Daisy Steiner (Jessica Stevenson) est chômeuse et veut devenir journaliste
Tim Bisley (Simon Pegg) travaille dans une boutique de comics et est dessinateur
Daisy vit dans un squat tandis que Tim vient de se faire larguer et doit quitter l’appartement
En quête d’un logement, les deux jeunes gens vont se rencontrer et parcourir, en vain, les petites annonces jusqu’au jour où ils découvrent le logement parfait. Spacieux et pas cher. Un problème pourtant, la propriétaire ne veut la louer qu’à un couple. Ni une, ni deux, Daisy et Tim décide de se faire passer pour un couple pour emménager dans l’appartement et tenter de concrétiser leurs rêves entre deux siestes ou partie de jeux vidéos. Autour du duo vont se greffer Mike (Nick Frost) le meilleur ami de Tim, Twist (Katy Carmichael) l’amie de Daisy, Brian (Mark Heap) le voisin du dessous et Marsha (Julia Deakin) la propriétaire du petit immeuble.
Every generation as a legend
Every journey as a first step
Every saga has a begining…
A la fin des années 90, la comédie télévisée anglaise ronronne un peu. La décennie a vu passer d’excellent show comme Absolutely Fabulous, Bottom ou Mr Bean mais à l’aube de l’an 2000, la série de Jennifer Saunders est en pause, Rowan Atkinson s’amuse au cinéma et Father Ted doit s’arrêter du fait de la mort de son acteur principal. Seul One Foot in the grave* continue en fait (et encore, c’est des épisodes de noël) mais cette dernière raconte les mésaventures d’un vieux con.
Or un véritable besoin de renouveau se fait ressentir. On le sent dans la scène comique anglaise, il y a des jeunes qui en veulent. Ils ont des idées, ils veulent avoir une nouvelle approche, une nouvelle énergie. De fait le début des années 2000 voit un renouveau créatif de la série comique anglaise : The Office, Black Books, Friday Night Dinner, The IT Crow et j’en oublie
Mais toutes ces séries sont devancé par celle qui restera la figure de proue de ce changement : Spaced
Entièrement écrit par Jessica Stevenson et Simon Pegg, Spaced décide (dans la même logique de Friends quelques années auparavant) de ne pas proposer une histoire sur la famille ou le travail mais sur un groupe d’ami. Des jeunes qui font leurs premiers pas dans le monde adulte. Ils aspirent tous à des rêves (Tim a devenir dessinateur, Mike à rentrer dans l’armée, Brian à être peintre) mais on se rend vite compte que le principal ennemi c’est eux-même.
Mais peut-être plus que sa galerie de personnage, sa manière très fine de décrire des relations sans que cela ne soit jamais un accélérateur évident du récit, ce qui fait la force de Spaced et son incroyable modernité encore aujourd’hui est sa réalisation.
Spaced doit sa qualité non à un duo mais à un trio et le troisième larron n’est autre qu’Edgar Wrigth qui réalisa l’intégralité de la série et lui apportera une énergie sans commune mesure avec un autre show. Chaque épisodes correspondent à 20 minutes d’actions débridés dans lequel se mêle un foisonnement de références à la culture populaire servant toujours le récit et donnant à chaque épisode un cachet propre. De fait et au regard de la filmographie de Wright, Spaced est un laboratoire d’idées qui se retrouveront dans les films de la trilogie Cornetto, dans Scott Pilgrim ou dans Baby Driver. S’il n’y avait que cela, Spaced aurait pu vite être un catalogue de référence de plus en plus daté au fur et à mesure des années mais l’intelligence des auteurs et d’avoir toujours gardé en ligne de mire leurs personnages et d’avoir su utiliser les références dans le récit mêmes (voire par exemple une dispute importante entre Tim et Daisy illustré par une partie de Tekken).
En deux saisons de sept épisodes chacune, Spaced va nous plonger dans le quotidiens de ces drôles de personnages et nous les faire aimer au plus haut point car l’une des forces de la série est d’avoir su très bien capter cette période particulière, mélange d’émancipation et de recherches de cocon et de protection. Tim veut faire des comics (pour l’anecdote, c’est Jim Murray et Jason Brashill qui font les dessins qu’on voit dans la série) mais n’arrive pas à surmonter sa rupture sentimental et un échec professionnel, Daisy est une procrastineuse de compétition et s’invente un personnage pour ne pas se confronter à ce qu’elle est vraiment, Brian est aussi doué en peinture qu’il est incapable d’avoir des relations sociales normales etc. Tous ont un pète au casque et tous vont s’entraider pour grandir.
Presque 20 ans après la fin de la série, Spaced conserve toujours autant sa force et son comique. Elle est une série remarquable en soi tout en étant le point de départ d’une grande aventure.
*Dont on a pu voir des épisodes dans l’émission Continentales dans les années 90