« Comics’ answer to Finnegan’s Wake, an inspired work of obsessive genius that will take a long time to untangle. » - Rob Salkowitz, Senior Contributor, FORBES
« The Strange Death of Alex Raymond is one of the most spectacular comics I have ever read or seen. I can’t recommend it enough, although you may hate it. Bizarre and beautiful and completely unique. » - Jim Rugg, Cartoonist Kayfabe, Street Angel, The P.L.A.I.N. Janes
« This is a master work. I’m honoured to have even laid eyes on it. » - E.S. Glenn, author of Unsmooth, cartoonist for The New Yorker
« A must-read for anyone interested in the history and craft of comics » - Brandon Graham, King City, Warhead, Prophet
« Grubaugh provides a brilliant and fitting conclusion to what would have otherwise been one of the most notable unfinished works of recent times. I for one am excited at holding the completed Strange Death of Alex Raymond in my hands. » - Gary Spencer Millidge, Strangehaven, Alan Moore: Portrait of an Extraordinary Gentleman
Legendary creator Dave Sim is renowned world-wide for his groundbreaking Cerebus the Aardvark. Now, in The Strange Death of Alex Raymond, Sim brings to life the history of comics’ greatest creators, using their own techniques. Equal parts Understanding Comics and From Hell, Strange Death is a head-on collision of ink drawing and spiritual intrigue, pulp comics and movies, history and fiction. The story traces the lives and techniques of Alex Raymond (Flash Gordon, Rip Kirby), Stan Drake (Juliet Jones), Hal Foster (Prince Valiant), and more, dissecting their techniques through recreations of their artwork, and highlighting the metatextual resonances that bind them together.
Je suis en train de le lire.
Et que dire… je suis sidéré. Soufflé. Dans le meilleur sens du terme.
J’attends de l’avoir fini pour me prononcer là-dessus (et j’en parlerai très bientôt à la radio), car Sim, blessé au poignet, n’a pas pu finir le job et s’est appuyé sur son collaborateur Carson Grubaugh pour terminer l’album (avec certainement un sentiment « d’inachèvement » qui doit en découler). Mais à ce stade, cet album relève pour moi du chef-d’oeuvre total : ça ne ressemble à rien de connu, Sim invente ici une nouvelle façon de faire de la BD, une sorte d’essai en BD ; la formule « Understanding Comics meets From Hell » me paraît assez approprié, quoique forcément limitante.
Plutôt que de jeter un voile pudique sur ses « travers » (je ne parle pas de ses prises de position polémiques et assez abjectes sur la question de la misogynie… auxquelles Sim fait quand même référence, assez judicieusement, étonnamment ; je fais plutôt référence à ses troubles d’ordre psychiatriques), l’auteur en fait l’un de moteurs de sa narration, assumant la part de « délire » et de paranoïa qui imbibe le scénario (s’il faut appeler ça un scénario : c’est tellement singulier).
Et ce dessin, mon dieu. Ce dessin.
Donc, pour ceux qui l’ignoreraient (comme c’était mon cas), Alex Raymond est mort prématurément dans un accident de voiture en septembre 1956, auquel son collègue Stan Drake, à ses côtés, survivra, bien que sérieusement blessé. Sim élabore à partir de là un ensemble de théories délirantes sur les circonstances de l’accident, et en profite pour en tirer des conclusions parfois brillantes, parfois douteuses, sur le travail de Raymond et ses pairs, surtout ceux versés dans ce qui intéresse spécifiquement Sim sur cet album, à savoir la question du photoréalisme en BD.
La narration invente tellement de choses qu’il va me falloir méditer tout ça un petit moment avant d’en tirer quelque chose de cohérent.
Une sorte de chef-d’oeuvre absolu, même si c’est imparfait par nature, et même si ça ne plaira pas à tout le monde.
…et une fois rendu à la dernière page du bouquin, je confirme tout le bien que j’en disais plus haut. Etant entendu, quand même, que voilà bien une lecture qui ne parlera pas à tout le monde.
La digestion de ce monolithe noir de la BD est quand même sacrément ardue, voire épuisante. Il faut bien fractionner la lecture du truc, sous peine d’overdose, tout en pensant à ne pas non plus trop en espacer les sessions, sous peine là d’être un peu perdu sous l’avalanche d’informations.
L’écueil possible du passage de flambeau casse-gueule, en tout cas, est brillamment esquivé : Carson Grubaugh termine le boulot, certes, mais reconnaît dans le même temps que c’était une mission impossible (soyons francs : sans ses problèmes de poignet, il est probable que Sim lui-même se serait perdu dans son propre labyrinthe).
