SECRET WARS #1-9 (Jonathan Hickman / Esad Ribic)

Je trouve cette analyse très pertinente. Surtout à propos de Heroes Reborn, qui enclenche le cycle des relectures et des accélérations.

Jim

[quote=« Photonik »]Même si je suis pas regardant sur la crédibilité, force est de reconnaître que le coup de la destruction de New-York, ça a depuis longtemps passé la limite du comique involontaire (de répétition). Il s’en trouve même parmi les plus ricanants des auteurs (comme Bendis) pour faire des vannes là-dessus. Je me souviens d’un temps, enfant, où dans les comics ce type d’attaque massive était soigneusement masqué à la connaissance du grand public, ce qui me semblait paradoxalement plus réaliste d’ailleurs. :wink:
J’avais exhumé il y a quelques temps l’excellent fan-site (« Fantastic Four 1961- 1988 : The Great American Novel ») d’un mordu des FF, qui disait aussi regretter le temps où l’apparition de Galactus était prise pour un canular par les New-Yorkais : pour lui c’était l’assurance d’une plus grande juxtaposition de notre monde à l’univers Marvel, une composante essentielle pour lui (beaucoup plus important que chez DC, un peu condamné d’avance par les métropoles « fictives » genre Gotham). Je suis assez séduit par cette idée.

C’est peut-être de ce point de vue que le ressort est un peu cassé, mais à mon sens ça remonte à bien plus loin que l’avalanche des events de ces dernières années. Ces events me gênent perso surtout dans la façon dont à gros traits ils permettent de résumer les péripéties grossièrement. « Civil War » fait d’Iron Man le patron mais il est décrédibilisé par « Secret Invasion », qui voit l’avènement du « Dark Reign », interrompu par « Siege », qui voit l’accession aux plus hautes fonctions de Cap’, qui fait marche arrière aussitôt au cours de « Fear Itself », qui fout un bordel que les conséquences de « Avengers versus X-Men » se chargeront de reconfigurer, permettant les événements des sagas de Remender dont le prochain « Axis » (et finalement l’event qui se tire de ces rouages c’est « Original Sin », le plus sympa du lot).
En gros ça pourrait être ça le canevas de cette fameuse « métahistoire », et résumé comme ça (8 ans de séries tout de même, si je ne m’abuse), ce n’est pas très palpitant, ça ressemble à un accélération brutale du cycle inévitable dans lesquels sont presque par essence enferrés les comics. D’où la sensation que les persos n’avancent plus.
A mon sens le pêché originel remonterait donc à avant l’avalanche des events ; j’incriminerais deux événements remontant aux années 90, à savoir le dernier rebondissement de la saga du Clone (avec le retour imprévu du vrai Peter) et « Heroes Reborn ». Ces sagas donnent le coup d’envoi de l’accélération des cycles, avec ces violentes bifurcations narratives.

Mais oublier quelques-uns (nombreux) des épisodes isolés parmi les plus accomplis constituant ses sagas au long cours, et les auteurs qui les ont signés, ce serait jeter le bébé avec l’eau du bain. Greg Pak a su raconter un pan de la vie de Hulk inédit et cohérent. Mark Waid en fait autant avec DD, en ce moment. Et quoi qu’on pense de l’exécution, Hickman aussi raconte un récit au sein de la grande tapisserie Marvel depuis les années 60, avec ses sagas sur les FF (que j’aime pas, mais là n’est pas la question) ou les Vengeurs.
Il y a des choses intéressantes, comme dans les années 90 où le tableau n’était pas beaucoup plus reluisant. Un ressort important s’était déjà cassé, c’est mon sentiment rétroactif. Quand exactement, je ne saurais dire.[/quote]

Assez d’accord. Mais je n’ai jamais dit que tout était à jeter. Tu nommes Waid et Park, mais on pourrait aussi parler de plein d’autres séries/auteurs qui valent le détour. Je pense souvent au Venom de Remender, une série moins ambitieuse que d’autres mais rondement menée.
Après, « accélération », « feu roulant », « avalanche », « surenchère »… Peu importe comment on le dit, la guerre entre Marvel et DC pour attirer coûte que coûte l’attention des lecteurs - quitte à lorgner sur la copie du concurrent - c’est ce qui a mené ces éditeurs (sans oublier la crise et la désaffection ou le non renouvellement du lectorat) à aller de plus en plus loin au détriment des personnages, voire des univers qu’ils animent.
Résultat, des gesticulations incessantes certes connectées entre elles, mais des personnages ballotés au gré des events.

