Bah oui, vu les sujets du dernier, et les intervenants , je vois mal comment cet épisode pourrait être facile d’accès. Mais celui-là est différent sur pas mal de points, j’imagine.
On peut dire ça, oui.
Tiens, je remarque que toi aussi tu connais « Luther Arkwright », Ektah ; ça n’a pas valeur de « sondage », hein, mais je constate que ce boulot de Talbot est quand même globalement plus connu que je ne l’aurais imaginé. Je ne le vois quasiment pas cité par ailleurs, ceci dit (bon, dans ton cas, j’imagine que la connexion avec Moorcock, dont tu connais bien le travail, a dû jouer…).
Oui, malheureusement, j’ai bien peur que nous ne soyons pas nombreux à connaître Luther Arkwright, le style de dessin y étant sans doute pour quelque chose (même si je le trouve très beau). En l’occurrence, je l’ai connu par Neil Gaiman, qui ne tarit pas d’éloges sur le travail de Bryan Talbot. Mais bon, Gaiman, Moorcock, Moore, Talbot, c’est un peu la même communauté de pensée, tout ça (plus Grant Morrison dans le rôle du vilain petit canard). Et, en fait, j’ai lu Luther Arkwright avant de connaître Jerry Cornelius, ce qui a joué un rôle important dans mon appréciation du perso de Moorcock.
Arkwright avant Cornelius ? Intéressant, je pense que ça peut éclairer les expérimentations narratives de Moorcock (cette histoire de prendre au pied de la lettre les excentricités de Moorcock et de les transformer en pure SF, comme je l’explique dans l’émission) sur les trois quarts du « Jerry Cornelius Quartet ».
De mon côté, j’ai découvert Gideon Stargrave des « Invisibles » de Morrison avant son modèle évident Jerry Cornelius, une expérience assez similaire finalement (même si Stargrave colle de beaucoup plus près au modèle que son cousin Arkwright).
Il y aurait aussi le « Casanova » de l’inégal Matt Fraction (même si sur ce titre, je le trouve particulièrement inspiré) comme déclinaison. C’est en tout cas un archétype que j’aime beaucoup, à la fois très simple et « pur » et porteur de possibilités innombrables.
Ah non, Jerry Cornelius a été créé avant Luther Arkwright, je pense. C’est juste l’ordre dans lequel je les ai découverts. Mais cet ordre a clairement joué un rôle dans ma perception de ces personnages. De même, j’étais dans ma période Derek Jarman lorsque j’ai commencé à lire le Cornelius Quartet. Du coup, j’ai tendance à considérer que ses aventures se passent dans le monde de Jubilee, ce qui est un point de vue qui me semble se tenir à peu près bien (même si Cornelius est une vision fantasmée des années 60 là où Jarman représente plus les années 70). Bon, en plus, il y a des actrices communes à Jubilee et aux aventures filmiques de Cornelius.
Je n’ai lu aucun Fraction, hélas. Mais son Casanova est sur ma liste depuis longtemps (des années, en fait). Il faudra que je m’y mette à un moment.
Et, en fait, en écrivant ce message, je suis en train de me dire que ces personnages ont quelques points communs avec la figure du trickster, dont tu as déjà parlé dans ta chronique sur les Young Avengers, je crois (Moorcock parlerait de Wild Card). Ça peut valoir le coup d’y réfléchir, il me semble.
Oui, il y a Jenny Runacre qui joue Miss Brunner dans Les Décimales du Futur.
Je n’ai pas encore pu voir Jubilee mais je suis clairement intéressé…
Oui, Cornelius c’est dix ans avant Arkwright, mais ce que je voulais dire c’est qu’il doit être intéressant de découvrir Arkwright avant, dans l’ordre que tu as expérimenté : ça « aide » peut-être à digérer l’approche de Moorcock à partir du deuxième roman du « Jerry Cornelius Quartet ».
Oui, pareil, j’ai pas vu « Jubilee » mais ça m’intéresse beaucoup. Je connais mal Jarman et je ne pense pas avoir vu les plus marquants.
Je ne pense pas que « Jubilee » fasse partie de ses chefs d’œuvres (en fait, très souvent, je préfère ses courts-métrages… notamment ceux qui traitent de psychogéographie, évidemment… on ne se refait pas).
Mais c’est celui que je me repasse de temps en temps, juste pour le plaisir de l’évocation de la scène punk de ces années et son casting improbable, entre Lindsay Kemp (prof de danse, mime, chorégraphe et mentor de David Bowie et Kate Bush… plus le landlord dans « Wicker Man »), une partie du casting du « Rocky Horror Picture Show », Adam Ant, Toyah Wilcox et Siouxsie, et, effectivement, la chère Jenny Runacre. Plus la musique de Brian Eno. Ce ne sont pas nécessairement des points très importants pour la qualité du film mais ça le rend sympathique à mes yeux et, au final, fait de lui le film de son auteur que j’ai le plus vu, juste pour le plaisir.
