VERSION (Hisashi Sakaguchi)

Effectivement, et c’est bien dommage, parce que l’équilibre du récit est plutôt pas mal, et la caractérisation amusante.

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C’est d’ailleurs un point fort du récit, mais c’est assez risqué, je trouve : le premier personnage principal que l’on découvre, c’est Happo, un détective privé de petite envergure, spécialisé dans les adultères, et que Sakaguchi traite sur le mode humoristique. Comme il force le trait, au propre comme au figuré, il pourrait tomber dans l’écueil du pas sérieux et ainsi diminuer son personnage. Mais il s’en sort en le confrontant à la fille du savant disparu sur lequel il doit enquêter, qui est quant à elle plus sérieuse, permettant d’articuler le récit sur ce contraste.

Contacté par un personnage assez raide et visiblement désireux d’entretenir une certaine discrétion, Happo doit enquêter sur une forme de vie artificielle capable de se reproduire, et dont le développement a causé des problèmes de santé, des morts, des disparitions et, il va s’en apercevoir très vite, des convoitises. Il part donc en Australie, rencontre Eiko, la fille du professeur, découvre que la créature artificielle peut changer de forme, croise une sirène, puis se retrouve poursuivi par une organisation étrange à la tête de laquelle règne un milliardaire difforme.

Sakaguchi mélange, avec un certain bonheur, le techno-thriller, les délires scientifiques (dont certains se sont imposés entre-temps dans la société réelle : c’est amusant de lire des dialogues à propos des « datanets » dans un bouquin qui date de 1996 où l’éditeur renvoie à une adresse Minitel…), la grande aventure (ah, la séquence d’évasion de la grotte…) et un casting diversifié et distrayant (le Captain Pepi vaut le détour…).

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Ce premier tome, qui est donc un tome unique en France, boucle un premier cycle d’aventures, et il peut donc être lu à part. Même s’il laisse le sentiment que tout n’est pas résolu, il donne au moins un destin à la créature et une portée intéressante au récit. Ceux qui ont connu, comme moi, la série à sa sortie (j’ai dû acheter mon exemplaire quelques années après, mais je l’ai vu arriver en rayon), n’ont plus qu’à attendre qu’un éditeur se souvienne de la partie inédite et ressorte une intégrale.

Jim