Slott avait très bien géré l’épisode de la mort de Peter précédent Superior Spider-Man. Quand je l’ai lu, j’ai ressenti l’impact de la mort - provisoire forcément - du héros. Signe que ne trompe pas, je l’ai relu plusieurs fois, ce qui ne m’arrive pas souvent. C’est rythmé, désespéré… j’étais pris dans la spirale des événements. Si les corniauds de Marvel n’avait pas annoncé l’ère du Superior avant, ça n’en aurait eu que plus de force. Bref, j’ai trouvé là un moment aussi puissant que la mort de Phénix, celle de Captain Marvel, la trahison de Tara dans Teen Titans… Mais ce que vivent les personnages dans les events, c’est d’un creux absolu. Il suffit de remonter au moment où les tuer est devenue une mode à la con pour déterminer quand DC et Marvel ont commencé à se planter. Spider-Man étant donc l’une des exceptions qui confirme la règle.

il semble y avoir une sorte de consensus pour parler de dégradation. Pour ma part, je n’en suis pas persuadé. Un changement oui, des périodes plus ou moins créatives aussi. Mais j’ai du mal à voir ce qui serait cassé dans l’affaire.

Surtout si on compare au new 52.

les comics se diversifient, le super héros perd de son hégémonie, c’est pas un mal il me semble. Les big two intensifient ce qui fait leur singularité, soit leur univers partagé. Cela donne une impression d’accélération sur certain pan de l’univers et de répétition sur d’autre. Cela a toujours était plus ou moins un effet du genre.

D’un coté cela met en avant plus que jamais l’action de certain personnage dont dépend le sort de tous, comme ironman ou cyclope de l’autre cela banalise leur échec, effet du genre encore.

Je dis pas que la période actuelle a ma préférence de toutes celles que j’ai connu, mais c’est pas la pire non plus loin de là. je m’emmerde clairement moins qu’avant la reprise de marvel par qésada. Parce que la période de nicieza et lobdell sur les x men (hormis sa dernière année pour lobdel et aoa) michelinie sur spiderman, byrne sur les avengers (east cost hein !), laminski sur ironman, starlin en roue libre sur infinitywatch, le cross atlantis rising ou je sais plus comment, l’immonde forceworks, à l’époque ça m’avait totalement achevé.

[quote=« sylvain cordurié »]
Il suffit de remonter au moment où les tuer est devenue une mode à la con pour déterminer quand DC et Marvel ont commencé à se planter.[/quote]

Je me demande à partir de quand on pourrait dater précisément cette mode, peut être à partir de la mort de Superman (vu le retentissement médiatique et commercial) ?

Une chose est certaine cela s’est accentué à partir de la fin des 70’s/début 80’s, mais quand je regarde certains de ces décès, ils avaient du sens et un impact (pas gratuits donc, le choc n’était pas forcément la seule visée) ayant lieu au sein de très bon arcs la plupart du temps (Elektra, Jean Grey, Skurge, Mar-Vell, etc…).

[quote=« Marko »]

Je me demande à partir de quand on pourrait dater précisément cette mode, peut être à partir de la mort de Superman (vu le retentissement médiatique et commercial) ?

