WILD PALMS est une série télévisée de 1992, produite par Oliver Stone d’après un comic book de Bruce Wagner.
Harry Wyckoff (James Belushi) est avocat. Il vit à Los Angeles en 2007. Un Los Angeles de carte postale (ciel bleu, villas aux murs immaculés, grosses voitures américaine des années 50 et palmiers, bien sûr), paradis du fitness et du capitalisme glamour, dominé par les médias…Images idéales sorties d’une publicité… si on ne prête pas garde aux gros bras en costume et raybans qui dérouillent impunément des quidams en pleine journée dans l’indifférence générale… ou aux uniformes fascistes des flics qui semblent posséder une liberté d’action totale.
Dans ce futur dystopique, l’Amérique a connu une guerre civile opposant deux partis, l’un autoritaire, l’autre libertaire, les Pères et les Camarades. Le premier a triomphé non sans avoir nucléarisé l’état de Floride pour «cautériser» un corps social malade (on s’étonne d’ailleurs que ce soit la Floride plutôt que la Californie.) Il a ainsi obligé le parti adverse à se réfugier dans la clandestinité, vivant dans les souterrains de Los Angeles, pour échapper aux milices du sénateur Kreutzer (Robert Loggia), fondateur de l’Eglise des Pères et tout puissant patron de Canal 3.
La chaîne Canal 3 propose aux téléspectateurs de vivre une expérience inédite à travers un nouveau show, Les Fenêtres du Culte, qui mélange l’immersion dans la réalité virtuelle via un procédé technique révolutionnaire et message spirituel… La consommation d’une drogue hallucinogène permettant de vivre encore plus intensément ce moment. Ce nouveau procédé n’est qu’un instrument dans la conquête du pouvoir absolu par Kreutzer, qui compte bien balayer ce qu’il reste de la démocratie.
C’est ainsi que ça commence…
Harry souffre de cauchemars récurrents : il a la vision d’un rhinocéros qui apparaît la nuit dans sa piscine, porteur d’un message de mise en garde. Il est alors sollicité, lui, avocat d’affaires, par une ex-maîtresse, Paige Katz (Kim Cattrall) pour retrouver son fils disparu. Il va finalement être débauché et travailler pour Kreutzer lui-même afin de développer Canal 3 et le procédé de télédiffusion en 3D. Son propre fils jouant le premier rôle dans Les Fenêtres du Culte.
Progressivement, l’épouse de Harry, Grace (Dana Delany) sent que son fils se détache d’elle… mais s’agit-il bien de son fils et non pas d’un autre enfant qu’on aurait échangé à sa naissance et préparé pour servir un plan à long terme ? La propre mère de Grace, Josie (Angie Dickinson) est liée à Kreutzer et à l’Eglise des Pères alors que son père, un leader des Camarades, moisi dans hôpital psychiatrique pénitentiaire. Harry est manipulé et devient un enjeu que se disputent les Pères et les Camarades.
Ambiance vénéneuse pour cette mini-série de prestige qui aborde le thème des réalités virtuelles et s’octroie les services d’acteurs prestigieux (cités précédemment et auxquels on peut rajouter Brad Dourif, Nick Mancuso) et quelques guest stars de qualités : William Gibson («qui a créé le mot cyberespace») et Oliver Stone dans leurs propres rôles (l’ouverture des archives démontrant que sa version de l’assassinat de Kenndy dans JFK était la bonne, apprend-on en entrevoyant un talk show télévisé !) La musique envoutante de Ryuichi Sakamoto (compositeur des BO du Dernier Empereur et de Furyo – où il partage également la vedette avec David Bowie) distille une impression de malaise diffus.
Le rhinocéros, animal emblématique de la série, aurait inspiré la licorne, symbole de rêve et de liberté. Cet animal emprisonné dans un corps pataud est à l’image du procédé de Kreutzer, un formidable moyen de dépasser la réalité au service d’intérêts matériels sordides.
Et les palmiers se courbent sous l’effet d’un vent venu de nulle part, subissant, comme les héros, les évènements…