[quote=« Jim Lainé »]Moi, de la « vieille » trilogie (puisqu’on en est là, le temps passe si vite), c’est celui qui m’intéresse le plus (c’est pas celui qui me plaît le plus, hein : la sécheresse et le côté percutant du premier l’emporte haut la main). Sans doute parce que, justement, contrairement au décalque que Cameron a fait de lui-même (décalque cohérent si l’on part du principe que le temps a sa propre résilience et mène aux mêmes événements quoi que l’on fasse pour l’en détourner : et là, la forme s’accorde au fond), le film de Mostow a le mérite de prendre à bras le corps le moment de basculement, le pont qui relie le sale gosse du présent au chef de guerre du futur. Chose vachement intéressante, c’est que le film s’ouvre sur une parodie du mythe (la moto, les bikers, les lunettes…) pour glisser lentement vers une déconstruction grave et inquiétante non seulement du mythe, mais également, carrément, de l’imaginaire post-nucléaire : finir sur un bunker abandonné qui témoigne de la paranoïa (et donc de la force d’imagination) de l’époque, c’est une idée formidable. Parce que l’on comprend à ce moment que le futur de la guerre a été créé par les hommes non seulement à travers leur technologie, mais aussi à travers leur propre vision du futur.
Le tout dans une ambivalence qui appartient totalement au mythe (même McG l’a compris, mais dans une forme particulièrement balourde), à savoir que ce sont les machines et la technologie qui deviennent les armes dans la lutte contre les machines et la technologie (la scène de l’accélérateur de particules en est un exemple parmi tant d’autres). Là, que l’imagination paranoïaque des années 1960 servent de réceptacle, de cocon protecteur, quasiment de berceau, à l’accouchement du chef de guerre de demain, c’est en filigrane la guerre qui crée celui qui va arrêter la guerre en faisant la guerre.
Le Terminator de Mostow, c’est pas la fin ni la négation du mythe, c’est la confirmation du mythe en poussant les curseurs à fond.[/quote]
Je vois ce que tu veux dire, et je vois aussi le film différemment. Il y a plein de bonnes idées, plus que je ne le pensais, avec une réflexion intéressante sur l’imaginaire, le destin, etc.
Je reverrai avec plus de curiosité ce 3, mais mon sentiment d’ennui perdure, ainsi que ce « je n’ai pas aimé ». Les acteurs pas au top, un rythme qui ne m’a pas plu, une T-Girl dont la présence flatte les mâles de façon trop évidente, une fin qui manque d’épique (mais on en reparle plus bas) et des personnages qui ne gagnent pas le charisme que j’espérais (mais oui, je pense bien avoir une « responsabilité » dans ce rejet du 3, dans le sens où j’en attendais sûrement trop).
[quote]Alors justement (et c’est là l’une des erreurs du film de McG, et l’un des choix casse-gueule de la production), c’est que Terminator, ça n’a jamais été de l’épique. Jamais. L’épique, c’est réservé aux scènes de combat, à la lutte des commandos humains, à la « guerre des machines ». C’est l’avenir, mais narrativement c’est les flash-back, et donc c’est l’imagination des protagonistes (l’un qui a connu et raconte, l’autre qui s’en fait une idée).
Terminator, c’est pas de l’épique. Terminator, c’est de la survie. C’est la lutte pour arriver jusqu’à demain de gens qui ne sont pas faits pour la guerre (une serveuse, son fils voyou, une vétérinaire de province…), et qui se retrouvent dans une situation qui les dépasse.
L’épique est réservé au « temps du héros », à la partie « légendaire » du mythe, à savoir le futur. Mais dans le présent, c’est un thriller avec un compte à rebours, c’est une course-poursuite.