Une chose est certaine cela s’est accentué à partir de la fin des 70’s/début 80’s, mais quand je regarde certains de ces décès, ils avaient du sens et un impact (pas gratuits donc, le choc n’était pas forcément la seule visée) ayant lieu au sein de très bon arcs la plupart du temps (Elektra, Jean Grey, Skurge, Mar-Vell, etc…).[/quote]

Je crois que Superman à emboité le pas de batman qui s’est fait briser le dos.

Pour moi je pense sincèrement que c’est le premier Crisis et Secret Wars qui ont tout péter.

L’un est un crossover ultra bien fait qui fait rebooter tout son univers et les fans ont suivis, ce fut le début pour DC, de cet univers reboot grâce au crossover.

Secret Wars c’est le crossover bourrin à souhait que les fans ont adoré il y a même eu une suite qui comme le premier était pas mal, les conséquences et changement furent nombreux et les fans apprécièrent, Marvel c’est rendu compte qu’elle pouvait faire de même à travers chaque crossover, et depuis Onslaught c’est roue libre, même si il y a eu des périodes un peu creuses. A son arrivée en tant qu’éditeur en chef Joe Q avait annoncé moins de crossover et ce fut le cas pendant un an ou deux je crois ou des petits trucs entre deux séries.

[quote=« Jim Lainé »]

Je trouve cette analyse très pertinente. Surtout à propos de Heroes Reborn, qui enclenche le cycle des relectures et des accélérations.

Jim[/quote]

Le « problème » étant que Heroes Reborn est un échec (enfin c’est communément admis, je ne sais pas ce qu’il en est dans les chiffres et si le rétropédalage découle de cela) ainsi que La Saga du clone. Pourquoi vouloir alors retenté dans les années 2000 ce genre de chose à vitesse grand V ? Qu’est ce qui a fait que ce qui fut un échec (ou considéré comme) devient un succès ? Qu’est ce qui a motivé a enclenché cela ?

Je pense qu’il y a d’autres facteurs à prendre en compte qui sont interne à l’industrie mais également externe (du moins plus global dans une logique de média). Je vous balance mes idées en vrac :

  • Déjà je pense que les événements originels des années 90, de par leurs succès, sont plus à chercher dans Age of Apocalypse et la franchise 2099 notamment parce qu’il y a déjà là des tentatives (réussi d’ailleurs) de relectures des personnages. On remarque d’ailleurs avec la création d’un* Doom 2099*, une envie déjà de brouiller les lignes avec des personnages méchants plus si méchants que ça. Du moins dont les caractéristiques sont plus dans la norme de la société dans laquelle ils évoluent (Doom est Doom mais dans une société composée d’enculés)

  • Ces deux event sont aussi déterminant dans ce qui se passe dans les années 2000. Tout comme Heroes Reborn et La saga du Clone bien sur mais pour ces deux derniers j’y vois surtout un échec sur laquelle il a fallut reconstruire avant de prendre en compte les erreurs pour ne pas les reproduire.

  • Et pendant ce temps-là l’industrie des comics évoluent, on nous montre des super-héros qui changent (le Stormwatch d’Ellis, The authority, la JLA de Morrison).

  • Il y a deux grands changement à la toute fin des années 90 et au début des années 2000 qui sonne le vrai signal de départ de ce qu’on vit actuellement je pense. Le succès du film X-men dans sa capacité à concrétiser un univers foisonnant au cinéma et le lancement de la gamme Ultimate (descendant direct de 2099) avec ses « prêt à réaliser » pour Spider-Man, les X-men ou les Vengeurs.

  • Il y a un moment de flottement au cinéma avec des tentatives ridicules (les Fantastic Four, Daredevil) et des grandes réussites (les Spider-man de Raimi, le Hulk d’Ang Lee*) auquel on peut rajouter pour la concurrence les Batman de Nolan (voir les cacamen** de Snyder) au cours de laquelle les histoires sont considéré comme unique et indépendante. Et pour certaines comme des vrais vision d’auteurs.

