Thriller/horreur
Long métrage américain
Ecrit et réalisé par M. Night Shyamalan
Avec Josh Hartnett, Rolando Davila-Beltran, Hayley Mills…
Année de production : 2024
Sortie en France le 7 août 2024
Tiens tiens.
Jim
Comme dans " It’s a" ?
Avec akbar en méchant
Euh… je ferais bien une autre blague mais ça va être très mal interprété.
A la bonne heure, je l ai aussi comme tu peux l entendre.
Eh eh eh
Tu veux dire que lorsque tu prononces « It’s a Trap », c’est à la Ackbar ?
Tori.
Oui, c’est ça …
Je parle couramment le Mon Calamari
Vu ce matin. Le concert avec la fille de Shyamalan est indigent, même si c’est un peu l’occasion de nous montrer un papa qui accompagne sa fille dans ce genre de piège pop…
Les ficelles sont parfois tellement grosses qu’elles en deviennent des cordes. Le début du second acte est ridicule. Et puis ça débloque un nouveau level.
Et on attend, on attend. Et la fin arrive.
C’est beau, c’est bien filmé, bien cadré, bien mis en lumières. Le casting est top. Mais c’est sans profondeur, on ne s’attache à personne, et ça n’est jamais effrayant. Dommage.
Trap n’est pas un film, c’est une savonnette.
Je crois que je n’ai pas compris le film.
On frise la parodie mais il ne me semble pas qu’on y soit pour autant.
Il y a des trucs dans ce film qui sont fous. Des incohérences, des trucs impossibles à croire pour le spectateur. Erreurs de montage, sons qui ne correspondent pas aux lèvres, un jeu hyper appuyé de Josh Hartnett, lui plutôt nonchalant d’habitude…
Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Je me suis (réellement !) posé la question si le piège n’était pas pour le spectateur dans la salle de ciné et que Night Shayamalan s’en amusait.
J’ai dû passer à côté, c’est pas possible.
Incroyable.
Très curieux d’autres retours.
It’s a trap !
Un exemple précis ?
Je vais tâcher de mettre les balises anti spoil :
Lors du concert, quand Josh Hartnett et sa fille sont en fond de scène et que la chanson passe en hors champ, les lèvres de la petite ne correspondent pas du tout aux paroles de la chanson qu’on entend. Or elle chante, ça se voit.
Et lors de la chanson au piano, dans la baraque, vers la fin, la qualité de son change par rapport au dialogue précédent. Un enregistrement sans doute et non une prise directe, mais en soit pourquoi pas, c’est juste que la différence s’entend. Et l’intensité de la bande sonore ne correspond pas vraiment à celle qu’on voit.
C’est moins flagrant donc moins dérangeant, mais ça fait un peu amateur je trouve. De la part d’un mec aussi doué que Night Shayamalan, ça peut surprendre.
Quel drôle de film.
« Objectivement » pas très bon (pour plein de raisons), le film est pourtant tout sauf chiant, en tout cas pour ses deux premiers tiers… mais ça restera probablement comme un des pires films de son réal’.
Shyamalan a pitché le film comme suit : « Le Silence des agneaux » dans un concert de Taylor Swift. Alléchant ? Complètement couillon ? Les deux mon capitaine. Il y a pourtant loin de la coupe aux lèvres, et le film ne cesse d’étonner le spectateur par son absence de rigueur et de direction cohérente, ce qui fait que même si le pitch vous parle, il y a des chances que le film vous laisse sur le carreau.
Les 10 premières minutes sont super. Contexte original (on peut pas lui enlever ça), twist fun (qui intervient à 10 mn du début, cette fois ; je n’avais rien lu/vu sur le film donc j’ai accroché), potentialités « théoriques » infinies sur le papier (des écrans dans les écrans dans les écrans), des références prestigieuses (Hitchcock, De Palma bien sûr en générale et « Snake Eyes » en particulier, Eisenstein pour un clin d’oeil probable à la fin) : tout ça est très emballant.
Et au bout de 15 ou 20 mn, patatras. On constate que ça joue vraiment comme des patates, mais alors vraiment, la mise en scène alterne entre plans et séquences très inspirées et bizarreries gênantes (comme tous ces regards caméra chelous pour mettre en scène les dialogues…), et le script tire un peu à la ligne. Le métrage est quand même sauvé à ce stade par sa drôlerie, authentique et voulue (après le comique involontaire s’invite, à mon sens).
Mais quand l’action quitte la salle de concert, le script accumule les erreurs grossières d’écriture (comme ses fausses fins successives ad libitum), la mise en scène se fait un peu plus bateau et Shyamalan abuse en glorifiant le perso incarnée par sa propre fille jusqu’à l’absurde total (le terme « Mary Sue » ne convient même plus ici).
A la fin un « gné ? » généralisé s’installe et on se demande ce que Shyamalan a bien pu vouloir faire ici, jusqu’à une conclusion absurde et pas engageant pour deux sous. Très étrange, mais incontestablement raté.
