Hommage à la couverture de Fantastic Four #249 par Ian Churchill, pour la couverture de Teen Titans #18, en 2015 :
Jim
Hommage à la couverture de Fantastic Four #249 par Ian Churchill, pour la couverture de Teen Titans #18, en 2015 :
Jim
La période succédant au Wonder Woman #300 est marquée par le tandem que forment le scénariste Dan Mishkin et le dessinateur Don Heck (qu’il va falloir que je creuse plus avant, çaa fait partie de la vaste période inédite en France). Mais j’ai récemment découvert l’existence d’un épisode fill-in écrit par Kurt Busiek et publié dans Wonder Woman #318, sous une couverture très chouette d’Eduardo Barreto.
L’épisode est illustré par Irv Novick, vétéran de la rédaction de DC, connu pour des récits de guerre mais aussi pour de nombreux épisodes de Flash. Son style est réaliste, classique, académique comme on disait récemment, mais un petit peu plat. Ici, il est associé à l’encreur Rick Magyar, qui donne de jolis volumes à son trait, un côté lumineux, le tout pour un résultat très agréable.
Tout commence alors que Diana rêve, par une nuit d’orage qui secoue son appartement à Georgetown, banlieue de Washington (dont j’ai appris l’existence en voyant L’Exorciste pour la première fois, mais ceci est une autre histoire). Hantée par des visions de l’Île du Paradis ravagée (et des Amazones enchaînées), notre héroïne revêt ses couleurs à l’aide de son lasso et projette de partir là-bas voir si tout va bien.
Ici intervient une courte séquence que je ne m’explique pas trop, à savoir que le tourbillon du lasso ne provoque pas seulement la métamorphose, mais aussi que la vision de l’île ravagée apparaît dans la boucle du lasso, et que celui-ci permet à Wonder Woman de se téléporter là-bas. Diana elle-même a l’air surpris, mais je ne sais pas trop ce qui l’étonne : est-ce l’image qui apparaît, est-ce aussi la capacité de transport du lasso ?
Je n’ai pas lu grand-chose de cette période, mais je restais persuadé qu’il lui fallait soit voler soit prendre son avion invisible pour aller rendre visite à la Reine Hippolyte. Dans cette page, sont-ce deux capacités hors-normes du lasso, comme la fin de l’histoire pourrait le suggérer ? Il va falloir que je lise cette période pour savoir. Et gageons qu’Alexa saura nous éclairer.
Donc, Wonder Woman arrive sur l’île et découvre que celle-ci a été envahie par des extraterrestres. On en conclut qu’ils s’agit de mâles, puisque l’invasion a déclenché les événements catastrophiques annoncés par la prophétie, à savoir la disparition de la magie et l’emprisonnement des Amazones. Des indices signalent qu’en fait, Wonder Woman s’est non seulement déplacée dans l’espace, mais aussi dans le temps.
Après une rapide altercation avec un groupe d’envahisseurs, Wonder Woman obtient des informations et peut retrouver sa mère, qui, toute étonnée de retrouver une fille qu’elle pensait à jamais disparue, lui apprend qu’elle est désormais au 64e siècle. Ragaillardie par la présence de Diana, Hippolyte mène les dernières Amazones au combat et repousse les envahisseurs.
Cependant, après cette victoire, les Amazones, subissant une sorte de dépression post-traumatique, s’estiment indignes de la protection d’Aphrodite et se dévaluent. Ce qui nous vaut alors le meilleur moment de ce court épisode (quinze pages), quand Wonder Woman engueule proprement ses sœurs Amazones.
Et quand celles-ci retrouvent enfin leur confiance et leur sens du devoir, c’est alors que la déesse apparaît, redonnant à ces guerrières du futur tous leurs attributs.
Le récit se conclut sur une petite morale un brin simpliste mais sympathique, à savoir que l’amour n’est efficace que tant qu’il est accepté. Petite manière rapide, pour la déesse, de faire la leçon à une Hippolyte dont la foi a vacillé.
Kurt Busiek signe là un récit rapide, dense, sympathique, qui convoque une réalisation contemporaine (on est à l’été 1984) et une intrigue assez classique, que n’aurait peut-être pas reniée William Moulton Marston. Un brin old school, son épisode est une sorte de déclaration d’amour à une héroïne et à son histoire éditoriale.
Rappelons pour les plus curieux que Busiek signera également un autre fill-in, commandé aussi par Alan Gold, et intitulé « Dangerous Lady ». Dessiné par Richard Howell, ce récit ne verra le jour que des décennies plus tard, à l’occasion d’un épisode d’Action Comics. On en parle ici et là.
Jim
Comment a t on pu passer de cette qualité de dessin dans la production aux horreurs qu on.a pu rencontrer dans les 90 ?
Il y a une réflexion qui revient souvent (des deux côtés de l’Atlantique, au demeurant) et qui fournit un début d’explication.
