ULTIMATE INVASION #1-4 (Jonathan Hickman / Bryan Hitch)

Intéressant.

On peut également voir cela chez Anno et Evangelion commençant comme une oeuvre « complotiste » pour se finir, très justement, dans la dissolution totale du héros ou de son univers (particulièrement dans The End of Evangelion mais la relecture cinématographique de la saga offre une nouvelle perspective d’un Anno plus âgé

Eveagelion manquera toujours à ma culture pop.

C est un trou. Je finis par bien les aimer les trous désormais.

Soyouz, elle est pour toi celle là.

Tiens, la semaine dernière, j’ai appris du patois ruthénois. (enfin, aveyronais)
Quand tu veux boucher un trou, tu utilises le verbe « pétasser ».

C’était la minute culturelle du soyouz

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… mais je ne sais pas si la comparaison s’impose.
Globalement, les questionnements de Moore sur la société sont tellement plus profonds.

Chez Ellis comme chez Hickman, on reste à la surface des choses pour servir le genre.
Et le complotiste, dans Ultimates Invasion, je ne vois pas. Des personnages avec des plans plus ou moins tordus, ok, mais des bad guys qui tirent les ficelles dans l’ombre, c’est vieux comme la fiction.

D’ailleurs, Hickman parle (dans une interview, au moins) davantage d’un monde en crise que d’autre chose.
Ça, les crises, la fin du monde, les relations puissamment conflictuelles, ça lui parle.

J’aurais tendance à dire que, dans ses expressions les plus grand public, ce fut d’abord un imaginaire avant d’être un mouvement politique (même si l’un ne va pas sans l’autre, à des dosages divers).

Un sentiment de déclassement à l’échelle des nations ?

Ou bien réinvestissent-ils le monde / l’imaginaire cyberpunk en l’assaisonnant à la Deleuze (la société de contrôle), afin d’en conserver le côté menaçant et inhospitalier, parce que c’est plus dramaturgique ?

Jim

Je pense notamment à la scène de réunion des sbires mondiaux du maker expliquant le fonctionnement du monde et notamment qu un des pays qu ils dirigent est alternativement presenté à la population comme le grand mechant jusqu à la guerre puis c est au tour d un autre pays afin d occuper les foules.

La guerre pour de faux.

On peut difficilement faire plus complotiste : tout jusqu à la guerre est une fiction et un leurre.

C est en effet le maker qui perd le controle. Mais le maker n est pas le point d identification. Le monde est vu du point de vue d howard puis de tony (qui souffre quelque peu de l ombre du père dans le fait qu il récupère l armure. Un risque lorsqu on se focalise sur les pères. Là non plus cela ne me parait pas tres maîtrisé comme effet de la part d hickman à moins que ce soit son but).

De leur côté d howard et de tony, ce n est pas tant une crise qu une libération à laquelle il participe activement.

C etait la même chose pour la relance de wildstorm. Avec une variation qui etait d inscrire la dimension sociale ou de classe. Le monde etait totalement faux car manipulé par IO et stormwatch. La crise etait celle de leur confrontation et de leur paranoïa et l Authority se formait à partir du petit peuple rebus, ex employés de l un ou de l autre afin de proteger les citoyens des errements de leurs elites.

Je dirais que la metaphore de l heroisme fonctionne mieux dans la version d ellis. Mais dans les deux cas, cela repose sur l idée gnostique du monde faux manipulé par le dieu mechant, le demiurge (deux dans le cas d ellis, d où cela fonctionne tout de même mieux).

Tout mon point est de questionner cette element gnostique ou comspirationniste qui sont une seule et même chose.

Si il y a un élément eminemment paranoïaque dans le compsirationnisme, pas facile à vivre subjectivement, il y a aussi un élément rassurant : le monde n est pas chaotique, pas fait de hasard.

Mais plus encore : le monde est contrôlé par l occident. Le coupable est l occident. Certes si on y integre la dimension sociale ou la dimension populiste peuple/elite alors le peuple d occident peut se separer des elites.

