THE MICHAEL MOORCOCK LIBRARY (Collectif)

Les sollicitations de septembre 2016 :

52Nbpk

THE MICHAEL MOORCOCK LIBRARY VOLUME 4: ELRIC: WEIRD OF THE WHITE WOLF HC
(W) Roy Thomas (A) P. Craig Russell
Compiling the short stories “The Dream of Earl Aubec,” “The Dreaming City,” “While the Gods Laugh,” and “The Singing Citadel,” The Weird of the White Wolf brings the albino prince Elric and his enchanted sword Stormbringer back to his city of Melniboné for a series of epic adventures, where his might and magic will face the ultimate test! (STL015158)
MATURE THEMES
HC, 7×10, 152pgs, FC $22.99

Hier, j’ai trouvé la réédition de Swords of Heaven, Flowers of Hell, une aventure d’Erekosé réalisée par Howard Chaykin à la fin des années 1970, sur un synopsis de Moorcock (ce qui en fait une histoire inédite en roman, un complément des récits littéraires, en quelque sorte.

FlowersOfHell-Reedition

Je le cherche depuis des années, dans son édition d’origine qui est particulièrement difficile à dénicher (album souple). Je me demande si des fragments, voire la totalité, n’est pas traduite dans des USA Magazine, mais j’ai la flemme de chercher.

FlowersOfHell-Firstversion

Et c’est magnifique. Et l’édition de Titan est splendide. Format comics (donc plus petit que le format graphic novel / album d’origine), mais parfaitement reproduit, sur un beau papier. Wahou !

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FlowersOfHell-double

Bref, très belle édition. Si tout est de ce tonneau, ça risque de faire un ensemble magnifique.

Jim

Ah ouais effectivement.

Après avoir cherché rapidement, je n’ai pas trouvé de traces d’une version française.

Tori.

Faut que j’aille faire de la varappe dans mes étagères, je crois savoir où chercher, faut juste trouver le temps de dégager quelques piles afin de placer le tabouret au bon endroit…
:wink:

Jim

En cherchant dans mes magazines, je note que je confondais avec Cody Starbuck, qui figurait dans le sommaire des six premiers numéros de Spécial USA (l’héritier de L’Écho des Savanes Spécial USA, ainsi que première formule de USA Magazine, qui reprendra sa numérotation).
Donc ouais, The Swords of Heaven, the Flowers of Hell reste inédit en France, apparemment.
Donc amateurs, n’hésitez plus.

Jim

Je viens de lire le bouquin, qui propose une chouette réédition, sur un beau papier mat, ce qui permet de faire respirer les couleurs sans qu’elles paraissent flashy. Très bon choix.

En gros, le héros était Erekosé, il est désormais Urlik Skarsol, personnage que Moorcock a mis en scène dans le roman Phoenix in Obsidian (dont j’ai l’impression qu’il n’a pas été traduit en France, mais allez savoir, je cherche sans doute mal…). Il se retrouve dans un monde qu’il ne connaît pas au début, et on le suit alors que les souvenirs lui reviennent de manière diffuse (c’est le « champion éternel », il s’accroche donc aux éléments qu’il reconnaît, et qui se font écho d’un univers à l’autre).
Une guerre se prépare, entre « le ciel » et « l’enfer », les forces du dernier s’apprêtant à mener l’assaut sur le premier. Urlik cherche des alliances, et comme souvent chez Moorcock, il en trouve, mais pas là où il cherchait. Le récit aligne des scènes de trahison, de poursuite et d’assassinat, jusqu’à ce que le héros puisse organiser une contre-attaque avec l’aide d’une assistance présente depuis le début du récit, mais qu’on n’attendait pas ici.

L’ntrigue est proposée par Moorcock, mais Chaykin se charge du découpage, du dessin et des dialogues (sans doute aussi du lettrage, magnifique, même si je n’ai pas trouvé d’info. Peut-être est-ce son vieux complice Ken Bruzenak qui s’en est chargé ?). Dans son introduction de 1979, reproduite dans l’édition Titan Books, l’écrivain explique que, certes, il a tâté de la BD à ses début de carrière (et de citer une longue liste qui donne envie de se mettre en chasse), mais qu’il a été dégoûté du genre. Raison pour laquelle (je la fais courte), puisqu’il apprécie le travail de Chaykin, il préfère lui confier une trame détaillée et le laisser s’exprimer pleinement. L’autre avantage, que Moorcock évoque également dans ce texte, c’est que cela lui évite de se répéter ou de se parodier lui-même.
Au final, ça donne un récit très sympathique, qui rebondit sur plusieurs thèmes de Moorcock dans cet univers du champion (le siège, la survie, la quête de l’amour perdu, l’arme maudite). Chaykin impressionne par sa virtuosité, l’histoire étant rythmé par des doubles pages à la composition toujours raffinée. C’est un joli tour de force. Et cette aventure étant inédite en roman, elle constitue un parfait complément pour les complétistes du romancier.

(Reste qu’à la lecture, j’ai toujours l’énorme sensation d’avoir déjà lu cette histoire. Et même si les récits inscrits dans le vaste cycle du « champion éternel » peuvent donner cette impression parce que certaines péripéties et certains nœuds d’histoire se répètent, j’ai quand même l’impression d’avoir vu ces pages. Faut que j’aille fouiner dans d’autres magazines, afin de m’assurer de la chose.)

