STAR TREK : DEEP SPACE NINE (Saisons 1-7)

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Epreuves et Tribulations (1996)
Saison 5, épisode 6
Réalisateur : Jonathan West
Scénaristes : Ronald D. Moore et René Echevarria
Distribution : Avery Brooks, Rene Auberjonois, Michael Dorn, Terry Farrell, Colm Meaney, Alexander Siddig…

L’année 1996 a marqué le 30ème anniversaire de Star Trek…une célébration qui a eu lieu aussi bien sur le grand que sur le petit écran (et même sur papier puisque Marvel a récupéré les droits à cette période pour livrer quelques uns des comic-books les plus intéressants de la franchise, comme la série Star Trek : Early Voyages).
Au cinéma, Jonathan « Riker » Frakes a signé l’un des meilleurs longs métrages de la saga avec Star Trek : Premier Contact. Et pour la branche télévisuelle, les équipes créatives de Star Trek : Deep Space Nine et de Star Trek : Voyager ont eu la bonne idée d’imaginer des épisodes qui ont permis aux personnages de chaque série d’interagir avec les héros de la série classique.

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L’autre point commun entre les épisodes de DS9 et de Voyager (je reviens sur celui-ci dans le prochain billet) est qu’ils impliquent deux personnages qui sont assez vieux pour avoir vécu l’époque des aventures de Kirk et Cie. Pour DS9, il s’agit de Jadzia Dax…ou plutôt Dax, un symbiote de la Planète Trill qui ne peut survivre qu’'en évoluant en totale harmonie avec un hôte. En plus de 200 ans, Dax a connu 7 hôtes/hôtesses avant de vivre en symbiose avec Jadzia, qui est ensuite devenue l’officier scientifique de la station spatiale Deep Space Nine commandée par le capitaine Benjamin Sisko, vieil ami de Curzon, l’ancien hôte de Dax.

Dans Epreuves et Tribulations, Darvin, un espion klingon dont le physique a été modifié pour ressembler à un humain, profite de la présence d’une orbe du temps bajorane sur le Defiant pour remonter le temps jusqu’au jour où, environ 80 ans plus tôt, le capitaine Kirk a fait capoter une de ses missions sur la station K-7. Ce jour-là, l’équipage de l’Enterprise a du faire face aux klingons, mais aussi à une prolifération de tribules, des petites boules de poils inoffensives qui se reproduisent à une vitesse phénoménale. Darvin veut tuer Kirk avec un tribule piégé…Sisko et ses officiers n’ont donc pas beaucoup de temps pour retrouver Darvin et la bombe, et cela sans altérer le cours des événements…

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Les deux épisodes « Spécial Anniversaire » de 1996 ont chacun une tonalité différente. Celui de Voyager est plus intense…et celui de DS9 est plus léger, ce qui était naturellement le cas de l’épisode de la série classique choisi pour cette aventure très spéciale, Tribulations (S2 E15). Les différents départements de la production de DS9 se sont visiblement beaucoup amusé à recréer l’Enterprise des sixties ainsi que les différents matériels et costumes (et difficile de ne pas crier « Saluuuut, nounou ! » à la vision de Terry Farrell dans l’ancien uniforme féminin de Starfleet…).
Le souci du détail est délicieux et les trucages à la Forrest Gump qui permettent d’incruster les acteurs de 1996 dans le métrage de 1966 sont souvent bluffants (il y juste quelques plans furtifs où l’effet est un peu plus visible, mais rien de bien gênant).

Il y a bien entendu du « fan-service » dans cet épisode, mais du « fan-service » bien fait. Sisko et cie ont une mission, mais la majorité de l’équipe se délecte aussi de découvrir cette période. L’humour provient du décalage des situations, de la chouette dynamique comique entre le Dr Bashir et le chef O’Brien et des réactions du groupe face au look des klingons de l’époque (qui ressemblaient à des humains basanés). Worf préfère ne pas s’attarder là-dessus d’un grognement honteux…mais c’est aussi parce qu’il n’y avait pas encore d’explication dans le « canon » Star trek pour ces différences physiques (pour cela, il a fallu attendre un épisode de Star Trek : Enterprise en 2005).
Les interactions avec l’équipage du premier Enterprise sont également savoureuses, avec un Sisko qui conclut idéalement son voyage temporel.

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De retour au XXIVème siècle, Sisko détaille toute l’aventure à deux enquêteurs temporels, les agents Dulmer et Luclsy (oui, ce sont bien des anagrammes de Mulder et Scully)…tout en omettant un petit détail. Enfin petit, pas tant que ça. Car en 2373, il n’y a plus de Tribules, la race ayant été exterminée par les klingons. Mais le chef de la sécurité Odo s’est pris d’affection pour son tribule et l’a ramené avec lui…permettant la réintroduction de l’espèce car la station Deep Space Nine ne tarde pas à être envahie par ces boules de poils !

J’ai toujours bien aimé ce concept, sans doute parce qu’il me rappelle un peu la TVA (Time Variance Authority) de Marvel.
Dans le versant le plus fun du show, cet épisode est à mon sens un des plus réussis aux côtés de « Little Green Men » (les Ferengis paumés sur Terre lors de la guerre froide).

C’est Armin Shimerman sur la photo?

Oui.

Vu qu’on en parlait sur le sujet consacré à la série The Mandalorian et vu qu’on a décrétait que les cinémas étaient un puissant repère à COVID, j’ai un peu de temps pour venir vous faire chier avec ces histoires qui durent vingt plombes sur le petit écran.

Et donc…Star Trek : Deep Space Nine, la quatrième série de l’univers Star Trek après la série classique, la série animée et Star Trek : The Next Generation dont elle est d’ailleurs le spin-off.

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En effet le pilote de la série, Emissary, pose le lien entre TNG et DS9 qui se déroulent toutes les deux dans le même univers et dans la même temporalité. C’est par le biais de Jean-Luc Picard (Patrick Stewart), le capitaine de l’U.S.S. Enterprise que nous découvrons le premier, et plus important, personnage de la nouvelle série, le commandant Benjamin Sisko (Avery Brooks).

Une découverte qui se fait en deux temps. Dans le prologue de l’épisode nous découvrons que Sisko était lieutenant-commandant sur le Saratoga, un des vaisseaux qui fut détruit lors de la bataille de Wolf 359, la tragique bataille entre Starfleet et le collectif Borg mené par un Jean-Luc Picard assimilé et ayant pris le nom de Locutus (ces événements sont au centre du double épisode The Best of Both Worlds qui ferment et ouvrent respectivement les saisons 3 et 4 de Star Trek : The Next Generation).

Le vaisseau de Sisko fut détruit durant cette bataille mais surtout il y perdit sa femme. Trois ans plus tard, Sisko ne s’est pas remis de sa mort et a du mal à contenir sa colère face à un Picard pourtant redevenu normal. Ce dernier lui confie une mission, celle de gérer la station Deep Space Nine le temps que le gouvernement Bajorien nouvellement créé se mette en place. Une mission de routine et temporaire, d’autant plus que Sisko veut quitter Starfleet, qui prendra pourtant une direction bien différente (et une ampleur bien plus grande) à la suite des événements qui vont se dérouler dans le premier épisode de la série.

Car Deep Space Nine n’est pas une station comme les autres. Située en orbite autour de la planète Bajor, elle fut, pendant des décennies, une station minière et un camp de travail forcé connu sous le nom de Terok Nor et dirigé par l’empire Cardassien. Quand commence la série Star Trek : Deep Space Nine, le peuple Bajorien, après des dizaines d’années de lutte, a pu chasser les Cardassiens de sa planète.

Le peuple est enfin libre…et les emmerdes commencent. La planète est ravagée, des régions entières ont vu leur terre devenir stérile, la famine est là, la technologie manque etc. Mieux encore, ce qui lié tout le peuple (la lutte contre l’occupant) a disparu et les factions se divisent de plus en plus faisant craindre le risque d’une guerre civile. Seule la foi des Bajoriens sert encore de ciment au peuple, mais même au sein de la religion des prophètes il y a des membres prêt à tout pour assoir leur domination (étonnant non ?). Il n’est donc guère étonnant que dans ce contexte, le gouvernement provisoire ai demandé de l’aide à la Fédération des Planètes Unies qui, de leur coté, aimeraient bien intégré Bajor.

Le commande Sisko débarque donc sur Terok Nor, nouvellement rebaptisé Deep Space Nine afin d’aider Bajor. Avec lui l’accompagne le lieutenant Jadzia Dax (Terry Farrell) l’officier scientifique, le chef Miles O’Brien (Colm Meaney) nouvellement promu et qui quitte l’Enterprise pour devenir l’ingénieur en chef de la station (personnage secondaire de TNG, O’Brien devient donc un des principaux de DS9) et le jeune et fringuant médecin Julian Bashir (Alexander Siddig). Enfin Jake Sisko (Cirroc Lofton), le fils de Benjamin, débarque également sur une station pas franchement conçu pour les enfants ou les familles (Keiko O’Brien, la femme de Miles, elle aussi transfuge de l’Enterprise, s’en rendra également vite compte).

Sous l’occupation Cardassienne, la station était également un lieu de passage et de commerce et certaines figures marquante de cette époque ont décidées de rester sur la station. Il s’agit de Quark (Armin Shimerman), patron d’un bar situé au centre de la station et magouilleur patenté, et son meilleur ennemi Odo (René Auberjonois), l’ancien chef de la sécurité de la station. Un poste dont il s’est acquitté avec une telle honnêteté et un tel sens de la justice que le gouvernement de Bajor ne l’a jamais considéré comme un ennemi et lui demande de continuer à occuper cette fonction.

Enfin il y a le major Kira Nerys (Nana Visitor), ex-soldat Bajorienne qui participa activement à la libération de sa planète. La guerre finie, elle se rend compte qu’il est plus facile de lutter contre un ennemi commun que de reconstruire une planète ravagée. Estimant qu’ils n’ont pas chassés l’occupant pour se retrouver avec un nouveau, elle voie d’un très mauvais œil l’arrivée de la Fédération, elle devient pourtant le premier officier de Benjamin Sisko en charge notamment de faire le lien entre le gouvernement de Bajor et la Fédération.

Tout ce beau monde se retrouve donc sur la station Deep Space Nine, en orbite autour de la planète Bajor. Une station totalement saccagée par les Cardassiens avant leur départ et qui, en plus, recèle de nombreux pièges laissés par l’occupant. Une station sur laquelle il reste tout à réparer ou reconstruire. Une station très importante pour Bajor.

Et pourtant personne ne se doute encore qu’elle va devenir dans quelques heures la place centrale de ce quadrant de la galaxie.

(TIN, TIN, TINNNNNNN la suite au prochain épisode)

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Deep Space Nine est donc une station spatiale en orbite autour de la planète Bajor et va servir de point de relais entre la Fédération et le gouvernement Bajorien dans le cadre de la reconstruction de la planète. C’est ce qui est prévu au départ mais tout va changer dès le premier épisode.

Deux mot : Vortex (wormhole en anglais) et émissaire (ça tombe bien c’est le titre du 1er épisode). Opaka, la leader religieux (le Kai) de Bajor, est en effet persuadée que Sisko est envoyé par les dieux pour découvrir le Temple Céleste. Afin de le convaincre, elle lui montre leur relique la plus précieuse : l’orbe. Un artefact qui donne des visions à celui qui l’ouvre. En l’étudiant, Jadzia Dax découvre un lien entre ce dernier et un mystérieux phénomène situé non loin de la station. En s’y rendant Sisko et Dax découvre qu’il s’agit d’un vortex au sein duquel vive les fameux prophètes. En réalité une race extraterrestre très singulière puisqu’ils n’ont aucune réelle présence physique mais surtout aucune existence linéaire. Passé, présent et futur existent sur le même plan pour eux.

Enfin et surtout, Sisko découvre que ce vortex relie en quelques heures leur quadrant (l’Alpha) avec le quadrant Gamma pourtant situé à l’autre bout de la galaxie. Dès lors et après quelques péripéties, Deep Space Nine passe de simple station spatiale à base incontournable et comptoir essentielle pour toute la galaxie. Dorénavant nul besoin de partir à l’aventure, c’est l’aventure qui viendra à vous. C’est sur ce dernier point que Star Trek : Deep Space Nine représente un changement radical avec les séries précédentes. Alors que ces dernières proposaient les aventures de vaisseaux spatiaux parcourant la galaxie là où personne n’est jamais allé, DS9 va, elle, se reposer sur une unité de lieu immuable. Ça n’a l’air de rien comme cela mais ce qui est au départ un choix pouvant être assimilé à une démarcation cosmétique va se révéler être déterminant dans les spécificités même de la série, faisant d’elle l’un des meilleurs (si ce n’est le meilleur) space-opera télévisuel de l’époque.

La création de Star Trek : Deep Space Nine remonte à 1991 quand le nouveau président de Paramount Pictures, Brandon Tartikoff (auparavant le directeur des programmes de NBC chez qui il lança Seinfeld, Cheers, Golden Girls, Cosby Show, Law&Order, Miami Vice etc. bref c’était pas le dernier des cons) demande à Rick Berman de réfléchir à une nouvelle série pour capitaliser sur le succès de Star Trek : The Next Generation alors à l’antenne depuis cinq ans.

Après deux saisons de balbutiements, les aventures de l’Enterprise D sont en effet à leurs apogées tant sur plan critique que public et un nouveau film de la série classique (Star Trek VI - The Undiscovered Country) va sortir pour les 25 ans de la saga. Bref il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Berman est de l’aventure depuis le début de The Next Generation et il est officiellement à la tête de la production de la saga depuis la mort de Gene Roddenberry en 1991 (officieusement il l’est depuis 1988 quand Roddenberry fut trop malade pour continuer à travailler) et c’est véritablement sous son égide que The Next Generation prend son envol. Dès le départ Berman refuse de faire une nouvelle série se déroulant dans un vaisseau parcourant la galaxie pour cause de redite et, avec Michael Piller, il envisage de faire une série se situant sur une planète colonisée, prenant comme référence la série L’homme à la carabine (1958) dans laquelle un homme et son fils vivent dans un ranch entouré de différent archétype de l’époque (le barman, le docteur, le shériff etc.).