Grosso modo, il y aurait des générations de lecteurs qui auraient découvert (ou redécouvert) la bande dessinée par l’entremise de certains succès colossaux et la médiatisation qu’ils ont générée. Une partie du lectorat qui, par exemple, serait tombée dans la marmite avec McFarlane, avec Liefeld, dont le succès a rendu les œuvres plus visibles, et attiré des lecteurs qui n’avaient pas la culture, l’historique, le bagage… et donc pas la possibilité de comparer…
Ça a donc amplifié les succès. Et l’industrie du comic book étant un métier de copieurs, les gens se sont mis à dessiner comme Jim Lee ou comme Rob Liefeld (en d’autres époques, on dessinait comme Jack Kirby, comme Neal Adams ou comme Frank Miller, ça n’a rien de nouveau).
Jim
Il a pas fait des titres d’horreur dans sa jeunesse ?
tiens, je pensais avoir évoqué le contenu de Superman #661… et pourtant, j’ai oublié.
Réparons cet oubli.
Rappel des faits :
Donc, le récit prend place à une période un peu troublée éditorialement parlant, pour le titre mais aussi pour DC en général. Superman #661 est daté d’avril 2007, Paul Levitz est encore crédité en tant que « President & Publisher », tandis que Dan DiDio est déjà « Senior VP - Executive Editor ». De gros noms sont arrivés sur les personnages (on citera Grant Morrison sur Batman…), et Superman bénéficie des efforts de Geoff Johns (avec Richard Donner) et Adam Kubert sur Action Comics, tandis que Kurt Busiek s’est associé à Carlos Pacheco pour Superman. C’est super joli, mais dans les deux cas (et on peut élargir ça au Batman de Morrison), l’ambition artistique se heurte à des retards conséquents. La grande saga que Busiek veut raconter avec Pacheco connaît des retards, si bien que l’éditorial doit recourir à l’astuce du fill-in (au demeurant, pas mal de ces épisodes bouche-trou seront de bonne qualité, hein, là n’est pas le problème).
C’est ainsi que, parmi les histoires de complément qui sont commandées afin de tenir le rythme et de permettre à Pacheco de boucler son intrigue (et à Busiek de conserver peu ou prou la barre du titre), Matt Idleson, le responsable éditorial, se tourne vers une vieille histoire que Busiek avait écrite plus de vingt ans avant pour Alan Gold. L’histoire était dessinée, mais des tas de détails, parmi lesquels les évolutions technologiques, nécessitaient de mettre tout cela à jour. Eduardo Barreto est donc engagé afin d’encrer et de redessiner quelques éléments (en l’absence d’images des pages d’époque, pas facile de savoir, comme on le dit dans le post précédent consacré au sujet).
L’action commence alors que Wonder Woman se produit sur une scène, cassant des voitures pour une œuvre de charité organisée par la Jadis Foundation. Clark Kent et Lois Lane sont dans l’assistance et prennent des notes pour un article. Le couple de journalistes se retrouvent ensuite au musée afin de couvrir un autre événement de la vie culturelle locale. Ils y retrouvent Diana, en civil, et discutent de mythologie (ce qui permet à Busiek de jouer sur les classiques de Superman, les voyages dans le temps, les rencontres avec les surhommes des anciens mythes : le scénariste s’amuse à replacer une ambiance Silver Age dans ce récit, cette petite touche old school que nous avons évoquée pour un autre de ses récits).
C’est là que les personnages rencontrent une femme visiblement énervée qui cherche à récupérer quelques éléments de l’exposition. Quand Clark s’interpose, il est confronté à un pouvoir magique qui le dépasse. Et même l’intervention de Diana n’y change rien.
Après la disparition de la mystérieuse femme et de Superman, Diana et Lois décident d’enquêter. Elles identifient l’énigmatique personnage comme étant Hermia Jadis, directrice de la fondation. De fil en aiguille, Diana en conclut qu’il s’agit de Khyrana la Maudite ! Il s’agit d’une femme qui, aux temps anciens, aurait repoussé les avances de Zeus.
Maudite par le dieu, elle s’est depuis lors nourrie des énergies des hommes qui la convoitent. Continuant leur enquête, les deux femmes ont la confirmation que Hermia Jadis a parcouru les siècles en se servant de son pouvoir.
Convaincue que Superman risque sa vie, Wonder Woman se précipite à son secours. Elle le trouve dans un état d’épuisement total.
L’épisode se conclut par le proverbial affrontement entre surhommes (car, alimentée par l’énergie de Superman, Khyrana casse littéralement la baraque), mais Busiek trouve le temps de glisser des considérations que l’on peut estimer féministes, en tout cas qui amènent une réflexion sur le regard porté aux femmes.
