REALISATEUR & SCENARISTE
Jean-Marie Pallardy
DISTRIBUTION
Robert Ginty, Belinda Mayne, Jess Hahn, Fred Williamson…
INFOS
Long métrage français/turc/britannique
Genre : action/aventures
Année de production : 1985
Parce qu’il s’ennuyait dans son métier de mannequin, le français Jean-Marie Pallardy décide de devenir réalisateur au début des années 70 et profite de la révolution sexuelle et de « l’âge d’or » du cinéma érotique à la française (à l’époque, le genre avait encore les faveurs des salles de cinéma) pour enchaîner les boulards plus ou moins softs, avec des titres aussi évocateurs que Règlements de femmes à O.Q. Corral, L’amour chez les poids lourds et L’arrière-train sifflera trois fois. Pallardy a touché aussi au cinoche plus traditionnel (Le Ricain, pour lequel il a réussi à signer le maestro Ennio Morricone à la musique) tout en restant dans le domaine du porno de plus en plus hard. Mais sans grande conviction car il quitte la France après six ou sept films pour tenter de percer dans la série B d’action.
Après avoir participé à Bruce contre-attaque (avec en vedette Bruce Le, un des sous-Bruce Lee les plus célèbres), Jean-Marie Pallardy réussit à réunir des fonds (de France, de Turquie, sainte patrie des zédards, et d’Angleterre) pour tourner un long métrage passé inaperçu à l’époque et qui est devenu depuis le Saint-Graal des amateurs de nanars. Il est difficile de décrire Vivre pour survivre, également connu en tant que White Fire et Le Diamant, car ce truc est une véritable expérience. Trois titres pour une seule pelloche qui réunit tous les clichés du film d’action des années 80 (jusqu’aux montages sur fond de soupe indigeste…et punaise, ce qu’elle revient souvent cette chanson de merde) et qui réussit à être pourtant imprévisible par l’accumulation de défauts à absolument tous les niveaux.
C’est que tout est pourri, tout est collector dans Vivre pour survivre. Les héros, Mike (Robert Ginty, qui a débuté dans Les Têtes Brûlées avec Robert Conrad avant de poursuivre sa carrière dans le bis à partir des années 80) et Ingrid, sont deux orphelins élevés par Sam,un américain (Jess Hahn, le ricain le plus français) après avoir assisté au meurtre de leurs parents (dans une première scène qui n’a pas vraiment l’effet voulu tant elle est mal filmée et mal jouée…et ce ne sont que les cinq premières minutes). Le trio est impliqué dans un trafic de diamant en Turquie, Ingrid travaillant sous couverture comme secrétaire d’une importante mine de diamants. Et cette mine, c’est quelque chose : l’extérieur ressemble à ces innombrables carrières vues dans des séries Z turques et italiennes, l’intérieur a un côté bizarrement science-fictionnesque, telle la base d’un vilain d’un sous-James Bond.
Un jour, le légendaire « White Fire », le plus grand et le plus dangereux (car ce machin émet des radiations) diamant du monde, est découvert et Ingrid et Mike aimeraient bien mettre la main dessus. Mais les choses dégénèrent et peu de temps après, Ingrid est tuée. Mike est anéanti…mais pas vraiment pour les bonnes raisons. Car on a bien compris quelques instants avant l’instant dramatique que Mike était amoureux de sa soeur (la façon dont il la regarde dans une scène bien gênante ne laisse pas de doute…et sa réplique aussi : « dommage que tu sois ma soeur »…comprenez « j’ferai de toi mon quatre-heures »). La rencontre avec une certaine Olga, dont il tombe également amoureux (il les lui faut toutes à Mike) le sort de son désespoir. Olga accepte de se transformer en sosie d’Ingrid grâce à la chirurgie esthétique, relançant la mission pour s’emparer du White Fire. Bon du coup, Mike peut aussi se taper sa petite amie qui a le visage (et le corps…c’est fou, les progrès de la médecine) de sa soeur…
Apologie béate de l’inceste, Vivre pour survivre part dans tous les sens à un tel point que je me suis souvent demandé ce qui se passait et ajoute une sous-intrigue qui n’apporte rien du tout à l’ensemble. Fred Williamson, star de la blaxploitation, joue un flic ripou (ce qui n’est pas si clair que ça dès sa première scène) à la recherche d’Olga, son ex-petite amie. Son personnage ne sert absolument à rien et passe son temps à apparaître ici ou là, au bon vouloir d’un Pallardy qui a abandonné depuis longtemps toute idée de cohérence, Williamson se contentant d’empocher son chèque et de profiter d’un séjour à Istanbul tous frais payés entre deux bisseries en Italie.
Par la grâce d’un montage catastrophique, Vivre pour survivre est une joviale foire aux faux raccords. Les acteurs sont médiocres (mention spéciale à la chef des trafiquants, aussi inexpressive qu’une statue de marbre), les dialogues sont ridicules, les scènes d’action sont illisibles et la violence est si exagérée et trash qu’elle en devient grotesque. Bref, du grand n’importe quoi filmé n’importe comment pour un nanar de compétition !