  • C’est Iron Man et les quelques années qui suivent qui changent radicalement tout. Je dis bien « radicalement » il y a déjà des signes avant. Pourquoi ? A mon sens parce qu’il confirme la fin du cloisonnement de structure narrative liés aux médiums. Un cloisonnement déjà mis à mal au cinéma à la fin des années 90 et au début des années 2000 avec le succès de films « trilogies ». Star Wars, Matrix, Le seigneur des anneaux et même Spider-man deviennent des rendez-vous et non des moments uniques. On peut le voir à plus petite échelle (le Kill Bill de Tarantino même si obéissant à une logique différente, conséquences de la présentation à Cannes, il s’inscrit dans cette même période) voire à plus grande échelle (les Harry Potter)

  • C’est d’ailleurs rigolo de voir qu’alors que le cinéma sort de ses frontières en terme de narration via la récurrence de la trilogie, la fiction télévisée elle explose sa forme notamment sur les chaines du câble même si c’est aussi à cette époque que l’hyper-feuilleton devient un succès

  • Les années 2000 sont pour moi une période de décloisonnement et de crossmédias. Les lignes deviennent plus floues. Dans notre pays la fiction télévisée est reconnue d’un point de vue critique par les grands médias et le public de manière massive (je situe cela tout bêtement à la fin du film du dimanche soir sur TF1 pour être remplacer par CSI. C’est le « coup de grâce » diront nous). De manière globale, c’est la partouze planétaire grâce à Internet, tout s’entrechoque dans la joie, la bonheur humeur et le respect de l’autre. Et alors avec Facebook et Twitter c’est le feu d’artifice ultime.

  • Bon je m’y perd un peu et mélange tout. Je résume donc. Les années 2000 sont en soi une période d’accélération et de mélange des genres et de forme. On fait du ciné en série tv et on propose les films comme une série télé.

  • Consciemment ou pas, je pense que l’industrie du comic-books (de super-héros) s’est adaptée à cette nouvelle vitesse et cette nouvelle donne. Sur le plan temporel on assiste donc à des event à foison dont le nouveau chasse le précédent. On en arrive à en avoir deux par ans quand même. Mais si je veux aller loin dans mon délire je me dis aussi que la lecture d’un Civil War me donne l’impression de voir une émission style Big Brother ou The Voice sur papier.

« Si tu aimes Iron Man alors tape 1 » en somme

(bon je me lâche et délire. Faite pas attention c’est fou comment ça peut faire du bien :mrgreen: )

Il y a quelque jours je regardais le dernier épisode de la saison 2 de South Park (je me fais l’intégrale). L’histoire raconte notamment la découverte d’un homme dans un bloc de glace. Le comique du truc réside dans le fait qu’il est dedans depuis 32 mois et tous les clichés de ce type d’histoire (qui se moquait je pense de California Man) sont passés à l’accélérateur temporel. Sa femme le cherchait pendant une heure puis à refait sa vie au bout de quatre jour par exemple.

Quand je vois les event à foison de Marvel (et DC par extension mais j’ai l’impression que c’est une mesure moindre) je repense à cet épisode. Tout va vite, le passé c’est tout juste hier, la préhistoire c’était il y a deux ans etc etc. Marvel, au final, reproduit ce schéma pour correspondre à l’ère du temps. Il en a le pouvoir et la structure. Il peut transvaser ses histoires et héros d’un médium à un autre en un rien de temps. Chacun n’ayant pas la même temporalité d’activité (si je puis dire) il m’apparaît claire que l’accélération dans les comics est une conséquence. Ils faut qu’ils s’adaptent quitte à faire rentrer un rond dans un carré.

Désolé c’est vraiment du vrac.

