THE MIRROR / OCULUS (Mike Flanagan)

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[quote]DATE DE SORTIE PREVUE

11 avril 2014 (USA)
Indéterminée (France)

REALISATEUR

Mike Flanagan

SCENARISTES

Mike Flanagan & Jeff Howard

DISTRIBUTION

Karen Gillan, Katee Sackhoff, Brendon Thwaites, James Lafferty, Rory Cochrane…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Année de production : 2013

SYNOPSIS

Après avoir passé dix ans en institut psychiatrique, Tim Russell, la petite vingtaine, retrouve la liberté. Alors qu’il souhaite tirer un trait sur la mort violente de ses parents - le traumatisme à la source de son internement -, sa soeur Kaylie lui rappelle qu’ils s’étaient autrefois promis d’enquêter sur les causes mystérieuses de ce drame. Elle achète alors le miroir qui, selon elle, aurait précipité leurs parents dans une démence des plus diaboliques…[/quote]

La bande-annonce :

La nouvelle bande-annonce :

Sa serait bien qu’il sorte dans les salles françaises aussi

L’une des forces d’Oculus, c’est cet équilibre très réussi entre drame et horreur, entre fantaisie et réalité, entre réel et irréel. Mike Flannagan prend d’abord le temps de décrire la relation entre ce frère et cette soeur dont la jeunesse a été brisée par un événement traumatique, la perte de leurs parents causée par un miroir démoniaque. La faute était pourtant retombée sur le cadet, qui s’est persuadé après des années en hôpital psychiatrique que l’horreur de cette fameuse nuit a été causée par la folie de leur père. La soeur, quant à elle, reste convaincue que le miroir est la cause de tout et a préparé une confrontation avec l’entité qui se trouve à l’intérieur.
J’ai aimé la façon dont le réalisateur et scénariste sème constamment le doute sur la véracité de ce qui se déroule, par des fausses pistes, par des effets de montage. Le montage est d’ailleurs très important puisqu’on assiste en parallèle aux actions du passé et du présent…deux temporalités qui ne cessent de se chevaucher pour mieux se rejoindre dans un final de plus en plus ébouriffant. L’entité maléfique brouille autant la réalité que les sens et il devient alors aisé de se perdre dans cette ambiance cauchemardesque.
C’est bien réalisé, très bien interprété (autant par les gamins que par les adultes), les effets chocs et les visuels horrifiques sont redoutablement efficaces, le suspense est palpitant…bref, un très bon film d’horreur !

Intéressant, j’avais loupé ça mais je viens de tomber sur un autre avis assez élogieux, et du coup je vais me la faire je crois. Un bon film d’horreur par les temps qui courent, ça ne se refuse pas.

Tu peux.
Je confirme tout le bien que Le Doc en dit.

À noter que Oculus a été retitré The Mirror pour sa sortie française (directement en DVD le 15 avril).

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(Le français, langue latine ? Quelle tristesse…)

Jim

[quote=« Le Doc »]L’une des forces d’Oculus, c’est cet équilibre très réussi entre drame et horreur, entre fantaisie et réalité, entre réel et irréel. Mike Flannagan prend d’abord le temps de décrire la relation entre ce frère et cette soeur dont la jeunesse a été brisée par un événement traumatique, la perte de leurs parents causée par un miroir démoniaque. La faute était pourtant retombée sur le cadet, qui s’est persuadé après des années en hôpital psychiatrique que l’horreur de cette fameuse nuit a été causée par la folie de leur père. La soeur, quant à elle, reste convaincue que le miroir est la cause de tout et a préparé une confrontation avec l’entité qui se trouve à l’intérieur.
J’ai aimé la façon dont le réalisateur et scénariste sème constamment le doute sur la véracité de ce qui se déroule, par des fausses pistes, par des effets de montage. Le montage est d’ailleurs très important puisqu’on assiste en parallèle aux actions du passé et du présent…deux temporalités qui ne cessent de se chevaucher pour mieux se rejoindre dans un final de plus en plus ébouriffant. L’entité maléfique brouille autant la réalité que les sens et il devient alors aisé de se perdre dans cette ambiance cauchemardesque.
C’est bien réalisé, très bien interprété (autant par les gamins que par les adultes), les effets chocs et les visuels horrifiques sont redoutablement efficaces, le suspense est palpitant…bref, un très bon film d’horreur ![/quote]

