YAKUZA t.1-3 (François Corteggiani / Emanuele Barison)

Discutez de Yakuza

Fort de son exploration de la criminalité américaine dans De silence et de sang, François Corteggiani entame un petit périple au pays du Soleil Levant à l’occasion de Yakuza, trilogie explorant cette fois-ci la criminalité japonaise.

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Le propos n’est pas le même : si la première série est une évocation historique du sujet, celle-ci est plutôt l’occasion d’un récit d’aventure, musclé et dynamique. Le scénariste retrouve pour l’occasion Emmanuele Barison, dessinateur italien qui avait conclu le cycle précédent, chez Glénat. Ici, il fait preuve d’une plus grande maturité, son trait étant moins hésitant.

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Le titre Yakuza est emprunté à celui d’un formidable film de Sidney Pollack (récemment repassé sur ARTE), dans lequel Robert Mitchum fait un retour remarqué à Tokyo, en 1974, une ville qu’il avait connue durant l’occupation américaine de l’après-guerre. Le long métrage, qui postule encore aujourd’hui pour être l’un des meilleurs films sur la rencontre difficile entre l’Orient et l’Occident, propose deux personnages différents mais qui apprennent à se connaître en dépit de leurs cultures presque antinomiques. La trilogie de Corteggiani et Barison, si elle n’offre pas d’instants de poésie ou de méditation comme dans le film, fonctionne sur les mêmes mécanismes.

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Tout commence avec un attentat contre un camp mafieux japonais, qui précipite une guerre larvée entre factions, créant une situation qui dégénère. La police se met sur les traces d’une femme, qu’ils parviennent à identifier comme étant la demi-sœur d’un policier américain. Ce dernier est donc contraint de revenir au Japon, un pays qu’il aurait visiblement préféré oublier. Rajoutons à cela le fait que l’enquêteur nippon est, en secret, membre d’un clan de yakuza, et s’installe alors tout un jeu de frictions mais aussi d’acceptation entre les personnages, qui développent un respect mutuel et parviennent à fonctionner en tandem.

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L’ensemble est assez joliment dessiné, dans un style dynamique. Le lettrage, assuré par deux personnages sur trois albums (dont Christophe Semal, habitué des comics en VF), est plutôt pas mal, même s’il faut admettre que l’emplacement des bulles aurait pu être plus soigné, surtout sur le deuxième album.

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La fin du troisième album, qui boucle l’histoire, s’avère un peu abrupte, donnant l’impression que la série en avait encore en réserve. L’ensemble demeure assez cohérent, laissant à l’imagination du lecteur une baston finale qu’on imagine sanglante, et à l’annonce de laquelle les deux héros, l’américain et le japonais, semble plus unis que jamais, malgré leurs différences.

Au point qu’un aurait bien repris une tranche.

Jim