THE PALE BLUE EYE (Scott Cooper)

1830. Un détective chevronné enquête sur les meurtres qui ont eu lieu au sein de l’Académie militaire américaine de West Point, aidé par une jeune recrue méticuleuse qui deviendra plus tard un auteur mondialement connu, Edgar Allan Poe.

Policier/horreur
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par Scott Cooper, d’après le roman de Louis Bayard
Avec Christian Bale, Harry Melling, Gillian Anderson, Lucy Boynton, Timothy Spall, Toby Jones, Charlotte Gainsbourg, Robert Duvall…
Année de production : 2022
Date de sortie non communiquée

Pour paraphraser Jim : quel casting.

Ici, je ne les connais pas tous. Mais ceux que je connais, majoritaires, attirent mon attention, c’est clair.

Jim

Il faut bien Scully pour enquêter là-dessus

Projet très excitant, ça, je l’attends de pied ferme.

Ouuuhhhh. Ca donne envie

blob

Déception en ce qui me concerne, même si le film est loin d’être déshonorant…
Mais avec un pitch pareil et un casting aussi « stellaire », on pouvait s’attendre à mieux.

L’histoire signée Louis Bayard (qui est américain et non français, malgré son patronyme) est intéressante et s’appuie sur un fait réel de la biographie de Poe : l’auteur a bel et bien « étudié » à l’académie de Westpoint. Bon, j’imagine que l’acuité historique des faits s’arrête là.
Je redoutais un peu d’ailleurs les clins d’oeil inévitables (et il y en a en effet) au corpus de Poe ; ce genre de références est parfois lourdement appuyé, dans un tel contexte. Ici, mine de rien, c’est assez subtil : un corbeau par-ci, la chute d’une maison (comme chez Poe, dans tous les sens du terme : le bâtiment et la lignée) par-là, et évidemment, le détective Augustus comme probable source d’inspiration d’Auguste Dupin…
Tout ça est plutôt pas mal foutu, sans compter, pour ne rien gâter, que Poe est remarquablement incarné par l’excellent Harry Melling, qui a vraiment la tête d’un Poe jeune.

Bon, à la rigueur, si tout cela est plaisant, ça ne fait pas un bon film, bien sûr. Mais la première heure, au rythme très soutenu et dense, donne plutôt confiance, avec une efficacité dans l’exposition assez redoutable. Hélas, cette heure de très bonne tenue est suivie d’un gros ventre mou, alors que le film s’achève sur un double climax qui confère au film une dynamique un peu étrange, et pour tout dire bancale.
En effet, l’enquête, croit-on, se trouve résolue à un moment de manière assez décevante. Cette déception, compte-tenu du nombre restreint de suspects, était à prévoir. Tout ça pour ça, se dit-on… Mais le film rebondit alors vers une sorte de deuxième conclusion, bien plus surprenante (je l’avais pas vu venir, perso) et même assez touchante. Pas mal, mais de façon peut-être injuste je trouve que le film souffre énormément de la baisse d’intensité dramatique qui suit la première révélation. Inévitable peut-être, mais le ressenti est celui-là.
D’autre part, je ne suis pas sûr que la « vraie » révélation survive à un deuxième visionnage sans quelques rires involontaires… même si Cooper a été suffisamment malin pour planter des graines très tôt dans le métrage.

Et puisqu’on parle de Cooper : c’est le premier film signé par lui que je vois, donc je ne peux dresser de parallèle avec ses précédents métrages. Mais si la photo est magnifique (et tire des effets intéressants des paysages enneigés) et que quelques cadrages inspirés surnagent à l’occasion, sa mise en scène me semble très académique, voire un peu… chiante. Je relève quand même une utilisation intéressante des drones : l’utilisation de ceux-ci est devenue tellement courante et systématique qu’elle en est assez banale finalement ; mais Cooper opte pour des plans certes aériens mais « à basse altitude », genre trois quatre mètres, et j’adore le rendu je dois dire. Il y a des plans pas mal pendant les scènes de fouille en forêt à ce titre.
Mais sinon, rien de bien passionnant à signaler sur ce plan-là.

Il semblerait que Cooper soit également un directeur d’acteurs pas forcément très inspiré (il est pourtant lui-même acteur, je crois), tant les performances de ses interprètes varient en qualité. Si Melling ou Toby Jones sont excellents, Bale alterne entre les très convaincant et l’outrancier. Quant à Gillian Anderson par exemple, j’ai beau l’adorer, force est de constater qu’elle est totalement en roue libre ici.