Piller est probablement le scénariste le plus important de Star Trek : The Next Generation. Arrivé en 1988 vers la fin de la seconde saison, il écrira plusieurs épisodes de la troisième mais son influence se ressentira d’une autre manière. En effet durant ses deux premières années de production, la série connue une valse de scénariste et énormément de problème et de conflit entre eux si bien que l’écriture prenait du retard et que les scénarios était constamment remaniés. Piller va remettre de l’ordre dans tout cela en créant un pole d’écriture solide avec une équipe stable (c’est ainsi lui qui engagea Ronald D.Moore) et en commençant à sortir des schémas classiques tel « l’alien/la situation de la semaine » pour développer plus en profondeur les personnages. Très clairement si Star Trek : The Next Generation passe de deux saisons très moyennes (voire très médiocre en ce qui concerne la première) à cinq saisons de très grande qualité, c’est grâce à Piller.

Les deux compères sont donc naturellement aux commandes de la nouvelle série qui sera, par la force des choses, la première série Star Trek non créée ou supervisée par Gene Roddenberry (qui décède le 24 octobre 1991). Ça ne sera pas la seule première de la série comme nous le verrons. A ce stade, évacuons le passage obligé quand on vient à parler de Deep Space Nine : sa ressemblance avec Babylon 5. Les deux séries ayant beaucoup de points en commun (même type de lieu et des personnages ou intrigues similaires), on peut légitimement se demander si l’une n’a pas plagiée l’autre. Si je ne connais pas la vérité sur ce sujet (et je ne pense pas que grande monde l’ai), voici mon sentiment avec les éléments dont on dispose. Si la production de Star Trek : Deep Space Nine remonte à 1991, le projet Babylon, lui, existe dans le cerveau de son créateur Joe Michael Straczynski depuis le milieu des années 80. Je ne m’attarderais pas sur le processus (on va dire que je vous garde ça de coté quand je repartirais revoir Sheridan, Ivanova, G’Kar, Londo et les autres) mais toujours est-il qu’en 1989, Straczynki fit le tour des studios avec une bible de la série, le scénario du pilote, des descriptions de personnages, des développements d’arcs scénaristiques et des visuels. Paramount fit parti de ces studios mais déclina le projet. En 1992 toutefois, Paramount officialisa le lancement de Deep Space Nine deux mois après que Warner annonça la production de Babylon 5. Straczynski a toujours estimé que Berman et Piller n’ont jamais plagiés son projet, il émet par contre l’hypothèse que des éléments de celui-ci leur ont été donné par les cadres de Paramount sans jamais que ceux-ci ne leur révèle la provenance réelle. Au final et avec le recul, ces similarités évidentes sont guère importante tant les deux séries vont avoir des approches différentes.

Revenons au début des années 1990. DS9 passe donc d’une série se déroulant sur une colonie à une série se déroulant sur une station spatiale, ce qui en terme de budget, permet aussi de faire des économies. Outre l’unité de lieu fixe, l’autre grande nouveauté de DS9 sera de proposer un casting plus diversifié que The Next Generation. Là où cette dernière racontait l’histoire de personnages tous membres de Starfleet, DS9, elle, va introduire quatre personnages qui n’ont, à la base, aucun lien avec cette organisation. Il s’agit d’Odo, Quark, Kira et Jake (même si ce dernier est le fils de Sisko, il montre assez vite qu’il ne sera pas une copie de la tête à claque Wesley Crusher, le gamin de TNG). Cette variété sera une pièce maîtresse dans la démarcation de DS9 avec les séries précédentes.

En effet malgré toutes ses qualités, il est assez évidente que TNG est une version nouvelle génération de la série classique avec toujours un équipage de militaires face à des Vulcains, des Romuliens et des Klingons. DS9 quand à elle va se reposer sur un ensemble de race, presque, nouvelles : les Ferengis, les Bajoriens et les Cardassiens. Presque, parce que ces trois espèces apparaissent tout d’abord dans TNG. Les Ferengis apparaissent ainsi dans la 1ère saison de la série et se voulait devenir, pour Roddenberry et Berman, ses nouveaux grands antagonistes. Peine perdue, les Ferengis, dans leurs quelques apparitions, seront surtout des personnages ridicules et comiques. Pour DS9, Piller envisageait dès le départ qu’un Ferengi tienne le bar de la station et soit l’antagoniste du chef de la sécurité. Ça sera donc Quark et c’est avec lui qu’on va véritablement découvrir une race autrement plus passionnante que l’on imaginait et qui se pose comme la critique de la société humaine du 20ème siècle.

Les Cardassiens et les Bajoriens quant à deux apparurent dans Star Trek : The Next Generation en 1991 et ils semblent très vraisemblable que Piller et Berman envisagèrent d’en faire très rapidement les protagonistes majeurs de Deep Space Nine. Ainsi dès la saison 5 de TNG apparut, pour un rôle semi-régulier, le personnage de Ro Laren (Michelle Forbes) une Bajorienne membre de Starfleet, avec qui nous découvrons sa culture et la haine vis à vis des Cardassiens. Les plans initiaux de Piller était alors de faire de Ro Laren une des membres qui quitterait l’Enterprise pour rejoindre DS9 au même titre que O’Brien dont on découvre le rôle durant la guerre entre Cardassia et la Fédération durant la quatrième saison. Ro Laren devait devenir le second de Sisko et servir de lien entre Starfleet et Bajor. Toutefois Forbes ne voulu pas s’engager dans un rôle régulier dans une série et déclina la proposition, Piller et Berman décidèrent alors de créer un nouveau personnage, celui de Kyra Nerys qui sera interprété par Nana Visitor, dont c’est le premier rôle régulier. On a pu la voir auparavant dans des épisodes de différentes séries tels que Les Routes du Paradis, Remington Steele, K2000, McGyver, Arabesque, The Colbys (le spin-off de Dynastie, annulée au bout de deux saisons) ou Dr Doogie. Ancienne danseuse (elle débuta à Broadway) elle mettra à profit son expérience pour ce rôle très physique. Kira Nerys est de plus le premier personnage féminin à être first officer dans une série Star Trek (rappelons que c’était initialement le choix de Roddenberry à l’époque de la production du pilote de la série classique, idée rejetée par la chaîne faisant alors de Spock le second de Kirk). Notons que malgré son refus, Michelle Forbes ne fut pas mise à l’écart et son personnage connu une conclusion à la fin de The Next Generation en rejoignant le Maquis une organisation de résistants (ou de terroristes c’est selon) qui sera développée dans Star Trek : Deep Space Nine et surtout dans Star Trek : Voyager (plusieurs membre du Maquis faisant parti de l’équipage du vaisseau). Preuve du travail de Berman pour renforcer l’univers partagé de ces séries.

Mais sur le casting, la grande première de Star Trek : Deep Space Nine (et qu’on peut aussi étendre à l’ensemble de la production télévisuelle américaine de l’époque) c’est bien sur le commandant Sisko interprété par Avery Brooks. Pour la première fois depuis 1973 (avec la fin de Mod Squad), un acteur noir est à la tête d’une série dramatique au casting multi-ethnique et culturel. Bien sur, dans l’univers Star Trek, le racisme au sein de l’humanité n’existe plus et le personnage de Sisko n’a pas été pensé pour être directement interprêté par un acteur noir. Le symbole est tout de même très important. Si Brooks fut choisi parmi plus de 300 candidats, c’est probablement (à l’instar de Patrick Stewart) pour sa carrière au théatre et pour son parcours assez atypique. Musicien et chanteur (baryton) avant d’être acteur, Brooks est également enseignant et directeur artistique quand débute le tournage de la série. Autant dire qu’il sait gérer un groupe d’individu disparate.

Le reste du casting est un équilibre de jeunes acteurs et actrices (Siddig et Farrell) et d’acteurs plus expérimentés (Meaney, Auberjonois et Shimerman). Par la suite DS9 se distinguera par un casting important de personnages secondaires souvent interprétés par des visages connus, tels Louise Fletcher, la célèbre infirmière Ratched de Vol au dessus d’un nid de coucou, Andrew J Robinson (le tueur Scorpio de Dirty Harry), Wallace Shaw ou bien encore Jeffrey Combs

On arrive en 1993 et la série est prête à être lancée. Le générique et la musique sont une nouvelle fois confiée à Dennis McCarthy (déjà en charge de la musique sur The Next Generation et qui continuera l’aventure avec Voyager et Enterprise), les décors sont prêt et la maquette de la station, conçu par Herman Zimmerman, Rick Sternbach et construite par Tony Meininger est prête à l’emploi. Comme rampe de lancement, The Next Generation laisse sa place durant un mois en se concluant provisoirement sur un double épisode, Chains of Command (assez grandiose au passage avec une prestation incroyable de Stewart), qui annonce la fin de l’occupation Cardassienne sur Bajor.

Le premier épisode de DS9 est diffusé en syndication le 3 janviers 1993 et c’est parti pour sept années durant lesquelles les préceptes et le dogme positif de Star Trek vont être rudement mise à mal.

Rétrospectives exhaustives des séries Star Trek :

Très intéressant, tout ça…merci pour cet historique !
Comme je l’ai déjà dit ailleurs, et même si j’adore cet univers, il n’y a que la série classique Star Trek que j’ai regardée entièrement. Ce sont mes lectures qui m’ont familiarisé avec certaines des séries (pour TNG, ce sont surtout les films) et pour DS9, j’ai lu des romans et des comics avant de voir une poignée d’épisodes. Mon premier contact avec la série s’est donc fait par l’intermédiaire de la novélisation du premier épisode, L’Emissaire, et par le premier roman original signé Peter David. Deux chouettes lectures qui m’ont permis d’avoir un premier aperçu de l’univers de la station, des personnages et de leurs relations…

You’re welcome. Ca me parait toujours important de replacer une série dans son contexte surtout quand on touche à des époques où la critique française était quasi-inexistante (et que, aujourd’hui, elle oublie assez largement). Bon après j’avais pas prévue de faire autant mais c’est fou tout ce qu’on récupère ou qu’on relie en se documentant un peu.

Si j’étais taquin je crois que je dirais que mon premier contact avec Star Trek ce fut par Babylon 5 ^^. Je développerais surement mais il y a énormément de lien entre les deux séries et pas forcément dans ce qui retourne de la création des deux séries mais aussi dans les aller et retour de plusieurs acteurs et le fait que Straczynki a une adoration pour la série classique (il y a dans la saison 3 de Babylon 5, un épisode avec Majel Barrett la veuve de Roddenberry, elle incarne la veuve de l’Empereur Centauris et tout ses dialogues joue sur deux niveaux de lectures quand elle parle de son époux) dont il proposa un projet de relance dans les années 80 et dans les années 2000 (après One More Day d’ailleurs, le fait est qu’il fut alors convaincu qu’un reboot pouvait être accepter…et qu’est ce qu’on découvre quelques années plus tard)

Après, je crois l’avoir écrit sur le sujet du film, ce fut avec Star Trek : First Contact que j’ai vraiment découvert la saga mais je m’y suis vraiment plongé quand j’ai eu l’occasion d’acheter à pas cher les magnifiques coffrets dvd de The Next Generation et DS9.

L’année 1993 est une date très importante dans l’histoire de la série télévisée américaine.

Symboliquement, elle représente le passage à une nouvelle décennie créative. Entamée avec le chef d’œuvre Hill Street Blues (1981), les années 80 furent rétrospectivement qualifiées d’ère de la quality television, caractérisée par des séries tentant de sortir des carcans formels et narratifs avec plus ou moins de succès. Une époque où l’on tenta de mélanger les genres, de casser le 4ème mur, de faire des séries contemplatives, d’écrire des histoires sur plusieurs épisodes et de faire évoluer des personnages. C’était une période d’expérimentation folle dont le summum est atteint en 1990 quand deux grands talents, Mark Frost et David Lynch, créérent Twin Peaks.

C’est une période d’essai plus ou moins heureux dont beaucoup sont oubliés ou minorés (la passionnante Bienvenue en Alaska) mais dont les fruits se récolteront dans la décennie suivante quand, par ces expériences acquises, déboulèrent la même année la série policière qui repoussa tous les tabous en terme de langage et de nudités sur une grande chaîne et qui termina de briser le mythe du flic héroïque (NYPD Blue), la série policière au style documentaire (Homicide, Life in the Street) et la série fantastique la plus parano de l’histoire (X-Files). Bien que lancé un peu plus tard, en 1994, on rajoutera également la série médicale qui renouvela totalement le genre (Urgences).

Ces quatre séries ont en commun d’êtres des grands (voire des très grands) succès d’une grande longévité (même si Homicide n’avait pas une forte audience, les récompenses étaient au rendez-vous), d’être visuellement novatrices et très belles, d’être des séries chorales (sauf bien sur pour X-Files) et enfin d’avoir des intrigues courant sur plusieurs épisodes ou saisons. Clairement elles fructifièrent les acquis de leurs prédécesseurs et elle-même seront les terreaux de la prochaine évolution, celle des séries du câble.

Et Star Trek : Deep Space Nine dans tout cela me demanderez-vous ?

Ce qui est intéressant (voire passionnant pour des tarés comme moi qui s’intéresse à l’histoire des séries amerloques) c’est de voir que DS9 est d’abord lié à certaines prérogatives de la franchise mais va peu à peu s’en affranchir sous l’influence de ses créateurs et du mouvement de fond dans la fiction télé de cette décennie. Ainsi les deux premières saisons de la série sont une période dans laquelle DS9 va se chercher mais ne va pas forcément y aller avec le dos de la cuillère pour ce qui est de vouloir marquer rapidement sa différence avec The Next Generation. La série y va parfois avec des gros sabots et l’exemple le plus frappants (c’est le cas de le dire) se trouve dans dans l’épisode Q-Less (1.07) qui voit revenir Mr Mxyztplk Q (John De Lancie), la facétieuse entité omnipotente et omnisciente se confrontant régulièrement à Picard et cela dès le premier épisode de TNG. Alors que les duels entre Q et le capitaine de l’Enterprise sont de l’ordre de la joute verbale, Sisko n’ira quand à lui pas par quatre chemins et conclura la rencontre en frappant directement l’alien.

