Aventures/fantastique
Long métrage américain
Réalisé par Ron Howard
Scénarisé par Bob Dolman, d’après une histoire de George Lucas
Avec Warwick Davis, Val Kilmer, Joanne Whalley, Billy Barty, Jean Marsh…
Année de production : 1988
Willow fait partie des projets que George Lucas avait en tête dans les années 70. Selon plusieurs sources, le titre de travail était à l’époque Munchkins. Accaparé par le long développement de sa Saga des Etoiles, Lucas a rangé ses notes pour mieux les ressortir après la fin de la trilogie Star Wars, persuadé qu’il avait trouvé l’interprète idéal en la personne du jeune Warwick Davis, qui a joué le facétieux ewok Wicket dans Le Retour du Jedi. On retrouve toutes les marottes de Lucas dans le scénario confié à Bob Dolman, un auteur venu de la télévision.
Ainsi l’histoire coche toutes les cases du Voyage du Héros tel qu’il a été établi par Joseph Campbell. Willow Ufgood est un fermier de la tribu des Nelwyn, des gens de petites tailles (référence évidente aux Hobbits de Tolkien), il est appelé à vivre une grande aventure lorsqu’il recueille un bébé convoité par une reine maléfique. Il est d’abord réticent mais il est convaincu par un homme sage, le magicien Aldwyn. Willow affronte de nombreuses épreuves, se fait des alliés et des ennemis et retourne chez lui changé, fort de cette expérience.
Les points communs avec Star Wars sont également présents. Il y a du Luke Skywalker dans le portrait de Willow; le gentil gredin Madmartigan campé par Val Kilmer est un Han Solo un peu gaffeur; Sorcha est une princesse rebelle (même si cet aspect n’est pas le mieux développé); Aldwyn et la sorcière rappellent à leur manière Yoda et Obi Wan; Madmartigan et Airk ont une amitié contrariée à la Han et Lando; la reine Bavmorda, c’est l’Empereur et le masqué général Kael (une pique envers la critique Pauline Kael, qui détestait les films de Lucas et les blockbusters en général) est son âme damnée, son Dark Vador.
Un peu de Moïse dans son berceau, du Tolkien, du Star Wars, une pincée de Gulliver (car il y a encore plus petit que les Nelwyn), de la fantasy à la Ray Harryhausen (et ça, j’aime beaucoup)…un (gros) parfum de déjà-vu flotte sur l’intégralité du parcours aventureux de Willow Ufgood. Est-ce que cela en fait un mauvais film pour autant ? Pas pour moi car dès que les premières notes de musique de James Horner résonnent, je suis toujours emporté par le charme de cet univers et par ses attachants héros à la tête d’un divertissement familial très agréable.
Les rebondissements ne manquent pas, entre scènes d’action dynamiques (la course-poursuite après la scène du bar, l’évasion dans les paysages enneigés…) et légèreté apportée par les comparses comiques que sont les Brownies savoureusement interprétés par Kevin Pollak et Rick Overton. Le rythme est bon, la direction artistique est de qualité, les décors naturels sont superbes (la Nouvelle-Zélande était déjà le lieu rêvé pour ce genre de récit fantastique) et un passage en particulier a marqué une étape dans l’évolution des techniques d’effets spéciaux.
Quinze après avoir joué dans American Graffiti, Ron Howard collaborait ici avec George Lucas derrière la caméra pour son premier long métrage à grand spectacle en tant que réalisateur. Entre les recettes ciné, VHS et les droits TV, Willow fait partie des rares films de fantasy rentables des années 80. Pas assez pourtant pour financer une suite qui a dans un premier temps eu lieu dans une série de romans écrits par un certain Chris Claremont. Et si j’ai bien compris, cette trilogie a été écartée par les créateurs de la série Willow, diffusée à partir d’aujourd’hui sur Disney + et véritable continuation de la destinée de Willow Ufgood.