Jim

P.S. : en parlant de l’influence de Moorcock sur les comics :

C’est sûr que sur papier brillant, ce serait du massacre !

le roman Phoenix in Obsidian (dont j’ai l’impression qu’il n’a pas été traduit en France, mais allez savoir, je cherche sans doute mal…).
Il l’a été, mais sous le titre alternatif (The Silver Warriors) : Les Guerriers d’Argent.

Tori.

Ma recherche à partir de Urlik Skarsol n’a pas donné grand-chose en français (en même temps, je n’ai pas cherché au-delà la page 2). En revanche, avec « guerriers d’argent », ça va un poil plus vite, merci.
Bon, je vois une intégrale chez Pocket de 2007. Ça doit encore être accessible, ça.

Jim

Ah, je savais bien !!!
J’ai déjà lu cette histoire, en VF, il y a des années, dans les cinq premiers de la revue Fantastik, éditée par les Éditions Campus. L’impression y est pas mal, mais le lettrage est, comment dire cela de manière douce… négligent ? Voilà. Négligent.

Fantastik1

Mais à défaut, pour les francophones qui fréquentent les bouquinistes, ces cinq premiers numéros constituent une occasion de découvrir un chouette boulot de « jeunesse » de Chaykin.

Pour les curieux, on parle de la revue Fantastik ici :

Jim

En effet, sous le titre « Les épées du ciel, les fleurs de l’enfer »…
Mes recherches n’avaient pas abouti… et maintenant que tu as trouvé, je trouve l’info également… Comme je l’avais dit, j’avais cherché rapidement… Mais tout de même, un simple passage sur GCD donne la réponse ! T___T

Tori.

Oh, j’ai fouiné dans ma collection personnelle… qui était très mal rangée, au demeurant, sur ce rayon-là…

Jim

Certaines revues et certains magazines francophones n’ont pas forcément leurs sommaires bien référencés sur les sites qui leur sont consacrés (quand le sommaire des numéros apparaît !).
Sur comicsvf, il y a bien la fiche de Fantastik, ainsi que le sommaire de certains numéros, mais sans les liens vers les œuvres d’origine (et sans les auteurs, du coup), ce qui ne facilite pas la recherche inversée (mais c’est un tel travail de tout référencer, aussi…).

Tori.

Faudrait que je prenne le temps d’indexer ce que j’ai… mais justement, il y a le mot « temps », qui constitue un problème…

Jim

Et plus il passe, plus il le fait rapidement, en plus, le bougre !

Tori.

Même le temps n’a plus le temps de prendre son temps.

Jim

Même par beau temps ?

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Récemment (bon, c’est dans le cadre de la traduction d’épisodes de Tom Strong, mais chut, je vous ai rien dit), je resongeais à la discussion qu’on a eue au sujet de l’influence de Moorcock sur les comics. Et je me disais que, au final, c’est peut-être au niveau des univers parallèles et des versions alternatives que c’est le plus sensible.

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Bon, les versions alternatives de personnages, c’est pas une idée nouvelle dans le monde des super-héros. Umberto Eco en parlait quand il évoquait les « untold tales » et les « imaginary stories » (visant essentiellement Superman, mais on peut élargir), et ce grand esprit se référait assurément à une période que Moorcock (et d’autres, je pense à Zelazny) ont dû lire dans leur jeunesse. Donc les versions parallèles des héros, ça ne date pas de ces deux écrivains (et quelques autres). Mais Moorcock, avec son « Multivers », a imposé l’idée qu’on pouvait trouver des versions à géométrie variable du même personnage.

Et là, avec les mondes parallèles (appréciés par Roy Thomas, lui-même inspiré du système Terre-1 / Terre-2 instauré dès 1961 dans Flash #123), on a un équivalent. Des concepts comme le « what if » chez Marvel ou le « Elseworld » chez DC viennent directement de là, ce dernier raffinant la sauce un peu plus.

Au-delà des épées enchantées, des objets maudits, des artefacts parasites d’un côté, et des mondes alternatifs de l’autre, je crois que l’expression la plus moorcockienne du super-héros, on la doit à Alan Moore, qui décidément aura marqué son époque à plein de niveaux. Je n’ai pas en tête l’ensemble des aventures du Captain Britain, ni l’ordre d’icelles, mais durant la période Moore, on a droit à une déclinaison intéressante du corps d’élite, et à l’apparition (suggérée ou non) de versions alternatives de mondes et de personnages (le motif du phare reprend celui de la tour qu’on trouve dans Une chaleur venue d’ailleurs, ce qui me semble éloquent).

Et je crois qu’on ne dira jamais assez l’impact qu’a eu ce concept sur l’ensemble de la production, qu’il s’agisse bien entendu des X-Men de Claremont (qui adore montrer des versions alternatives de ses personnages), mais aussi d’épisodes de séries telles que Authority, par exemple.
Et à bien y réfléchir, je crois qu’il est là, l’apport le plus moorcockien aux comics.

Jim

Complètement : ton propos illustre clairement ce qui saute aux yeux, au regard de l’influence de Moorcock. Plus j’y pense, plus Alan Moore apparaît comme l’un des héritiers, plutôt l’un des passeurs d’idées de Moorcock dans les comics les plus évidents, et efficaces.
Captain Britain et son Corps sont, évidemment, pleinement intégrés dans les thématiques de Moorcock… et, finalement, aussi proche du Champion Eternel, dont nous parlions ailleurs !

Très intéressant, tout ça. Vous me donnez envie de me replonger dans mes Moorcock (ma dernière lecture d’un de ses romans doit bien remonter à une bonne dizaine d’années)…