" - Q : You hit me! Picard never hit me."

" - Sisko : I’m not Picard."

On a connu plus fin.

Ce genre de comparaison (que ce soit face à des situations déjà vue dans TNG, des Klingons qui viennent faire un coucou ou bien d’autres guest tel Lwaxana Troi) veulent appuyer la singularité de la série par rapport à son aînée mais on découvrira bien vite que celle-ci se construira d’une manière bien plus élégante et profonde lorsque les scénaristes décidèrent très rapidement de briser quelques tabous longtemps imposés par le grand démiurge.

Tel les fameuses directives que la Fédération impose à ses membres, Gene Roddenberry avait en effet érigé quelques règles pour Star Trek : Une approche positive du récit avec une volonté de revenir au statut quo à la fin de l’épisode et l’interdiction de conflits entre deux personnages principaux. TNG avait parfois ébréché cette table de loi, DS9 va totalement la détruire. Avec son ouverture sur une bataille sanglante puis un pilote se situant sur une station totalement ravagée, le show pose une ambiance sombre et crépusculaire qui, avec son lot de conflit et de guerre totale parcourant toutes les saisons, ne partira vraiment jamais.

Coté relation, si Sisko et Kira forme un binôme efficace, les débuts sont toutefois difficiles. Kira ne voulait pas de la présence de la Fédération et va parfois passer outre les ordres de son supérieur si elle estime que l’intérêt de son peuple le justifie. Même si, peu à peu, une amitié forte se construira entre O’Brien et Bashir, le col bleu irlandais aura beaucoup de mal à supporter le jeune et fringuant docteur. Mais s’il y en a deux qui ne passeront jamais leurs vacances ensemble c’est bien sur Odo et Quark. L’un est le chef de la sécurité tandis que l’autre sous son image de digne patron de bar est un escroc en tout genre. L’un est un être affable et toujours prompte à discuter, l’autre est solitaire et taciturne. L’un ne cherche qu’a se faire de l’argent, l’autre rêve de le coffrer.

Il ne faut cependant pas croire que dans DS9, tout le monde rêve de se tirer dans les pattes tandis que la galaxie est à feu et à sang. C’est pas Game of Thrones non plus hein. Déjà parce qu’il y a, dès le début, des amitiés très forte entre certains membres de la station. Benjamin Sisko aime son fils au delà de tout et ce dernier sera prêt à tout pour lui, Odo et Kira ont un profond respect entre eux, Kira et Jadzia deviennent très rapidement des amies proches, après avoir tenté vainement de la séduire Bashir sera un ami fidèle de Jadzia Dax et, enfin, cette dernière a un passé commun avec le commandant Sisko. Dax est en effet un Trill, une espèce extra-terrestre d’une très longue longévité du au fait qu’elle forme une symbiose avec des hôtes. Jadzia est de fait la 7ème hôte de Dax, la jeune savante succède à Curzon qui était le mentor du jeune officier Benjamin Sisko. Sur Deep Space Nine, Jadzia Dax est donc maintenant sous les ordres d’un Sisko qui l’appelle affectueusement old men.

Enfin si Star Trek : Deep Space Nine est une série sombre, elle n’en trahit pas pour autant l’approche optimiste et solaire de la franchise. Car elle est avant toute chose une série sur la construction et la reconstruction que ce soit à l’échelle d’un individu (Sisko qui doit faire le deuil de sa femme, Kira qui doit apprendre à ne plus vivre avec la violence et les armes, Bashir qui doit vivre avec le fait qu’il fut modifié génétiquement durant son enfance), d’une planète (la reconstruction de Bajor après la guerre); sur un temps long (toujours Bajor) ou sur un seul épisode (ainsi une histoire nous montrera comment O’Brien doit ré-apprendre à vivre après avoir passé 20 ans en prison).

Contrairement à The Next Generation, le spectateur ne découvre pas un équipage déjà établi et au travail depuis quelques temps mais un équipage qui se forme durant le pilote au sein d’une station à reconstruire. Cette différence est fondamentale en cela qu’elle implique le besoin d’apprendre à connaître l’autre pour mieux avancé, surtout en territoire inconnu. Du fait de vivre sur une station dont on assiste à la reconstruction durant les premiers épisodes le statu quo prompte à TNG et ici rapidement balayé. Tout est à refaire et chaque épisode apporte son lot de changement et de modification. Ainsi, constatant l’errance des enfants laissés à eux-mêmes sur la station, Keiko O’Brien (Rosalind Chao) fondera une école qui deviendra un endroit connu de la station au même titre que le bar de Quark ou la boutique de vêtement de Garak.

De manière générale, la vie de la station évolue au fil des épisodes et nous sommes rapidement conquis par l’endroit. Pour renforcer cet aspect les scénaristes vont augmenter significativement le nombre de personnages secondaires. A ce titre la série est sans conteste celle de la franchise proposant la plus vaste galerie de personnages qu’ils soient principaux ou secondaires. Piller et Berman ne s’en cache pas, leur envie sur ce point était de faire de Star Trek : Deep Space Nine la Hill Street Blues de la science-fiction. Citons Morn, l’habitué du bar (référence explicite à Cheers), Leela (Chase Masterton) l’une des serveuses, Rom (Max Grodénchik) et son fils Nog (Aron Eisenberg) respectivement frère et neveux de Quark, Keiko O’Brien, la capitaine de vaisseaux Kassidy Yates (Peeny Johnson) avec qui Sisko nouera une relation amoureuse, Martok le général Klingon (J.G. Hertzler), Michael Eddington (Kenneth Marshall), officier de la sécurité envoyé par Starfleet pour seconder et surveiller Odo, le Grand Nagus Zek (Wallace Shawn) dirigeant des Ferengis, Vic Fontaine (James Darren), un hologramme crooner et confident pour beaucoup de membre de la station et enfin Brunt le Ferengi ennemi juré de Quark campé par un Jeffrey Combs tellement parfait que la production lui confiera un autre rôle important, celui de Weyoun, le représentant d’une race très importante dans la série.

Beaucoup d’entre eux auront des arcs scénaristiques développés. Nog est tout d’abord un Ferengi typique mais au contact de Jake Sisko, il évoluera peu à peu. Son amitié avec le fils du commandant est un modèle de tolérance et de compréhension entre les races, plus tard il deviendra le premier Ferengi à intégrer Starfleet et connaîtra les horreurs de la guerre notamment dans les épisodes The Siege of AR-558 (7.08) dans lequel il est grièvement blessé au combat et dans It’s Only a Paper Moon (7.10) où il sera confronté à une grave dépression suite à la perte de sa jambe. Trois autres personnages deviendront essentiels à la série : le tailleur Elim Garak (Andrew Robinson) qui se trouve être en fait un ancien espion Cardassien au passé très trouble et qui usera de ses talents pour aider Starfleet et son peuple, Winn Adami (Louise Fletcher) leader religieux Bajoran à la soif de pouvoir immense et, enfin, le terrible Gul Dukat (Marc Alaimo) antagoniste principal de la série et ennemi juré de Sisko et de Kira.

Toutes cette faune de personnages à laquelle s’ajoute la multitude de races croisées fait qu’on croit à DS9 en tant que station spatiale grouillant de vie avec ses gens de passages, ses résidents permanents…et ses aventures bien sur. Encore ancré dans les années 80, DS9 joue, à ses début la même partition que sa grande sœur en proposant des épisodes aux intrigues bouclées à la fin de ceux-ci. Formellement, on reste donc en territoire connu. Toutefois cela ne veux pas dire qu’il n’y a rien d’intéressant et d’innovant à ce stade. Déjà parce que les histoires sont toutes très bien écrite. C’est une forme de narration efficace et maintenir une qualité constante n’est pas à la portée du premier venu. Rappelons que l’on est à une époque où le pole d’écriture des séries Star Trek est composé de cador et que chaque script est peaufiné au maximum. La liste des très bons épisodes la série sur les trois première saisons serait longue. Mais on va s’empêcher de se faire plaisir.

Progress (1.15) => Kira se voit obliger d’exproprier Mullibok car ses terres vont être détruites pour servir d’énergie à l’ensemble de la population Bajorienne. Or ce dernier préfère mourir que de quitter la terre qu’il a cultivé pendant des années. Un épisode qui voit Kira tirailler entre ses obligation envers son peuple et son passé de combattante qu’elle retrouve chez Mullibok.

Duet (1.19) => Un Cardassien débarquait sur DS9 est reconnue comme étant un ancien criminel de guerre. L’enquête de Kira révélera une réalité mettant à mal sa conviction que tous les Cardassiens sont des êtres horribles.

In the Hands of the Prophets (1.20) => Le final de la première saison qui voit les cours de Keiko O’Brien être perturbé par religieux Bajoriens radicaux mené par Winn Adami. Cette dernière estime que Keiko blasphème les prophète car son cours les décrits comme des entités extra-terrestre et non comme des dieux. Un épisode pas du tout crédible vous en conviendrez

Necessary Evil (2.08) => Dans lequel nous découvrons un fragment du passé de Kira, Dukat, Quark et Odo à l’occasion de la toute première enquête de ce dernier sur Terok Nor.

Sanctuary (2.10) => Bajor voit arrivé un flux massif de réfugiés venant du Quadrant Gamma et fuyant la guerre et l’oppression d’un ennemi terrible. Ils sont persuadé que Bajor est la terre promise décrite dans leur prophétie. Problème, Bajor n’a pas les ressources suffisantes pour accueillir une telle population.

Whispers (2.14) => Un** **épisode qui inaugure une tradition dans la série, celui des épisodes centrés sur O’Brien avec des concepts de SF toujours passionnant dont l’officier est le protagoniste et surtout la victime tant ces épisodes vont très loin. Invasion of body snatcher inversé, l’épisode nous montre un O’Brien revenant de mission et persuadé que toute l’équipe de commandement et sa femme ont été remplacés par des aliens, il fera alors tout pour empêcher que l’invasion s’amplifie quitte à détruire la station. On découvrira au final que la seule personne remplacée est O’Brien lui-même et que nous suivions alors un alien qui était le seul à ignorer sa véritable nature.

Paradise (2.15) => Sisko et O’Brien découvre une colonie humaine dans le secteur Gamma. Un épisode particulièrement pertubant de par l’histoire de ces colons et leurs réactions face à la vérité de leurs origines.

Blood Oath (2.19) => Un épisode qui voit revenir trois Klingons vu dans différent épisodes de Star Trek et toujours interprété par les mêmes acteurs. Liés par un pacte de sang pour venger la mort de leurs fils, les voilà sur DS9 pour chercher leur quatrième compagnon : Dax. En effet le Trill quand il était alors Curzon avait lui aussi fait se pacte. Toute la question est de savoir s’ils vont aujourd’hui accepter Jadzia. Un formidable hommage à la série classique et le début d’une longue histoire entre Jadzia et les Klingons.

The Maquis part I & II (2.20 & 2.21) : Mouvement de résistance humain contre l’oppression Cardassienne dans la zone démilitarisée entre Cardassia et la Fédération, Le Maquis gêne les deux gouvernements et Sisko à l’ordre d’essayer des les arrêter. Un double épisode particulièrement fort dans le parallèle qu’il pose avec l’actualité politique de l’époque (que ce soit concernant le conflit des Balkans ou conflit israélo-palestinien) et qui pose, ici, beaucoup plus intelligemment sa différence avec The Next Generation. DS9 questionne les grands principes de la Fédération, non pas dans un cadre théorique ou au sein de la Fédération mais véritablement sur le terrain et un du genre boueux. Un épisode dans lequel Sisko prononce l’un des phrases les plus emblématiques de la série.

«Do you know what the trouble is ? The trouble is Earth. On Earth there is no poverty, no crime, no war. You look out the window of Starfleet Headquarters and you see paradise. It’s easy to be a saint in paradise, but the Maquis do not live in paradise. Out there in the demilitarized zone all the problems haven’t been solved yet. Out there, there are no saints, just people-angry, scared, determined people who are going to do whatever it takes to survive, whether it meets with Federation approval or not. »

Crossover (2.23) : Une autre tradition qui est lancée ici. Celui des épisodes se déroulant dans le Monde-Miroir. Ce monde inversé qu’on a découvert dans l’épisode Mirror, Mirror de la série classique. Crossover nous montre ce même univers 70 ans après la venue de Kirk. Un monde terrible où une alliance entre Bajor devenu un empire tyrannique et les Klingons à fait des humains des esclaves. Premier d’une longue lignée d’épisode dans lequel Nana Visitor s’en donne à cœur joie dans une version sex&sadism de Kira

The House en Quark (3.03) => En tuant accidentellement un Klingon saoul, Quark n’imagine pas qu’il deviendra le chef d’un ancien clan. Un Ferengi chez les Klingons, voilà qui ne manquera pas de détonner

Equilibrium (3.04) => Dans lequel Jadzia découvre qu’elle n’est pas le 7ème hôte de Dax mais le 8ème. On lui a caché l’existence de Joran, un hôte qui s’est révélé instable et à commis des crimes.

Second Skin (3.05) => qui joue sur la perception de la réalité puisqu’il nous révèle que Kira est en fait une espionne Cardasienne.

Family Business (3.23) => Quark et Rom retourne sur leur planète auprès de leur mère qui s’avère être une criminelle puisqu’elle ose faire des affaires et porter des vêtements. Deux choses interdites pour les femmes Ferengis. Un des épisodes les plus drôles et les plus intéressant sur les Ferengis.

Facets (3.25) => Autre exploration, celle des anciens hôtes de Dax qui vont chacun prendre corps dans un membre de l’équipage et cela à l’occasion d’un rituel Trill. L’occasion pour les acteurs de sortir de leurs personnages et de nous offrir de belles compositions notamment un Odo hôte de Curzon qui se lâche totalement en retrouvant son vieil ami Sisko.

