SMALL SOLDIERS (Joe Dante)

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REALISATEUR

Joe Dante

SCENARISTES

Gavin Scott, Adam Rifkin, Ted Elliott et Terry Rosso…

DISTRIBUTION

Gregory Smith, Kirsten Dunst, Phil Hartman, Kevin Dunn, Dennis Leary, Dick Miller, Tommy Lee Jones (voix), Frank Langella (voix)…

INFOS

Long métrage américain
Genre : action/comédie/science-fiction
Année de production : 1998

« Les jouets, c’est l’enfer », s’exclame le regretté Dick Miller, fidèle complice de Joe Dante (le Mr Futterman des Gremlins, c’était lui), à la fin de Small Soldiers. Réplique irrésistible, qui n’a pas qu’un seul niveau de lecture. Car pour son retour sur grand écran, cinq ans après l’échec de son magnifique Panic sur Florida Beach, Joe Dante a du une nouvelle fois batailler pour imposer sa vision, notamment face à l’un des principaux sponsors du film…Burger King ! La chaîne de fast-food avait en effet dépensé des millions pour proposer des jouets dérivés à ses jeunes clients…et le résultat n’a pas vraiment correspondu à leurs attentes.

Face aux exigences du sponsor, les exécutifs de Dreamworks, dont c’était l’une des premières productions, n’avaient pas envie de voir s’envoler leurs dollars et le film a donc du être retravaillé pour en réduire la violence et réviser les dialogues pour les rendre un poil plus lisses (gros mots interdits) et ainsi se voir accorder un PG (accompagnement parental suggéré) au lieu du R (interdits aux moins de 17 ans non accompagnés) brandi par la commission de censure après visionnage d’un premier montage. À contrecoeur, Joe Dante a accepté de superviser ces changements tout en conservant au maximum sa ligne directrice.

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Une menace en modèle réduit saccage un quartier d’une petite ville américaine. Résumé grossièrement, l’histoire de Small Soldiers en rappelle d’autres et bien évidemment celle de Gremlins, le premier film de studio de Joe Dante. Et en engageant Dante, Dreamworks (co-fondé par un certain Steven Spielberg) devait bien se douter que le film allait être tout sauf consensuel. Dans Gremlins, les créatures sont ambivalentes, douces, gentilles, mignonnes comme tout…mais aussi cruelles et sadiques lorsque certaines règles ne sont pas respectées. Dans Small Soldiers, les règles sont établies dès le début par un chef d’entreprise ultra cynique (Denis Leary en mode capitaliste pourri jusqu’à l’os) qui vient de racheter un fabricant de jouets. Il fait du Commando d’Elite, une ligne de jouets de guerre, le produit vedette de son agressive nouvelle campagne de pub. Tandis que les Gorgonites, des jouets éducatifs à la base, deviennent leurs ennemis naturels. L’ajout d’une puce d’intelligence dernier cri va les éveiller à la conscience et faire de leur conflit une réalité, faisant d’un quartier résidentiel (décor souvent visité dans les productions Spielberg) une véritable zone de guerre…

On se rend vite compte que les Petits Soldats du titre sont en fait les méchants du long métrage et que les héros sont les « monstres », les parias, ceux qui ne sont pas tout de suite choisis par les enfants. Les Gorgonites sont ceux qui évoluent, ceux qui ont une vision naïve et poétique sur ce qui les entoure, alors que les membres du Commando d’Elite ne s’éloignent jamais de leur programmation de base (pas de quartier, pas de pitié !). Les héros sont désabusés, surtout le jeune Alan qui n’éprouve pas de fascination particulière pour le monde des jouets, et les parents semblent tous au bord de la crise de nerfs (mention spéciale à Phil Hartman, mort tragiquement avant la sortie du film, excellent dans le rôle du père du personnage joué par Kirsten Dunst, un cinglé d’équipement high-tech plus obsédé par la forme que par le fond).

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Si la satire aurait pu être encore plus mordante (conséquence des changements en post-production ?), le propos est savoureux (et bien sûr mal compris par une bonne partie de la critique de l’époque qui n’y a vu qu’un produit uniquement destiné à vendre des jouets) et le traitement à l’écran est jubilatoire. Fruit de la collaboration entre les poupées créées par Stan Winston et les effets numériques de ILM, les trucages sont très réussis et toujours aussi efficaces vingt ans après. Les références ne manquent pas et il y a beaucoup de trouvailles géniales, souvent improvisées sur le plateau (comme à l’époque des Gremlins). Le dernier acte, l’attaque finale, est un pastiche de film de guerre explosif et délirant, à l’énergie communicatrice.

Parmi les chouettes idées/références, il y a les voix originales des poupées. Si Tommy Lee Jones prête sa voix à Chip Hazard, les autres membres du Commando d’Elite sont doublés par des acteurs qui ont participé aux Douze Salopards, Ernest Borgnine, George Kennedy, Clint Walker et Jim Brown (décédé peu avant l’enregistrement, Richard Jaeckel a été remplacé par Bruce Dern). Et les Gorgonites, qui ont pour chef le sage Archer (Frank Langella), ont les voix des Spinal Tap, Christopher Guest, Harry Schearer et Michael McKean ! Et pour l’anecdote, c’est l’équipe des Guignols de l’Info qui s’est occupée de la version française.

Un de mes films préférés quand j’étais gosse

Je ne l’ai jamais vu celui là. Ça a bien vieilli?

Je l’ai revu il y a genre deux ou trois ans, et j’ai bien apprécié, sans avoir le sentiment que ça ait souffert du passage du temps. Je n’avais que quelques images en tête, c’est peut-être aussi pour ça, mais les « retrouvailles » avec le film n’ont pas été douloureuses.

Jim

C’est un de mes films préférés.

Pourtant,je ne l’ai vu qu’une fois.

Moi non plus.
Je n’en ai jamais eu tellement l’occasion.
Si jamais je le trouve pour pas trop cher, je me laisserai peut-être tenter : le billet du Doc donne bien envie.

Tori.

Oui mais vu que c’est déjà assez sous antalgique à sa sortie c’est pas trop pertinent. J’ai vraiment du mal avec ce film et l’ayant revu il y a quelques années j’y ai perçu les raisons. On est déjà dans un sorte de mode automatique de Dante qui fait qu’on le sent peu impliqué. Il joue sur l’auto-référentiel sans y apporter le recul de son Gremlins 2.

Surtout le film passe après son, trop souvent oublié, The Second Civil War, pour ne pas apparaître décevant. Personnellement je l’ai senti beaucoup plus investi et heureux dans son film suivant Looney Tunes : Back in Action

Héhéhé…pour moi, c’est le contraire. Dante a d’ailleurs déclaré que la Warner ne lui a laissé aucune liberté créative sur le projet et que ce fut « la plus longue année et demi de sa vie ». Et je trouve que ça se ressent à l’écran car malgré quelques bonnes scènes, le film est décevant car il n’atteint jamais son plein potentiel. Et depuis cet échec, Dante n’a plus jamais retravaillé pour un grand studio…