VIKING WOMEN AND THE SEA SERPENT (Roger Corman)

REALISATEUR

Roger Corman

SCENARISTE

Lawrence L. Goldman, d’après une histoire de Irving Block

DISTRIBUTION

Abby Dalton, Susan Cabot, Bradford Jackson, Jonathan Haze, Betsy Jones-Moreland, Richard Devon…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures/fantasy
Année de production : 1957

Viking Women and the Sea Serpent est en fait le titre abrégé de The Saga of the Viking Women and Their Voyage to the Waters of the Great Sea Serpent…mais c’était quand même un peu trop long pour l’afffiche.
Avec ce titre, on aurait pu s’attendre à une granda saga épique…mais pour cela, il aurait fallu que James Nicholson et Samuel Z. Arkoff, les pontes radins de American International Pictures, refilent un peu plus que 110.000 dollars aux instigateurs de la chose.

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En 1957, Roger Corman a la tête dans le guidon et réalise la bagatelle de 9 films, de la S.F. (Not of this earth) au film de gangsters (Mitraillette Kelly) en passant par le teen-movie (Rock all night, Sorority Girl) et le film de monstres (L’attaque des crabes géants)…et ça, c’est compter sans ses autres productions qui alternent aussi entre gros nanars et honorables B movies.
Même s’il est réputé pour tourner très vite (la plupart de ses films sont mis en boîte en une ou deux semaines), le budget alloué aux différentes étapes de la production, ainsi que le peu de temps qui leur est accordées, ne permet pas de se hisser au niveau de la plupart des concurrents de la firme AIP. C’est pour cela que Corman se laisse tenter par le projet du scénariste et spécialiste des effets spéciaux Irving Block, connu notamment pour sa participation à des séries B de S.F. de qualité comme Planète Interdite, Kronos et Les Envahisseurs de la Planète Rouge.

Avec ses partenaires Jack Rabin et Louis DeWitt, Block élabore une série de concept-arts pour vendre l’idée de Viking Women. AIP et Corman donnent le feu vert et Lawrence L. Goldman, l’autre collaborateur régulier de Irving Block, est engagé pour rédiger l’histoire.
Mais, avec ce récit de femmes vikings prenant la mer pour retrouver les hommes de leur tribu disparus, on est vraiment très, très loin des Vikings de Richard Fleischer.

Sur le plateau, Roger Corman se rend vite compte que rien ne fonctionne : pour la somme allouée, les responsables des effets spéciaux livrent quelques matte-paintings potables , mais loupent totalement toutes les transparences des scènes maritimes. Le rapport de taille entre les actrices et l’environnement qui les entoure est tellement peu convaincant que le réalisateur filme la plupart du temps en plan serré, ce qui occasionnera pas mal d’effets comiques involontaires, notamment lors des maigres apparitions du Serpent de Mer du titre, tellement grand par rapport au bateau qu’il est difficile d’avoir un aperçu clair de la bébête. Ce qui n’est pas plus mal finalement, puisqu’à l’occasion de d’un plan fugace lors de la bataille finale, on voit bien que le monstre est animé façon « main dans une chaussette ».

Tourné dans des décors vus dans des centaines de westerns, Viking Women est un festival de faux raccords et d’erreurs de continuité, d’énormes facilités scénaristiques (toutes les vikings sont blondes à part une sorcière brune appelée Enger…Anger/Colère, vous voyez le topo…qui ô surprise, va trahir ses congénères pour l’amour de son chef qui n’a d’yeux que pour sa femme Desir), de costumes et coiffures qui démontrent que les départements concernés n’ont pas du faire beaucoup de recherches historiques. Le chef de la tribu ennemie est habillé comme Gengis Khan et la plupart des vikings ressemblent à des surfers californiens.
Le casting féminin est un défilé de beautés habituées des films de Corman…dont Susan Cabot (The Wasp Woman), Abby Dalton (Rock All Night) et Betsy Jones Moreland (La dernière femme sur Terre). On retrouve aussi Jonathan Haze, le futur héros de La Petite Boutique des Horreurs, en blondinet bondissant.

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Aussi ratée qu’elle soit, Viking Women est une curiosité plutôt divertissante grâce à la roublardise de son réalisateur, même si l’ensemble frôle le Z à de nombreuses occasions.
Malgré ce sympathique naufrage, Corman retravaillera avec Lawrence L.Goldman et Irving Block l’année suivante pour War of the Satellites, un peu plus réussi celui-là.

Dommage que l’on ne peut plus voir de tel films a la TV. Je me rappelle que C+ avait une émission mensuelle " Cinéma de quartier " ou pouvait voir pas mal de bon film de série B.

Je suis bien d’accord. Le Cinéma de Quartier, qui a fait une grande partie de ma culture bis, était l’un de mes rendez-vous préférés (et hebdomadaire, en plus).