Tu ne seras pas déçu, je crois.
Toujours aussi bonnard, ce show, au bout du troisième épisode.
La trame n’est pas, à l’exception du McGuffin servant de moteur à l’intrigue (la fameuse BD maudite), d’une originalité fracassante : un récit hitchcockien modernisé (mais grosso modo, le ressort est hitchcockien : des pékins lambda qui se retrouvent pris dans les mailles d’un complot remontant très haut, avec fausses accusations à gogo), qui renvoie aussi au climat paranoïaque de certains titres du cinoche US des seventies.
Mais l’écriture et la réalisation rendent le tout très intéressant.
En termes d’écriture, j’aime bien la façon de brosser les persos, tous plutôt antipathiques au final et malgré tout attachants (le gamin, tête à claques au début, et très touchant dans le troisième épisode), avec même deux trois personnages qui sortent franchement des sentiers battus, notamment le tueur implacable campé par Neill « Kill List » Manskell et sa tête de droopy psychotique. Au passage, certains seront peut-être gênés par le côté too much de sa prestation, mais je trouve que ce manque de sobriété dans ses effets confère une étrangeté au personnage qui joue en faveur de l’atmosphère générale.
Au moins (c’est un minimum) trois scènes très réussies dans cet épisode :
le tétanisant prologue et son massacre glacial en pleine école(sacrément gonflé dans une prod’ télé quand même), et les deux face-à-faces finaux (Jessica Hyde / Arby, et Dugdale / le Ministre) très intenses et assez scotchants.
Les auteurs font de plus monter la pression autour du mystérieux Mr Rabbit, qui prend au détour d’une évocation par l’agent Milner une aura assez proche de celle de Keyser Söze dans le fameux « Usual Suspects ».
En termes de réalisation, je suis toujours fan des choix un peu radicaux de mise en scène (tout est relatif bien sûr, mais encore une fois nous sommes à la télé), comme sur le prologue où il est fait un usage tout simplement diabolique du hors-champ, ou cet usage jusqu’au-boutiste des « lens-flares » à peine plus loin dans l’épisode (et l’effet est réussi je trouve).
Toujours aussi dubitatif en ce qui concerne le travail sur la colorimétrie, bien trop « chimique » à mon goût, mais bon, ça reste un détail.
J’espère que la deuxième moitié de cette saison 1 sera à la hauteur de la première, et nous tiendrons là une mini-série de tout prmier ordre, qui démontre définitivement que pour prendre une claque par surprise en matant une série télé, il vaut mieux de nos jours se tourner du côté de la Manche que du côté de l’Atlantique…