Ooga-Chaka, Ooga Ooga, Ooga-Chaka !
Peter Jason Quill, alias le légendaire Star-Lord, n’a pas toujours été le personnage capable de tenir la vedette de plusieurs séries mensuelles, un long métrage à succès (et donc d’une suite déjà prévue) et un dessin animé à venir. Entre 1976 et 1996, Star-Lord n’aura été le protagoniste que d’une poignée d’épisodes, au sein d’une continuité qui n’a rien eu d’un long fleuve tranquille.
L’album Star-Lord : Guardian of The Galaxy regroupe cette petite dizaine d’histoires en noir et en blanc et en couleurs, agrémentées de bonus d’époque.
Je viens d’en commencer la lecture et le moins que l’on puisse dire, c’est que le Peter Quill originel n’a rien à voir avec l’actuel leader des Gardiens de la Galaxie. Il n’avait d’ailleurs rien d’un leader.
Marv Wolfman, responsable éditorial du magazine en noir et blanc Marvel Preview, téléphona un jour au prolifique scénariste Steve Englehart et lui proposa d’inventer un nouveau héros de science-fiction à partir du nom Star-Lord. Féru d’astrologie (comme il l’explique dans sa préface), Englehart fait de la naissance de Quill une immaculée conception provoquée par un alignement de planètes qui ne s’était pas produit depuis une certaine naissance divine (qui apparaît d’ailleurs dans un flash-back de la première page). L’enfance du futur Star-Lord se révèle vite tragique avec un père qui meurt d’une crise cardiaque alors qu’il voulait se débarrasser de ce fils qu’il rejette et une mère qu’on prend pour folle et qui sera assassinée quelques années plus tard par des extra-terrestres.
Personne ne croira l’histoire du petit Peter qui sera placé dans un orphelinat. Aigri (on peut le comprendre), en colère contre le monde entier, il décide que son destin se trouve dans les étoiles et fera tout pour les atteindre.
On saute quelques années jusqu’en 1987 et on retrouve Quill dans un programme spatial, bien décidé à devenir astronaute. Son caractère, son manque d’esprit d’équipe, seront un frein pour son ambition. Peter Quill était alors un véritable connard asocial, obsédé par l’idée de venger sa mère, et dont le seul véritable compagnon était un hibou domestique (!).
C’est alors qu’une entité cosmique, le Maître du Soleil, contacte l’humanité pour trouver un élu qui deviendra le justicier cosmique appelé Star-Lord. Quill n’est pas vraiment le candidat idéal pour ses pairs mais il forcera le chemin jusqu’à l’extra-terrestre aux faux airs de dieu barbu, qui connaît déjà tout du passé du terrien borné. Un nouveau Star-Lord est né…mais la suite de ses aventures se fera déjà sans son créateur.
Comme on peut le voir dans Marvel Preview #4, Peter Quill n’a rien à voir avec le futur chef des Gardiens de la Galaxie…et ses aventures ne prennent d’ailleurs pas place dans l’univers Marvel classique. L’homme est renfrogné, se met tout le monde à dos et est prêt à toutes les extrémités pour atteindre son but. D’après l’article récemment publié par CB, Englehart avait prévu de lui faire atteindre la maturité, mais il laissera finalement tomber sa création après ce premier épisode. C’est un récit d’origine à la structure assez classique, avec une bonne dose de trauma d’enfance, mais le tout est efficacement raconté et la caractérisation du personnage principal donne une touche d’originalité à l’ensemble. Le film de James Gunn, involontairement ou pas, a gardé une caractéristique de ce début, avec un Quill qui fait référence à ses passions d’enfance, ici Star Trek, Flash Gordon ou encore Perry Rhodan.
Aux dessins, on retrouve Steve Gan, l’un de ces dessinateurs philippins au style très détaillé, qui avait également travaillé à l’époque comme nombre de ses compatriotes sur les mags en N&B de Marvel. Il fut aussi le premier dessinateur de Skull the Slayer, bien connu des premiers lecteurs de Titans.
À noter que Star-Lord connut les honneurs d’une édition française avec une série d’albums publiés par Aredit/Artima au début des années 80.
Marvel Preview #4 est sorti en 1976. Les lecteurs U.S. auront attendu une année pour retrouver le « Seigneur des Etoiles » dans Marvel Preview #11 en 1977, sous la houlette d’une équipe rentrée dans la légende des comics : Chris Claremont, John Byrne et Terry Austin.
Mais ceci est une autre histoire…