L’excellent Melvin Zed (expert ès-« Mad Max » entre autres), qui a copieusement détesté le film dont il fait même un symptôme de la décrépitude hollywoodienne actuelle, soulève néanmoins une passionnante piste interprétative du film qui me donnerait presque envie de le revoir… Je mets ça ici en spoiler :
"Y’a un truc très cool dans ce film, c’est lorsque cette idée à la con d’un tueur en série traqué dans un concert de musique pénible établit un parallèle métaphorique malicieux avec le piège infernal du père de famille enfermé dans un concert de pop abominable pour faire plaisir à son ado. On comprend sa motivation d’être venu là, c’est l’amour qu’il porte à son enfant. On comprend aussi l’enfer qu’il traverse devant faire face à un nombre épuisant d’épreuves terrifiantes : aller acheter un tshirt au merch’, aller acheter à manger, aller acheter une bière, aller pisser, trouver sa place, tomber sur une voisine qui casse les burnes, tout ça dans l’environnement claustro d’un concert (pour ceux qui savent pas trop ce que c’est, imaginez être enfermé dans un gymnase devant des gens qui ondulent en suivant des rythmes mystérieux et que tu aurais la chance de pas pouvoir apercevoir sauf que y’a des télés géantes partout pour te les montrer. Tout ça avec de la musique partout), entouré par des dizaines de milliers d’ados hystériques, dans une foire à l’acné, merveilleuses paillettes de la puberté et mayonnaise tragique de l’âge ingrat, ululant ensemble un cœur de cris stridents dans une évocation XXL de cette ambiance si particulière que l’on ne retrouve que dans ces usines métallurgiques où des gros malabars poncent des machins en fer avec des trucs qui grincent. Naturellement, le père de famille enfermé dans cette arène infernale commence à bad tripper complet, il a envie d’étrangler sa fille, le crétin du merch’, la voisine qui pue et des milliers d’ado. Il a tellement envie de fumer tout le monde qu’il est persuadé d’être déjà un tueur en série ! Il sait que tout le monde le regarde, que tout le monde a vu son angoisse et que la foule s’apprête à tout moment à se détourner du show pour braquer ses milliers d’yeux vides vers lui en le montrant du doigt : « Where you gonna go? Where you gonna run? Where you gonna hide? Nowhere, 'cause there’s no one like you left ! » et d’enchaîner par des « sus à l’infidèle ! » bien toniques, dans un genre flippos de scène cheulou où Conan et les Body Snitchers seraient servis sauce Las Vegas Parano.
Mais c’est là où le film est génial. Parce que le récit épouvantable de ce type sympa sombrant dans un cauchemar éveillé au fur et à mesure que s’égrainent les tubes de merde s’agitant vainement dans une impuissance pathétique se révèle, par une astuce formidable, l’exact reflet du calvaire du spectateur, lui aussi enfermé dans une salle possédé par cette envie de violence et de fuite haletante que l’on ne trouve que dans les rêves trop secs des fin de soirée trop humides. Bref, ficelé lui aussi devant le spectacle navrant d’une cinématographie américaine à bout de souffle et mortifère, le spectateur partage le sentiment du bon père de famille et du vilain tueur :
Quand est ce que tout ça va s’arrêter ? Et, parce que visiblement, personne n’a rien foutre de rien, on se dit qu’ils vont simplement baisser les bras à un moment et arrêter le film en chemin, persuadé qu’il ne reste plus personne, pariant simplement sur le fait que le spectateur, lui, peut se barrer ?
Eh bien, grosse surprise, grosse grosse surprise : Figurez-vous que le film va jusque à la fin (je suis allé voir, c’est pas une blague, même s’il n’aurait probablement pas dû, moi non plus d’ailleurs).
Bon, comment dire, y’a des films, tu sais que si t’avais voulu leur laisser une chance, eh ben il fallait vraiment pas les voir."
Que je ne connaissais pas : je découvre.
L’humour et le décalage, c’est quelque chose de particulier chez Shyamalan. Son histoire de sirène dans la piscine en déborde, mais il m’a fallu le voir deux fois pour commencer à l’apprécier.
Formulation bellement stylée !
Jim
Et je pense que beaucoup ne le perçoivent pas. Généralement, son esprit est pris pour de la maladresse. Alors il faut dire que c’est parfois le cas, donc les cartes sont aisément brouillées…
Dans certains films, je trouve que c’est difficile à louper : c’est le cas pour « Trap », ou l’excellent « The Visit » que j’aime beaucoup et que j’ai revu assez récemment.
Il a une sacrée plume, le Melvin Zed !!
Tu ne connaissais pas ? je pense que certains forumeurs sont familiers, bien plus que moi, de l’idée derrière cette appellation. Notamment les « trekkies », puisque c’est de cet univers que vient le concept si mes souvenirs sont bons…
Pour faire le lien avec les comics, un perso comme Kitty Pryde sous la plume de Claremont a souvent fait l’objet de telles remarques… en premier lieu de la part de ce taquin de John Byrne.