TROM : LES FALAISES, LE VENT ET LA MORT (Saison 1)

Le journaliste Hannis Martinsson reçoit inopinément un message de Sonja, une jeune femme féroïenne qui prétend être la fille d’Hannis et que sa vie est en danger. Rentrant à contrecoeur aux îles Féroé pour enquêter, Hannis découvre le corps de Sonja dans les eaux sanglantes d’une chasse à la baleine. Sa quête de réponses l’amène bientôt à entrer en conflit avec l’inspectrice en chef locale, Karla Mohr, alors qu’il découvre un réseau de secrets au sein de la communauté très unie - mais jusqu’où est-il prêt à aller pour apprendre la vérité ?

Drame/thriller
Série danoise/allemande
Créée par Torfinnur Jakupsson
Avec Ulrich Thomsen, Maria Rich, Olaf Johannessen…
6 épisodes, à partir du 6 octobre sur Arte

Ah tiens, y avait un sujet.
Bon, en disette de visionnage et cherchant absolument à pouvoir voir la série que citait Hush sur Arte, mais que je n’arrivais désespérément pas à faire (car non dispo en replay sur la téloche), on a regardé cette série qui se situe donc sur les Îles Féroé.

Paysages encore une fois magnifiques, mais si on s’y attarde quand même bien moins que sur d’autres séries nordiques.
Ce n’est pas la meilleure des séries nordiques, on devine malheureusement assez rapidement qui est le vrai coupable et c’est assez classique dans le genre. Après, ce que j’apprécie, c’est qu’il n’ y a pas vraiment de vrai héros et qu’il y a un côté humain (dans le genre « je prends des décisions mauvaises pas jolies jolies, mais pour le bien d’une personne chère, en dépit du reste »), même sur des perso qu’on pourrait apprécier.

La thématique écolo du moment est présente. Comme le dit Jim ailleurs, les créations sont vraiment le reflet de notre société du moment (je vais y revenir, ailleurs). Mais pour autant, je trouve que cela a été plutôt laissé en surface, presque pour un prétexte de l’intrigue. La chasse à la baleine, faut pas trop y toucher, hein.

Bon, voilà, ça a fait le job. Mais dans le bas du panier.

J’aurais parfois même tendance à penser que la fiction précède les évolutions sociales. Je pense au thème du mur, qui apparaît (pas seulement en tant que décor, mais aussi en tant qu’enjeu) dans Monster (2010), dans Sicario (2015), dans Pacific Rim (2013), entre autres, créant un faisceau d’occurrences qui matérialise une tendance lourde et peut se lire comme une métaphore du repli des nations sur elles-mêmes, de la haine, du racisme, de la fin des solidarités internationales, etc. Trois films produits et sortis avant l’élection de Donald Trump, et qui, en quelque sorte, l’annoncent.
Alors la question (formulée dans un bouquin sur la SF dont j’ai parlé sur le forum, et que je n’identifie pas pour l’instant, mais je vais retrouver : peut-être Science-fiction : les frontières de la modernité, de Colson et Ruaud, chez Mnémos), c’est de savoir si la fiction « flaire » l’air du temps, le formalise et l’annonce (pour peu qu’on sache regarder) ou bien si elle ne fait que mettre en avant des perspectives auxquelles on s’habitue et qu’on finit par accepter, un peu à la manière d’une prophétie auto-réalisatrice. En gros, la fonction de signal d’alarme qu’on attribue souvent à certains genres (la science-fiction, mais pas que…) serait-elle plutôt une fonction mithridatique, à savoir qu’elle nous habitue au point de nous insensibiliser aux dérives et aux échecs à venir ?

Jim

Ah ouais, effectivement, c’est dans ce bouquin, ainsi que dans Rétro-futur, des mêmes auteurs, aux Moutons électriques. On a d’ailleurs évoqué l’idée sur ce forum.

Jim

Ah, merci des précisions.

Je pourrais faire une référence de très mauvais goût.

Oh bah n’hésite pas, parce que là, c’est moi qui ne vois pas à quoi tu fais allusion.

Jim

Dans le Spider-Man de Raimi, il était prévu une scène où deux tours (je ne pense pas que c’était les Twin) devaient prendre cher. Et ça a été retiré (ou pas tourné, mais il me semble qu’il y a des choses factuelles) suite aux événements que l’on connait.

La fameuse première bande-annonce montrait le Tisseur attraper un hélicoptère dans sa toile entre les deux tours. Et puis paf, si j’ose dire. La bande-annonce a été retirée.

Bon, après, je ne sais pas si c’est tout à fait la même chose. Ça me semble davantage appartenir au hasard, dans le cas présent (et n’épiloguons pas sur le fait que les Américains n’assument rien et aiment réécrire l’histoire : il me semble que c’est le générique de Friends qui a été retouché afin de ne plus faire apparaître les tours. Les Américains ont un rapport complexe au traumatisme, quand même…).
Mais pour en revenir à notre sujet, je pense que la fiction « flaire » des trucs. Peut-être répond-elle à des interrogations (ou des scandales, ou des affaires judiciaires, ou des mystères) du présent pour faire de la prospective, en quelque sorte. Mais je suis frappé quand, autre exemple, par le fait que la télévision des années 2000 (24 heures chrono…) et le cinéma des années 2010 (la saga Jason Bourne, les trilogies Captain America et Star Trek, les James Bond de Craig, et tant d’autres, qui trouvent sans doute leur précurseur dans les James Bond de Pierce Brosnan, ceux qui doivent gérer les implications narratives de l’après Chute du Mur…) développe à ce point l’idée de l’ennemi intérieur, du danger plus grand au sein du pays et des institutions qu’en dehors des frontières. Bon, c’est une vieille rengaine de la fiction, hein (les deux premiers Rambo proposent deux approches de ce thème, et je ne parle pas de films genre Les Trois jours du Condor ou même, plus près de chez nous, Mille milliards de dollars), mais force est de constater que les grandes franchises mainstream du cinéma américain abordent ce thème de manière très fréquente ces dernières années. Et paf, montée des extrémistes, des réactionnaires, des isolationnistes, potentiellement en ruptures avec les institutions…

Jim

Ah voilà. C’est ça.