LE JUGE (Jean Girault et Federico Chentrens)

L’affiche française et l’affiche belge.

REALISATEURS

Jean Girault et Federico Chentrens

SCENARISTES

Luigi Angelo, Federico Chentrens et Jean Girault, d’après la bande dessinée Le Juge de Morris et Goscinny

DISTRIBUTION

Pierre Perret, Robert Hossein, Silvia Monti, Angelo Infanti, Xavier Gélin…

INFOS

Long métrage français/italien
Genre : comédie/western
Année de production : 1971

« Faire un film avec un acteur interprétant Lucky Luke me paraît bien difficile. Comment faire passer un personnage dessiné plus ou moins caricatural sous les traits d’un acteur ? » (Morris, 1983).

Pour le scénariste et dessinateur Morris, il n’y avait pas de doute : le cinéma d’animation était le support idéal pour transposer sur grand écran l’univers des bandes dessinées de Lucky Luke (il y a eu quatre films animés à ce jour : Lucky Luke/Daisy Town en 1971, La Ballade des Dalton en 1978, Les Dalton en cavale en 1983 et Tous à l’Ouest en 2007). C’est pourquoi il fallut attendre 1991 et toute la persuasion de Terence « Trinita » Hill pour qu’un Morris hésitant accepte que sa création évolue dans sa première adaptation « live ».
Le comédien et réalisateur italien Terence Hill incarna donc le premier Lucky Luke « officiel » du cinéma (et il reprit le rôle dans une courte série télévisée), suivi par l’allemand Till Schweiger dans Les Dalton avec Eric et Ramzy et par le français Jean Dujardin dans le Lucky Luke de James Huth.

Si j’ai précisé « officiel » ci-dessus, c’est parce qu’il existe une « adaptation pirate »…et on la trouve bien évidemment dans le cinéma d’exploitation turc. La photo ci-dessous est tirée de Atini seven kovboy, sorti en Turquie en 1974, avec Sadri Alisik dans le rôle de « Red Kit », le Poor Lonesome Cow-Boy du Bosphore.

Turkish Lucky Luke.

La même année que la sortie du film d’animation Lucky Luke/Daisy Town, il y a pourtant eu une adaptation en prises de vues réelles maintenant largement oubliée. Co-production franco-italienne (western spaghetti au camembert ?) co-réalisée par Jean Girault, le metteur en scène fétiche de Louis de Funès dans les années 60 (on lui doit notamment tous les épisodes de la série du Gendarme de Saint-Tropez), Le Juge reprend l’histoire du 13ème album des aventures de Lucky Luke…mais sans l’homme qui tire plus vite que son ombre remplacé ici par un cow-boy nommé Buck Carson !

Tout en procédant bien évidemment à plusieurs changements (pour n’en citer qu’un : dans la BD, Lucky Luke escorte un troupeau; dans le film, Buck Carson se fait voler deux caisses remplies d’or), le scénario reprend des personnages et des passages entiers, comme les gesticulations du croque-mort, les parodies de procès et la partie de poker qui sert à départager le juge Roy Bean et son ennemi Bad Ticket (Black Bird dans le film).
L’humour des situations tombe souvent un peu à plat, certains gags fonctionnant sur le papier n’ayant pas le même impact sur écran, mais dans l’ensemble Le Juge est un bon petit divertissement un peu foutraque sur les bords et qui se repose plus sur l’abattage de ses comédiens que sur une réalisation sans relief.

Un an avant Paul Newman dans Juge et hors-la-loi de John Huston, le chanteur Pierre Perret, dont la carrière d’acteur fut très courte, incarnait ici une version parodique du Juge Roy Bean (qui a réellement existé). Et il se révèle convaincant et très amusant dans le rôle de cette sympathique fripouille. Face à lui, Robert Hossein, (très) loin de sa prestation laconique dans Une Corde…un colt… cabotine comme un beau diable en méchant de cartoon. Et Buck Carson, le remplaçant de Lucky Luke, est campé par l’italien Angelo Infanti, vu à la même époque dans Le Mans avec Steve McQueen et Le Parrain de Francis Ford Coppola.

La touche féminine est assurée par la belle italienne Silvia Monti, qui tourna la même année dans Le Venin de la Peur de Lucio Fulci et Journée noire pour un bélier de Luigi Bazzoni, et par la française Francoise Girault, la femme du réalisateur, maquilleuse de formation qui est apparue dans 3 films de son mari. Elle est au centre d’une scène qui détonne avec l’ambiance générale du film, un strip-tease quasi intégral qui a, paraît-il, été rajouté par les producteurs italiens (le grain de l’image change et on ne voit pas le visage de l’actrice quand elle dévoile sa poitrine).
Je me demande bien comment Morris et Goscinny ont réagi à ce plan nibards à l’époque (ou alors il n’est présent que dans la version italienne qui est celle que j’ai vue…le doublage de Robert Hossein y est d’ailleurs complètement hystérique).

Qu’est-il de meilleur qu’un salon plein de couche-tard
Qu’un couche-tard plein de whisky
Qu’un whisky à un dollar
C’est le juge Roy Bean

Qu’est-il de meilleur que ces trois charmants garçons
Qui iront pour leur patron
Se faire trouer le caisson
C’est le juge Roy Bean

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L’affiche italienne :

01526901

Notes : elle vend un western classique et pas une comédie; Morris et Goscinny ne sont pas mentionnés; et les deux réalisateurs sont regroupés sous un seul nom, le pseudonyme américanisé « Richard Owens ».