Enfin la composition majoritaire d’épisode bouclés n’empêche pas, que chaque épisode prend en compte les précédents et qu’on assiste également à une grande évolution de personnages définies à la base comme étant des chercheurs que ce soit d’un but, d’une vérité ou d’un passé. Trois personnages sont directement concernés : Sisko de par son rôle à la fois de veuf, de père, de commandant mais aussi d’émissaire des prophètes, un statut qu’il acquière à la fin du pilote de la série et lui donne un rôle très particulier pour les habitants de Bajor. Kira Neyris qui doit apprendre à devoir faire des choix difficiles dans l’intérêt de la survie de son peuple et qui découvre peu à peu que le monde n’est pas uniquement composé de méchant Cardassiens et de gentils Barjoriens. Odo, enfin, le chef de la sécurité de la station en quête de ses origines. Présenté comme étant l’alien observant l’humanité (au même titre que Spock puis de Data), Odo est un métamorphe qui peut prendre la forme de ce qu’il désire. Mais plus que cela, il est le seul représentant de sa race et n’a aucun souvenir de son passé et d’où il peut venir. Ce n’est pas exagéré de dire que dans sa quête pour découvrir ses origines, Odo deviendra le personnage le plus important de la galaxie et de la série.

Car au bout de deux saisons il est temps de passer à la vitesse supérieur. Michael Piller, Rick Berman et Ira Steven Behr (nouveau showrunner à partir de la troisième saison) en sont bien conscient et cela malgré certains blocages. Rappelons qu’a l’instar de son aînée, Star Trek : Deep Space Nine est directement produit pour la syndication, c’est à dire pour le vaste réseau de chaînes locales et de «petites» chaînes en dehors des quatre grands network de l’époque (ABC, CBS, NBC et la Fox). La syndication est le regroupement de toutes ces chaînes afin d’acheter en commun les séries produites et diffusé initialement par les network à la condition d’avoir un nombre conséquent d’épisode (généralement au moins une centaine). Au même titre que l’achat des séries par les chaînes étrangères, il s’agit d’un second marché très important et pris en compte dans la production et le financement d’une série. Mais il arrive également que la syndication produise ou coproduise directement pour son réseau. Superboy, Roseanne, Hercules, Xena, Alerte à Malibu en sont quelques exemples. De par sa nature, la syndication ne finance pas pour des séries de 13 épisodes par saisons, elle a besoin d’une quantité d’épisodes suffisantes pour alimenter les chaînes. Une autre contrainte (qu’on retrouva aussi pendant longtemps pour les chaînes étrangères) est sa réticences à financer des séries feuilletonesques difficile à moduler sur une grille de programmes.

Mais comme on l’a vu, tout change dans les années 90 et on voit bien que le public est de plus en plus friand de séries où l’on suit une intrigue, que les scénaristes sont suffisamment ingénieux pour capter le spectateur qui prendrait une série en cours de route et que, en ce qui concerne la science-fiction, le cas Babylon 5 (space opera, contemporain de DS9, à la particularité est d’être, grosso modo, un feuilleton) prouve que les amateurs de ce genre sont prêt à suivre. Enfin nous sommes en 1994 et après sept années de bon et loyaux services Star Trek : The Next Generation tire sa révérence sur le petit écran et si les aventures de l’Enterprise continue sur grand écran (le film Star Trek : Generation sort en novembre 1994) et que la nouvelle série Star Trek : Voyager commence le 16 janvier 1995, Deep Space Nine reste pour l’heure l’unique série de la franchise à la télévision.

Elle a donc les coudées franches, Engage !

« The Dominion has endured for over two thousand years, and will continue to endure long after the Federation has crumbled into dust. »

Durant la deuxième saison de la série, nos héros apprennent l’existence d’un vaste empire galactique au sein du quadrant Gamma : le Dominion. Simple mention au départ, on le découvre indirectement via la peur qu’il engendre auprès des races ou des gens sous sa domination. Ce n’est que durant le final de la saison (The Jem’Hadar) que la confrontation directe aura lieu. Le commandant Sisko et Starfleet font en effet face aux soldats du Dominion, les Jem’Hadar, qui n’ont rien à envier aux Klingons en terme de puissance physique et d’armement. La menace est maintenant posée et on à peine le temps de souffler qu’on découvre la réelle ampleur de celle-ci dès le début de la troisième saison. Ce n’est pas une nation d’une seule race comme les Cardassiens ou les Romuliens ou une menace aveugle comme les Borgs. C’est au contraire un immense empire composé de plus d’un millier de race sous le commandement d’une poignée. Le Dominion c’est l’empire Perse de l’Antiquité.

Dans le double épisode The Search qui ouvre la troisième saison, nous découvrons que ces dirigeants bien cachés ne sont autre que le peuple d’Odo. Traqués pendant des siècles à cause de leur différences, les métamorphes, où Fondateurs comme ils se nomment, ont décidés de se cacher et de manipuler les autres afin de créer un empire qui les protégeraient. Se considérant comme supérieur aux formes de vie solide (aux yeux des Jem’ Hadar, qu’ils ont créés, ils sont même des dieux), ils veulent imposer l’ordre dans le quadrant Alpha. Forcément ça ne plaît pas aux autres races et Star Trek : Deep Space Nine va dès lors s’installer dans un climat instable et même de guerre. jusqu’à la fin de la série.

La troisième reste toutefois dans la même lignée que les deux précédentes avec une majorité d’histoires bouclées en un épisode. mais il s’opère néanmoins un changement durant la saison. Nous sommes dans une atmosphère encore plus délétère qu’avant, chaque race commence à composer avec la menace du Dominion et des métamorphes, Odo acquière une nouvelle stature et l’arrivée du vaisseau Defiant, le premier bâtiment de Starfleet conçu exclusivement pour le combat sont autant de prémices à un futur conflit de grande ampleur. Celui-ci va commencer à se concrétiser dans les épisodes Improbable Cause et The Die is Cast (3.20 et 3.21), dans lesquels une alliance inédite entre les Romuliens et les Cardassiens destinée à envahir le territoire du Dominion va littéralement se faire anéantir la tronche par ce dernier.

Comme preuve du pouvoir de cet antagoniste, ça se pose là mais ce qui fait l’intérêt de cet ennemie c’est son appétence au contrôle et à la manipulation pour arriver à ses fins. Les Romuliens et les Cardassiens ont vu leurs puissances militaires réduite à néant d’avantage par la manipulation de certains métamorphes infiltrés chez leurs adversaires que par leur puissance de feu. Odo en a fait les frais au cour de la saison (notamment dans un épisode, Heart of Stone, où l’on prend conscience de tout l’amour qu’il porte pour Kira Neyris) mais pour le spectateur c’est surtout la capacité du Dominion à diviser les races entre elles qui marque les esprits et cela jusqu’à deux événements en fin de saison qui auront des répercussions pour la suite : l’infiltration d’un membre du Dominion au sein de l’équipage du Defiant et sa mort par Odo. Après une troisième saison à préparer le terrain et disséminer tout un tas de graines, le fermier est prêt pour la récolte et de l’abondance.

Michael Piller a toutefois cédé sa place de showrunner de Star Trek : Deep Space Nine en 1995 pour s’occuper du lancement d’une nouvelle itération de la franchise, Star Trek : Voyager. Cependant il ne laisse pas la série entre de mauvaise main puisque celle-ci est confiée à Ira Steven Behr. Ce scénariste a fait ses armes sur Fame, Seven Brides for Seven Brothers, Bring ‘Em Back Alive (Frank, Chasseur de fauves chez nous, une série d’aventure avec Bruce Boxleitner le futur capitaine Sheridan de Babylon 5), The Bronx Zoo ou bien encore Once a Hero, une série qui raconte les aventures d’un scénariste de comic-book qui voit sa création, Captain Justice, devenir réelle. Cette dernière série fut d’ailleurs programmée juste après Star Trek : The Next Generation pour profiter de l’aura de la série mais fut annulé au bout de trois épisodes.

Si Ira Steven Behr fut scénariste sur TNG durant la troisième saison de celle-ci, il n’y resta qu’une année avant d’aller vaquer à d’autres occupations. Deux ans plus tard, Michael Piller lui propose de rejoindre l’équipe d’écriture de la fraîchement lancée Deep Space Nine. Behr deviendra coproducteur exécutif de la série dès la deuxième saison puis showrunner à partir de la quatrième et jusqu’à la fin de série.C’est lui qui va développer la race des Ferengis, qui va nous en faire connaître la planète, ses habitants et surtout ses règles (les fameuses lois de l’acquisition dont les préceptes énoncés religieusement sont un régal) bref il va en faire une race à part entière et passionnante. Oublié les bouffons vu dans TNG, les Ferengis deviennent les magnifiques représentant d’un système libéral et capitaliste poussé à l’extrême. A un niveau plus formel, c’est à Behr que l’on doit la transition de la série vers des intrigues couvrant plusieurs épisodes ou saison ainsi que plupart des grands arcs narratifs avec en tête la guerre contre le Dominion. Pour le dire clairement, si Michael Piller a construit une base solide pour Star Trek : Deep Space Nine, c’est Ira Steven Behr qui va les exploiter pleinement pour faire de la série un des fleurons de la SF télévisuel. Avec 58 épisodes à son actif, il est également le scénariste le plus prolixe de DS9, se réservant notamment les épisodes les plus important de la série, ceux qui font avancer la grande histoire et sur lesquelles on peut affirmer que « rien ne sera plus comme avant ». Notamment le premier d’entre eux : The Way of the Warrior.

Un épisode qui ouvre la quatrième saison, qui voit l’arrivée au casting d’un visage connu des fans de la saga et qui, surtout, fait entrer la série dans son âge d’or.

Les lois de l’acquisition Ferengis

Résumé

1 Argent perçu n’est jamais rendu.
(Once you have their money, you never give it back).

3 Ne paie jamais plus que nécessaire.
(Never pay more for an acquisition than you have to.)

6 Ne permets pas à la famille de te faire manquer une occasion.
(Never allow family to stand in the way of opportunity.)

7 Garde les oreilles grand ouvertes.
(Keep your ears open.)

8 Petits caractères entraînent grand risque.
(Small print leads to large risk.)

9 Opportunité plus instinct égalent profit.
(Opportunity plus instinct equals profit.)

10 L’avidité est éternelle.
(Greed is eternal.)

13 Seul l’argent mérite qu’on le fasse.
(Anything worth doing is worth doing for money.)

16 Un accord est un accord… qu’un plus profitable remplace.
(A deal is a deal… until a better one comes along.)

17 Un contrat est un contrat est un contrat… mais entre Férengis seulement.
(A contract is a contract is a contract… but only between Ferengi.)

18 Un Férengi qui ne fait pas de profit ne mérite pas le nom de Férengi.
(A Ferengi without profit is no Ferengi at all.)

19 Satisfaction n’est pas garantie.
(Satisfaction is not guaranteed.)

21 Profit d’abord, amitié après.
(Never place friendship above profit.)

22 Le sage entend le profit dans le vent.
(A wise man can hear profit in the wind.)

23 Rien n’est plus important que la santé… sauf l’argent.
(Nothing is more important than your health… except for your money.)

27 Un homme d’affaires honnête est un homme d’affaires dangereux.
(There is nothing more dangerous than an honest businessman.)

28 Ne crie pas ton succès.
(Whisper your way to success.)

31 N’insulte pas la mère d’un Férengi. Insulte quelque chose auquel il tient.
(Never insult a Ferengi’s mother. Insult something he cares about instead.)

33 Lécher les bottes du patron est bon.
(It never hurts to suck up to the boss.)

34 La guerre est bonne pour les affaires.
(War is good for business.)

35 La paix est bonne pour les affaires.
(Peace is good for business.)

40 Laisse-la caresser tes lobes, jamais ton latinum.
(She can touch your lobes, but never your latinum.)

41 Profit est sa propre récompense.
(Profit is its own reward.)

44 Ne confonds jamais sagesse et chance.
(Never confuse wisdom with luck.)

47 Ne fais jamais confiance à un homme qui porte un meilleur costume que le tien.
(Don’t trust a man wearing a better suit than yours.)

48 Plus grand est le sourire, plus pointue est la dague.
(The bigger the smile, the sharper the knife.)

52 Ne demande jamais quand tu peux prendre.
(Never ask when you can take.)

57 Les bons clients sont aussi rares que le latinum. Respecte-les.
(Good customers are as rare as latinum. Treasure them.)

58 Rien ne vaut la réussite.
(There is no substitute for success.)

59 On paie toujours les conseils gratuits.
(Free advice is seldom cheap.)

60 Garde tes mensonges cohérents.
(Keep your lies consistent.)

62 Plus de risques, plus de profit.
(The riskier the road, the greater the profit.)

65 Que tu perdes ou que tu gagnes, il reste toujours du cafard à priser.
(Win or lose, there’s always Huyperian beetle snuff.)

74 La connaissance c’est le profit. OU Savoir égale bénéfices
(Knowledge equals profit.)

75 L’amour est à la maison, le latinum dans les étoiles.
(Home is where the heart is, but the stars are made of latinum.)

76 Fais la paix de temps à autre, ça trouble tes ennemis.
(Every once in a while, declare peace. It confuses the hell out of your enemies.)

79 Méfie-toi de l’avidité de connaissances du Vulcain.
(Beware of the Vulcan greed for knowledge.)

82 À produit fragile, prix élevé.
(The flimsier the product, the higher the price.)

85 Ne laisse pas la concurrence connaître tes pensées.
(Never let the competition know what you’re thinking.)

89 Ne demande pas ce que ton profit peut faire pour toi, mais ce que tu peux faire pour ton profit.
(Ask not what your profits can do for you, but what you can do for your profits.)

