SUPERMAN (Spencer Gordon Bennett et Thomas Carr)

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REALISATEURS

Spencer Gordon Bennett et Thomas Carr

SCENARISTES

George H. Plympton, Joseph L. Poland, Arthir Hoerle, Lewis Clay et Royal Cole, d’après les personnages créés par Jerry Siegel et Joe Shuster

DISTRIBUTION

Kirk Alyn, Noel Neill, Tommy Bond, Carol Forman…

INFOS

Serial américain
Genre : aventures/science-fiction
Format : 15 épisodes
Année de production : 1948

Très populaires dans la première moitié du XXème siècle, les serials étaient des productions feuilletonesques à petit budget, projetées en avant-programme des séances principales. Ces « films à épisodes » étaient diffusés dans une même salle de cinéma, semaine après semaine, ce qui signifie qu’il fallait être vraiment fidèle pour ne pas rater un seul chapitre. Donc, pour ne pas perdre un spectateur qui avait raté un épisode, les serials fonctionnaient tous sur le même modèle : on débute par un récapitulatif et/ou la reprise des dernières minutes du chapitre précédent (Superman fait les deux, avec une voix-off qui rappelle le narrateur de l’émission radiophonique) et on finit sur un cliffhanger, afin de tenir en haleine et d’inciter à voir la suite.

Chose amusante, comme il n’arrivait pas si souvent que ça qu’un spectateur soit fidèle au poste pendant 12 à 15 semaines (la durée d’un serial variait entre 12 et 15 épisodes…mais certains étaient beaucoup plus longs, il y a même eu un serial de 119 épisodes entre 1914 et 1917 !), les scénaristes s’autorisaient quelques libertés, en ajoutant un élément qui permettait de résoudre le cliffhanger tout en trichant un peu avec la continuité des événements (ce qui arrive à quelques reprises dans Superman…mais rien de bien gênant comparé au serial de Buck Rogers par exemple dans lequel un cliffhanger et le début de l’épisode suivant présentait carrément des scènes totalement différentes).

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Les producteurs de serials ont vite cherché l’inspiration dans les pages des comics et des comic-strips. Le studio Republic Pictures a tenté de développer un serial sur Superman dès 1940, mais les négociations avec National Comics (futur DC Comics) avaient alors échoué. L’Homme d’Acier s’est donc fait griller la politesse par Captain Marvel, son principal concurrent de l’époque qui est devenu le premier super-héros adapté sur grand écran dans Adventures of Captain Marvel en 1941. Ont suivi notamment Spy Smasher en 1942, Batman en 1943, Captain America en 1944 et même The Vigilante, le cow-boy masqué de DC, en 1946. Il a fallu attendre que Sam Katzman se porte acquéreur des droits cinématographiques de Superman en 1947 et son deal de distribution avec la Columbia pour que le Kryptonien prenne enfin son envol au cinéma.

Sam Katzman était un prolifique producteur de serials (surtout des aventures dans la jungle…à tel point qu’il fut surnommé « Jungle Sam ») et de séries B et Z, bien connu pour sa pingrerie. Superman a coûté 350.000 dollars, soit un peu plus que les habituels serials fauchés, mais cette somme n’était tout de même pas assez suffisante pour réaliser des effets spéciaux de qualité, et surtout le principal…car en 1948, il était difficile de croire qu’un homme pouvait voler. Il fut un temps envisage de faire comme dans Adventures of Captain Marvel (mannequin sur un cable et rétroprojection), mais cela manquait de dynamisme…cela manquait de « Up, up and away ! ».
Donc à chaque fois que Superman prend son envol, il est remplacé par une version animée. Effet rudimentaire (également utilisé pour la fusée du bébé Kal-El), mais correctement réalisé même si les transitions ne sont pas toujours heureuses, surtout à l’atterrissage.

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Pour réduire les coûts, le serial a recours aux stock-shots (reconnaissables au changement du grain de l’image) et réutilise aussi souvent les mêmes passages et parfois dans le même épisode : un plan de décollage est visible jusqu’à trois fois dans un seul chapitre et je ne compte même plus le nombre de fois où on peut voir la scène où Superman atterrit dans un débarras du Daily Planet pour se changer en Clark Kent.

Pour le rôle-titre, Sam Katzman a choisi Kirk Alyn, un acteur de second plan, habitué aux apparitions non créditées, qui a occupé ici la tête d’affiche pour la première fois. Mais seulement sur l’affiche, puisque son nom n’est pas visible à l’écran au générique. Pour le jeune public, la Columbia avait en effet axé sa promotion sur l’apparition du « vrai » Superman…et Kirk Alyn ne jouait « que » Clark Kent. Alyn campe un Superman convaincant (dans le contexte de l’époque, bien entendu), joué de façon exubérante, avec ce petit sourire malicieux lorsqu’il se lance dans l’action; et un Clark Kent très modéré et un peu pataud. Il emploie aussi le petit « gimmick » de Bud Collyer pour le feuilleton radio et le dessin animé des Fleisher, en modulant sa voix lorsqu’il devient Superman (avec le fameux « It looks like a job for…SUPERMAN ! »).

À ses côtés, Noeil Neill interprète la fougueuse reporter Lois Lane, rôle qui la rendra célèbre et qu’elle reprendra dans la série télévisée des années 50 avec George Reeves. Le trio est complété par Tommy Bond en Jimmy Olsen (personnage apparu pour la première fois dans l’émission radiophonique dont le serial tire principalement son inspiration), qui fait office d’« élément comique ». Quant à Pierre Watkins, son Perry White a des faux airs de J.J. Jameson avant l’heure !

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Dans un serial, le premier chapitre est toujours le plus long (20 à 25 mn, et environ 15 mn pour les suivants). De la destruction de la planète Krypton au premier exploit de Superman en passant par l’enfance à la ferme Kent, les origines du héros sont racontés de manière très efficace, avec des rebondissements comme la tempête (et ici Clark sauve son paternel, on n’est pas chez Zack Snyder). Par la suite, la dynamique entre Clark et Lois, prête à tout pour rafler un scoop, est assez savoureuse.
Par contre, l’intrigue principale n’est pas assez étoffée pour occuper 15 épisodes. Superman affronte une méchante de pulp, Spider Lady, chef d’une organisation criminelle bien décidée à mettre la main sur une arme destructrice. Les scénaristes ont concocté quelques sympathiques péripéties, mais il y a aussi beaucoup de remplissage et un côté très répétitif (ce qui est le principal défaut de nombreux serials).

Grand succès en 1948, Superman a été suivi par un autre « film à épisodes » en 1950 : Atom Man vs Superman, une aventure dans laquelle l’Homme d’Acier doit contrer les plans d’un savant fou, un certain Luthor !
Mais ceci est une autre histoire…

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