SOLITAIRE (Bob Van Laerhoven / Marvano)

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« Vieux » récit de Marvano, que j’ai découvert après La Guerre éternelle, cet album compile différents épisodes réalisés sur plusieurs années, de 1982 à 1986.

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Le premier épisode a été publié dans Spirou. Le scénario est signé par l’écrivain Bob Van Laerhoven, qui a déjà signé plusieurs textes et plusieurs histoires au moment de la création de la série, mais qui ne se départit pas, dans ce premier chapitre, d’une tonalité littéraire qui ne rend pas la lecture très fluide. À mesure que les chapitres suivants seront réalisés, le style de Marvano va évoluer, mais l’écriture de son scénariste va également s’alléger.

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L’univers présenté est post-apocalyptique. L’humanité semble avoir été décimée par un virus, qui n’aura laissé que quelques survivants sains face des contaminés parfois difformes, et parfois nantis de pouvoirs variés. Le récit s’ouvre sur Barbara, une survivante qui trace sa route seule jusqu’à ce qu’elle rencontre Conrad, un jeune handicapé dans une moto customisée et armée jusqu’aux chromes. Ils vont s’épauler afin d’avancer, le second chapitre permettant de plonger dans le passé de Barbara, et les suivants de confronter les deux rescapés à la communauté dirigée par le Maréchal. Rien que de très classique dans la définition des personnages et des enjeux, mais le récit fonctionne bien. L’évolution des personnages fait que Barbara cesse d’être à un certain moment le personnage principal, au point que c’est quelqu’un d’autre qui occupe la couverture, réalisée bien après les planches.

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En quatrième de couverture, Marvano commente brièvement la genèse de la série. On découvre donc que la signature au Lombard s’effectue alors que l’auteur prépare son adaptation de La Guerre éternelle. Ce qui explique l’évolution du style. S’il situe une rupture après le premier épisode, force est de reconnaître que tout l’album est marqué par ces transformations. Encore influencé par Herman, à qui il emprunte au début les visages aux joues creusées et les hachures envahissantes (mais que Marvano maîtrise avec rouerie), l’auteur épure petit à petit son travail. Ses planches sont de plus en plus équilibrées, et sa manière d’insérer les bulles et les récitatifs dans ou autour des cases (des techniques reprises du travail de Frank Miller, ça sera frappant dans La Guerre éternelle), commence à s’installer durablement.

Bref, un album classique, sur un thème aujourd’hui éculé, mais qui vaut historiquement pour l’émergence d’un style graphique désormais reconnaissable.

Jim