Du gros potentiel donc, un peu gâché par un manque de vista au niveau de la mise en scène, et quelques soucis de dynamique globale dans la course du récit.
Un film qui reste fort agréable quand même, hein, si l’on kiffe ce type de whodunit.

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Ah, une remarque complémentaire : même si le pan « mystique » du film est un peu traité par-dessus la jambe (autre défaut du script), le basque que je suis a goûté, si je puis dire, à la référence au célèbre inquisiteur basque Pierre de Lancre, dont le vrai nom était de Rosteguy (ça sonne plus couleur locale)… même si là aussi, l’approximation est de rigueur : il n’est pas à l’origine de la mort de 600 « sorcières » comme dit dans le film, mais plutôt 150 ou 200. Oui, je sais, ça fait déjà beaucoup…!

Plus j’y pense, et même si je suis sûr qu’il y a des contre-exemples, mais… j’en viens à me demander s’il y a « vraiment » des bons films originaux par Netflix, en fait.
J’ai l’impression que même de grands et bons réalisateurs livrent quelque chose proche du minimum syndical pour la plateforme.

Eh bien, la question à tout le moins mérite d’être posée.
Je pourrais citer grand maximum trois ou quatre contre-exemples au constat que tu dresses ; le Scorcese par exemple, « The Irishman », m’a vraiment emballé. Et s’il faudrait que je le revois pour me forger une opinion définitive tant le film est étrange, « White Noise » de Noah Baumbach est au minimum un film très intéressant. « Don’t Look Up » d’Adam McKay, en plus d’être une bonne comédie, est devenu un film relativement « important », plutôt rare sur la plateforme. Et le dernier Iñárritu, un réal que je n’aime pas habituellement, a l’air très ambitieux, aussi, et doit mériter le coup d’oeil.
Mais sorti de là, c’est un peu le désert de Gobi, quand même.

Oui, c’est pour ça que j’évoquais d’évidents contre-exemples… mais qui, peut-être, incarnent des exceptions à une masse de films, et même de films de réalisateurs de renom, qui sont essentiellement moyens, sans plus.
Je me demande pourquoi.

Manque d’expérience de Netflix dans le suivi, la gestion, l’accompagnement des créatifs ?
Après tout, même si j’y connais très peu, je me doute qu’un producteur et encore plus producteur exécutif, ça peut bien aider…

Put*in, j’avais lu " écrit par Louis Boyard".

J’ai eu peur.

Ah plus que ça, c’est indispensable ; comme le disait Godard, pourtant pas la dernière des têtes de lard : « un bon producteur est à ranger du côté des artistes » (il évoquait là Georges de Beauregard, qui « aiguillait » les cinéastes tout en leur faisant confiance, le genre d’équilibre idéal, quoi).

Il y a certainement un problème de ce côté-là chez Netflix. En fait, en exagérant/extrapolant un peu, on peut en venir à se demander s’ils n’en ont pas strictement rien à carrer du contenu à proprement parler, tant qu’il est suffisamment « varié » pour appâter le chaland en fonction de ses « déterminations » (« si le cinéphile n’est pas convaincu par nos séries à chier, il prendre l’abonnement pour le prochain Scorcese », ce genre de raisonnements).

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Euh… non. :wink:

C’est bien ce que je pensais, je te remercie.

Je ne sais pas.
Peut-être.
Peut-être, aussi, qu’il y a ici de l’inexpérience dans la production, ainsi qu’une surcharge de travail pour des effectifs sûrement impactés par des bénéfices en berne.
Les gens de Netflix, ils ne sont pas formés pour être producteurs/producteurs exécutifs ; et ils ont sûrement plus d’autres activités au quotidien, vu que les chiffres baissent. Avec soit dégraissage, soit manque de recrutement.

Des très bons films Netflix, j’en citerais 3 également, je rejoins les éloges sur Don’t Look Up, Marriage Story m’avait vraiment embarqué, et en plus récent il y a le Glass Onion de Rian Johnson qui s’est révélé tout aussi brillant que son Knives Out !
The Irishman a ses qualités, mais je lui ai trouvé un rythme beaucoup trop pénible pour le classer comme un très bon film…
Je reste curieux de voir ce Pale Blue Eye, mais comme toujours avec Netflix, je m’en approcherai prudemment…

Vous avez aimé don t look up tant que ça ?

Dans le genre comédie, il manquait plusieurs réécriture pour rythmer et densifier tout ça. Là, ils ont filmé au premier script, me suis je dit, donnant ce rythme batard qui dessert les bonnes idées et qui est fatale à une comédie.