Disons que si je devais donner un exemple archétypal du cinéma punk britannique, ça serait probablement mon choix. Ça ne rend pas le film pire ou meilleur mais il a réussi à toucher l’esprit d’une époque qui m’intéresse, ce qui n’est pas rien (un peu comme « Withnail & I » est la parfaite illustration de la fin des années 60).
Je suis en train d’écouter la chronique de Luther Arkwright. Rien à redire, évidemment. Tu as évoqué tous les points importants. Mais j’ignorais la filiation avec Nic Roeg et sa narration prismatique. Elle me semble faire grand sens (je pense beaucoup à « Eureka », du coup). Et je me demande si ce n’est pas de cela dont j’avais l’intuition inconsciente lorsque je parlais de lien avec Jarman. Pour moi, il y a quelques cinéastes de cette période qui se répondent, incluant donc les deux pré-cités (plus Jerzy Skolimowski, entre autres). Ça ne représente pas suffisamment d’artistes pour y voir un mouvement artistique complet mais il y a quand même une certaine communauté de pensée. Et Talbot pourrait bien être leur pendant la BD, effectivement.
Et merci pour la découverte de David Lindsay. J’avais l’ebook dans ma collection depuis des années. Je vais lire ça, du coup.
Enfin, avec le coup de projecteur récent sur l’émission, j’ai finalement fait un truc que je reportais à plus tard depuis longtemps: la liste des sujets abordés dans les épisodes archivés. Vu que je n’avais pas la place de les marquer dans les titres des fichiers, c’est vrai que ce n’était pas très pratique de retrouver un épisode en particulier. Pour l’instant, ce n’est qu’un fichier texte où j’ai recopié les tags. J’en ferais peut-être un tableur, un thésaurus ou quelque chose du genre plus tard.
Le fichier se trouve dans la même archive que le reste, ou là:
Enorme !!! Génial, vraiment merci, Ektah… Avec ça, plus personne ne pourra se plaindre de ne pas avoir les outils pour retrouver un vieux truc.
(Ce qui me fait me dire que dorénavant j’ai pas trop intérêt à dire des conneries à l’antenne, on les tracerait vite ; gloups )
Concernant Jarman, je n’ai vu que deux de ses biopics (une de ses spécialités), celui sur Wittgenstein et celui sur Le Caravage, et ça commence à faire un bout de temps. « Jubilee » m’intéresse beaucoup sur le papier, surtout le côté « saisissement du zeitgeist » de l’époque.
Concernant l’influence de Roeg sur la narration de Talbot pour « Luther Arkwright », c’est Warren Ellis qui l’évoque mais je crois me rappeler que Talbot lui-même l’invoquait. C’est de toute manière un auteur très important pour toute cette vague d’auteurs british, de Moore à Morrison, en passant, donc, par Talbot.
Et sinon, tu es décidément un mec bien rencardé, Ektah : tu avais donc connaissance du livre de David Lindsay… C’est pourtant une véritable rareté !!
Ah oui, j’allais oublier : concernant la figure du trickster, il me semble effectivement qu’il y aurait peut-être quelque parallèle à tracer avec l’archétype « Jerry Cornelius » ; ça me semble pertinent, même si la notion moorcockienne de « wild card » semble peut-être plus adéquate (mais justement, le trickster a quelque chose la « wild card », et partage aussi avec Cornelius un positionnement « amoral », au-delà du bien et du mal).
Nous reviendrons de toute façon très très vite (sous quinze jours a priori) dans le cadre de l’émission sur cette figure, à nouveau à travers le personnage de Loki (LE trickster emblématique, si j’ose dire). Cette fois, c’est le scénariste Al Ewing qui s’y colle (à travers l’excellent titre « Loki : Agent Of Asgard ») et il me semble qu’à l’instar de Kieron Gillen sur les « Young Avengers » il comprenne parfaitement les spécificités de ce type de personnages…
En fait, pour David Lindsay, si je me souviens bien, j’avais juste parcouru les synopsis des « SF Masterworks » et « Fantasy Masterworks » de l’éditeur britannique Victor Gollancz, parce qu’il me semblait que leur sélection était assez solide, et traqué ceux qui accrochait mon regard. J’imagine que le terme gnosticisme avait du apparaître dans la description du "Voyage en Arcturus”, ce qui est suffisant pour attirer mon attention. Mais bon, le livre était posé dans un recoin poussiéreux de mon disque dur. Je ne pourrais pas dire qu’il était sur mon radar. Ça, c’est grâce à toi.
