Je précise d’emblée que je ne m’appuie sur aucun chiffre, mais sur mon modeste suivi de l’actualité cinématographique depuis une bonne paye maintenant.
Il me semble qu’on pourrait dater à l’avènement des multiplexes le déclin de la distribution en France, dont le constat me semble évident.
On aurait très bien pu se retrouver dans une configuration, pourquoi pas, où un complexe de 12 salles aurait pu offrir un maximum de diversités dans la variété de films proposés au public, mais c’est en fait rigoureusement l’inverse qui s’est produit. La moitié des salles diffuse le gros blockbuster du moment, le reste se partage entre deux ou trois autres gros films, en poussant un peu. Résultat : il n’y a plus de « petits » films dans les salles. Sans compter que, effectivement, il y a de moins en moins de salles ; le temps des cinémas de quartier est définitivement révolu. Chacun aura pu le mesurer, s’il vit dans une petite ou moyenne ville (une hécatombe), voire à Paris où seuls quelques points stratégiques (comme la rue des Ecoles) conservent un peu du parfum de ce foisonnement de salles, et de films.
D’où le changement de paradigme : avant, on pouvait tout voir en salles, d’un giallo ou un peplum italien au dernier bijou du Nouvel Hollywood, en passant par un polar ou un film SM japonais.
J’idéalise un peu mais à peine. On me répondra par exemple que les éditions DVD/Blu Ray, VOD ou Internet permettent au bout du compte de découvrir bien plus facilement beaucoup plus de films, et c’est très vrai, tant mieux. Mais je parle bien d’expérience en salles, ce qui change tout. Le cinéma était quand même voué à cette expérience. C’est une expérience qui a longtemps été populaire, authentiquement populaire (et concernant rigoureusement tout le monde), et elle devient une affaire d’initiés (comme les jazzeux, dans l’esprit) pour ce qui est de la cinéphilie « pointue », circonscrite à des petits périmètres, ou une attraction de fête foraine pour son versant dit « populaire », quand le spectaculaire n’est plus la plus-valu mais l’essentiel du projet, comme disait Godard.
Je m’épanche un peu en décrivant les choses à gros traits, mais je trouve d’une tristesse absolue qu’un film comme « Time Lapse » (mais il y aurait mille autres exemples) ne trouve plus le chemin des salles. Plus navrant encore, un jeune réalisateur français aura toutes les peines du monde pour voir son premier long atterrir sur le grand écran. Et pourtant, le système de financement du CNC l’aura au préalable aidé sur le plan de l’écriture, de la production et de la post-production (et souvent très correctement) pour l’aboutissement de son projet. C’est au niveau de la distribution que ça coince.
Il y a encore 15 ans, la situation était très différente, même si le processus était déjà engagé.
EDIT : un point sur les chiffres, quand même, vu que j’ai checké finalement (sur un document du CNC justement). L’état des salles de cinéma aujourd’hui, c’est grosso modo 2000 salles, 5000 écrans et un million de fauteuils. Le tout nous donne un peu moins de 200 millions d’entrées par an, un chiffre en constante baisse (un phénomène que les multiplexes ont ironiquement contribuer à ralentir un moment, au prix que j’évoque plus haut…).
Pour comparer, en 1957 (année record certes), c’était 400 millions.
[quote=« Jim Lainé »]
Je note tout ça (je suis même en train d’en récupérer plusieurs). Je remarque que Christopher Smith, c’est aussi l’auteur de l’impitoyable Creep, proprement terrifiant. Voilà qui s’annonce redoutable.[/quote]
Smith a aussi fait une jolie comédie horrifique assez corsée, « Severance », qui avait eu droit à sa sortie salles dans la foulée de l’accueil réservé à « Shaun of the Dead » d’Edgar Wright.
Je trouve cependant que « Triangle » surpasse tout ce qu’il a fait par ailleurs, de « Creep » à son « Black Death » médiéval, très réussis aussi. Le film est non seulement un petit bijou d’horlogerie scénaristique, mais aussi assez déchirant dans sa dernière ligne. Il y a aussi, plus tôt dans le film, un plan de traversée du miroir proprement trouant de virtuosité (il était décrypté dans les bonus du DVD). Un sacré film.
[quote=« Jim Lainé »]
En plus, y a la ravissante Danielle Panabaker, avec son mignon minois et ses jolies jambes. Raison de plus.
jim[/quote]
Ouais, je l’aime bien, je l’avais repéré en fille de James Woods dans la série « Shark », et revu dans le « Vendredi 13 » de Marcus Nispel. Je la trouve même un brin sous-exploitée.