Alors je serai un poil moins enthousiaste (bah ouais, je viens de le voir : en général, quand le Doc aime bien, je suis curieux). C’est très sympa, mais l’expression « final ébouriffant » m’a sans doute un peu trop bien vendu le truc.
C’est quand même très basique, comme postulat de départ : un personnage traumatisé (on pense au Haunting de Robert Wise), une maison (là, relativement moderne et pavillonnaire, ça change, mais pas tant que ça…), une volonté de rationaliser, des lampes qui s’éteignent (Poltergeist, tout ça…), un homme qui travaille à son bureau et des papiers qui témoignent de son obsession grandissante (Shining…). Le miroir lui-même est également l’une des portes d’entrées du fantastique, donc, pareil, terrain connu.
Après, le scénario s’amuse à tromper les attentes en posant plein de jalons (le chien, les caméras…) et en proposant d’autres solutions. D’une part, ça surprend le spectateur en mode « on me la fera pas à moi », et d’autre part ça permet de maintenir l’atmosphère « on va rationaliser tout le bazar ». Du coup, on a une moitié de film où la tension repose sur la fratrie qui se déchire autour d’un passé douloureux.
L’autre moitié, c’est l’intrigue fantastique elle-même. S’il reste quelques trucs hautement prévisibles, c’est assez bien mené. La folie n’arrive pas toujours là où on l’attend, donc c’est pas mal. Ça fonctionne un peu comme un virus, il y a quelque chose de très maladif dans la représentation de la démence, c’est plutôt bien vu.
Ensuite, effectivement, le montage est assez fort, il joue sur les perceptions des protagonistes, mais aussi sur celles des personnages. Comme une sorte de mise en abyme. C’est bien foutu.
Autre truc intéressant, le film tourne autour des souvenirs du frère et de la sœur. Du coup, on navigue entre présent narratif et flash-back, mais au final, on peut même se demander si, à l’intérieur de la maison, le temps ne fonctionnerait pas de manière différente, en boucles, en nœuds, en croisillons. Comme si, au final, la fratrie adulte revit ce qu’elle a vécu enfant, les jeunes étant témoins aussi de ce qu’ils vivront plus tard. Et là, ça crée une temporalité vraiment intéressante.
L’autre point fort, c’est que le film, travaillant sur les impressions, est d’une sobriété de chameaux sur les effets gore. C’est rafraîchissant, ça soulage, renouant avec une dimension implicite de l’horreur.
Alors oui, c’est pas mal. Surtout parce que les personnages sont crédibles à force d’avoir été travaillés en amont. C’est pas le film de possession / malédiction / fantômes du siècle, mais c’est plutôt roublard et bien ficelé.
Je suis moins enthousiaste que le Doc, mais j’y trouve pas mal de qualités.

Jim

Mike Flanagan ne cherche pas à révolutionner le genre je trouve, mais plutôt à proposer une variation sur ces thèmes connus. Et il le fait avec talent et une grande efficacité, avec tout plein de choses très intéressantes au niveau du scénario et de la réalisation, comme tu en as toi-même relevées. J’apprécie ça et c’est quand même nettement moins vain que pas mal de films d’horreur actuels si artificiels. C’est super bien structuré, prenant, angoissant, jusqu’à un final qui m’a bien cloué au fauteuil.
Ce n’est peut-être pas le film de possession / malédiction / fantômes du siècle pour reprendre tes mots, mais pour moi ça reste l’un des meilleurs films d’horreur récents. Je vais suivre avec intérêt le boulot de Mike Flanagan (son nouvel opus, Somnia, sort dans quelques mois)…

Je suis moins au fait de l’actualité horrifique que toi (mes références, tu l’as vu, ont déjà quelques heures de vol), donc j’ai du mal à comparer. Ce que j’aime bien dans ce film, c’est sa volonté de se démarquer de l’esthétique japonaise qui a un temps été récupérée par le cinéma américain. Non que je ne l’aime pas, cette esthétique post-Ring, mais bon, il est intéressant de voir comment un auteur peut jongler avec une thématique assez proche (la maison, l’enfance, le souvenir, la fratrie…) tout en renouant avec une tradition plus occidentale.

Jim

Un film à l’ancienne, c’est vraiment le qualificatif qui convient le mieux à « Oculus », et ce à deux niveaux : les thématiques et les caractéristiques du récit d’une part, et la mise en scène d’autre part.
Il y a d’ailleurs une anecdote très révélatrice de l’approche de Flanagan : « Oculus » est le développement tardif d’un court, paraît-il impressionnant, que Flanagan a réalisé en 2006 (et dont le titre est « Oculus : Chapter Three - The Man with the Plan »). Dans la foulée, on propose au jeune cinéaste de l’adapter en long, mais selon les méthodes du found-footage, qui commence à battre son plein. Couragement, Flanagan refuse, perdant quelques années avant de pouvoir réaliser un premier long très modeste, « Absentia » en 2011.
Quand on voit « Oculus » (le long), on comprend pourquoi : la technique du found-footage aurait ruiné les qualités du film.

