SECRET WARS #1-9 (Jonathan Hickman / Esad Ribic)

[quote=« Jim Lainé »]

Je trouve cette analyse très pertinente. Surtout à propos de Heroes Reborn, qui enclenche le cycle des relectures et des accélérations.

Jim[/quote]

Le « problème » étant que Heroes Reborn est un échec (enfin c’est communément admis, je ne sais pas ce qu’il en est dans les chiffres et si le rétropédalage découle de cela) ainsi que La Saga du clone. Pourquoi vouloir alors retenté dans les années 2000 ce genre de chose à vitesse grand V ? Qu’est ce qui a fait que ce qui fut un échec (ou considéré comme) devient un succès ? Qu’est ce qui a motivé a enclenché cela ?

Je pense qu’il y a d’autres facteurs à prendre en compte qui sont interne à l’industrie mais également externe (du moins plus global dans une logique de média). Je vous balance mes idées en vrac :

  • Déjà je pense que les événements originels des années 90, de par leurs succès, sont plus à chercher dans Age of Apocalypse et la franchise 2099 notamment parce qu’il y a déjà là des tentatives (réussi d’ailleurs) de relectures des personnages. On remarque d’ailleurs avec la création d’un* Doom 2099*, une envie déjà de brouiller les lignes avec des personnages méchants plus si méchants que ça. Du moins dont les caractéristiques sont plus dans la norme de la société dans laquelle ils évoluent (Doom est Doom mais dans une société composée d’enculés)

  • Ces deux event sont aussi déterminant dans ce qui se passe dans les années 2000. Tout comme Heroes Reborn et La saga du Clone bien sur mais pour ces deux derniers j’y vois surtout un échec sur laquelle il a fallut reconstruire avant de prendre en compte les erreurs pour ne pas les reproduire.

  • Et pendant ce temps-là l’industrie des comics évoluent, on nous montre des super-héros qui changent (le Stormwatch d’Ellis, The authority, la JLA de Morrison).

  • Il y a deux grands changement à la toute fin des années 90 et au début des années 2000 qui sonne le vrai signal de départ de ce qu’on vit actuellement je pense. Le succès du film X-men dans sa capacité à concrétiser un univers foisonnant au cinéma et le lancement de la gamme Ultimate (descendant direct de 2099) avec ses « prêt à réaliser » pour Spider-Man, les X-men ou les Vengeurs.

  • Il y a un moment de flottement au cinéma avec des tentatives ridicules (les Fantastic Four, Daredevil) et des grandes réussites (les Spider-man de Raimi, le Hulk d’Ang Lee*) auquel on peut rajouter pour la concurrence les Batman de Nolan (voir les cacamen** de Snyder) au cours de laquelle les histoires sont considéré comme unique et indépendante. Et pour certaines comme des vrais vision d’auteurs.

  • C’est Iron Man et les quelques années qui suivent qui changent radicalement tout. Je dis bien « radicalement » il y a déjà des signes avant. Pourquoi ? A mon sens parce qu’il confirme la fin du cloisonnement de structure narrative liés aux médiums. Un cloisonnement déjà mis à mal au cinéma à la fin des années 90 et au début des années 2000 avec le succès de films « trilogies ». Star Wars, Matrix, Le seigneur des anneaux et même Spider-man deviennent des rendez-vous et non des moments uniques. On peut le voir à plus petite échelle (le Kill Bill de Tarantino même si obéissant à une logique différente, conséquences de la présentation à Cannes, il s’inscrit dans cette même période) voire à plus grande échelle (les Harry Potter)

  • C’est d’ailleurs rigolo de voir qu’alors que le cinéma sort de ses frontières en terme de narration via la récurrence de la trilogie, la fiction télévisée elle explose sa forme notamment sur les chaines du câble même si c’est aussi à cette époque que l’hyper-feuilleton devient un succès

  • Les années 2000 sont pour moi une période de décloisonnement et de crossmédias. Les lignes deviennent plus floues. Dans notre pays la fiction télévisée est reconnue d’un point de vue critique par les grands médias et le public de manière massive (je situe cela tout bêtement à la fin du film du dimanche soir sur TF1 pour être remplacer par CSI. C’est le « coup de grâce » diront nous). De manière globale, c’est la partouze planétaire grâce à Internet, tout s’entrechoque dans la joie, la bonheur humeur et le respect de l’autre. Et alors avec Facebook et Twitter c’est le feu d’artifice ultime.

  • Bon je m’y perd un peu et mélange tout. Je résume donc. Les années 2000 sont en soi une période d’accélération et de mélange des genres et de forme. On fait du ciné en série tv et on propose les films comme une série télé.

  • Consciemment ou pas, je pense que l’industrie du comic-books (de super-héros) s’est adaptée à cette nouvelle vitesse et cette nouvelle donne. Sur le plan temporel on assiste donc à des event à foison dont le nouveau chasse le précédent. On en arrive à en avoir deux par ans quand même. Mais si je veux aller loin dans mon délire je me dis aussi que la lecture d’un Civil War me donne l’impression de voir une émission style Big Brother ou The Voice sur papier.

« Si tu aimes Iron Man alors tape 1 » en somme

(bon je me lâche et délire. Faite pas attention c’est fou comment ça peut faire du bien :mrgreen: )

Il y a quelque jours je regardais le dernier épisode de la saison 2 de South Park (je me fais l’intégrale). L’histoire raconte notamment la découverte d’un homme dans un bloc de glace. Le comique du truc réside dans le fait qu’il est dedans depuis 32 mois et tous les clichés de ce type d’histoire (qui se moquait je pense de California Man) sont passés à l’accélérateur temporel. Sa femme le cherchait pendant une heure puis à refait sa vie au bout de quatre jour par exemple.

Quand je vois les event à foison de Marvel (et DC par extension mais j’ai l’impression que c’est une mesure moindre) je repense à cet épisode. Tout va vite, le passé c’est tout juste hier, la préhistoire c’était il y a deux ans etc etc. Marvel, au final, reproduit ce schéma pour correspondre à l’ère du temps. Il en a le pouvoir et la structure. Il peut transvaser ses histoires et héros d’un médium à un autre en un rien de temps. Chacun n’ayant pas la même temporalité d’activité (si je puis dire) il m’apparaît claire que l’accélération dans les comics est une conséquence. Ils faut qu’ils s’adaptent quitte à faire rentrer un rond dans un carré.

Désolé c’est vraiment du vrac.

  • si, si je le maintiens et je vous proute

** d’ailleurs le fait qu’on ai eu aussi rapidement l’adaptation d’un comics qui est un regard sur presque 50 ans d’histoires est révélateur de la temporalité plus rapide du cinéma sur les comics. Forcément quand ce dernier doit s’adapter au premier, le foisonnement des events m’apparait encore moins surprenant

(puisque je suis lâché, j’en profite pour bifurquer et écrire que cela ne m’étonne pas qu’une série comme GOT cartonne aujourd’hui tant ses morts sont multiples et considérés comme audacieuses mais sont surtout idéalement bien planifié pour chaque saison. Cela correspond bien à l’état d’esprit et la demande aujourd’hui. On ne veut pas de construction sur le long terme mais être choqué sur l’instant)