Les dialogues sont plutôt habiles, un brin envahissants mais très riches. Busiek joue sur les divers décalages (Wonder Woman, occupée par sa carrière d’héroïne, n’a pas pris conscience des avancées technologiques, Khyrana quant à elle, vivant depuis des millénaires, ne fait plus attention à ce qu’elle voit comme des modes ou des passades…), et s’amuse avec des répliques de Lois, qui joue une jalousie factice.
Le dessin, qui allie donc le trait d’un Richard Howell des années 1980 à l’encre d’un Eduardo Barreto des années 2000, reste très agréable à l’œil, même s’il perd en dynamisme et en énergie, surtout en comparaison d’un Pacheco.
Un petit épisode bien troussé, fait avec affection et talent, qui ne dépasse pas réellement son statut de fill-in, mais qui demeure une curiosité sympathique.
Jim
Carrément. Décevant.
Moi, j’aime bien, mais c’est aussi parce que j’aime l’académisme d’un Win Mortimer, d’un Dan Spiegle, ce genre de choses. Et Richard Howell est clairement dans cette lignée. Même encré par Barreto.
Jim
Doc Ock … terrible !
Je suis d’accord.
J’ai longtemps cru que c’était une consigne éditoriale. Mais on m’a expliqué que c’est Trimpe lui-même qui a démontré aux editors qu’il pouvait bosser dans ce style, ce qui lui a permis d’avoir du boulot.
Et il faut avouer qu’il fait ainsi du Rob Liefeld lisible.
Jim
Wonder Woman et Captain America par Herb Trimpe, pour une marque de céréales (apparemment Sprinkle Spangles).
Jim
Je préfère liefeld a ce trimpe. Souvenir horrible d un cross avec les ff dans ce style, atlantis rising peut etre
Ou Starblast ?
Moi, j’aime bien (enfin, on se comprend) parce qu’il y a une sorte de recul, d’ironie dans le traitement, ce qui est assez logique. C’est de la parodie. Je trouve ça laid comme le péché, mais il y a quelque chose qui fait que je m’y plonge sans douleur.
Jim
Avec quasard ? Oui peut-être.
Ironie mordante qui laisse des traces de morsure sur la rétine.
Oui, je pensais à ça.
Ah ça, quand on joue avec le feu, on se brûle.
Jim
Visiblement, il a commencé à dessiner chez MLJ, la boîte qui allait devenir Archie Comics. Il y a rencontré Robert Kanigher, qui l’entraîne ensuite dans des projets chez DC, pour des récits de guerre dans Our Army At War, des histoires d’amour… Ensemble, ils ont créé le Silent Knight, en 1955.
J’apprends qu’il a travaillé dans la publicité, pendant les années 1960. Il revient chez DC où il travaille sur de nombreux personnages connus, Superman, Batman, Flash. Il a par exemple dessiné l’épisode 248, qui est mon plus ancien souvenir d’aventure du Bolide (couverture de Rich Buckler), où un gamin dessine un super-vilain qui prend vie.
J’ai le souvenir d’avoir vu très souvent son nom associé à Barry Allen. Mais il a aussi beaucoup travaillé avec Frank Robbins, qui était alors scénariste sur des séries consacrées à Batman. Ensemble, ils ont créé des vilains comme le Ten-Eyes Man ou le Spook, et ont réalisé pas mal d’histoires qui fonctionnent dans la même orientation que celles d’O’Neil, à savoir redonner une dimension de polar noir aux aventures du gardien de Gotham.
Jim
Les parutions anglaises ne se sont pas toujours calquées fidèlement sur le modèle américain (par exemple, en changeant le prix dans le « corner box »). Parfois, l’éditeur propose des trucs particuliers.
Par exemple, Wonder Woman a droit à un Annual en 1980, sons une couverture inédite et non signée (dont l’auteur semble avoir samplé un peu de Kurt Schaffenberger, un peu de Bob Brown…).
En revanche, chose intéressante, c’est Brian Bolland qui signe la page de sommaire, dans son style précis et limpide.
On notera que « This War Has Been Cancelled », comptant parmi les histoires adaptées dans cet Annual, renvoie à l’épisode écrit par Martin Pasko sur une idée d’Alan Brennert, et dessinée par le regretté Bob Brown, et qu’on a déjà évoquée.
Jim
une couverture inédite et non signée (dont l’auteur semble avoir samplé un peu de Kurt Schaffenberger, un peu de Bob Brown…).
Elle est de Paul Green (un britannique homonyme de l’autre).
Tori.
L’année suivante, Wonder Woman Official Annual 1981 adapte, entre autre, Wonder Woman #252, par Jack C. Harris, José Delbo et Joe Giella.
Cette fois, c’est Brian Bolland qui se charge de la couverture, et pour le coup, il s’inspire de l’image dessinée par Ross Andru et Dick Giordano.
Et puisque Bolland se charge de la couverture, c’est un autre illustrateur qui la réalise.
Je n’ai pas trouvé son nom et Tim Hanley semble l’ignorer aussi. Mais Tori saura sans doute.
Jim