Comédie/horreur
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Jack Hill
Avec Lon Chaney Jr, Beverly Washburn, Jill Banner, Sid Haig…
Année de production : 1967
Dans une demeure rurale tombant en morceaux vit la dernière génération de la famille Merrye, dont les membres sont victimes d’une maladie dégénérative rare causée par des années de consanguinité. Ce mal se caractérise par une perte des facultés mentales qui fait régresser ceux qui sont touchés à l’état infantile avant de faire d’eux des sauvages sans cervelle. Des Merrye, il ne reste plus que les trois enfants. La brune Virginia (la charmante Jill Banner, décédée prématurément dans un accident) se prend pour une araignée et attire les rares visiteurs dans sa « toile » avant de les tuer (le sort d’un pauvre facteur effrayé dans les premières minutes) et la blonde Elizabeth (Beverly Washburn), qui aime bien asticoter sa soeur, est toute aussi cinglée. Leur frère muet Ralph (cette sacrée trogne de Sid Haig) semble moins dangereux…mais pas pour les chats du voisinage qu’il aime déguster en rôti…
La fratrie est placée sous la garde de Bruno, le chauffeur de la famille qui a promis au vieux Merrye de prendre soin d’eux (le papa n’est pas loin puisque son cadavre n’a pas quitté sa chambre et Elizabeth vient lui faire un petit bisou tous les soirs). Bruno s’occupe des enfants…et couvre tous leurs débordements. Le vieil homme est campé par un très bon Lon Chaney Jr alors en fin de carrière, une époque difficile pour lui à cause des ravages de l’alcoolisme et de ses nombreux ennuis de santé (il est décédé en 1973). Le fils de l’« homme aux mille visages » livre une interprétation nuancée en trouvant l’équilibre entre humour et émotion (il est même très touchant dans la dernière scène, avec son discours aux enfants qui ne se doutent pas de sa décision).
Le quotidien des Merrye est bouleversé par l’arrivée de lointains cousins accompagnés par leur avocat et sa secrétaire. Peter et sa soeur Carole veulent récupérer la maison et placer les enfants. Mais les choses vont dégénérer au cours d’une longue nuit qui semble ne pas finir. Comme je l’ai souligné ci-dessus, il y a de la comédie (noire) dans la description de cette famille pas comme les autres et la scène du dîner, assez irrésistible et très bien mise en scène avec de bonnes idées de gags, en est une bonne démonstration…
Jack Hill sait également efficacement mettre en avant les aspects les plus sordides de la vie des jeunes Merrye, aidé en cela par la belle photographie en N&B de Alfred Taylor (qui terminera sa carrière dans les années 80 par le savoureux Les Clowns tueurs venus d’ailleurs). Le scénario de Spider Baby est bien ficelé et dose comme il le faut les révélations sur les sombres secrets de la maison (dont ce qui se cache dans la cave) et de cette famille de dégénérés, exposés dans un dernier acte qui ne manque pas de rebondissements.
Formé à « l’école Roger Corman » (pour lequel il a ensuite réalisé des films de « femmes en prison » au début des années 70), Jack Hill a su tirer le meilleur parti d’un budget très, très modeste (seulement 65.000 dollars) et de conditions de tournage drastiques pour livrer une singulière et réjouissante bisserie comico-horrifique à l’étrange atmosphère qui en a influencé plus d’un, dont un certain Rob Zombie (il n’est pas étonnant de retrouver le regretté Sid Haig au sein de la famille Firefly).