94 Femelle ne va pas avec finance.
(Females and finances don’t mix.)

95 Croître ou mourir.
(Expand or die.)

97 Assez… n’est jamais suffisant.
(Enough… is never enough.)

98 Chaque homme a son prix.
(Every man has his price.)

99 La confiance est la plus grande de toutes les entraves.
(Trust is the biggest liability of all.)

102 Rien ne dure, sauf le latinum.
(Nature decays, but latinum lasts forever.)

103 Qui dort n’amasse pas latinum.
(Sleep can interfere with your lust for latinum.)

104 La foi déplace les montagnes… de l’inventaire.
(Faith moves mountains… of inventory.)

106 Il n’y a pas d’honneur dans la pauvreté.
(There is no honor in poverty.)

109 La dignité n’a jamais enrichi personne.
(Dignity and an empty sack is worth the sack.)

111 Traite tes débiteurs comme tes parents… exploite-les.
(Treat people in your debt like family… exploit them.)

112 Ne couche jamais avec la sœur du patron.
(Never have sex with the boss’s sister.)

113 Couche avec ton patron.
(Always have sex with the boss.)

121 Traitons nos obligés à l’égal de notre famille… exploitons les.
(Treat our guests to equal our family … exploit them.)

122 Tout est à vendre, même l’amitié.
(Everything is for sale, even friendship.)

123 Le latinum brille même pour les aveugles.
(Even a blind man can recognize the glow of latinum.)

125 On ne fait plus d’affaires lorsqu’on est mort.
(You can’t make a deal if you’re dead.)

139 Les femelles servent, les frères héritent.
(Wives serve, brothers inherit.)

141 Seul l’idiot paie le prix de détail.
(Only fools pay retail.)

144 La charité est belle et bonne… tant qu’elle ne vide pas les poches.
(There’s nothing wrong with charity… as long as it winds up in your pocket.)

157 il est vain de retirer le poisson de l’eau
(it is vain to remove the fish from the water)

162 Le pire des temps profite à quelqu’un.
(Even in the worst of times, someone turns a profit.)

168 Si tu veux briller, agit dans l’ombre.

177 Connais tes ennemis… pour en tirer profit.
(Know your enemies… but do business with them always.)

181 Malhonnêteté ne déshonore pas profit.
(Not even dishonesty can tarnish the shine of profit.)

189 Laisse-leur réputation. Prends leur argent.
(Let others keep their reputation. You keep their money.)

190 Tout entendre, ne rien croire.
(Hear all, trust nothing.)

192 Ne trompe pas un Klingon… si tu n’es pas sûr d’en sortir vivant.
(Never cheat a Klingon… unless you’re sure you can get away with it.)

194 Connais tes nouveaux clients avant qu’ils ne franchissent ton seuil.
(It’s always good to know about new customers before they walk in your door.)

202 La justification du profit est le profit.
(The justification for profit is profit.)

203 Les nouveaux clients sont comme les vers lame-de-rasoir. Souvent succulents, ils te mordent parfois.
(New customers are like razor-toothed gree worms. They can be succulent, but sometimes they bite back.)

208 Parfois la réponse est plus dangereuse que la question.
(Sometimes the only thing more dangerous than the question is an answer.)

211 Tes employés sont les échelons sur l’échelle du succès. N’hésite pas à leur marcher dessus.
(Employees are the rungs on the ladder of success. Don’t hesitate to step on them.)

214 Ne commence jamais une négociation l’estomac vide.
(Never begin a negotiation on an empty stomach.)

217 On ne libère pas le poisson de l’eau.
(You can’t free a fish from water.)

218 Connais toujours ce que tu achètes.
(Always know what you’re buying.)

221 Le latinum dure plus que le désir.
(The latinum drive more than desire.)

223 Méfie-toi de celui qui n’a pas le temps pour l’oo-mox.
(Beware the man who doesn’t make time for « oo-mox ».)

229 Latinum dure plus que luxure.
(Latinum lasts longer than lust.)

236 On n’achète pas le destin.
(You can’t buy fate.)

239 N’aie pas peur de tricher avec les étiquettes.
(Never be afraid to mislabel a product.)

242 Plus c’est bien, tout c’est mieux.
(More is good. All is better.)

255 Une femme est un luxe, un bon comptable une nécessité.
(A wife is a luxury. A smart accountant is a necessity.)

261 Un homme prospère peut tout s’autoriser sauf une conscience.
(A wealthy man can afford anything except a conscience.)

263 Ne laisse pas le doute barrer ta route vers le latinum.
(Don’t let doubt interfere with your lust for latinum.)

266 Dans le doute, mens.
(When in doubt, lie.)

284 Au plus profond de soi, tout le monde est férengi.
(Deep down, everyone’s a Ferengi.)

285 Aucune bonne action ne reste impunie.
(No good deed ever goes unpunished.)

Jadzia Dax : « The longer the Klingons are here, the worse things are going to get. Whatever you decide to do, you’d better do it soon. »
Sisko : « Curzon told me once that in the long run, the only people who can really handle the Klingons… are Klingons. Get me Starfleet Command. »

The Way of the Warrior (4.01 & 4.02)

Depuis la découverte du Dominion et des métamorphes, l’équipe de Deep Space Nine est sur le pied de guerre. Les entraînements s’enchaînent et l’armement de la station est amélioré en vue d’un conflit jugé inévitable. Malgré cela, le nouvellement promu capitaine Sisko à la surprise de voir débarquer une immense flotte Klingon dirigée par le général Martok (J.G Herzler), officiellement pour protéger la station et le quadrant du Dominion. Suspectant d’autres motifs et face aux méthodes de plus en plus violentes et intrusives de cette force armée, Sisko requiert l’aide de Starfleet qui lui envoi la personne parfaite pour cette situation, le lieutenant-commandant Worf (interprété par Michael Dorn). Retiré dans un monastère depuis la destruction de l’Enterprise (survenu à la fin du film Star Trek : Generation), Worf doute de lui et de son avenir, la dualité qui constitue sa personne le pèse de plus en plus et il ne se sent plus à l’aise au milieu d’humain. S’il envisage sérieusement de démissionner de Starfleet pour devenir mercenaire, il répond toutefois à la demande de Sisko et va découvrir le véritable but de la flotte Klingon.

Celle-ci est destinée n’ont pas à protéger Deep Space Nine mais à envahir Cardassia qui est en proie au même moment à une révolution. Le régime militaire est en effet reversé et un gouvernement civil tente de se mettre en place. Pour les Klingons, cette déstabilisation ne peut qu’être l’œuvre du Dominion qu’ils veulent stopper dans l’intérêt du quadrant Alpha d’une part mais aussi, comme l’explique Worf, dans un but de grandeur et de gloire qu’ils veulent retrouver. Sans preuve formelle, les Klingons menés par Gowron, leur chef suprême, envahissent le territoire Cardassien. Starfleet dénonce un acte d’agression injustifié et se désolidarise de son allié, tandis que Sisko donne asile aux réfugiés et au gouvernement civil. Considérant ce geste comme une traîtrise, les Klingons attaquent DS9. Au cours de cette bataille épique qui a lieu autant dans l’espace que dans les coursives de la station, Worf fera son choix et luttera auprès du capitaine Sisko et de son équipe. A l’issue de la bataille, les Klingons rompent le traité de paix avec Starfleet et conservent les territoires Cardassiens envahis. Sans être en guerre ouverte, le conflit est bel et bien là. Une instabilité s’installe dans le quadrant Alpha, ce qui est exactement ce que désire le Dominion aux yeux de Sisko. La seule bonne nouvelle c’est que suite à ces événements, Worf a accepté le poste de chef des opérations stratégiques que le capitaine lui propose, rejoignant de fait l’équipage de Deep Space Nine.

Si la troisième saison de la série s’aventure là où quiconque n’est jamais allé, elle ne fait pas forcément l’unanimité. De manière générale Star Trek : Deep Space Nine est souvent considérée comme le vilain petit canard de la franchise. Trop éloigné de l’esprit des précédentes séries, trop sombre, trop guerrier, pas assez positive avec ses personnages qui s’engueulent tout le temps et qui font la gueule etc. Ce n’est qu’avec le temps que DS9 obtiendra ses lettres de noblesses. Pour les diffuseurs qui constatent une baisse de l’audience c’est par contre une inquiétude. Ils demandent donc à la production d’envisager une idée à même de remonter la courbe.

De leur coté, Rick Berman et Ira Steven Behr sont surtout occupés à dresser le plan narratif pour la saison à venir et ils ont fort à faire avec les multiples éléments qu’ils ont en main. Les Cardassiens face aux Bajoriens, le Maquis, Sisko et les prophètes mais surtout le Dominion dont on apprend à la fin de la saison précédente qu’ils ont des projets pour la Terre. Il faut lier tout cela mais en plus trouver une idée pour faire grimper l’audience. Ayant déjà des envies de bombardement massif à l’échelle planétaire, Ronald D.Moore (le futur créateur de Battlestar Galactica) suggère, pour rire, qu’il faut faire exploser Bajor ! Plus sérieusement, les diffuseurs aimeraient surtout voir revenir un personnage de Star Trek : The Next Generation pour le faire intégrer le casting de la série. Tout cela donne une production un peu chaotique mais de ce chaos va surgir l’étincelle. Alors qu’ils construisent un arc autour de la manipulation du Dominion au sein de Starfleet sur Terre, les scénaristes songent à faire quitter les Vulcains de la Fédération cela afin de montrer l’influence destructrice du Dominion. Mais l’idée ne fonctionne pas, il semble assez peu concevable de voir le peuple de Spock quitter la Fédération, ça serait…illogique. Ce genre de chose, c’est plus l’apanage d’un peuple plus sanguin, plus violent plus…Klingons. L’illumination vient à Behr quand il revoit l’épisode The Die is Cast (3.21) qui nous montre la destruction des forces armées de l’ordre Obsidien Cardassien et du Tal Shiar Romulien. A la fin de l’épisode, le métamorphe à l’origine de cette destruction annonce tranquillement à Odo :

« The Tal Shiar and the Obsidian Order are both ruthless, efficient organizations, a definite threat to us. »
Odo : « But not after today? »
« No. After today, the only threat remaining to us from the Alpha Quadrant are the Klingons and the Federation. And I doubt either of them will be a threat for much longer. »

Pour Behr et son équipe, tout est là… Rick Berman est convaincu par l’idée de son collègue : Pour montrer la capacité de division du Dominion, il faut que les Klingons rompent l’accord de paix établit depuis un siècle avec la Fédération. La déstabilisation politique engendrée par cet acte ouvrira un vaste champ d’intrigue. Mieux encore, les deux producteurs prennent conscience que tout ceci pourrait fonctionner avec la demande des diffuseurs. C’est alors évident : il faut faire venir Worf sur Deep Space Nine

Apparu dès le premier épisode de Star Trek : The Next Generation, Worf est un peu le Superman de l’univers Star Trek. Klingon né dans une famille honorable de guerrier, il survit au massacre de la colonie sur laquelle il vit et va être adopté par un couple de terrien, les Rozhenko. Il va alors passer le reste de sa jeunesse et de son adolescence sur Terre ou dans ses colonies auprès de parents aimants qui feront tout pour qu’il garde contact avec sa planète d’origine. Worf est néanmoins un être tiraillé entre ses origines et son éducation. D’une force sans commune mesure avec les autres terriens il fut responsable de la mort d’un de ses camarades lors d’un match de football. Cet événement le marquera à jamais et fera de lui un être réservé et toujours dans le contrôle de soi. Premier Klingon à devenir un officier de Starfleet, Worf est le chef de la sécurité au sein de l’Enterprise. Personnage passionnant de par sa dualité entre son devoir en tant qu’officier et sa nature Klingon le poussant au combat et à la gloire, Worf est celui qui aura le plus évolué passant de rôle de second plan (voire même de simple figurant dans les premières versions du scripts du pilote) à personnage principal. Plus que Picard ou Data, Worf grandira et changera dans The Next Generation. Banni de sa planète pour une faute que son père aurait commise, il reconquerra son honneur durant la guerre civile Klingon, il se découvre également un frère, Kurn, et surtout un fils, Alexander, conçu avec son premier amour, enfin vers la fin de la série, il entamera un début de relation avec l’officier Deanna Troi. Relation qui s’éteindra après le départ de Worf suite à la destruction de l’Enterprise.

Si elle répond à une demande économique (faire monter les audiences grâce au retour d’un personnage populaire), la venue de Worf dans Star Trek : Deep Space Nine est également une opportunité d’un point de vue artistique tant elle relance la dynamique du groupe et de la série. Pour l’ancien de l’Enterprise, l’acclimatation ne se fait pas facilement. Il est difficile de vivre sur une station grouillant de vie quand on a été habitué à l’atmosphère feutré d’un vaisseau de Starfleet et quand on est sois-même un control freak de première. De fait, la venue de Worf permet d’illustrer efficacement la différence entre The Next Generation et Deep Space Nine. Pour l’équipage de la station, c’est un nouveau venu avec lequel il faut composer. O’Brien est heureux de retrouver un ancien compagnon d’arme, Sisko se retrouve dans le parcours de Worf et va devenir pour lui un mentor, Odo n’apprécie pas forcément de voir que le Klingon marche sur ses plate-bandes, Quark va avoir du mal à dérider ce nouveau client quand à Jadzia…hé bien tout ce qu’on peut dire c’est que s’ils n’avaient pas envisagés initialement une romance, les scénaristes révisèrent très vite leur copies en constatant l’alchimie entre les deux acteurs dès leurs premières scènes ensemble.


Pour la production enfin, la venue de Worf leur fait prendre conscience qu’ils sont les seuls maîtres du Quadrant Alpha. Star Trek : The Next Generation est finie et Star Trek : Voyager raconte l’errance d’un vaisseau à l’autre bout de la galaxie. C’est donc dans Deep Space Nine que le futur de la Fédération se joue. Pour les scénaristes c’est comme une libération, le coffre à jouet est totalement ouvert et de fait, à partir de cette saison, Deep Space Nine entre dans son âge d’or.

Moi qui ne pensait ne faire qu’un ou deux messages sur la série…

Ne t’arrête pas, tu es lu avec attention ! :popcorn:

Ouais, super rétrospective !

