SYKES (Pierre Dubois / Dimitri Armand)

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Sorti trois ans avant Texas Jack, Sykes se situe dans le même univers et suit le parcours d’un marshal obsédé par une mission. Il sera momentanément détourné de celle-ci par la traque d’un gang ayant assassiné la mère d’un enfant. Puis l’album suivra le héros et son équipier au fil de leurs missions, vieillissant et s’enferrant dans une vie de duels et de fusillades.

Si le trait de Dimitri Armand est encore un peu vert (et il est intéressant de le voir évoluer au fil des pages, l’encrage devenant à la fois plus gras et plus souple, les personnages étant plus ronds, moins anguleux et moins précis à mesure qu’on avance dans la lecture), le scénario de Pierre Dubois demeure assez classique.

Les gentils poursuivent les méchants, ça défourraille sec, et la mise en situation de l’équipe assemblée par Sykes, à laquelle se joint le jeune Jim, permet de renouer avec le thème classique de la transmission générationnelle. D’une certaine manière, c’est une version crépusculaire de Mon Nom est Personne, crépusculaire, sombre, pessimiste et qui se termine mal.

Comme pour Texas Jack, l’intrigue revêt un aspect un peu métatextuel, voire intertextuel. Métatextuel puisque la littérature, notamment son expression populaire via les dime novels romançant l’Ouest sauvage, est présente : Jim découvre des exemplaires dans les sacoches de Sykes, ce qui fait un pont entre les deux personnages. Intertextuel puisque des citations, placées sous formes de pensées du héros (hélas parfois alourdies par des notes de bas de case) viennent éclairer les comportements et les hantises du personnage tout en renvoyant à des classiques de la littérature (De Grandes espérances, Moby Dick…), que le grand lecteur qu’est Sykes garde en mémoire et emporte avec lui.

Si l’histoire est touchante et efficace, avec une noirceur assumée et la capacité de ne pas se complaire dans des péripéties heureuses (en gros, y a un côté sans concession qui se retrouve dans le volet suivant), l’ensemble reste assez classique. L’autre récit, Texas Jack, est sans doute plus surprenant.

Jim