UNE CORDE...UN COLT... (Robert Hossein)

REALISATEUR

Robert Hossein

SCENARISTES

Robert Hossein et Claude Desailly

DISTRIBUTION

Robert Hossein, Michèle Mercier, Guido Lollobridgida, Serge Marquand, Pierre Collet, Pierre Hatet, Michel Lemoine…

INFOS

Long métrage français/italien/espagnol
Genre : western
Année de production : 1968

« Pour moi, le western, ce sont les chevaux, les paysans, les grands espaces, un colt, la solitude. Une nostalgie. » (Robert Hossein, 1968).

Prolifique metteur en scène de théâtre et de grands spectacles, Robert Hossein, qui fut en son temps « le beau ténébreux » du cinéma français (étiquette popularisée notamment par son rôle de Jeoffrey de Peyrac dans la série des Angélique), a également réalisé une bonne quinzaine de longs métrages, principalement dans le genre thriller/film noir. Peu de temps après sa première apparition sur grand écran en temps qu’acteur, il se retrouve derrière (et aussi devant) la caméra en 1955 pour adapter Fréderic Dard (Les salauds vont en enfer). Suivront, entre autres, Toi…le venin, Les scélérats, La Mort d’un tueur ou ce qui reste à ce jour son film préféré parmi ceux qu’il a réalisé, Le Vampire de Düsseldorf (1964), d’après l’histoire du véritable tueur en série qui avait inspiré Fritz Lang pour M le Maudit.

Après 1970 (et Point de Chute avec Johnny Hallyday), Robert Hossein a mis de côté sa carrière de réalisateur pour le cinéma pour privilégier les planches. Il ne signa plus que deux longs métrages dans les années 80 (dont Les Misérables avec Lino Ventura en Jean Valjean) et une poignée de téléfilms par la suite.


Amoureux des westerns depuis sa jeunesse, grand admirateur de spécialistes du genre comme Raoul Walsh, John Ford et Sergio Leone (avec qui il était ami et qui a, selon Hossein, réalisé une scène de Une corde…un colt…), Robert Hossein a lui-même mis en scène deux westerns, Le Goût de la violence en 1961 (dans lequel il incarne un paysan mexicain révolutionnaire !) et Une corde…un colt… en 1968, tragédie vengeresse empreinte de lyrisme (parfois un peu trop appuyée par la musique de André Hossein, le père du réalisateur) et de romantisme (les sentiments entre les deux principaux protagonistes ne sont jamais explicites, plutôt suggérées par des regards qui en disent long…sur leur passé, sur leurs fêlures).

Le scénario est classique, presque conventionnel, suivant une formule déjà maintes fois empruntée : un vol, un lynchage, une vengeance. Mais ici, c’est le traitement qui fait du film de Robert Hossein un western à l’atmosphère particulière. Il n’y a ni méchants, ni gentils, et la vengeance de la veuve incarnée par Michèle Mercier, loin du personnage d’Angélique qui fit son succès autant que son malheur (pour ma part, je n’en ai vu aucun, je me rappelle surtout d’elle dans le segment Le Téléphone de l’excellent Les Trois Visages de la Peur de Mario Bava), ne prendra pas la forme attendue.

Une corde…un colt… est un western visuellement très beau, très accrocheur. Robert Hossein (qui s’est réservé le rôle du laconique Manuel) a superbement peaufiné les cadres, les gros plans, la profondeur de champ, magnifiant autant les décors que les nombreux face-à-face. C’est aussi un western taiseux. Sur 85 minutes, il y a au maximum une dizaine de minutes de dialogues…et quand les personnages parlent, les répliques sont rapides, sèches, cassantes…comme les coups de feu. Les plans sont étirés à l’extrême, c’est pesant, aride, l’action est rare…mais même si l’ensemble est très lent, la tension est souvent présente (le film divise sur ce point là, certains le trouvant mortellement ennuyeux…ce qui n’est pas mon cas, je suis juste un peu plus réservé quant à des ruptures de ton assez étranges, comme la fameuse scène du dîner, celle qui aurait donc été réalisée par Sergio Leone).
Ce parti-pris obsédant est dans l’ensemble bien adapté à la représentation quasi-théâtrale de personnages qui ont accepté l’inéluctabilité de leur destin.

Co-production avec l’Italie et l’Espagne oblige, on retrouve au générique de Une corde…un colt… des acteurs comme Guido Lollobridgida (Django, prépare ton cercueil) et Daniele Vargas (Un homme, un cheval et un pistolet), mais la distribution est principalement française : il y a notamment le prolifique second couteau et doubleur Pierre Collet (Les Cinq Dernières Minutes) en shérif; Michel Lemoine, apparu dans de nombreux films de genre dans les années 60/70 (Hercule contre Moloch, Arizona Bill…) avant sa reconversion comme réalisateur de pornos et Pierre Hatet, qui est maintenant plus connu pour sa voix puisqu’il est, pour ne citer que ces deux fabuleuses prestations, le doubleur du Joker dans les dessins animés Batman et la voix officielle de Christopher « Doc Brown » Lloyd.