Diffusé une semaine après The Way of the Warior, The Visitor est l’un des meilleurs et l’un des plus poignants épisode de la série. Écrit par Michael Taylor, il nous raconte la vie d’un Jake Sisko devenu un célèbre écrivain (interprété alors par Tony Todd qui nous rappelle ici à quel point il n’a pas eu la carrière qu’il méritait) qui n’a jamais réussi à faire le deuil de son père. Benjamin Sisko est en effet mort sous ses yeux quand il était adolescent lors d’un accident sur le Defiant. Il réapparaît toutefois tel un fantôme à différent moment de la vie de son fils, poussant ce dernier à vouloir comprendre la nature de ce phénomène et trouver une manière de faire revenir son père. Récit bouleversant sur le deuil et sa difficulté à le faire, The Visitor est le premier épisode où la série touche de prêt l’essence de la SF, celle où un concept permet avant tout de parler de l’humain et de sonder son âme. Ça ne sera pas la dernière fois.

En effet, vers la fin de la saison, l’épisode annuel centré sur O’Brien se révèle être d’une incroyable noirceur. Dans Hard Time, Miles O’Brien est injustement condamné pour espionnage alors qu’il était en mission sur la planète Argratha et la sentence est mise à exécution avant même que Starfleet puisse intervenir : Les Argrathi lui posent un implant neuronal lui faisant croire qu’il purge sa peine en prison. Si seulement quelques heures se sont écoulées avant que Sisko vienne sauver son officier, il n’en est pas de même pour O’Brien. Pour lui, 20 années passée en prison se sont écoulées. Épisode tragique qui, de plus, ne cède jamais à la facilité d’une solution qui effacerait le traumatisme subi, Hard Time est sûrement l’épisode le plus représentatif du thème principal de la série, celui de la reconstruction. Hard Time nous montre comment cet homme profondément bon (peut-être le personnage auquel un spectateur peut se sentir le plus proche) doit ré-apprendre à vivre après une si longue peine et comment sa femme et sa fille doivent gérer cela alors que pour elles, Miles n’est parti que depuis quelques jours.

Si la série arrivaient déjà à nous offrir des portraits de personnages sur lesquelles ont s’investit, auquel on croit et qu’on aime suivre, elle va à partir de cette saison les pousser dans leurs retranchements pour en faire sortir le meilleur et le moins bon. Le meilleur c’est Benjamin Sisko qui envisage une nouvelle vie avec Kasidy Yates, c’est son fils qui trouve sa voie dans l’écriture, c’est Kira qui devient la mère porteuse du second enfant de Keiko et Miles O’Brien (une astucieuse solution afin de justifier la grossesse de Nana Visitor, elle mettra au monde une petite fille dont le père n’est autre qu’Alexander Siddig, sachant cela certaines scène entre Kira et le docteur Bashir prennent une autre saveur), c’est Nog qui devient le premier Ferengi à intégrer Starfleet, c’est Dukhat qui, à la surprise de tous va reconnaître officiellement Tora Ziyal, une enfant qu’il a eu avec une Bajorienne, c’est Odo qui commence peu à peu à prendre conscience de toutes ses capacités de métamorphe et qui s’ouvre de plus en plus aux autres, c’est enfin la relation entre Jadzia Dax, la jeune femme de 800 ans d’âge et Worf, l’expérimenté guerrier Klingon toujours aussi peu débrouillard quand on parle d’amour.

A l’opposé c’est ce même Worf qui s’abandonne à la gloire des combats au risque de mettre des innocents en périls, c’est O’Brien qui conteste le choix de Bashir de soigner la dépendance des Jem’Hadar à la kétracel, une drogue créée par les fondateurs pour garder l’ascendant sur leur race de guerrier, c’est Worf (encore lui) confronté au désir de suicide de son frère, c’est Kasidy Yates dont on découvre l’aide qu’elle apportait au Maquis et qui devra purger une peine de prison suite à la trahison de lieutenant-Commandant Michael Eddington, leader de ce groupe. Cette trahison d’un officier de Starfleet que le spectateur a appris à connaître marquera Sisko. Si sa relation avec Yates en sortira au final plus solide qu’avant, il ne pardonnera jamais la trahison du lieutenant-commandant qu’il traquera dès lors sans relâche quitte à envisager des méthodes extrême pour le capturer dans la saison suivante.

Cette part sombre est inhabituelle chez un tel personnage dans Star Trek. Elle est pourtant un marqueur indéniable de la personnalité ambiguë du capitaine Sisko et est déjà prégnant au début de la série. Elle se révèle dans cette saison lors du double épisode : Homefront (4.11) et Paradis Lost (4.12). La où Star Trek : The Next Generation s’amusait à confronter les officier de l’Enterprise aux limites de la 1ère directive dans un environnement contrôlé et apaisé, Deep Space Nine va prendre le taureau par les cornes et montrer comment Starfleet respecte ses principes face à une tentative d’attaque directement sur Terre. « It’s easy to be a saint in paradise » déclaré Sisko quelques années auparavant (dans The Maquis) mais que se passe t-il quand le paradis est attaqué ?

Suite à une attaque terroriste du Dominion sur Terre, le Vice-Amiral Leyton demande à Sisko de mettre en place des mesures de sécurité afin de prévenir toute nouvelle agression sur la planète et de convaincre un président de la Fédération réticent d’établir des mesures d’urgences de restrictions de libertés. Une des préconisations envisagées est de soumettre la population à un test prouvant qu’il n’est pas un métamorphe. La paranoïa montante va jusqu’à opposer Benjamin à son père (que le capitaine suspecte même d’être un métamorphe), ce dernier estimant que son fils bafoue ses principes et cède à la peur. Pourtant il semble que la suite des événements lui donne tort puisqu’une attaque semble bel et bien en cours. En conséquence l’état d’urgence est décrétée et les libertés sont restreintes. Il y a pourtant anguille sous roche comme le découvrira le capitaine Sisko. L’attaque est un leurre et se révèle être en fait une tentative du Vice-Amiral pour prendre le pouvoir dans le but d’instaurer un pouvoir suffisamment fort pour lutter contre le Dominion.

Homefront/Paradis Lost est un double épisode remarquable de la série qui nous décrit une Terre prête à renoncer à ses principes par peur et désir de sécurité et qui laisse un goût amer en bouche. Car si la fin de l’épisode voit revenir un climat apaisé, le mal est fait. La tentative de coup d’État est certes dû à l’action de militaires terriens mais l’ombre du Dominion pèse sur tout ces événements. Et comme le souligne le seul métamorphe présent sur Terre à un Sisko stupéfait, nul besoin d’intervenir et de manipuler, l’idée même de leur présence suffit à déstabiliser les fondations de leur ennemie. Perspicace et lucide, l’épisode marquera durablement les esprits pour longtemps. On peut en effet y voir ici la matrice d’idées qui se développeront chez l’un des scénaristes de cette histoire. Plus que d’autres épisodes de la série, Homefront/Paradis Lost est probablement l’exemple le plus marquant de l’influence considérable de Star Trek : Deep Space Nine sur une autre grande série de science-fiction, Battlestar Galactica créée par Ronald D.Moore et, ici, scénariste de Paradis Lost.

Guerre avec les Klingons, trahisons de proches, deuils, division engendrée par le Dominion, héros emprisonné sans compter une Jadzia mis au ban de la société Thrill pour avoir brisé un tabou de celle-ci lié aux relations amoureuses entre anciens symbiote dans de nouveaux hôtes (Rejoined) ; Un Bashir tentant de lutter contre une peste ravageant toute une planète (The Quickening) ; Sisko devant assumé son rôle d’Émissaire face à un prédicateur extrémiste (Accession) ou bien encore Odo acceptant d’être jugé par les siens pour avoir tué un métamorphe et condamné à conserver une forme solide pour le restant de ses jours dans Broken Link, le final de la saison qui nous révèle au passage qu’un métamorphe se trouve au sein du gouvernement Klingon. on pourrait croire que la quatrième saison de Deep Space Nine verse dans la noirceur totale. Heureusement c’est sans compter sur des relations amicales ou amoureuses (Bashir & O’Brien, Jake et Nog, Kira et Odo, Jadzia et Worf) qui apportent un peu de gaîté à l’ensemble et renforce la crédibilité d’une chronique du quotidien d’un lieu de vie tant bien même se situe t-il dans l’espace et dans le futur. C’est également sans compter sur des scénaristes qui, désireux d’avoir une soupape, s’engagent sur des épisodes de comédies pures mettant en scène la plupart du temps les Ferengis.

Ainsi dans Little Green Men, Quark, Rom et Nog sont pris dans une faille temporelle et se retrouve sur Terre à Roswell en 1947. Si Nog et Rom tentent de tout faire pour revenir à leur époque, Quark voit dans cette aventure une opportunités pour se faire de l’argent. Plus tard dans la série, Bar Association nous montre Quark en lutte contre un mouvement de grève au sein de son bar, un mouvement mené par ni plus, ni moins que par son propre frère (un bel exemple de la capacité de la série à faire évoluer des personnages secondaires, ici Rom qui s’affranchit de plus en plus de l’image du Ferengi type auquel il devrait se conforter). Enfin dans Body Parts, Quark, persuadé d’être mourant, vend son corps pour payer ses dettes mais alors qu’il découvre qu’il s’agit d’une erreur de diagnostic, l’acheteur (son ennemi personnel Brunt) réclame tout de même le corps (17ème loi de l’acquisition Ferengi : Un contrat est un contra est un contrat).

Mais s’il ne fallait retenir qu’un épisode comique de cette saison c’est bien sur Our Man Bashir. L’épisode se déroule dans l’holosuite de la station (salle de réalité virtuelle permettant à leur utilisateur de s’amuser comme il le souhaite) et plus précisément dans une aventure conçu par Bashir dans laquelle il peut incarner un agent secret digne descendant du James Bond des années 60. Pendant ce temps, suite à un accident de téléportation, les empreintes mémorielles des autres officier de DS9 sont sauvegardées dans le scénario de l’holosuite mais le processus se passe mal et Kira, O’Brien, Worf, Jadzia et Sisko sont persuadé d’être les personnages de l’aventure d’espionnage du bon docteur. Ce dernier n’a qu’une seule façon pour les sortir de là sans dommage, aller jusqu’au bout de son scénario et contrer les plans de destruction de la terre du Dr Noah (Sisko), de son associé M Duchamps (Worf) et de leur homme de main Falcon (O’Brien). Il est heureusement aidé par Anastasia Komananov la sulfureuse agent russe (Kira) et par la scientifique Honey Bare (Jadzia).

Véritable récréation tant pour les spectateurs que pour les acteurs, Our Man Bashir est un magnifique hommage aux films de Bond et se pose comme l’un des meilleurs (et oui, encore) épisode de la série par sa fraîcheur et sa façon de sortir les comédiens de leurs rôles habituel. Alexander Siddig montre d’ailleurs une telle aisance dans le smoking du plus célèbre des agents secrets qu’on se plaît à imaginer ce qu’il aurait pu donner sur grand écran. Ce ne sera pas la dernière fois qu’une telle gourmandise va être offert par des scénaristes désormais plein d’assurances et surfant aisément entre la grande fresque épique, le drame intime ou bien la comédie avec un résultat fascinant de cohérence et de qualité. C’est maintenant évident Star Trek : Deep Space Nine a non seulement égalé ses prédécesseurs mais a surtout trouvée sa voie et va continuer à s’y engager.

Prochaine étape : La guerre contre le Dominion éclate

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Dans les dernières minutes de Broken Link (4.26), Odo était condamné par son peuple à conserver sa forme humanoïde pour avoir tué l’un des sien. Mais durant ce procès, il découvre qu’un métamorphe a pris la place de Gowron, le chef suprême de l’Empire Klingon. Suite à cette révélation, Apocalypse Rising (5.01) voit donc Sisko, Odo, O’Brien et Worf s’infiltrer en territoire ennemi pour neutraliser l’espion. Mais le Dominion a volontairement fait croire à Odo que leur agent avait pris la place de Gowron alors que c’est en fait le général Martok (le même qui conduisit l’assaut contre Cardassia puis Deep Space Nine dans The Way of the Warrior) qui fut remplacé. Ils espéraient ainsi que Gowron soit tué et que le métamorphe sous l’apparence de Martok prenne sa place pour diriger l’Empire. Odo révèle la supercherie et l’espion se fait tuer par les Klingons, suite à cela Gworon reconsidère sa position vis à vis de Starfleet. S’il refuse de restituer les territoires envahis, un cessez-le-feu est proclamé et la voie diplomatique est maintenant privilégiée. Worf est par contre toujours bannis et Gowron promet qui le tuera de ses propres mains.

Avec la fin du conflit ouvert entre Starfleet et l’Empire Klingon, on pourrait croire que Deep Space Nine a effectué un retour en arrière causant alors quelques frustrations. Il n’en est rien, d’une part parce que la situation n’est pas celle du début de la quatrième saison, il y a un cessez le feu mais les Klingons occupent toujours des territoires conquis. Surtout, si Rick Berman et Ira Steven Behr ont du revoir leur plans initiaux pour intégrer les Klingons et le personnage de Worf, cela n’a pas pour autant mis en pause tout l’arc narratif lié au Dominion bien au contraire, la menace est, en fait, toujours présente et reste le moteur des décisions et des actions des personnages. De fait, après un début de saison consacrés aux Klingons, Behr et son équipe en arrivent à trouver le bon équilibre et de faire d’une décision commerciale un atout artistique. Avec le recul, on se rend compte que la quatrième saison a permis de poser un état de fait dans l’esprit des personnages tout comme dans l’inconscient des spectateurs : la période qu’ils vivent est instable et tout peut changer régulièrement. Les amis d’hier peuvent (re)devenir des ennemis pour ensuite se battre à nouveau à vos cotés contre une menace plus puissante. Le meilleur exemple est le personnage de Gul Dukat, l’ennemi principal de la série et adversaire de choix de Sisko et Kira. Déchu de son statut à la suite de l’invasion Klingon et de sa reconnaissance de la fille qu’il a eu avec une Bajorienne, le voila devenir simple pilote de cargo puis, à l’occasion d’un abordage audacieux (Return to grace), il deviendra le capitaine d’un oiseau de proie Klingon qu’il utilisera pour mener des actes de guérilla contre l’envahisseur. On pourrait croire que Dukat va dès lors faire partir du camp du bien mais il n’en est rien comme cette cinquième saison va se charger de nous le démontrer.