  • si, si je le maintiens et je vous proute

** d’ailleurs le fait qu’on ai eu aussi rapidement l’adaptation d’un comics qui est un regard sur presque 50 ans d’histoires est révélateur de la temporalité plus rapide du cinéma sur les comics. Forcément quand ce dernier doit s’adapter au premier, le foisonnement des events m’apparait encore moins surprenant

(puisque je suis lâché, j’en profite pour bifurquer et écrire que cela ne m’étonne pas qu’une série comme GOT cartonne aujourd’hui tant ses morts sont multiples et considérés comme audacieuses mais sont surtout idéalement bien planifié pour chaque saison. Cela correspond bien à l’état d’esprit et la demande aujourd’hui. On ne veut pas de construction sur le long terme mais être choqué sur l’instant)

[quote]As we go into Secret Wars, every tie-in title that we produce will fall under one of those three umbrellas, yes. It may not literally be every single title we produce every month, but it will be an awful lot of them. And yes, that will include existing titles, new ongoing series, new limited series, one-shots, and everything in-between. To define the three categories a little bit better for people:

1.) Last Days: These projects, as the name implies, will tell the final stories of particular characters within the as-you’ve-known-them Marvel and Ultimate Universes during the events of the Final Incursion. So these are all about what particular characters do when faced with the end of the world.

2.) Battleworld: These projects will all deal with the new planet as a whole, with how the assorted domains function and interact with one another, with what the politics are, how Battleworld functions, who keeps the law and who is in charge. So these are macro projects dealing with the whole of Secret Wars and the new landscape to one degree or another.

3.) Warzones!: These projects focus in specifically on a single domain within Battleworld, or perhaps two adjacent domains, and deals with events taking place primarily within those specific zones. In essence, these are all like micro-event series each on their own[/quote]

[size=150]INTERVIEW DU RESPONSABLE TOM BREVOORT[/size]

Heroes Reborn ou la saga du clone, c’étaient des électrochocs pour relancer des titres qui vivotaient. Des tentatives -foireuses- d’augmenter des ventes en chute libre. Ce qui a sauvé Marvel, ce ne sont pas ces crossovers, mais bien la reprise en main éditoriale menée par des gens comme Tom Brevoort (Heroes Return) ou Joe Quesada (Marvel Knights). Heroes Reborn ou la saga du clone sont unanimement considérés comme des échecs, et surtout ne sont que des tentatives sans lendemain.
Là où ça a coincé, c’est quand les crossovers ont vraiment fonctionnés, à la fois sur un plan commercial et sur un plan critique. HOUSE OF M et IDENTITY CRISIS ne payaient pas de mine, mais n’empêche que c’est à partir d’eux que les éditeurs ont commencés à jouer à la balle qui ne roule jamais, mais qui rebondit en permanence d’un event à un autre, systématisant un procédé qui jusqu’ici restaient fortement circonscrit, soit dans le temps, soit à une gamme de séries.

[quote=« Lord-of-babylon »]

(puisque je suis lâché, j’en profite pour bifurquer et écrire que cela ne m’étonne pas qu’une série comme GOT cartonne aujourd’hui tant ses morts sont multiples et considérés comme audacieuses mais sont surtout idéalement bien planifié pour chaque saison. Cela correspond bien à l’état d’esprit et la demande aujourd’hui. On ne veut pas de construction sur le long terme mais être choqué sur l’instant)[/quote]

C’est pas forcément faux, mais y a comme un jugement de valeur et de morale dans cette façon de le dire.

On assiste à des récits monde, avec abandon du personnage principal. Le pouvoir est représenté avant tout comme une fonction, un lieu à occuper et non plus comme le produit de la vertu ou des qualités du chef.

The wire montrait admirablement comment le fait de chercher à préserver le semblant de la fonction de la loi, de l’ordre conduisait à broyer les hommes.

GOT, dont je n’ai vu que la première saison, nous montre toutes ces familles luttant pour la place à prendre : le trône est vide, il ne s’agit pas d’en être digne mais de l’occuper.

Il y a quelque chose dans la pensée juive de l’ordre de : l’empire passe. Egyptiens, romains, ils sont passés. Il y a quelque chose comme un savoir sur la vanité de construire, sur la vanité de tous les empires à croire qu’ils construisent pour l’avenir, qu’ils sont éternels, qu’ils répondent de la providence. Pour l’esclave, le maitre en vaut un autre. C’est du coté du maitre qu’on croit en l’idéal. L’esclave en sait un peu plus, il sait la pulsion qui se masque derrière les valeurs prétendument brandits.

