Watchmen: Inadaptable ?!
Si Snyder avait réussi à contenter les studio et séduire le public avec l’adaptation de 300 à base de filtre et de slow motion en veux tu en voilà, je suis resté assez sceptique quand à sa capacité à adapter une histoire ou l’intérêt ne résidait pas dans la testostérone et le combat épique. Sceptique quand on sait le nombre de projet et de réalisateur qui ont caressé le rêve de filmer Watchmen.
Je me suis donc présenté devant son Watchmen par curiosité, sans avoir relu la BD et sans avoir jeté de coup d’œil à la BA.
Watchmen: Pas une histoire de super-héros.
Si pour vous The Dark Knight et Iron-Man représente la noirceur et le côté torturé; Que le gentillet geek Peter Parker et son alter ego arachnophile Spidey sont l’incarnation du doute, de la question existentielle, et de la schizophrénie du super-héros: Vous aimez les super-héros américains typiques quart-badguy mi-samaritain quart-poseur.
Si vous allez voir Watchmen pour les effets spéciaux et les scènes épiques de combats bien/mal: n’allez pas le voir.
Si on y retrouve quelque schéma classique du comics de super-héros c’est à leur paroxysme: au delà des lois et de toute morale ils sont tout puissant et à la fois vulnérable, eux même enfermés dans le carcan d’être un héros à tout prix.
Caricature kitsch et décomposée de héros transposés dans un monde qui n’est pas le leurs, en perte de repère: il n’y a qu’un héros dans cette histoire entouré d’une brochette de dingues dont l’asile d’Arkam ne voudrait pas.
Watchmen: un bon film? Oui mais non.
Tout sauf grand publique, tout sauf une histoire de gentil tapant du méchant; On peut dire que Snyder respecte le matériau d’origine mais peut-être trop. Après relecture de la version papier on se rend compte qu’elle a servie de story board plus que de fil conducteur et qu’à trop copier son modèle on fini en décalque voir en pastiche.
Malheureusement ce qui passe très bien en image fixe devient d’une longueur monotone une fois animé… le film est donc long et pas seulement à cause du temps (moins de 3h) mais à cause de sa construction trop peu linéaire par moment; J’en reviens même à me dire que l’adaptation aurait dû être épurée, allégée.
La grande force du livre tient beaucoup dans sa construction graphique et narrative (mise en abime, renvoi aux codes graphiques de comics, caricature et décomposition de héros de comics existant, courbure de la réalité historique…) et paradoxalement une des faiblesse du film, trop brouillon, trop décalé, graphiquement maitrisé mais d’une narration trop chaotique trop peu cinématographique.
Snyder livre donc une copie conforme, pas un grand film, un peu kitsch, un peu long, un peu surdéveloppé… Au final ca manque cruellement de rythme et ça s’essouffle au milieu. Zach Snyder aura une belle carrière de metteur image de blockbuster, de réal à commande pour gros studio peut-être mais comme un élève trop studieux il ne sera jamais un génie.
Pas une grosse déception, le film se classe quand même bien au dessus d’un -Daredevil-Elektra-Spawn-insert supernavet here- mais on est loin des hauteurs du genre, juste sauvé par le matériau d’origine, l’histoire atypique et le personnage de Rorschach seul perso un temps soit peu maitrisé de la version cinématographique.
Ca aurait pu être pire, bien plus sûrement que mieux mais ça reste complètement indomptable.
Lisez Watchmen, lisez Kick-Ass, lisez Civil War. Regarder Batman, Spiderman, Ironman.