REALISATEUR
Fred F. Sears
SCENARISTES
Samuel Newman et Paul Changelin
DISTRIBUTION
Jeff Morrow, Mara Corday, Morris Ankrum, Louis Merrill…
INFOS
Long métrage américain
Genre : science-fiction
Année de production : 1957
En 1957, Jeff Morrow, un habitué du genre qui nous intéresse ici, vu, entre autres, dans Kronos, Les Survivants de l’Infini et La créature est parmi nous, se rend avec sa famille à la première de son nouveau long métrage, un film de monstres de série B distribué par la prestigieuse Columbia. Comme il l’a souligné par la suite dans plusieurs interviews, il avait, comme ses autres collègues acteurs, joué sa partition sans savoir à quoi l’oiseau extra-terrestre géant du scénario allait ressembler. Pendant une demi-heure, la projection se passe bien…jusqu’à ce que la bébête montre sa vilaine bobine et déclenche l’hilarité générale à chaque apparition. Préférant faire profil bas, Jeff Morrow murmure à l’oreille de sa femme :« tu me rejoins sur le parking » et file la queue entre les jambes sans demander son reste.
Il faut dire qu’il s’attendait à voir une créature animée image par image par le génial Ray Harryhausen…c’était ce que le producteur Sam Katzman avait sous-entendu. Et du coup, il ne s’attendait certainement pas à ça :
Sam Katzman avait bien prévu de faire appel à Ray Harryhausen aux premières étapes de la production. Mais après avoir fait les comptes, il s’est révélé que la stop-motion aurait coûté beaucoup trop cher. Et Sam Katzman, producteur à la réputation tyrannique, était également connu pour sa grande pingrerie (un pote à Roger Corman ?). On lui doit de nombreux serials, dont ceux de Batman, Superman et Jim La Jungle (les serials de jungle fauchés lui ont d’ailleurs valu le surnom de Jungle Sam), ainsi qu’une palanquée de séries B et Z (dont un certain Voodoo Man auquel j’ai consacré un billet récemment). Comme il n’avait aucune envie d’exploser son budget, Katzman a donc sous-loué les trucages de The Giant Claw à une petite boîte mexicaine. Et il a obtenu ce…truc qui fait depuis la joie des amateurs de monstres pourraves.
Ce qui est assez amusant à propos de The Giant Claw, c’est qu’il est tout de même moins catastrophique que ce à quoi je m’attendais…quand le monstre n’apparaît pas à l’écran. Il y a presque deux films en un. Du côté des qualités, l’interprétation est solide, le couple vedette dégage une belle présence (la scientifique incarnée par Mara Corday, vue notamment dans Tarentula, change agréablement des stéréotypes féminins de ce type de production), le scénario passe en revue toutes les figures imposées du genre (la menace extra-terrestre bizarre, le galimatias pseudo-scientifique à grands coups de références à l’atome et l’anti-matière, le rôle prépondérant de l’armée…)…bref, The Giant Claw est pendant une bonne partie du métrage une bisserie classique et divertissante, comme il y en avait à foison dans les fifties.
Et puis le gros zoiseau envahit l’écran et là, c’est le drame (ou la comédie, c’est selon) : cette grossière marionnette déplumée tout droit sortie d’une gueule de bois à la téquila fait plonger l’ensemble dans les abysses du nanar 5 étoiles. Ce cousin dégénéré de Beaky Buzzard fait la chasse aux avions, gobe leurs pilotes et fait peur aux populaces dans une série de stock-shots tirés des Soucoupes Volantes attaquent. Une succession de séquences joyeusement sabordées, un ratage qui confine au grand art !
Derrière la caméra, on retrouve le nom de Fred F. Sears, un de ces stackhanovistes de la série B versé dans tous les genres. Le bonhomme était tellement prolifique que 5 films portant sa signature sont sortis en 1958…alors qu’il est décédé fin 1957 ! Ce yes man n’en menait paraît-il pas large face à son radin de producteur adepte du népotisme (il imposa son fiston au poste d’assistant réalisateur).
Je laisse au gros piou-piou de l’espace la mot de la fin :
WAK ! WAK ! WAK !