REALISATEUR
Daniel Mann
SCENARISTE
Gilbert A. Ralston, d’après le roman de Stephen Gilbert
DISTRIBUTION
Bruce Davison, Sondra Locke, Elsa Lanchester, Ernest Borgnine…
INFOS
Long métrage américain
Genre : drame/horreur
Année de production : 1971
Willard Stiles est un solitaire. Incompris et mal à l’aise en société. Au boulot, il est sans cesse rabaissé par son patron qui l’humilie régulièrement devant ses collègues. Et pour couronner le tout, l’entreprise dans laquelle Willard n’est qu’un simple employé était celle de son père, décédé dans d’étranges circonstances, mais sa famille en a perdu le contrôle. Lorsqu’il rentre chez lui, sa vie n’est pas rose non plus. Son quotidien est rythmé par les demandes incessantes de sa mère grabataire, qui passe son temps à lui donner des ordres ou à le réprimander.
Willard est incarné par Bruce Davison, un acteur très prolifique (avec plus de 250 rôles au cinéma et à la télévision…dont celui du Sénateur Kelly dans les deux premiers X-Men) qui en était alors à son troisième long métrage. Et il est très bon, crédible dans les différents aspects de la personnalité de Willard, empoté au travail, malheureux à la maison (avec un décor que l’on peut voir comme une métaphore de l’état d’esprit de ses deux habitants)…mais qui trouve enfin un certain sens de la camaraderie lorsqu’il tombe sur une colonie de rats qui a élu domicile dans la cour de sa vieille demeure.
La comparaison est facile : les rats, comme Willard, sont des marginaux. Grâce à l’interprétation de Bruce Davison, la situation fonctionne : il n’y a qu’à leur contact qu’il se sent bien, il n’y a qu’avec eux qu’il peut parler avec aisance. Au lieu de suivre les ordres de sa mère (qui voulait qu’il les tue), Willard commence à les dresser, à leur donner des noms. Il a même deux préférés : le blanc Socrate et le brun Ben. Certaines situations sont assez amusantes et dans un premier temps, Willard se sert de son armée de rats (car ces bébêtes se reproduisent très vite) pour se venger de son patron, en ruinant sa soirée d’anniversaire.
Ce ton léger ne dure pas. Les rebondissements font que Willard se retrouve dans une situation inextricable et le jeune homme perd peu à peu le contrôle. L’atmosphère qui se dégage du dernier acte est prenante et l’affrontement tant attendu depuis le début du récit ne déçoit pas (avec une mise en scène très efficace de Daniel Mann). Une intense montée en puissance, marquée par une réplique-choc, qui trouve son point culminant dans un final cruel, très cruel…
Dans le rôle du patron de Willard, on retrouve cette bonne vieille trogne de Ernest Borgnine (La Horde Sauvage), parfait en gros salaud. La vieille maman du héros est incarnée par Elsa Lanchester, qui restera pour la postérité la fiancée de Frankenstein dans le chef d’oeuvre de James Whale, dans une de ses dernières apparitions à l’écran. Et Sondra Locke, future partenaire à la vie et à l’écran de Clint Eastwood, campe la seule amie de Willard, son seul rayon de soleil dans un quotidien bien morne.
Le long métrage de Daniel Mann (Notre homme Flint avec James Coburn) a connu un petit succès en 1971, ce qui a donné lieu à une série de films sur le même thème, dont Ben (suite directe de Willard) et Stanley en 1972 et Kiss of the Tarentula en 1976. Willard a aussi fait l’objet d’un remake en 2003, avec l’étrange Crispin Glover dans le rôle-titre.