Je pense notamment à la scène de réunion des sbires mondiaux du maker expliquant le fonctionnement du monde et notamment qu un des pays qu ils dirigent est alternativement presenté à la population comme le grand mechant jusqu à la guerre puis c est au tour d un autre pays afin d occuper les foules.
La guerre pour de faux.
On peut difficilement faire plus complotiste : tout jusqu à la guerre est une fiction et un leurre.
C est en effet le maker qui perd le controle. Mais le maker n est pas le point d identification. Le monde est vu du point de vue d howard puis de tony (qui souffre quelque peu de l ombre du père dans le fait qu il récupère l armure. Un risque lorsqu on se focalise sur les pères. Là non plus cela ne me parait pas tres maîtrisé comme effet de la part d hickman à moins que ce soit son but).
De leur côté d howard et de tony, ce n est pas tant une crise qu une libération à laquelle il participe activement.
C etait la même chose pour la relance de wildstorm. Avec une variation qui etait d inscrire la dimension sociale ou de classe. Le monde etait totalement faux car manipulé par IO et stormwatch. La crise etait celle de leur confrontation et de leur paranoïa et l Authority se formait à partir du petit peuple rebus, ex employés de l un ou de l autre afin de proteger les citoyens des errements de leurs elites.
Je dirais que la metaphore de l heroisme fonctionne mieux dans la version d ellis. Mais dans les deux cas, cela repose sur l idée gnostique du monde faux manipulé par le dieu mechant, le demiurge (deux dans le cas d ellis, d où cela fonctionne tout de même mieux).
Tout mon point est de questionner cette element gnostique ou comspirationniste qui sont une seule et même chose.
Si il y a un élément eminemment paranoïaque dans le compsirationnisme, pas facile à vivre subjectivement, il y a aussi un élément rassurant : le monde n est pas chaotique, pas fait de hasard.
Mais plus encore : le monde est contrôlé par l occident. Le coupable est l occident. Certes si on y integre la dimension sociale ou la dimension populiste peuple/elite alors le peuple d occident peut se separer des elites.
La culpabilité « occidentale » est ici coextensive de l occident en position demiurgique.
Or, cette culpabilité peut également se lire comme un vœux : tant qu on est coupable, c est que nous restons les maitres du monde.
Que l on dise « c est grace à moi » ou « c est ma faute », logiquement ce n est pas différent, c est ce placer en position de responsable.
C est pour cela que je pointe une angoisse premiere à laquelle repond par certain côté le complotisme : certes un monde en crise, mais en crise parce que l « occident » n en est plus le maitre.
The Authority dans wildstorm empeche que le monde s effondre par la faute d excroissance américaine. Peut-être cela fonctionne t il comme imaginaire pour des américains. Reste que la crise d hickman ou d ellis est une crise des maitres et le heros n est pas un maitre. Le heros ne fait donc pas face à sa propre crise.
Il en va tout autrement dans les madmax :
Max fait face à une crise qui le menace ou qui menace les personnes auxquelles il vient en aide. Le spectateur s identifie donc à ceux qui font face à la crise. La crise n est pas une libération. Elle ne le devient éventuellement que par l intervention de max, libération dont max ne profitera pas (il part).
D un point de vue politique, on peut tout a fait dire que les madmax sont reactionnaires. Il aide à retablir la société là où les heros ultimates ou wildstorm dans ces versions sont révolutionnaires en faisant advenir la crise.
Mais d un point de vue mythologique, du point de vue de la vérité de l imaginaire, madmax me semble beaucoup plus juste.
Ce qui hante les sociétés nord atlantiques, c est la crainte de leur déclassement. Si le heros comme le dit Lehman est celui qui convertit l angoisse en émerveillement, alors c est à l angoisse de déclassement que le heros doit etre confronté. La vision complotiste empeche le heros de se confronter à cette angoisse puisque cette angoisse est voilée, masquée dans la vision complotiste qui à ce niveau là joue comme réassurance face à cette angoisse.