Au niveau des thématiques et de l’ambiance, du feeling, on est effectivement en terrain connu : père de famille dysfonctionnel et enfance meurtrie, Stephen King n’est pas bien loin. Une référence cohérente, King ayant contribué au même titre qu’un Friedkin au cinéma à déplacer le cadre de l’horreur, et de la déménager des châteaux gothiques des Carpathes vers les pavillons de banlieue, et autres lieux typiques de notre contemporanéité. C’est un peu l’ambiance d’Oculus.
Flanagan joue d’ailleurs de cette confrontation entre deux types d’horreurs, l’une classique (c’est la fonction du miroir maudit) et l’autre moderne (l’environnement et le recours à la vidéo). Mais cette modernité, comme celle des grands maîtres de la J-Horror (Nakata, Kurozawa…), se place dans le droit fil d’une grande tradition du fantastique comme perturbation subtile du réel, et de mise en place de toute une ambiguïté afférente. Le récit, s’il perd parfois de sa dynamique et accuse quelques temps morts vers la fin, est tout de même remarquablement tenu et très fin, avec un dispositif pourtant sacrément casse-gueule, celui des deux lignes temporelles parallèles.

Et c’est là que le classicisme et la rigueur de metteur en scène de Flanagan rentre en ligne de compte. Il est crucial de relever que le cinéaste est monteur de formation, et signe lui-même le montage de son film. D’où, pour porter le dispositif passé / présent, le recours à des raccords et des ellipses proprement bluffants, avec d’ailleurs un crescendo intéressant (très subtiles au début, les transitions deviennent plus voyantes et scotchantes dans la dernière partie du film, intriquant les lignes temporelles l’une dans l’autre). Tout ça aboutit à des idées parfois bluffantes, comme ce plan génial où deux persos se croisent dans les escaliers à onze ans d’écart, mais ensemble à l’écran. Un plan qui abolit réellement les limites du temps et de l’espace.
En parlant de gestion de l’espace, Flanagan met son film en scène de manière totalement non ostentatoire, et je dois dire que cette retenue me parle beaucoup. S’appuyant sur les forces les plus élémentaires du cinéma de l’âge d’or (champ / contre-champ, substitution, escamotage…), le réal développe des idées très simple, et son talent pour le découpage et le montage sublime le tout. Je pense à cette scène aussi simple que frappante, celle de la pomme et de l’ampoule…

De manière plus abstraite, en plus de ce questionnement sur la folie et ses conséquences (où l’ambiguïté plane jusqu’au dénouement inclus), le film aborde la question de la perception visuelle et de ses erreurs, avec la mise en scène de subjectivités « malades », questionnant en permanence la nature des images perçues par le spectateur. Les scènes de disjonction image vidéo / réalité, très Lynch dans l’esprit, sont particulièrement intéressantes à ce titre…

Un sacré film qui promet du lourd pour la suite…encore que je me demande bien ce qu’il va foutre sur le remake de « Souviens-toi l’été dernier », pas spécialement le projet qui me tente le plus sur le papier !!

Ouais, je me le demande aussi…mais d’après ce que j’avais lu, il ne serait pour l’instant attaché au projet qu’en tant que scénariste et producteur. Ca m’intéresse tout de même un chouïa moins que l’adaptation du roman Jessie de Stephen King qui est aussi dans ses cartons…
Mais avant ça, il y aura Somnia !

C’est vrai qu’il est bien foutu le Oculus de Flanagan. Ce qui me fascine le plus dans le film, c’est cette juxtaposition entre le passé et le présent. Sobre au départ, elle devient moteur de l’action lorsque les personnages, hantés par le miroir, « découvrent » leur passé en même temps que le spectateur (le jeu d’acteur des deux enfants est assez stupéfiant de sincérité). C’est ingénieux et efficace.

Et si le dénouement de l’intrigue est fortement attendu (mais n’est-ce pas son but ?) la conclusion est d’un poignant assez extraordinaire. Il fait écho à ce cercle vicieux dans lequel semble plonger nos deux héros tête la première.

[size=85]Par contre, il va falloir arrêter de surexploiter cette image du poltergeiste féminin avec ses cheveux sur le visage. J’ai plus souvent envie de rire que de me manger les ongles.[/size]

En ce qui me concerne, le visionnage de ce film aura été une déception. On y trouve de bonnes idées qui sont rapidement annihilées par des apports pourries.
Et cette fin prévisible, justement, je la trouve trop balisée. En une seule scène dans le film, on sait comment ça va finir.
Par contre, oui, cette idée du cercle vicieux, même si elle a très / trop souvent été utilisée, permet de proposer une fin bien sombre, à la King/Carpenter.