de séries tout de même, si je ne m’abuse), ce n’est pas très palpitant, ça ressemble à un accélération brutale du cycle inévitable dans lesquels sont presque par essence enferrés les comics. D’où la sensation que les persos n’avancent plus.
A mon sens le pêché originel remonterait donc à avant l’avalanche des events ; j’incriminerais deux événements remontant aux années 90, à savoir le dernier rebondissement de la saga du Clone (avec le retour imprévu du vrai Peter) et « Heroes Reborn ». Ces sagas donnent le coup d’envoi de l’accélération des cycles, avec ces violentes bifurcations narratives.
Mais oublier quelques-uns (nombreux) des épisodes isolés parmi les plus accomplis constituant ses sagas au long cours, et les auteurs qui les ont signés, ce serait jeter le bébé avec l’eau du bain. Greg Pak a su raconter un pan de la vie de Hulk inédit et cohérent. Mark Waid en fait autant avec DD, en ce moment. Et quoi qu’on pense de l’exécution, Hickman aussi raconte un récit au sein de la grande tapisserie Marvel depuis les années 60, avec ses sagas sur les FF (que j’aime pas, mais là n’est pas la question) ou les Vengeurs.
Il y a des choses intéressantes, comme dans les années 90 où le tableau n’était pas beaucoup plus reluisant. Un ressort important s’était déjà cassé, c’est mon sentiment rétroactif. Quand exactement, je ne saurais dire.