Concernant « Jubilee », oui, tu as raison: ce zeitgeist est le principal et, je ne suis pas loin de penser, seul intérêt du film. Mais, comme je disais, ça reste une œuvre très attachante.
Je dois bien avouer que, de ses longs, je n’ai vu que « Jubilee », « Sebastiane », « Blue » et « The Last of England », que j’apprécie tous pour des raisons diverses mais qui, pour moi, ne se hissent pas au niveau de « A Journey to Avebury » (deux versions: une silencieuse, une avec la bande-son par Coil… un film au ton un peu similaire à « Penda’s Fen », d’ailleurs), « In the shadow of the sun » (avec sa BO remarquablement peu agressive par Throbbing Gristle) et Glitterbug (remontage posthume de certains courts et d’images d’archives sur une BO de Brian Eno, fait selon les instructions de Jarman). Pour moi, c’est là que se situent ses chefs d’œuvres. Bon, pour être honnête, les deux derniers sont des moyen-métrages. Mais, en passant sur Youtube et Dailymotion, je viens de voir que beaucoup de ses films, longs comme courts, s’y trouvent. À explorer.
Ah, et sinon, j’ai commencé hier soir « Rick et Morty » sur tes recommandations. C’est très addictif: je me suis envoyé la première saison en un seul coup et je suis impatient de reprendre. Pour l’instant, ça me fait penser à une version un peu plus crue de « Futurama » (en dehors de la référence évidente à « Retour vers le futur », bien sûr). Très sympathique, décidément.
Concernant le « trickster » et la « wild card » (dans le sens moorcockien du terme), c’est plus ou moins ce que je voulais dire. Disons que je vois une parenté entre les deux. Pour utiliser un gros mot, des persos comme Jerry Cornelius, Gideon Stargrave ou Luther Arkwright me semblent être des tricksters passés à la moulinette post-moderne (via le prisme de David Bowie, peut-être), là où le Loki de Vertigo ou de Marvel seraient plus proches de l’archétype originel (ce qui ne les empêche pas d’aller vers des choses un peu meta quand le cœur leur en dit, hein). Je pense à haute voix, là, mais il me semble qu’il y a quand même une parenté entre ces deux figures.
Mais y’a possibilité de récupérer un vieil épisode ? J’ai remarqué dans la news qu"on poste que le lien du podcast est toujours identique
Oui, c’est vrai que je n’ai pas reposté récemment le lien vers l’archive contenant tous les épisodes. C’est là: Tumatxa – Google Drive
EPISODE 3 : Une histoire des problèmes de Loki
Avec un brin de retard, le dernier épisode en date de nos aventures radiophoniques, cette semaine largement consacrées au cinéma !!
Le programme cette semaine :
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Rayon cinoche, nous aborderons le cas du magnifique dernier long-métrage du jeune et très doué David Lowery, « A Ghost Story » (qui est comme son nom l’indique… une histoire de fantôme).
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Pour la BD, on évoque l’excellent premier tome de « Loki, agent d’Asgard », signé par le tandem britannique Al Ewing et Lee Garbett.
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Rayon cinoche à nouveau, une fois n’est pas coutume c’est vers la comédie française que nous nous tournons, avec l’hilarant et teigneux « Problemos », d’Eric Judor.
Et pour la musique, ce sera :
« Xenolith, The Anvil », extrait du premier album des fabuleux Ex Eye, « 13 Beaches » issu du dernier album de Lana Del Rey, « No Chance », brûlot noise-rock des cadors new-yorkais du genre, Unsane, et on termine avec le majestueux « The Old Ones Are With Us », de Wolves In The Throne Room", accompagnés pour l’occasion par Steve Von Till de Neurosis…!!
« Laughter and song in the night
Bring tears to their eyes
And my soul thaws
In the decadence of night
The dead world stirs… »
Bon, cette fois j’utiliserai les archives d’Ektah, je n’ai pas encore fini d’écouter la précédente…
Tu m’étonnes !!
Héhéhé…surtout que je suis revenu à deux ou trois reprises sur certains passages dans la première partie vu que c’est un sujet que je ne maîtrise pas du tout…
Ce qui est marrant, c’est que j’ai commencé la partie sur Twin Peaks et je m’y retrouve déjà plus…alors que je n’ai jamais vu la série. Mais j’ai tout de même beaucoup plus lu sur Lynch que sur le gnosticisme…
Au fait, je précise que j’ai ajouté sur la news de la page d’accueil le lien vers les archives d’Ektah (et je le ferai à chaque nouvelle émission)…