Y a de ça dans ces séries à mon sens. Les morts choquent ? Les morts n’ont surtout plus de sens, une fois la vanité derrière les valeurs dévoilées, la mort perd son sens, elle ne se fait plus plus qu’au nom d’un idéal factice. Les hommes, leurs morts, tout y est mis en série : une de plus à la liste, ça ne change rien, il n’y a pas de résolution ou de dénouement.

C’est à cela qu’on aboutit lorsqu’on retire le mot fin de l’histoire, pour le remplacer par un « à suivre ». Plus de jugement final, plus de bon, ni de méchant, chacun cours après son objet, sa vanité, plus rien ne compte vraiment : il n’y a plus que le comptage lui même. Il n’y a plus de loi, juste le règne de la norme.

tout cela correspond certainement à l’époque, à une époque sans fin, mais pour dire que c’est un mal, il faut en repasser par l’idéal et son appel au sacrifice et à la mort qui a du sens.

Peut-être en effet. Mais je suis tout de même admiratif devant la structure de la série, du travail des scénaristes et du résultat qui porte ses fruits en terme de succès. Cela même si je trouve la série assez mauvaise dans l’ensemble.

Après j’ai en effet un jugement moralisateur sur ces réactions à court terme quand le long terme est jugés négativement ou maltraité. Pour rester dans la série télévisée je suis plus enclin à apprécier la mort d’un personnage tel que celui de

John Sheridan

dans Babylon 5 parce qu’elle est construite bien en amont et sur le long terme que la mort soudaine d’un personnage dans GOT. Après la mort brusque est intéressante mais quand elle devient systématique et support promotionnel ou médiatique (par exemples avec les vidéos de réactions des spectateurs) cela me questionne quand aux attentes actuelles du public et cette logique à court terme qui, à mon sens, trouvent écho dans la multiplication des events chez Marvel.

J’insiste, tu dis court terme, je dis qu’il n’y a plus de long terme, car le long terme est défini par le fait qu’à long terme il y a une fin.

tu dis que la mort systématique n’est pas intéressante, je dis qu’elle n’a plus de sens, et que si elle n’a plus de sens elle ne peut être que systématique. On a que ça dans les comics, le perso meurt et il revient. C’est la fin du superman 3D de morrison : un « à suivre » sur la pierre tombale.

Le « à suivre » est tellement central dans ce qui m’a fait aimé les comics, qu’il m’apparait presque comme contradictoire d’aimer les comics et ne pas aimer le « à suivre » dans ses conséquences propres au niveau de la fiction. Vu que vous êtes pas mal à pourtant témoigner de cette possibilité, je me dis que ce qui a harponné votre désir du coté du super héros était peut être moins le « à suivre » que sa localisation dans un personnage, le super héros lui même.

Peut-être

Mais attention Nemo n’applique pas certains de mes avis à l’ensemble des médias. Je suis d’accord avec toi sur ton analyse du « a suivre »’ dans le comics mais tu ne peux pas l’appliquer à la fiction télé qui, elle, a bien une fin.

edit : même si, en effet, ce n’est pas forcément le cas pour certaines principalement les soap-operas.

A partir de ce moment la mort systématique dans le cadre de la série télévisée (ou de tout autre récit feuilletonnant bouclé) peut en effet m’apparaître inintéressant. Pas forcément par son caractère récurrent d’ailleurs mais par son absence de traitement en amont.

