- Note : The Trollenberg Terror est le titre original du film, qui a ensuite été changé en The Crawling Eye pour sa première exploitation aux Etats-Unis (voir affiche ci-dessus). On trouve également trace de trois autres titres : Creature from Another World, The Creeping Eye et The Flying Eye.
REALISATEUR
Quentin Lawrence
SCENARISTE
Jimmy Sangster
DISTRIBUTION
Forrest Tucker, Laurence Payne, Jennifer Jayne, Janet Munro…
INFOS
Long métrage britannique
Genre : science-fiction/horreur
Année de production : 1958
Alan Brooks, scientifique et médiateur des Nations Unies, est appelé par son vieil ami le professeur Crevett pour enquêter sur une série d’accidents étranges survenues au Mont Trollenberg, en Suisse. Dans le train, Brooks rencontre les soeurs Pilgrim. La plus jeune, Anne, qui est dotée de dons de clairvoyance, est irrémédiablement attirée par le lieu.
Brooks soupçonne que ces morts sont liées à des événements similaires qui se sont déroulés trois ans plus tôt dans la Cordillère des Andes, où les habitants de la région avaient également signalé une brume radioactive inexpliquée et de curieuses formations nuageuses qui cacheraient des créatures venues d’ailleurs…
Dans les années 50/60 en Angleterre, il n’était pas rare que des mini-séries de science-fiction et d’horreur ayant connu un certain succès fassent l’objet d’un remake cinématographique peu de temps après leur diffusion sur le petit écran. Les exemples les plus célèbres sont les deux films Dr Who avec Peter Cushing et la trilogie Quatermass (Le Monstre, La Marque, Les Monstres de l’Espace), inspirée par le personnage créé par l’écrivain Nigel Kneale pour la BBC.
La première version de The Trollenberg Terror, qui compte 6 épisodes, a été diffusée par la chaîne ITV entre 1956 et 1957. Le réalisateur Quentin Lawrence a rempilé derrière la caméra pour l’adaptation ciné, au casting renouvelé (à deux exceptions près,comme le comédien Laurence Payne qui reprend le rôle du reporter Phillip Truscott.
Le scénario est l’oeuvre de Jimmy Sangster, un prolifique pilier de la légendaire Hammer qui travailla la même année sur Le Cauchemar de Dracula et La Revanche de Frankenstein. Limité par le budget (ce qui explique que les créatures ne sortent de leur brume que dans le dernier quart d’heure), Sangster a misé sur l’ambiance et une montée progressive de la tension, même si celle-ci manque tout de même de rebondissements : les monstres ne passent en effet à l’attaque qu’à deux reprises de façon suggérée afin de garder l’effet de surprise jusqu’au moment propice. Ces deux scènes sont tout de même correctement réalisées, avec une bonne utilisation des effets sonores et un chouïa de gore (très furtif).
Si le réalisateur Quentin Lawrence se montre à l’aise dans les moments-clés, sa mise en scène est hélas beaucoup plus plate le reste du temps : l’exposition manque de dynamisme et le côté verbeux du film (comme souvent dans la série B des fifties, les informations sont principalement distillées par les discussions entres les savants) le rend parfois légèrement ennuyeux.
Ennuyeux, le héros l’est aussi. Forrest Tucker est un bon acteur mais son Alan Brooks n’est pas très charismatique. La jeune médium Anne Pilgrim est plus intrigante et elle ajoute une touche de mystère…et d’incohérence aussi (pourquoi les créatures l’ont attiré à Trollenberg si c’est pour passer leur temps à essayer de la tuer par le biais de marionnettes humaines ? Ils n’avaient qu’à la laisser continuer son trajet en train…ce n’est jamais clairement expliqué…en tout cas dans le film, puisque je n’ai pas vu la mini-série)…
L’intérêt remonte pour le grand final, qui voit les monstres surgir de la brume radioactive pour s’en prendre aux habitants de la petite ville montagnarde. Et ils sont savoureusement hideux, ces gigantesques globes oculaires munis de tentacules…et l’inquiétante respiration qui accompagne leur reptation participe à l’efficacité de leurs attaques. Les effets spéciaux ne sont pas toujours très convaincants (avec quelques transparences ratées), mais ces « yeux rampants » sont visuellement très accrocheurs.
Et ils sont restés gravés dans la mémoire des fans de bisseries remplies de grosses bébêtes en tout genre, dont un certain Stephen King qui utilisa le monstre dans son excellent roman Ca (notamment comme l’une des manifestations du clown Grippe-Sou)…et d’après John Carpenter, The Trollenberg Terror est l’une des inspirations de son long métrage Fog !