REALISATEUR
Val Guest
SCENARISTE
Nigel Kneale
DISTRIBUTION
Peter Cushing, Forrest Tucker, Maureen Connell, Richard Wattis…
INFOS
Long métrage britannique
Genre : aventures/horreur
Titre original : The Abominable Snowman
Année de production : 1957
Val Guest et Nigel Kneale sont deux personnalités qui ont eu leur importance dans le développement de ce qui a été appelé l’« Âge d’Or » de la Hammer Films, la célèbre maison de production britannique spécialisée dans l’horreur. Nigel Kneale a en effet collaboré avec le réalisateur et scénariste Val Guest pour porter à l’écran les aventures de sa création, le professeur Bernard Quatermass (le héros de la série télévisée The Quatermass Experiment, diffusée sur la BBC en 1953), dans deux longs métrages, les très bons Le Monstre (1955) et La Marque (1957). Ces deux films de S.F. horrifiques ont connu un succès qui a poussé les dirigeants de la Hammer à poursuivre leur exploration du genre avec le renouveau des figures classiques comme Frankenstein, Dracula et la Momie.
Quand on regarde de plus près les dates de production, on se rend compte que les tournages s’enchaînaient assez rapidement. Val Guest signait à la fin des années 50 au moins trois films par an et après La Marque, il a reformé une dernière fois son duo avec Nigel Kneale pour une variation sur le mythe du Yeti, qui marqua aussi l’ultime association de la Hammer avec le producteur et distributeur américain Robert L. Lippert, le grand succès de Frankenstein s’est échappé ayant ensuite permis au studio d’avoir les coudées franches dans leurs transactions à l’internationale.
Comme pour Le Monstre, Nigel Kneale s’est inspiré pour Le Redoutable Homme des Neiges de l’un de ses scénarios écrits pour le petit écran, dans ce cas précis The Creature, un téléfilm diffusé dans le cadre de l’émission BBC Sunday-Night Theatre en 1955. Les deux versions ont d’ailleurs des acteurs en commun dont la tête d’affiche, Peter Cushing. À l’époque, Cushing était surtout reconnu comme un comédien de télévision et c’est Frankenstein s’est échappé qui allait faire de lui une star mondiale sur le tard, à l’âge de 44 ans. Le Redoutable Homme des Neiges est historiquement le deuxième des 22 longs métrages qu’il a tourné pour la Hammer tout en étant l’un des moins connus car l’énorme succès de Frankenstein s’est échappé lui a fait de l’ombre.
Comme d’habitude, Peter Cushing est excellent dans le rôle de John Rollason, un botaniste qui mène avec sa femme des recherches sur des plantes rares dans un temple tibétain. Mais Rollason veut aussi rejoindre une autre expédition qui part explorer les montagnes de l’Himalaya à la recherche de l’Abominable Homme des Neiges. Contre l’avis de sa femme, le scientifique part à l’aventure avec Tom Friend (l’américain Forrest Tucker, vu notamment dans The Trollenberg Terror) et son équipe. Il ne faut pas longtemps pour que les différences entre les deux hommes créent d’inévitables tensions : Rollason est guidé par sa curiosité scientifique, alors que Tom Friend ne cherche que fortune et gloire et capturer un Yéti afin de l’exploiter dans des foires. Cette dynamique est bien jouée par un duo de comédiens complémentaires.
Avec ses moyens limités, Le Redoutable Homme des Neiges joue principalement sur la suggestion. Plus conte moral que film d’aventures spectaculaire, l’histoire imaginée par Nigel Kneale fonctionne mieux lorsqu’elle piège ses protagonistes dans un endroit reculé où la nature mystérieuse de la « menace » créé une atmosphère étrange, presque paranoïaque, une sensation claustrophobique qui pèse sur les relations du petit groupe d’explorateurs. La tension est accentuée par une idée intéressante, qui donne un autre relief aux scènes-chocs.
Le Redoutable Homme des Neiges fait partie de ces films qui laissent une grande part à l’imagination quant à l’apparence de sa créature (surtout pour une raison de budget)…ce qui peut se révéler frustrant pour certains. Mais dans ce cas-précis, le résultat, qui joue sur les sons et quelques brefs aperçus pendant une grande partie du second acte, est efficace et conduit à l’une des meilleures scènes, dans une révélation brillamment interprétée par Peter Cushing.