La culpabilité « occidentale » est ici coextensive de l occident en position demiurgique.

Or, cette culpabilité peut également se lire comme un vœux : tant qu on est coupable, c est que nous restons les maitres du monde.

Que l on dise « c est grace à moi » ou « c est ma faute », logiquement ce n est pas différent, c est ce placer en position de responsable.

C est pour cela que je pointe une angoisse premiere à laquelle repond par certain côté le complotisme : certes un monde en crise, mais en crise parce que l « occident » n en est plus le maitre.

The Authority dans wildstorm empeche que le monde s effondre par la faute d excroissance américaine. Peut-être cela fonctionne t il comme imaginaire pour des américains. Reste que la crise d hickman ou d ellis est une crise des maitres et le heros n est pas un maitre. Le heros ne fait donc pas face à sa propre crise.

Il en va tout autrement dans les madmax :

Max fait face à une crise qui le menace ou qui menace les personnes auxquelles il vient en aide. Le spectateur s identifie donc à ceux qui font face à la crise. La crise n est pas une libération. Elle ne le devient éventuellement que par l intervention de max, libération dont max ne profitera pas (il part).

D un point de vue politique, on peut tout a fait dire que les madmax sont reactionnaires. Il aide à retablir la société là où les heros ultimates ou wildstorm dans ces versions sont révolutionnaires en faisant advenir la crise.

Mais d un point de vue mythologique, du point de vue de la vérité de l imaginaire, madmax me semble beaucoup plus juste.

Ce qui hante les sociétés nord atlantiques, c est la crainte de leur déclassement. Si le heros comme le dit Lehman est celui qui convertit l angoisse en émerveillement, alors c est à l angoisse de déclassement que le heros doit etre confronté. La vision complotiste empeche le heros de se confronter à cette angoisse puisque cette angoisse est voilée, masquée dans la vision complotiste qui à ce niveau là joue comme réassurance face à cette angoisse.

Si on rattache le complotisme à la gnose, c est un mouvement religieux.

Mais on n est pas obligé en effet de tout analyser par ce prisme.

Oui.

La chine monte, monte.

Dramaturgiquement, je trouve que madmax fonctionne mieux.

Mais oui, le complotisme permet en effet de rendre le monde inhospitalier, mais seulement un court instant, un instant évanescent parce que la coincidence etrange est immédiatement supplantée par le savoir de qui est responsable.

Etre confronté à l Autre mauvais fait parti de notre imaginaire c est certain mais je voulais pointer que derrière l Autre mauvais il y a pire : le monde du hasard, chaotique.

La vision complotiste ne permet pas de se confronter à cette angoisse là.

Il serait intéressant de créer une confrontation à l’Autre bon.

Et c’est là qu’intervient ta comparaison avec Providence ? Parce que les divinités lovecraftienne relèvent d’un ordre non euclidien, donc qui nous est imperceptible en tant que tel, et qu’on ne peut interpréter, par nos sens puis par notre raison, que comme chaos ?

Jim

Oui.

Providence de Moore est un chef d oeuvre à ce niveau.

Et scandale : plus que les livres de lovecraft, me concernant.

On peut difficilement faire mieux comme confrontation à ce monde chaotique, hors sens.

À classer du côté de lost highway de Lynch dans les grandes réussites du genre.

Apres providence donne une représentation à cette angoisse mais ne la convertit pas en émerveillement par l’intermédiaire du héros. Quoique.

Faudrait que je le lise parce que présenté comme tu le fais, ça me rappelle furieusement le travail de Kojima sur la saga Metal Gear Solid et en particulier le deuxième jeu datant de 2001

A ceci près que la démographie les condamne à moyen terme.
Ce que les américains ont bien compris.

Bon j en suis au 3…
C est du Hickmann classique quoi…
Ca part dans des trucs compliqués alors que ce st simple… ca parle.

Bon aprés ac se lit mais que de disgression, que ca pourrait etre raconté plus simplement sans faire semblant de construire un trucs trés complexes pour initiés…

Sinon un bon moment

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