Rien n’est acquis, les événements passés nous l’ont montré et d’une saison construite sur des considérations multiples nous passons maintenant à une année qui va capitaliser et fructifier tout le bénéfice acquis précédemment.

On retrouve bien sur l’épisode annuel centré sur Miles O’Brien avec cette fois-ci The Assignment (5.05) qui voit Keiko O’Brien être possédé par un Pah-wraiths, une entité alien ennemie des Prophètes qui auront un rôle déterminant dans les dernières saisons de la série. On retrouve aussi des épisodes comiques avec Ferengi Loves Songs (5.20) dans laquelle Quark découvre que sa mère est devenue la maîtresse du grand Nagus Zek et gère grandement les affaires de l’alliance Ferengi ; Créée pour célébrer les trente ans de Star Trek, Trials and Tribble-ations (5.06) voit Sisko, Dax, O’Brien, Odo et Worf voyager dans le passé pour arrêter un criminel temporel décidé à tuer le capitaine Kirk. Un épisode aux effets spéciaux remarquable dans leur capacité à recréer le visuel de la série originale et dans sa manière de faire interagir les héros de DS9 avec les membres de l’Enterprise. On continue également de voir la lutte entre Starfleet et Le maquis à travers le terrible For the Uniform (5.13) dans lequel le capitaine Sisko nous montre ses pires cotés dans ce qui devient de plus en plus une vendetta personnelle contre l’ancien officier Michael Eddington. Le spectateur connaît désormais Sisko, sait qu’il est particulièrement intraitable et beaucoup plus pragmatique que Picard mais être capable de donner l’ordre d’empoisonner toute une planète pour capturer son rival est un acte d’une violence rare pour un membre de Starfleet, tant bien même l’ordre ne sera pas exécuté, Eddington acceptant de se rendre. Comme un acte de rédemption, le capitaine de DS9 viendra plus tard en aide à son ennemi et sa famille dans Blaze of Glory (5.23) qui voit l’anéantissement des dernières poches de résistance du Maquis par les troupes du Dominion.

Et de manière plus général, on retrouve des épisodes unitaires passionnants qui continuent à enrichir les personnages

Nor the battle to the strong (5.04) => Effectuant un reportage sur le Docteur Bashir, Jake va se retrouver dans un hôpital d’une colonie assiégée par les Klingons. Un moment important dans la carrière du jeune journaliste qui va découvrir qu’il y a une mince frontière entre le courage et la lâcheté. Le renversement du postulat classique qui voit le lâche effectuer une action glorieuse est tout l’intérêt du récit. Ici Jake se rend compte qu’il n’est pas brave mais au contraire terrifié par la guerre. La force de l’épisode réside enfin dans sa conclusion qui marque, probablement ici, le passage à l’age adulte du fils de Benjamin en le voyant publier la réalité du récit et de son propre comportement.

The Ascent (5.09) => Devant témoigner dans un procès, Quark est escorté par un Odo qui doute de son innocence dans cette affaire criminelle. Toutefois force est de constater qu’il se trompe après l’explosion de leur navette, les laissant isolé de tout sur une planète perdue. Un épisode dans lequel la détestation entre Odo et Quarx atteint des sommets. On remarquera, ici plus que dans d’autres épisodes, que la relation entre les deux personnages n’a jamais été conçu pour évoluer vers une amitié profonde et sincère. Les deux hommes ne s’aiment pas et cette aventure ne change pas la donne.

The Darkness and the light (5.11) => Kira découvre qu’un tueur élimine tout les membres de son ancienne cellule de résistance. Capturée, elle fait face à un Cardassien qui fut défiguré lors d’un attentat commis par son groupe. Un épisode qui explore de nouveau le thème de la violence du passé revenant hanter le soldat et permet encore une fois de développer le personnage de Kira dans son rapport à la violence et la nature ambivalente de ses actes.

Doctor Bashir, I presume (5.16) => Un épisode qui commence sur un ton léger avec un Bashir recevant le docteur Zimmerman suie à sa sélection pour devenir le prochain modèle de l’hologramme médical d’urgence (l’ancienne version, basée sur Zimmerman étant d’ailleurs le médecin du vaisseau Voyager dans la série Star Trek : Voyager). L’occasion de voir un Robert Picardo toujours aussi excellent dans son coté supérieur, pédant et outré et également le début de la romance entre Rom et Leeta la serveuse du bar de Quark. Deux personnages secondaires qui font parti du décor de la série et dont l’histoire d’amour contribue, la aussi, à rendre crédible la vie de la station en dehors des personnages principaux. Mais l’histoire va devenir beaucoup plus sérieuse et problématique quand on découvrira le secret de Bashir : celui-ci, enfant, fut modifié génétiquement par ses parents. Une intervention illégale dans le but de le « sauver » des problèmes physique et intellectuel qu’il rencontrait. Face à cette révélation et afin d’éviter que son fils démissionne de Starfleet, Richard Bashir prend la responsabilité de cet acte et accepte la peine d’emprisonnement.

Ties of blood and water (5.19) => Kira retrouve Tekeny Ghemor, un Cardassien dissident à qui ses ennemis avait fait croire qu’elle était sa fille cela afin de le piéger (dans l’épisode Second Skin de la troisième saison). Depuis ces événements, Kira a une certaine tendresse pour Ghemor et ce dernier, mourant, lui demande de l’accompagner dans ses derniers moments afin qu’il lui confie tout ses secrets. Un épisode qui explore à la fois l’aspect politique de la série (une lutte pour l’héritage du vieux Cardassien) la question de le rédemption (Kira découvre que son ami a participé au massacre de Bajorien) mais qui, surtout, s’attarde sur la question de la fin de vie confrontant Kira à la mort (non pas celle du à la guerre mais celle causé par maladie) d’un proche faisant écho à la mort de son propre père qu’elle refusa de voir alors.

Children of Time (5.22) => Un épisode magnifique et très représentatif de la manière dont Star Trek utilise des idées de science-fiction pour confronter ses personnages à un puissant dilemme moral. Le Defiant se retrouve bloqué sur une planète isolé et 200 ans le futur. L’équipage fait alors la rencontre de leurs descendants qui leur explique que suite à un accident quand ils tenteront de quitter la planète et de retrouver leur époque, ils se retrouveront dans le passé et dans l’impossibilité de partir. D’où la fondation de cette colonie composé notamment des descendants de Sisko, O’Brien, Bashir et Worf. Seul Odo et Dax sont toujours vivant. Désormais l’équipage du Defiant fait face à un choix, reproduire les circonstances qui les ont conduit à l’établissement de la colonie et voir mourir certains de leurs amis lors de cet événement (dont Kira) ou bien quitter la planète grâce à leurs connaissance actuelles permettant d’éviter l’accident et effacer alors cette réalité et ses êtres.

In the Cards (5.25) => Pénultième épisode de la saison. Histoire volontairement légère qui voit Jake et Nog négocier et rendre service à différents personnes de la station cela afin de récupérer une carte de base-ball pour l’offrir au capitaine Sisko. Un épisode qui apporte un peu de bonheur alors que les canons de la guerre sont prêt à retentir.

Car le sentiment qui transparaît le plus dans cette saison c’est bien entendu celui de l’imminence de la guerre contre le Dominion. Si la saison nous raconte une multitude d’histoires qu’on pourrait croire bien éloigné de l’arc principale, il n’en reste pas moins qu’au sein de ces derniers la présence de l’empire ennemi est toujours présente. Ainsi The Begotten (5.12) centré sur l’accouchement de Kira montre en parallèle la rencontre entre Odo et un « bébé » métamorphe. Ainsi les implications politique des révélations de Tekeny Ghemor dans Ties of blood and water inquiète le Dominion qui envoi un représentant pour tenter de faire taire le Cardassien. Ainsi Rapture (5.10) qui voit l’échec de l’intégration de Bajor à la Fédération sur l’avis de Sisko, une décisions dont on comprendra les réelles implication à la fin de la saison.

D’un point de vue esthétique, cette saison est celle du changement d’uniforme pour les officiers de Starfleet avec l’introduction de vêtements plus sombre dans laquelle la couleur est très discrète. Si le changement s’opère pour être en cohérence avec le film Star Trek : First Contact qui sort au même moment (et dans lequel Worf et le Defiant font acte de présence contre les Borgs), il apparait pas moins qu’il renforce le caractère martial et guerrier de la série. On retrouve enfin des épisodes centrés sur le Dominion tel que The Ship (5.02) qui nous montre l’emprise total qu’on les métamorphes sur les Vortas et les Jem’Hadar etc. Mais le surplace n’étant pas le fort de la série, Ira Steven Behr vont faire accélérer les choses en profitant de la mi-saison pour diffuser un double-épisode qui va, la encore, redistribuer les cartes et pousser les limites de ce qu’il est possible de faire dans Star Trek.

Au début de In Purgatory’s Shadow (5.14), Deep Space Nine reçoit un message de détresse emmenant du quadrant Gamma. Après l’avoir décodé, Garak découvre que son expéditeur n’est autre qu’Enabran Tain, son mentor et le chef de l’Ordre Obsidien. Or Tain est censé être mort deux ans auparavant lors de la tentative d’attaque sur le Dominion par les forces conjointes des Cardassiens et des Romuliens (événements vus dans le double épisode de la troisième saison, Improbable Cause/The Die is Cast). Décidé à savoir ce qui se trame Garak et Worf partent dans le quadrant Gamma et découvrent alors une flotte immense du Dominion prêt à traverser le vortex pour envahir le quadrant Alpha. Ils ont néanmoins pu envoyer un message à Sisko avant de se faire capturer. Face à la puissance de l’armada, Sisko décide de fermer le vortex quitte à sacrifier Worf et Garak. Ces derniers, emprisonnés, retrouve un Enabram Tain mourant qui décédera peu après non sans avoir fait la paix avec Garak, son meilleur élève mais également son fils.

Sur DS9 c’est la stupeur, alors que Sisko avait fermé le vortex, voila que celui-ci s’ouvre et que les forces du Dominion envahissent le secteur. L’explication ? Il y a un métamorphe à bord de la station. Révélation que Garak et Work découvre au même moment car parmi les autres prisonniers de leur lieu de détention se trouve le général Gowron (le véritable Gowron donc) mais surtout Julian Bashir. Le bon docteur est emprisonné ici depuis un mois, c’est donc un imposteur dont nous suivons les aventures depuis quelques épisodes. Ça n’a l’air de rien aujourd’hui mais à l’époque, voila un événement qui fit bouger les lignes quand à ce qu’il était possible de faire dans Star Trek. Montrer qu’un personnage du casting régulier n’était pas celui qu’on pensait être, même pour quelques épisodes, marqua les esprits et ouvrit la voie pour une exploitation à grande échelle de l’idée dans la décennie suivante (si vous me dites « Battlestar Galactica » vous avez gagné)

Suite directe, By Inferno’s Light, voit la flotte du Dominion arriver dans le quadrant Alpha mais au lieu d’attaquer Deep Space Nine, celle-ci fait route vers Cardassia pour libérer cette dernière de l’envahisseur Klingon. Il s’avère en fait que le bon Dukat négocie avec le Dominion depuis des mois pour faire en sorte que les Cardassiens rejoignent le Dominion. Ces derniers ont dès lors une tête de pont dans le quadrant Alpha, tandis que Cardassia chassent les Klingons et détruisent le Maquis. Dukat quand à lui à chasser le gouvernement civil et devient le nouveau dirigeant de son peuple. Le double épisode se conclue avec l’échec du Dominion pour détruire DS9, Bajor et une flotte conjointe de Starfleet, des Klingons et des Romuliens (cela grâce au retour de Worf, Garak et Bashir révélant alors l’imposture), l’alliance reformé entre Starfleet et les Klingons (qui décide de laisser une force permanente de vaisseaux menée par Martok pour protéger la station) et le début d’une drôle de guerre contre le Dominion.

Une guerre larvée, faite de petits conflits et escarmouches mais qui prendra toute son ampleur dans le final de la cinquième saison, Call to Arms, quand le Dominion et Cardassia décideront d’attaquer Deep Space Nine. Mais préparé à celle-ci, Sisko et Starfleet minent le vortex bloquant tout renfort venant du quadrant Gamma, attaquent les chantiers navals des Cardassiens ralentissant dès lors toute réparation ou construction de vaisseau et quittent Deep Space Nine non s’en promettre leur retour.

Trois mois plus tard, la sixième saison débute sur les chapeaux de roue avec une série d’épisode liés par le conflit ouvert entre Starfleet et le Dominion. A cette occasion la narration est scindée en deux lieux et deux groupes. D’une part la flotte de Starfleet qui tente de combattre le Dominion sur différents théâtres d’action, de l’autre Deep Space Nine et ses résidents qui vivent avec l’occupation de l’ennemi. Si les aventures de Sisko et de ces hommes sont intéressants, c’est surtout les histoires de l’occupation de DS9 qui sont les plus passionnantes puisqu’ils permettent de voir comment les différents résidents s’acclimatent du changement. Sauvé par son refus de rejoindre Starfleet, Bajor n’est donc pas envahi par le Dominion. La situation est différente mais Kira doit donc travailler avec son ennemi de toujours au point qu’elle se rend compte qu’elle devient ce qu’elle a toujours haïe, une collaboratrice. Passé cette prise de conscience, elle décide de monter une cellule de résistance au sein de la station. Elle est aidé en cela par Jake Sisko, resté sur la station en tant que journaliste, Rom et Odo. Toutefois ce dernier fera faux bond à Kira quand un autre métamorphe arrivera sur la station et lui montrera tout l’étendu du lien qui existe entre les membres de leur races. En six épisodes, les scénaristes de Star Trek : Deep Space Nine changent encore une fois la donne de la série et innovent : ils cassent l’unité du groupe que ce soit de manière physique avec la flotte de Starfleet d’une part et DS9 de l’autre mais aussi spirituellement avec un Odo prêt à trahir ses amis ou une Kira proche de la collaboration.