En ce sens, Terminator ne fonctionne que tant que celui qui est poursuivi reste une « victime innocente ». Cameron l’a bien compris : le premier film prend fin quand la serveuse devient « la mère du futur ». Le film s’arrête à « Debout, soldat ». Et s’il reprend le mythe, c’est qu’il transfère l’intérêt sur le fils de Sarah. Quand ce dernier devient soldat (peu ou prou), l’histoire s’arrête. Si le troisième film fonctionne, c’est que John refuse ce rôle, donc pérennise la poursuite. Mais à la fin du troisième film, ça y est, il est devenu « John Connor le chef de guerre ». Et là, son histoire s’arrête. On rentre dans la dimension légendaire du personnage, silhouette entrevue sur fond d’explosions.
Donc faire un quatrième film qui se passe dans le futur avec John Connor, c’était con.[/quote]
Ta réflexion sur la survie et non l’épique est très vraie, et Salvation est bien plus casse-gueule que les autres car il « donne » aux spectateurs une vision de l’histoire qu’ils ont attendue/imaginée depuis si longtemps, et sous de si nombreuses folles (c’est un peu comme la prélogie de Star Wars, qui a autant déçu pour sa qualité intrinsèque que pour une vision que n’avait pas la majorité des fans de l’Ordre Jedi et du basculement d’Anakin Skywalker).
C’est vrai que T1 et T2 étaient sur la survie et sur le changement d’innocents en guerriers. Mais c’est bien parce que T3 veut aller plus loin, ose le pari de montrer ce moment du basculement qu’il fallait, là et le plus possible, de l’épique et du grandiose.
Evidemment que John Connor ne peut pas passer du jour au lendemain du zonard au guerrier, mais ce final est décevant car il est « poussé » dans son rôle. Oui, c’est vrai que sa mère et lui sont toujours « poussés » par les événements, qu’ils subissent et réagissent, mais j’aurais aimé voir là la naissance, active et volontaire, d’un héros ; pas la mise en avant d’un type qui a tout fait pour fuir ce rôle et qui le devient par dépit.
Après, j’avoue que la différence n’est pas énorme et certainement subjective, mais je n’ai pas ressenti ça en voyant le film. J’aurais voulu voir l’arrivée d’un héros, d’un type qui prend ses responsabilités et assume son destin. Ca, je ne l’ai pas vu, et je pense que ça aurait été le moment le plus épique et le plus évident dans cette histoire.
[quote]C’est à peu près le seul à s’en tirer, dans ce navet. Personnage de carton, peut-être, mais de carton animé, contrairement aux autres. Parce que, entre Christian qui bêle dans son micro, Michael Ironside qui garde les sourcils froncés et la moue crispée, Moon Bloodgood qui plaque une expression unique pour simuler la colère, la surprise, et la surprise colérique, ou Helena Bonham-Carter qui passe en revue les variations du regard de cocker triste qu’elle fait si bien, c’est quand même le catalogue des choses à ne pas faire en cas de mauvaise direction d’acteurs (avec un casting pareil, c’est encore plus fort que Snyder sur Man of Steel), en plus d’être le catalogue des samples de films célèbres nappés d’effets spéciaux.
Quel navet.
Ah ouais, c’est McG, j’oubliais.
Jim[/quote]
Bale en fait trop, certainement trop nerveux sur le plateau (son fameux pétage de plomb) et les errements du scénario, qui ne permettait pas de savoir vraiment le projet autour de John Connor (mort ? ressuscité ? martyr ? sachant que Bale s’implique tellement dans ses rôles, il a dû se sentir frustré, même s’il s’est comporté comme un connard durant le tournage avec son explosion de colère).
Les autres galèrent car ils n’ont jamais eu les capacités/n’ont plus fait étalage de leurs talents depuis longtemps. La majorité du casting était une fausse bonne idée, il aurait été encore mieux de prendre des acteurs moins connus (le duo Worthington/Bale était alors au sommet de leur popularité, ils n’avaient pas besoin d’autre chose pour promouvoir un film TERMINATOR, déjà méga-populaire) mais qui auraient mieux tenu leurs rôles.
Une vraie occasion manquée, Terminator Salvation.