(c’est la mort brusque en tant qu’outil promotionnel dans le cadre de GOT qui m’apparaît à la fois bien joué d’un point de vue commercial et mal foutue d’un point de vue narratif tant bien même il mettrait en valeur la thématique de la série)

[quote=« Lord-of-babylon »]
Le « problème » étant que Heroes Reborn est un échec (enfin c’est communément admis, je ne sais pas ce qu’il en est dans les chiffres et si le rétropédalage découle de cela) ainsi que La Saga du clone. [/quote]

C’est justement parce que ça a été considéré (rétroactivement, parce que, à l’époque, tout le monde semblait content, surtout les comptables) comme des échecs que ça a enclenché quelque chose.
Bon, Heroes Reborn, une partie des commentateurs ont affirmé très vite que c’était prévu pour durer un an, peut-être deux, mais en tout cas, pas à long terme.
Mais quoi qu’il en soit, les deux trucs sont intervenus pour relancer les ventes. Comme ça n’a pas duré, ça a mené à des retours aux fondamentaux qui, dans tous les cas, ont aussi relancé les ventes. Avec une fois de plus des numéros 1, et tout le bataclan.
Donc une fois que c’était fait, une fois qu’on avait démontré qu’on pouvait arrêter une série, virer des auteurs compétents pour les remplacer par des vedettes, changer la recette, arrêter à nouveau la série, ramener des auteurs compétents, rechanger la recette, et qu’on avait prouvé que malgré tout cela les personnages survivaient et vendaient, on avait enclenché la machine.
Que Heroes Reborn soit un échec ou une réussite, une gouffre ou une manne, un plan mûrement pensé ou une vaste improvisation n’est plus la question en soi. Le point essentiel, c’est que ça a démontré qu’on peut renuméroter des séries, qu’on peut détricoter la continuité et la fidélisation, le gain de lecteurs occasionnels est tel que ça compense la perte de lecteurs réguliers.
Voir en Heroes Reborn les fondations de la situation actuelle ne me semble pas idiot.

Jim

Tu as raison et je n’avais pas vu cela comme ça. En somme c’est plus l’après, le juste après même, qui est important plutôt que la période en elle-même

C’est vrai que même Age of Apocalypse était géré par la même équipe et a continué ensuite en reprenant la numérotation originale.

[quote=« Lord-of-babylon »]Peut-être

Mais attention Nemo n’applique pas certains de mes avis à l’ensemble des médias. Je suis d’accord avec toi sur ton analyse du « a suivre »’ dans le comics mais tu ne peux pas l’appliquer à la fiction télé qui, elle, a bien une fin.

[/quote]

oz, the wire, got, la série politique avec kevin spacey me semble être des séries
qui répondent en tout point au « à suivre » au niveau du monde.

[quote=« Jim Lainé »]

[quote=« Lord-of-babylon »]
Le « problème » étant que Heroes Reborn[/quote]

est un échec (enfin c’est communément admis, je ne sais pas ce qu’il en est dans les chiffres et si le rétropédalage découle de cela) ainsi que La Saga du clone.

C’est justement parce que ça a été considéré (rétroactivement, parce que, à l’époque, tout le monde semblait content, surtout les comptables) comme des échecs que ça a enclenché quelque chose.
Bon, Heroes Reborn, une partie des commentateurs ont affirmé très vite que c’était prévu pour durer un an, peut-être deux, mais en tout cas, pas à long terme.
Mais quoi qu’il en soit, les deux trucs sont intervenus pour relancer les ventes. Comme ça n’a pas duré, ça a mené à des retours aux fondamentaux qui, dans tous les cas, ont aussi relancé les ventes. Avec une fois de plus des numéros 1, et tout le bataclan.
Donc une fois que c’était fait, une fois qu’on avait démontré qu’on pouvait arrêter une série, virer des auteurs compétents pour les remplacer par des vedettes, changer la recette, arrêter à nouveau la série, ramener des auteurs compétents, rechanger la recette, et qu’on avait prouvé que malgré tout cela les personnages survivaient et vendaient, on avait enclenché la machine.
Que Heroes Reborn soit un échec ou une réussite, une gouffre ou une manne, un plan mûrement pensé ou une vaste improvisation n’est plus la question en soi. Le point essentiel, c’est que ça a démontré qu’on peut renuméroter des séries, qu’on peut détricoter la continuité et la fidélisation, le gain de lecteurs occasionnels est tel que ça compense la perte de lecteurs réguliers.
Voir en Heroes Reborn les fondations de la situation actuelle ne me semble pas idiot.