Si Sisko et ses troupes récupèrent Deep Space Nine à l’occasion d’une offensive audacieuse qui en arrive même à faire impliquer les Prophètes, les traces de cette période resteront encore un temps. On pourra toutefois regretter qu’elles ne seront pas forcément trop marqués et durable. On touche peut-être ici au limite de la franchise et d’une période qui ne permettait pas forcément d’aller encore plus loin. D’un point de vue narratif toutefois, la série s’est permise beaucoup de chose à cette occasion en terme de structure de son récit. On change le lieu, pourtant immuable donnant même le titre à la série, on s’éloigne de l’épisode bouclés, et on suit un grand fil rouge prégnant. Encore une fois cela n’a l’air de rien aujourd’hui mais cette façon maligne de modifier la série en fait sa spécificité et sa grandeur et essaimera des petits par la suite.

Après la bataille pour la libération de Deep Space Nine, la série semble prendre une pause et retourne à des épisodes à l’intrigue bouclées. Les événements heureux font même croire à une ambiance de légèreté assez inédit dans la série. Mais ça serait se tromper que de penser que Star Trek : Deep Space Nine a épuisée toute ses cartouches. Sans que l’on s’en doute, voila qu’elle se prépare à nous asséner un uppercut d’une puissance phénoménal avec rien de moins que le meilleur épisode de la série et l’un des plus beau hommage à la science-fiction en tant que genre littéraire et vecteur de la puissance de l’imagination sur la civilisation.

Prochaine épisode : Au delà les étoiles

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« You are the dreamer, . . . and the dream. »

Benny Russel (Avery Brooks) vit à New-York dans les années 1950. Dans son entourage figure Willie Hawkins (Michael Dorn) un joueur de base-ball en pleine gloire chez les Yankees et le jeune Jimmy (Cirroc Lofton) qui vit de larcins et de petites combines. Ancien soldat, Benny est aujourd’hui fiancée à Cassie (Penny Johnson) qui rêve de reprendre avec Ben le restaurant de sa patronne. Mais ce dernier a déjà un véritable métier, il est écrivain et plus spécifiquement écrivain de science-fiction pour le magazine Incredible Tales édité par Douglas Pabst (René Auberjonois) et auquel collaborent également Albert Macklin (Colm Meaney), Herbert Rossoff (Armin Shimerman) ainsi que le couple Julius et Kay Eaton (Alexander Siddig et Nana Visitor). Cette petite bande souffre de la gloire de la revue Galaxy (avec ses auteurs tels que Robert Heinlein, Ray Bradbury et Theodore Sturgeon) mais est toujours prompte à sortir ses tripes pour écrire de nouvelles histoires sur la base des dessins de Roy Ritterhouse (J.G Hertzler). Et justement voila que ce dernier propose le dessin d’une station spatiale qui inspire à Benny Russel la nouvelle Deep Space Nine racontant les aventures du capitaine Benjamin Sisko et de son équipe située au XXIVème siècle. Pour Benny Deep Space Nine est son meilleur travail, pour ses collègues il s’agit d’une remarquable histoire de science-fiction mais pour son éditeur et pour le propriétaire de Incredible Tales, il est hors de question de la publier en l’état.

Parce que le capitaine Sisko, tout comme Benny Russel, est noir et ça dans l’Amérique des années 50 cela est inenvisageable.

La première version du script de Far Beyond the Stars est écrit par Marc Scott Zicree et met en avant le personnage de Jake Sisko qui, plongé dans la Terre des années 50, rencontre un groupe d’écrivain de science-fiction. Une classique aventure de voyage de la temps mais dont la fin révèle que Jake est en fait victime de l’illusion d’un alien cherchant à comprendre l’humanité. Ira Steven Behr est peu convaincu par le traitement et le retournement de situation final qu’il juge trop facile et le script est mis de coté pendant quelques mois, le temps de la maturation.

Aimant l’idée de faire côtoyer les personnages de Star Trek avec des figures tel que Henry Kuttner, C.L. Moore ou Isaac Asimov, Behr va s’appuyer sur cette base pour créer une histoire bien plus ambitieuse dans la lignée du double épisode de la troisième saison, Past Tense, qui voit Benjamin Sisko, Jadzia Dax et Julian Bashir se retrouver dans le San Francisco de 2024. Une période sombre durant laquelle une élite aisée vit confortablement tandis que la majorité de la population est pauvre, sans emploi, violentés par les forces de polices et loge dans des ghettos. Qu’elle imagination ces auteurs de science-fiction… Par la force des choses Sisko prendra l’identité d’un homme considéré par l’histoire future comme le leader d’un mouvement de révolte dont la répression sanglante marquera l’opinion et contribuera par la suite à mettre fin à cet état de fait. Pour le showrunner, le voyage dans le temps est donc le moyen idéal pour parler frontalement de sujet sociaux dans une série qui use généralement de la métaphore. Far Beyond the Stars a donc tout le potentiel pour s’inscrire dans ce registre et le déclic s’opère quand on décide de centrer l’histoire non plus sur Jake mais sur Benjamin Sisko.

En effet, au milieu de cette sixième saison, le personnage principal de Star Trek : Deep Space Nine a effectué un intense voyage. Capitaine d’une station spatiale au cœur de tous les intérêts de la galaxie et première ligne de front face à un puissant ennemi, il est, également devenu une figure religieuse pour tout un peuple. Un rôle qui a pris de plus en plus d’importance et qui lui fait mettre régulièrement sa vie en danger. Ainsi suite à la découverte des ruines d’une ancienne cité Bajorienne, dans Rapture (5.10), Sisko fut sujet à des visions si intense qu’elles lui provoquèrent une tumeur au cerveau. Malgré cela, il refusa l’intervention chirurgicale afin de pouvoir recevoir ces informations destinée, selon lui, à aider Bajor dans le futur. Ce n’est que par l’intervention de son fils Jake, qui prit sur lui la responsabilité de demander au docteur Bashir de procéder à l’opération, qu’il pu être sauvé. Aujourd’hui, malgré la reconquête de Deep Space Nine par Starfleet, le conflit avec le Dominion est toujours aussi intense et meurtrier. C’est donc un capitaine Sisko sous pression qui apprend le décès d’un ami, annonce qui va agir comme une étincelle allumant un gigantesque incendie.

Revenons à la production de Far Beyond the Stars qui se positionne alors dans le sillage de Rapture et de Past Tense. Soumis à un grand stress et ayant été victime de graves problèmes cérébraux, Benjamin Sisko est sujet à un voyage qui va le plonger dans le passé et le confronter aux conditions de l’époque. Mais Ira Steven Behr et son équipe ne veulent pas d’une resucée des précédents épisodes sus-cités, ils veulent aller bien plus loin. L’épisode doit être à la fois l’occasion pour le personnage de faire le point sur sa situation mais également être une histoire indépendante qui marque les esprits. L’idée initiale de faire intervenir des auteurs de fictions est conservée mais pour les besoin de l’épisode, on décide néanmoins de créer des personnages fictifs calqués sur des écrivains célèbres. Albert Macklin nous rappelle Isaac Asimov, Herbert Rossoff est en partie basé sur Harlan Ellison enfin Julius et Kay Eaton renvoient au couple formé par les écrivains Henry Kuttner et Catherine Louise Moore. D’ailleurs, comme cette dernière, Kay utilise un pseudonyme (K.C. Hunter) pour signer ses histoires et cacher aux lecteurs le fait qu’elle soit une femme.

Par le biais de ces personnages et en racontant le quotidien d’une salle de rédaction d’une revue de science-fiction, Far Beyond the Stars va permettre à Behr et son équipe de rendre hommage à des personnes sans qui Star Trek n’existerait tout simplement pas. On y voit ainsi l’émulation créative entre les différents écrivains et dessinateurs qui donne naissance aux histoires. Surtout l’épisode va devenir une réflexion autour du pouvoir de l’imaginaire suite à un choix narratif audacieux. En effet, si l’histoire débute avec le capitaine Sisko en proie à des hallucinations puis soumis à un examen médical, Far Beyond the Stars va brutalement changer de point de vue et faire de Benny Russel le personnage principal de l’épisode. Passé le générique, nous ne sommes donc plus face à un personnage connu qui se retrouve dans le passé et dans la peau d’un autre mais bel et bien face à des nouveaux personnages, des nouveaux lieux, une époque différente et une nouvelle histoire. Celle d’un écrivain de science-fiction imaginant, pour les besoins d’une revue, les aventures de gens vivant sur une station spatiale. En fait c’est comme si l’ensemble du casting de DS9 se retrouvait à l’occasion d’une nouvelle série.

Ce changement de paradigme est rafraîchissant pour les spectateurs et les acteurs, il est également drôle par moment (par exemple quand K.C Hunter, interprété par Nana Visitor, lis l’histoire de Ben et trouve que le personnage de Kira Nerys est excellent) mais surtout totalement vertigineux dès lors que cette création devient un enjeu vital pour Benny Russel. En effet, et c’est probablement ce qui fait de Far Beyond the Stars un authentique chef d’oeuvre télévisuel, la fiction Deep Space Nine tout aussi excellente qu’elle soit ne peut être publiée en l’état parce que le Capitaine Sisko est noir. Si l’intolérance sous toutes ses formes et le racisme en particulier sont des thèmes largement exploités par la série, ils le sont sous le filtre de la métaphore en utilisant, par exemple, des histoires de vie et les conflits de différentes races extra-terrestres. Car dans son approche positive de la science-fiction, la société humaine de Star Trek a pu dépasser et résoudre ces problèmes. En plaçant son histoire dans un contexte très spécifique et avec un tel personnage, les scénaristes ne pouvaient faire abstraction de la ségrégation de la société américaine des années 50. Non seulement ils ne l’occultent pas mais cette question se retrouve au centre des enjeux dramatiques. C’est ce mélange entre la description frontale (faisant fi du vocable policée de la série, le mot « nègre » est ici employé par divers personnages) d’une société raciste tout ce qu’il y a de plus réelle et entre un questionnement profond sur le pouvoir de la fiction sur l’individu et la société, cela de manière intemporel, qui fait de Far Beyond the Stars l’une des meilleures histoires non seulement de Star Trek mais tout simplement de la science-fiction en général.

"Call anybody you want, they can’t do anything to me, not any more, and nor can any of you. I am a Human being, dammit! You can deny me all you want but you can’t deny Ben Sisko – He exists! That future, that space station, all those people – they exist in here! In my mind. I created it. And everyone of you knew it, you read it. It’s here. Do you hear what I’m telling you? You can pulp a story but you cannot destroy an idea, don’t you understand, that’s ancient knowledge, you cannot destroy an idea. That future – I created it, and it’s real! Don’t you understand? It is real. I created it. And it’s real! IT’S REAL! Oh God! " - Benny Russel

Parce qu’elle nous parle de ces liens puissant entre les membres de la race humaine et cela à travers le temps et l’espace, Avery Brooks apparaît comme le choix le plus évident pour la mettre en scène. Parmi tous les épisodes qu’il réalisa pour la série (Tribunal, The Abandoned, Fascination, Improbable Cause, Rejoined, Body Parts, Ties of Blood and Water, The Dogs of War), celui-ci est sans conteste son meilleur épisode. Malgré la difficulté d’être à la fois devant et derrière la caméra, il y avait la volonté de mettre en scène l’histoire d’un personnage avec lequel il a beaucoup de point commun. Il y a d’une part la conscience profonde de leur statut d’homme noir dans la société en général et dans leur propre métier (rappelons qu’Avery Brooks est le premier acteur noir en tête du casting d’une série depuis 1973) et il y a d’autre part les professions créatrices qu’ils exercent (l’appartement de Benny Russell nous montre qu’il est également musicien, profession d’Avery Brooks en plus de son métier d’acteur). Meilleur épisode en tant que réalisateur mais également en tant qu’acteur. Jamais la sensibilité de Brooks (et par delà celle de Sisko) n’avait été autant prégnante que ce soit dans le quotidien de Benny composé de moments touchants au restaurant de sa fiancée et de brimade policière dans la rue que dans un milieu professionnel qui dissimule ses créateurs noirs et ses créatrices aux yeux du public.

A ce titre, l’épisode se montre ingénieux dans sa manière de ne jamais rabaisser le caractère populaire de la création (des histoires de science-fiction) tout en montrant bien qu’il existe une hiérarchisation aux yeux de la critique et des éditeurs. En citant W.E.B Dubois, Zora Neale Hurston ou bien encore Ralph Ellison pour défendre sa présence lors d’une séance photo de l’équipe rédactionnelle, Benny Russell se voit répondre que ces écrivans sont visibles du fait d’un lectorat considéré comme une élite intellectuelle et politiquement ouverte. La science-fiction étant un genre populaire, il est hors de question d’aborder ce type de fiction via une approche estimée comme militante. Dés lors, Far Beyond the Stars va s’opposer à cette explication hypocrite et méprisante (et toujours d’actualité) et démontrer par son histoire que la science-fiction et l’art populaire sont au contraire des terreaux fondamentaux dans l’évolution des mentalités. Tant bien même Benny Russell se heurtera à un mur qui le détruira physiquement puis psychiquement, son acte de résistance créatrice portera ses fruits et verra s’interconnecter voire se répondre auteurs (qu’ils soient réels ou fictionnels) et créations par delà le temps et les époques. Vertigineuse dans ses implications tout en évitant soigneusement le piège qui consiste à faire douter le spectateur de la réalité de la série qu’il suit depuis plusieurs années, Far Beyond the Stars nous interroge sur notre propre rôle dans son histoire. Nous-mêmes somme les spectateurs d’une fiction à l’intérieur d’une autre, une fiction ayant influencée des centaines de strates de la société à travers les décennies, une fiction qui nous montra qu’un futur pacifique portée par la science et la découverte est possible, une fiction qui servit de modèle à des milliers de personnes qui suivirent ces enseignements et les transmirent à plus de gens à travers le temps… et, peut-être, au-delà des étoiles.

For all we know, at this very moment, somewhere far beyond all those distant stars, Benny Russell is dreaming of us. - Benjamin Sisko

Joëlle Jones :

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