UN HOMME EST PASSÉ... (John Sturges)

REALISATEUR

John Sturges

SCENARISTES

Millard Kaufman et Don McGuire, d’après la nouvelle de Howard Breslin

DISTRIBUTION

Spencer Tracy, Robert Ryan, Anne Francis, Dean Jagger, Walter Brennan, Ernest Borgnine, Lee Marvin…

INFOS

Long métrage américain
Genre : thriller
Titre original : Bad Day at Black Rock
Année de production : 1955

Black Rock. Rien qu’un grain de poussière sur la carte. Une petite bourgade presque oubliée et écrasée par la chaleur du désert. Un jour, un homme descend du train…le premier visiteur depuis quatre ans. Aussitôt, il est accueilli avec suspicion par la poignée d’habitants. En guise d’hospitalité, Mr Mcreedy ne reçoit qu’hostilité. Et les choses ne vont pas aller en s’arrangeant lorsqu’il apprendra le terrible secret de Black Rock…

Après avoir débuté en tant que monteur, John Sturges passa à la réalisation dès son retour de la guerre en enchaînant les séries B (dont la durée dépassait rarement les 70 mn). Il s’illustra à plusieurs reprises dans le film noir (The Man who dared, Shadows, La Plage déserte…), tout en signant des drames familiaux (For the love of Rusty, Keeper of the bees, Best Man Wins…) ainsi que son premier western, Les Aventuriers du Désert avec Randolph Scott, en 1949. En tout 19 longs métrages entre 1946 et 1953, dont une grande partie est encore méconnue.

John Sturges connut son premier grand succès en 1953 avec le western Fort Bravo, mais c’est surtout Un Homme est passé… qui l’imposa internationalement, avec sa seule nomination à l’Oscar du Meilleur Réalisateur et une sélection au Festival de Cannes. Il réalisa ensuite quelques uns des plus grands classiques du cinéma américain, comme Règlements de comptes à O.K. Corral (1957), Le Dernier train de Gun Hill (1958), Les 7 Mercenaires (1960) et La Grande Evasion (1963).

Il se dit que Nicolas Schenck, qui était à l’époque le Président de la MGM, a failli s’opposer à la production de Un Homme est passé…, dont il trouvait le sujet trop subversif, surtout en cette période troublée pour l’industrie hollywoodienne. Un des tout premiers films à aborder le traitement raciste dont furent l’objet les Nippo-américains pendant la Seconde Guerre Mondiale, Un Homme est passé peut également être vu, de par les thèmes qu’il véhicule, comme une allégorie du climat de peur et de méfiance créé par le McCarthysme.

L’histoire prend place en 1945, au sortir du conflit mondial, et dans ce contexte, la minuscule Black Rock représente un véritable microcosme de l’Amérique. Le scénario construit habilement son suspense, à la durée remarquablement maîtrisée (à peine 80 mn), en retenant d’abord ses informations…sur le but de Mcreedy, sur le comportement des habitants…tout en instaurant un mystère à la « whodunit » (« qui l’a fait ? ») concernant le lourd secret qui pèse sur le village comme une chape de plomb.
L’ambiance est tendue, palpable; les dialogues sont secs, implacables…Un Homme est passé… est un film qui parle de lâcheté, de honte, d’intolérance, d’indifférence…mais aussi d’intégrité et de responsabilité civique.

John Sturges fait un superbe et dramatique usage du Cinémascope, dans sa narration, dans la gestion des décors, dans la composition des plans. La tension monte graduellement en puissance jusqu’à un dernier acte qui finit d’imposer les accents westerniens de l’ensemble. Un Homme est passé a d’ailleurs souvent été comparé à un « western moderne » et fut jusqu’au bout le film dont John Sturges est resté le plus fier.

Même s’il a souvent été considéré comme trop vieux pour le rôle, Spencer Tracy (que John Sturges dirigera à nouveau dans le très beau Le Vieil Homme et le Mer) est excellent en vétéran manchot, tout en économie et en force tranquille (mais il ne faut pas le chercher trop longtemps…la brute jouée par Ernest Borgnigne en fera l’amère expérience). Son principal antagoniste est interprété par Robert Ryan (Nous avons gagné ce soir), qui apporte toute son intensité au personnage de Reno Smith, le « caïd » auto-proclamé, celui face à qui qui tout le monde crève de trouille.

Anne Francis (Planète Interdite), Dean Jagger (La Tunique), Walter Brennan (Rio Bravo) et Lee Marvin (L’Homme qui tua Liberty Valance, Les Douze Salopards…) en homme de main borné complètent cette impeccable distribution.

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Belle évocation de l’un des mes films préférés (depuis que je l’ai vu à la télévision encore gamin).

L’affiche polonaise :

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