DOCTOR SLEEP (Mike Flanagan)

Le petit Danny Torrance est désormais adulte. Il a échappé au sort de son père alcoolique et travaille en tant qu aide-soignant dans un hospice où il utilise ses pouvoirs surnaturels pour apaiser la souffrance des mourants. D où son surnom : Docteur Sleep. Il rencontre Abra, fillette de 12 ans, pourchassée par un étrange groupe de voyageurs qui traversent les Etats-Unis en se nourrissant de la lumière des enfants télépathes. Commence alors une guerre épique entre le bien et le mal…

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Après Jessie, Mike Flanagan (Oculus, The Haunting of Hill House…) réalise actuellement sa deuxième adaptation d’un roman de Stephen King avec Docteur Sleep.

Et c’est Ewan McGregor qui incarne Danny Torrance, le gamin de Shining, à l’âge adulte. À ses côtés, on retrouvera notamment Rebecca Ferguson (Mission:Impossible 5 et 6) et Bruce Greenwood (déjà à l’affiche de Jessie).

Sortie française le 30 octobre 2019.

Le sujet sur le roman :

quelle chouette lecture ce fut :slight_smile:

Premier trailer :

Je n’ai jamais été particulièrement fan de Stephen King, et je ne cours donc pas nécessairement les adaptations de ses œuvres, mais là je fais confiance à Flanagan.

La BA semble prometteuse. McGregor a également l’air ben dans le rôle.

Je suis juste un peu surpris par le nombre de citations du film de Kubrick à l’image, c’est quand même inviter les ennuis que de prendre le risque d’une comparaison aussi directe.

What you’ve seen today in the more iconic imagery that’s been on the screen, that isn’t taken from the Kubrick film. There’s only one shot in the trailer you saw that’s actually his footage, and that’s the shot of the bloody elevators. Everything else is us. Everything else is our recreation. I don’t want to spoil to what extent, outside of what you’ve already gotten to see, what we’ve been able to revisit from Kubrick’s world, but I can say that everything we decided to use, our attention was always to detail and reverence and making sure we were doing it properly, with the hope that even the most rabid cinephiles might not be able to tell the difference between some of our frames and some of his. That’s always been the goal. We were able to do that with the full support of the Kubrick estate, who were willing to provide us with his plans.

INTERVIEW DE MIKE FLANAGAN :

J’ai essayé de rester flou avec mon terme de « citation », parce qu’effectivement je n’étais pas capable de dire, là comme ça au débotté, si ça relevait ou pas de l’insert direct ou de la copie (millimétrée). Dans les deux cas, ma réflexion demeure a priori la même : faut quand même avoir les bollocks pour se lancer dans ce genre de démarche, c’est-à-dire mettre directement sous les yeux des spectateurs quelque chose qui va forcément appeler la comparaison, avec un niveau de qualité stratosphérique. Vu ce que laisse entendre l’interview, d’une part, et, d’autre part, la confiance que je peux avoir dans le talent de Flanagan d’après ce que j’ai vu de lui jusqu’ici, je veux bien croire que le résultat peut rendre un résultat assez fascinant… mais ça demeure une prise de risque, alors qu’il aurait pu se contenter de tourner sa propre version des événements de l’Overlook Hotel pour les flashbacks et personne ne lui en aurait voulu (surtout quand on sait ce que Stephen King pense du film de Kubrick).

Pas sûr, je pense qu’une frange du public aurait pu au contraire lui reprocher de ne pas s’y frotter du tout.

Et King leur a laissé faire le lien de parenté avec le film de Stanley Kubrick : https://stephenkingfrance.fr/2019/06/doctor-sleep-flanagan-negociation-stephen-king-shining-kubrick-univers/

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La bande-annonce finale :

Quand je vois cette bande-annonce, et à l’aune de travaux antérieurs du réalisateur comme « Oculus » (ou « The Haunting Of Hill House », dont j’ai vu et adoré les premiers épisodes ; hâte de boucler ça pour échanger avec Tonton Hermès qui a surkiffé la chose de son côté…), je me dis que Flanagan est vraiment l’auteur idéal pour emballer cette adaptation de « Doctor Sleep » : allers-retours entre passé et présent magnifiés par un sens du montage et du découpage affolant, thématique passionnante de la « matérialité » des images mentales (déjà présente dans « Shining », évidemment)… c’est du pain bénit pour lui.

