et ça fera donc 70€ pour 280 pages. Qui trouvait les omnibus trop cher déjà ?
Deuxième et dernier tome de ce récit de naufrage qui tourne au massacre. Le récit promettait de montrer la lente et cruelle destruction d’une communauté de naufragés sous la pression d’un ambitieux manipulateur, et ne déçoit aucunement.
Le scénario a l’intelligence de poser dès les premières pages les enjeux : Jeronimus est retrouvé, blessé mais vivement, et ramené au camp des survivants, où ceux qui savent ce qu’il est vraiment, parmi lesquels Lucrecia, songent à le tuer tout de suite. Voilà qui est clair. Et effectivement, il aurait mieux valu se débarrasser de ce sinistre personnage, parce que rapidement, les choses dégénèrent, les clans se forment, les forts tuent les faibles, etc.
Je lisais récemment une interview de Xavier Dorison qui expliquait que sa recherche, en tant que scénariste, consiste à forger des métaphores (là où, par exemple, un Van Hamme s’intéresse davantage au romanesque). De fait, 1629 est une métaphore de la société d’aujourd’hui, où les forts pillent et tuent. L’exergue de l’album, qui explique que le mal triomphe parce que les hommes de bien ne font rien, éclaire le récit et le propos du scénariste.
Et donc, on assiste à un lent et minutieux jeu de massacre, qui ne cesse pas quand les victimes s’en aperçoivent, bien au contraire. Dorison sait mettre en valeur les séquences de solitude et les cases muettes (un truc qu’il a su reprendre de Van Hamme, qui utilisait le procédé avec finesse), et une autre astuce narrative est particulièrement efficace pour restituer avec précision les sentiments qui parcourent les personnages : des successions de cases montrant les différents états d’âmes qui se télescopent dans les esprits, les lâchetés qui se font jour, les renoncements qui apparaissent. Une belle utilisation du langage BD pour un portrait collectif des plus cruels.
Les auteurs s’inspirent d’un événement réel mais n’hésitent pas à conserver une marge de manœuvre afin de donner un destin plus dramatique, ou plus glorieux, à leurs protagonistes. Les scènes d’action sont bien rentre-dedans, le dessin est de haute volée, dans la lignée Lauffray / Alice / Parnotte. On sent parfois une certaine forme de décompression un peu gratuite, mais l’album reste équilibré. Pas de réelle surprise si l’on connaît l’histoire, ni si l’on connaît le travail du scénariste (qui enquille les grands méchants, avec Jeronimus et Sister Oz dans Undertaker), mais un bon suspense poignant avec, en arrière-plan, la machine à broyer des grandes compagnies maritimes.
Jim
L’exposition 1629 à Angoulême est incroyable. Les planches en n&b sont époustouflantes. Le bâteau par exemple est traité comme un personnage à part entière !
C’était de toute beauté !
J’espère une intégrale en n&b de la série, comme ce fut le cas pour The Undertaker et Long John Silver!
Et ça se vend bien, ils sont à 125K pour les deux albums.
Pas mal.
Apparemment, y a un projet chez BD Empher.
Jim
Ce sont de très belles éditions à un prix que je ne trouve pas exorbitant (je crois que toi tu n’es pas de cet avis).
Pas chez Niffle?
Apparemment pas, mais attendons les infos officielles.
Jim
ça ne me parle pas, ces éditeurs !
Des petites structures spécialisées dans les tirages de tête, les intégrales noir & blanc, ce genre de produits…
BD Empher était hébergé sur le stand d’Original Watts, cette année à Angoulême.
Jim