Jim[/quote]

et pourquoi pas le xmen 1 avec jim lee ? spiderman 1 de mc farlane et x force 1 de liefeld ?

Mais il ne faut pas oublier le fait que la renumérotation et le remplacement des persos, le détricotage de la continuité avaient déjà existé dès barry allen et hal jordan.

X-men 1 est venu en complément de The Uncanny X-men de même que Spider-man n’était qu’une énième série racontant les aventures de Spider-man.

(X-force pourquoi pas mais a part le titre tu as la même équipe derrière. Pour le coup c’est un peu l’ancêtre du passage de The amazing Spider-man à Superior Spider-man)

Au niveau du monde peut-être mais je t’avoue que j’ai oublié ce que tu définissais par ça. Après il n’en reste pas moins que ce sont (ou seront) des séries finies et bouclés dans le temps et construite en tant que telle. A partir de là je ne peux pas les mettre sur le même niveau que des histoires de super-héros en bd.

Mon jugement (ici sur les morts) est donc différents selon l’une ou l’autre forme de narration. Une des rares séries qui, je trouve, se rapproche vraiment du « a suivre » des comics ça doit être Doctor Who.

[quote=« n.nemo »]
et pourquoi pas le xmen 1 avec jim lee ? spiderman 1 de mc farlane et x force 1 de liefeld ?[/quote]

Je ne crois pas, parce que ça s’inscrit dans la logique commercial du lancement de séries annexes. Et ça, chez Marvel, ça a débuté avec Marvel Team-Up. Et ça remonte, plus généralement, à Action Comics qui donne naissance à Superman. C’est une simple démultiplication des titres supports dans lesquels figurent les personnages, ce n’est pas une annulation / renumérotation ni une redéfinition de la continuité.

Là encore, je pense que ça ne s’applique pas.
Le contexte est largement différent, et la création de ces personnages vient après une longue absence, une rupture. Qui plus est, la continuité se reconstruit dessus.
Cela dit, je suis d’accord, ça a ouvert des portes. Et encore aujourd’hui, on en sent l’influence.
Convergence me semble fonctionner sur ça. Ça propose une déclinaison possible, un peu à la Age of Apocalypse, en s’appuyant sur le principe des Terres parallèles développé par DC à partir de Barry Allen.

Jim

doctor who, j’ai jamais vu.

Je suis d’accord sur la spécificité du « à suivre » super héroïque car il est empiriquement le seul à ce jour à repousser toute fin avec peut être certain soap mais là j’y connais rien.

Maintenant, rien dans la construction des series oz ou the wire n’impliquait qu’une fin advienne. Elles auraient pu durer toujours. Mais qu’elles n’aient pas duré toujours, change la donne en effet.

[quote=« Jim Lainé »]

[quote=« n.nemo »]
et pourquoi pas le xmen 1 avec jim lee ? spiderman 1 de mc farlane et x force 1 de liefeld ?[/quote]

Je ne crois pas, parce que ça s’inscrit dans la logique commercial du lancement de séries annexes. Et ça, chez Marvel, ça a débuté avec Marvel Team-Up. Et ça remonte, plus généralement, à Action Comics qui donne naissance à Superman. C’est une simple démultiplication des titres supports dans lesquels figurent les personnages, ce n’est pas une annulation / renumérotation ni une redéfinition de la continuité.[/quote]

Oui, enfin pour x men 1, c’est quand même pas mal une annulation : retour à l’école, charles reprend sa fonction, magnéto redevient mauvais. Il y a même le retour du costume jaune de serval au numéro 4.

[quote]
Cela dit, je suis d’accord, ça a ouvert des portes. Et encore aujourd’hui, on en sent l’influence.[/quote]

C’est ça que souligne en effet, c’est là, ça fait partie du genre.