Mouais.
Bon c’est pas mal, mais c’est quand même assez longuet, même si ça n’a rien de terrifiant, mais peut-être suis-je trop blasé, d’ailleurs, Shining m’a laissé en plan également, je n’y ai rien vu d’angoissant. On peut dire que le réalisateur prend son temps pour te présenter tout le monde, mais franchement, même si on fait référence avec ce passage dans le passé à Shining au début du film, on n’aurait pas ça que le film pourrait carrément s’en affranchir. Disons que si on arrive en retard, on va avoir du mal à se dire que c’est une suite de Shining.

Sauf à la dernière demie-heure, où là, c’est le festival, avec ses références, ses scènes miroir etc. Fan-service ou autre chose ?
J’avoue ne pas avoir lu le livre.

En fait, j’ai eu l’impression de voir un film de super-héros :slight_smile: plus qu’un thriller.
Ou du moins un récit super-héroïque (pas du Marvel pop-corn), avec ses vampires aux super-pouvoirs, les combats mentaux, le gentil McGregor tout bosselé par la vie et cette petite fille aux dons surdéveloppés.

Alors on sent bien les efforts pour déstabiliser le spectateur, avec certains plans, des effets sonores comme les battements de coeur, mais j’y suis resté plutôt insensible.

Les acteurs sont très bons, McGregor, Ferguson est géniale, même la jeune Kyliegh Curran.
Après, l’intrigue est hyper classique, on voit les choses arriver de loin, sans surprise, c’est un peu problématique pour te faire sursauter. On n’évite pas non plus certains ventres mous, presque inévitables sur la longueur du film.

Plutôt mitigé de mon côté (en revanche, ma femme a bien aimé).

Concilier deux approches si différentes n’était pas chose aisée mais pour moi Mike Flanagan a réussi son pari. Doctor Sleep fonctionne dans un premier temps comme une adaptation plutôt fidèle (à quelques détails près bien entendu) du roman en suivant des personnages attachants et des méchants étonnants. Ewan McGregor est très bon dans le rôle d’un Dan Torrance qui tente d’échapper à son destin (reproduire le schéma paternel) et à ses fantômes (qui ne l’ont pas quitté depuis son départ de l’Overlook). La jeune Kyliegh Curran est très convaincante en adolescente qui a le même don que Danny (mais qui est nettement plus puissante) et qui attise l’intérêt d’un groupe de nomades qui s’assurent une longue vie en se nourrissant du shining. Une sorte de variation sur le vampirisme donc…Rebecca Ferguson est magnifique et charismatique en leader de ces créatures qui ont perdu leur humanité comme le démontre la difficile scène de la mort du petit joueur de base-ball. On suit le parcours croisé de ces personnages dans une première moitié qui manque parfois de rythme mais pas d’intérêt. C’est bien caractérisé, bien joué, la tension monte progressivement et il y a beaucoup de très bonnes idées dans la représentation des pouvoirs et des luttes mentales que se livrent Dan, Abra et Rose.
C’est surtout dans la dernière partie que Doctor Sleep rejoint le Shining de Stanley Kubrick. Mike Flanagan s’écarte donc du dernier acte du roman en affirmant son film en tant que suite du Kubrick et il le fait sans trahir l’esprit de Doctor Sleep. Certaines critiques ont parlé de « fan-service » mais je trouve qu’on échappe à cela car les références, les effets-miroir, les scènes-chocs servent l’histoire et la trajectoire des protagonistes. Et c’est très bien fait, prenant jusqu’à un final doux-amer et touchant…avec une note d’espoir…