Et on admettra bien volontiers qu’il est difficile voire impossible, aussi séduisant soit-il par les thématiques qu’il aborde (occultisme, politique, rivalités artistiques, etc.), de suivre jusqu’au bout le père de « Cerebus » dans son délire apophénique carabiné.
Mais quelle leçon de narration mise en BD ! Quel dessin !! Quelle somme de travail et d’efforts !!! Il est tragique et beau en même temps que ce travail herculéen ait pratiquement coûté à Dave Sim sa capacité à dessiner… Mais quoiqu’on pense du bonhomme (et dieu sait qu’il y a de quoi dire, et pas que des compliments), impossible de ne pas admettre que l’homme accouche là d’une des BD les plus étranges et les plus ambitieuses de tous les temps, dont le moindre mérite n’est pas de mettre en lumière tout un pan de l’histoire de la BD américaine émaillée par les avènements successifs de certains de ses plus grands génies (entre autres autres, Hal Foster, Milton Caniff et Alex Raymond, les « Socrate, Platon et Aristote de la BD américaine », dixit Sim lui-même).
Un chef-d’oeuvre imparfait par nature, mais un chef-d’oeuvre quand même, servi dans un écrin parfait (sujet du récit lui-même, la qualité d’impression des planches est la plus impressionnante qu’il m’ait été donné de voir).
Immanquable pour quiconque souhaite creuser en un seul mouvement les techniques propres à la genèse de la BD tout en en explorant le pan le plus ésotérique.
Excellente initiative, hâte de lire ce que tu en auras pensé.
Pas de spoiler en vue, car ce bouquin est inspoilable, et pas loin d’être irracontable/« irrésumable », aussi.
J’irais même plus loin : je dirais qu’il a expérimenté la pratique (du mauvais côté du bâton, j’entends) bien avant tout le monde ; « cancelled before it was cool », pourrait-on dire en somme, dès le milieu des années 90.
Et il s’est pris un méchant retour de bâton par exemple par des auteurs qui avaient pourtant chanté ses louanges (sur un plan artistique/éditorial) peu de temps auparavant.
Maintenant, malgré toute la circonspection (euphémisme) que peut légitimement appeler la cancel culture et ses pratiques : n’y a-t-il rien à dire sur le personnage, ses actes et ses prises de position ? Certainement pas. Sur le plan des idées, Sim va au-delà d’une simple posture anti-féministe (qu’il aurait parfaitement le droit de tenir, aussi discutable soit-elle) mais frôle l’appel à la haine misogyne par moments, y compris au sein de son propre corpus artistique (certains épisodes de la fin de « Cerebus » semblent promouvoir l’idée de « camps pour les femmes », pas très éloignés des « joy divisions » des nazis…!!). L’homme est visiblement perturbé sur le plan de la santé mentale ; personnellement je le considère comme une « circonstance atténuante », mais d’autres ne lui pardonnent pas son refus manifeste de se soigner… Problématique extrêmement épineuse.
Perso, étant un peu un absolutiste en matière de liberté d’expression (sur le modèle du premier amendement américain on va dire), je ne cautionne pas du tout le « shitstorm » pour autant. Il y a quand même la question de certaines de ses pratiques de « grooming » auprès de certaines de ses plus jeunes fans, où l’on dépasse les frontières du malsain…
C’est très difficile de parler sereinement de Dave Sim, honnêtement, et c’est tellement dommage compte-tenu de ce qu’il a apporte au médium BD. Mais je pense qu’en ce qui le concerne, une contextualisation s’impose, histoire de savoir à qui on a affaire et où on fout les pieds.
Une vidéo de l’excellente chaîne Youtube « Strange Brain Parts » fait le tour complet de la question de la misogynie exprimée dans « Cerebus », pour ceux qui souhaitent la creuser :
C’est clair…surtout quand on se rappelle certains de ses propos…
Sim stated that this occurred at a time when he was a promiscuous « world-class sleazeball », and observed that « pretty underage girls are astonishingly pretty because they aren’t fully grown »
Il a attendu qu’elle soit majeure pour se la taper donc ça fait passer les années d’intérêt malsain quand elle n’était qu’une jeune fille ? Désolé si j’interprète mal car je ne comprend pas trop là…
Ce qui est le principe même du « grooming », terme que j’ai découvert en me renseignant sur cette sinistre histoire. Le but étant de se mettre à l’abri de poursuites judiciaires en attendant la majorité J +1 jour pour « consommer ». Mais c’est d’un sordide absolu, légal ou pas (pas sûr que ce soit légal d’ailleurs, j’imagine qu’on pourrait considérer que ça relève de mécanismes d’emprise bien connus dans le registre de la prédation sexuelle).