SPIDER-MAN : HOMECOMING (Jon Watts)

Un des aspects que j’aime véritablement dans les comics de super-héros c’est cette longévité permettant (ou étant la conséquence d’) un renouvellement régulier et une approche différente selon les auteurs. J’aime le Spider-Man de Lee et Ditko, j’aime le soap-opera de Romita, les versions plus noire de Gerry Conway (que ce soit dans The Amazing Spider-Man puis Spectacular Spider-Man), les grandes saga de Roger Stern et Romita Jr avec ce Peter entrant dans la vie adulte, j’ai plongé « vraiment » dans les comics avec le tandem Michelinie/Bagley, j’ai adoré le début du cycle de Straczynski et trouvait intéressant l’approche totémique du personnage et j’adore véritablement le cycle de Dan Slott et son actuel Peter Parker en chef d’entreprise.

J’aime tout cela, j’aime ces approches tout en gardant des fondamentaux solides. Après bien sur tout dépend du traitement. Du coup, retrouver cette approche au cinéma et éviter d’enfermer dans une boite ce type de personnage me plait sur le principe. Dans la réalité, cela a donné deux The Amazing Spider-Man globalement raté à l’exception de quelques rares points. Connecté à l’univers cinématographique Marvel, le Spider-Man de Watts m’a, par contre, beaucoup plut. Cela tient d’une part à une utilisation intelligente de l’univers partagé qui, si elle n’empêche pas les cabotinages (peu nombreux heureusement) de Robert Downey Jr, va servir de fil rouge au fil en posant Spider-Man dans ce qu’il a de particulier et de singulier face aux Avengers.

Et voila une des choses que j’aime profondément chez les super-héros et que je retrouvais peu dans les films. Spider-Man est un super-héros du quotidien et qui aide les gens. Les scènes le montrant patrouiller, arrêter des voleurs, aider une vieille dame etc c’est juste parfait. Ça pose totalement le friendly neighborhood Spider-Man (ingénieuse utilisation du générique télé dans la BO d’ailleurs) sans pour autant oublier le coté poissard (la scène du vol de voiture). Ça renvoi au Superman de Donner qui récupère le chat d’une petite fille et ça j’aime. Cela donne donc un fil rouge qui permet au personnage de s’affranchir des grands héros cosmiques tout du long du film et de le faire grandir en tant que personne.

Et cette connexion permet aussi d’offrir une nouvelle version du Vautour (ainsi que du Shocker, du Bricoleur etc, excellente gestion du bestiaire de l’univers du tisseur sans en faire des caisses) que j’ai adoré. Ça apporte une profondeur au personnage sans pour autant excuser celui-ci¹ (ce qui est une des forces des meilleurs méchants de Spider-Man). Keaton est génial notamment dans la scène dans la voiture. Ça appuie bien le truc sans forcer. C’est d’ailleurs quelque chose qu’on retrouve tout du long du film notamment dans le dilemme classique de Parker devant jongler entre sa vie de super-héros et sa vie de lycéen. Cette dernière est très bonne, j’ai adoré les nouvelles versions des personnages et le rapport entre eux et Peter sont dans le ton des premiers épisodes de Lee et Ditko (un personnage qui se met volontairement à part d’un groupe qui ne le rejette pas sur le principe). Tom Holland est parfait (bon je me suis tapé la VF, pas affreuse au demeurant). Il arrive à trouver naturellement le ton juste entre le héros qui veut bien faire, qui veut aussi montrer ce dont il est capable tout en étant pétri de doute et de peur.

Une des scènes que j’ai trouvé les plus remarquables à ce niveau, c’est celle de l’ascenseur. Non seulement j’avais peur pour les amis de Peter mais aussi pour lui-même. Malgré le fait qu’il soit Spider-Man le danger que représentait sa position est bien mise en valeur. Dommage, malheureusement, qu’en terme d’action pure le film ne soit pas sur le même ton que cette scène. A ce niveau, il est clair qu’on atteint pas la cheville du grandiose Spider-Man 2 de Sam Raimi. Des scènes renvoyant à des grands moments du comics (le fameux The Amazing Spider-Man #33) n’arrive pas à reproduire l’ampleur épique et dramatique de la chose par exemple. Bon ca fait quand même son effet (sur moi ça a marché) mais ça reste quand même très plat.

A coté de cela ça gère très bien l’aspect soap comme le faisait Romita, ça pioche dans la version Ultimate de Brian Bendis (période Parker et Morales) et ça exploite encore plus l’immense bestiaire de Marvel. Allez chercher Damage Control est une idée que j’ai adoré notamment parce qu’on dépasse la simple référence pour faire plaisir aux fans (et faire incarner Anne Marie Hoag par Tyne Daly :heart_eyes: ). Bref ça connais et aime son sujet c’est évident et ça fait plaisir. Le film n’est pas un chef d’œuvre du septième art, il n’égale pas ceux de Raimi sur bien des aspects mais il dégage quelque chose de particulier, une sorte de joie communicative qui se ressent chez les acteurs et une alchimie dans le groupe de lycéen qu’on se dit que l’essai est réussi. Le film est surement celui qui exploite aux mieux l’univers partagé afin d’offrir une nouvelle version du personnage qu’on aime tant.

Dwayne McDuffie aurait adoré/6


¹ accessoirement ça permet aussi de sortir de la logique des ennemis « devenu fou » présent dans tous les autres films et ça c’est très bien

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