REALISATEUR
Duccio Tessari
SCENARISTES
Giorgo Bonelli, Gianfranco Clerici, Marcello Coscia et Duccio Tessari, d’après la bande dessinée créée par Gian Luigi Bonelli et Aurelio Gallepini
DISTRIBUTION
Giuliano Gemma, William Berger, Carlo Mucari, Peter Berling, Aldo Sambrell…
INFOS
Long métrage italien
Genre : western
Titre original : Tex e il signore degli abissi
Année de production : 1985
Véritable institution en Italie, le ranger Tex Willer vit des aventures en bande dessinée depuis septembre 1948, l’année où il est sorti de l’imagination du scénariste Gian Luigi Bonelli et du dessinateur Aurelio Gallepini. Le héros sans peur et sans reproches, archétype du cow-boy dur à cuire et droit dans ses bottes, toujours flanqué de ses fidèles compagnons Kit Carson, son fils Kit et son frère de sang Tiger Jack, s’apprête donc à fêter ses 70 ans de succès et continue d’être publié dans de nombreux pays. En France par contre, les publications consacrées à Tex Willer se sont espacées ces dernières années, alors que les différentes séries du personnage avaient été publiées par Lug puis Semic en petit et grand format, des années 50 jusqu’en 2003.
Pour dessiner le Tex des origines, Aurelio Gallepini a souvent avoué avoir utilisé Gary Cooper comme modèle, tandis que les dessinateurs qui lui ont succédé ont fait évoluer son apparence physique. D’après le responsable éditorial Sergio Bonelli, Tex Willer avait parfois des faux airs de Charlton Heston et c’est justement le héros de La Planète des Singes qui avait été envisagé pour incarner l’Aigle de la Nuit (le nom Navajo de Tex) à l’occasion d’un premier projet de long métrage à la fin des années 60 (avec Jack Palance pour ce bon vieux Kit Carson). Une tentative qui n’avait pas aboutie, tout comme celle du début des années 70 qui aurait pu être réalisée par Tonino Valerii (Mon Nom est Personne).
Il a donc fallu attendre 1985 pour que Tex Willer apparaisse sur grand écran, des années après la fin de l’âge d’or du cinéma d’exploitation italien. Pour susciter l’intérêt pour ce western spaghetti (très) tardif, les producteurs ont opté pour l’adaptation d’une trilogie d’histoires mâtinées de fantastique et d’horreur, El Morisco, Sierra Encantada et Il signore dell’abisso (Tex 101 à 103 en 1969, par Gianluigi Bonelli et Guglielmo Letteri). Dans Tex et le Seigneur des Abysses, l’enquête sur le vol d’un chargement d’armes conduit Tex et ses compagnons sur la piste d’un trafic impliquant des bandits mexicains et une étrange secte indienne commandée par un fanatique obsédé par l’idée de se venger de l’homme blanc…
Dans les rôles principaux, on retrouve des figures bien connues des amateurs du genre. À presque 50 ans, Giuliano Gemma (Un Pistolet pour Ringo, Arizona Colt, Le Dernier Jour de la Colère…) affichait toujours une belle présence physique, autant dans les bastons que dans les chevauchées. Il compose un solide Tex et il est bien secondé par William Berger (Sartana, Sabata, Keoma…) qui personnifie ce sympathique vieux râleur de Kit Carson.
L’histoire joue donc avec des éléments familiers de la bande dessinée (comme El Morisco, l’érudit mexicain que Tex consulte à chaque fois qu’il est confronté à des événements étranges), qui ne sont hélas pas très bien mis en valeur par une production fauchée (effets spéciaux d’un autre âge, décors guère convaincants…) et un scénario un brin laborieux. Les scènes d’action qui émaillent le récit sont plutôt bondissantes, mais le rythme est très inégal. Duccio Tessari, qui avait déjà dirigé Giuliano Gemma à plusieurs reprises (Les Titans, Un Pistolet pour Ringo, Le Retour de Ringo…), n’a pas retrouvé ici le souffle de ses meilleures réalisations des années 60.
Selon plusieurs sources, Tex et le Seigneur des Abysses devait à l’origine être une mini-série pour la RAI, mais il a finalement été décidé d’en faire un long métrage, une sorte de « pilote de luxe » pour une possible série télévisée en cas de succès. Mais le film de Duccio Tessari a été démoli par la critique et le public et ces plans télévisuels ont été abandonnés…
Tex et Le Seigneur des Abysses est sorti en France en 1986, avec une jolie affiche mensongère qui fait passer cette adaptation de fumetti pour un ersatz d’Indiana Jones :