1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

tiens, je pensais avoir évoqué le contenu de Superman #661… et pourtant, j’ai oublié.
Réparons cet oubli.

Rappel des faits :

Donc, le récit prend place à une période un peu troublée éditorialement parlant, pour le titre mais aussi pour DC en général. Superman #661 est daté d’avril 2007, Paul Levitz est encore crédité en tant que « President & Publisher », tandis que Dan DiDio est déjà « Senior VP - Executive Editor ». De gros noms sont arrivés sur les personnages (on citera Grant Morrison sur Batman…), et Superman bénéficie des efforts de Geoff Johns (avec Richard Donner) et Adam Kubert sur Action Comics, tandis que Kurt Busiek s’est associé à Carlos Pacheco pour Superman. C’est super joli, mais dans les deux cas (et on peut élargir ça au Batman de Morrison), l’ambition artistique se heurte à des retards conséquents. La grande saga que Busiek veut raconter avec Pacheco connaît des retards, si bien que l’éditorial doit recourir à l’astuce du fill-in (au demeurant, pas mal de ces épisodes bouche-trou seront de bonne qualité, hein, là n’est pas le problème).

C’est ainsi que, parmi les histoires de complément qui sont commandées afin de tenir le rythme et de permettre à Pacheco de boucler son intrigue (et à Busiek de conserver peu ou prou la barre du titre), Matt Idleson, le responsable éditorial, se tourne vers une vieille histoire que Busiek avait écrite plus de vingt ans avant pour Alan Gold. L’histoire était dessinée, mais des tas de détails, parmi lesquels les évolutions technologiques, nécessitaient de mettre tout cela à jour. Eduardo Barreto est donc engagé afin d’encrer et de redessiner quelques éléments (en l’absence d’images des pages d’époque, pas facile de savoir, comme on le dit dans le post précédent consacré au sujet).

L’action commence alors que Wonder Woman se produit sur une scène, cassant des voitures pour une œuvre de charité organisée par la Jadis Foundation. Clark Kent et Lois Lane sont dans l’assistance et prennent des notes pour un article. Le couple de journalistes se retrouvent ensuite au musée afin de couvrir un autre événement de la vie culturelle locale. Ils y retrouvent Diana, en civil, et discutent de mythologie (ce qui permet à Busiek de jouer sur les classiques de Superman, les voyages dans le temps, les rencontres avec les surhommes des anciens mythes : le scénariste s’amuse à replacer une ambiance Silver Age dans ce récit, cette petite touche old school que nous avons évoquée pour un autre de ses récits).

C’est là que les personnages rencontrent une femme visiblement énervée qui cherche à récupérer quelques éléments de l’exposition. Quand Clark s’interpose, il est confronté à un pouvoir magique qui le dépasse. Et même l’intervention de Diana n’y change rien.

Après la disparition de la mystérieuse femme et de Superman, Diana et Lois décident d’enquêter. Elles identifient l’énigmatique personnage comme étant Hermia Jadis, directrice de la fondation. De fil en aiguille, Diana en conclut qu’il s’agit de Khyrana la Maudite ! Il s’agit d’une femme qui, aux temps anciens, aurait repoussé les avances de Zeus.

Maudite par le dieu, elle s’est depuis lors nourrie des énergies des hommes qui la convoitent. Continuant leur enquête, les deux femmes ont la confirmation que Hermia Jadis a parcouru les siècles en se servant de son pouvoir.

Convaincue que Superman risque sa vie, Wonder Woman se précipite à son secours. Elle le trouve dans un état d’épuisement total.

L’épisode se conclut par le proverbial affrontement entre surhommes (car, alimentée par l’énergie de Superman, Khyrana casse littéralement la baraque), mais Busiek trouve le temps de glisser des considérations que l’on peut estimer féministes, en tout cas qui amènent une réflexion sur le regard porté aux femmes.

Les dialogues sont plutôt habiles, un brin envahissants mais très riches. Busiek joue sur les divers décalages (Wonder Woman, occupée par sa carrière d’héroïne, n’a pas pris conscience des avancées technologiques, Khyrana quant à elle, vivant depuis des millénaires, ne fait plus attention à ce qu’elle voit comme des modes ou des passades…), et s’amuse avec des répliques de Lois, qui joue une jalousie factice.

Le dessin, qui allie donc le trait d’un Richard Howell des années 1980 à l’encre d’un Eduardo Barreto des années 2000, reste très agréable à l’œil, même s’il perd en dynamisme et en énergie, surtout en comparaison d’un Pacheco.

Un petit épisode bien troussé, fait avec affection et talent, qui ne dépasse pas réellement son statut de fill-in, mais qui demeure une curiosité sympathique.

Jim