Connu pour son travail éditorial sous le nom de James Owsley ou pour ses prestations sur des séries aussi diverses que Falcon, Steel, Quantum and Woody, Black Panther, Captain America and Falcon ou Deathstroke, Christopher Priest a également signé quelques récits consacrés à la Princesse Diana (l’autre), souvent dans le rôle un peu ingrat du scénariste bouche-trou devant fournir de quoi publier entre deux prestations notables.
C’est le cas avec Wonder Woman #137-138, un diptyque illustré par Mark Bright et rondement mené que l’éditeur publie à la suite des épisodes de John Byrne et avant ceux d’Eric Luke. Précisément, Priest en signera un autre dans la foulée, puisque le Wonder Woman #1000000 sera publié juste après ce two-parter.
L’épisode s’ouvre alors qu’un couple s’éveille pour une nouvelle journée de boulot. Mais quand le fils de Sally West ouvre la porte à « une dame en maillot de bain », sa maman sait que la journée sera décidément incomparable. En effet, Wonder Woman est persuadée que Sally est en réalité sa mère, la Reine Hippolyte sous le coup d’un sort puissant. Et elle tente de le lui démontrer en passant par la manière forte.
Par la suite, elle tente de convaincre Sally du bienfondé de sa démarche, mais la visite auprès de proche, voire dans la Tour de Garde de la Ligue, n’y change rien. Priest a le bon sens de mêler à ce récit des flash-backs (où Ian Laughlin utilise des palettes délavées du meilleur effet) afin de ramener des souvenirs d’enfance de Diana, mais également des instants plus récents, qui servent de lien entre les épisodes de Byrne et ceux qui vont suivre. En effet, il faut « ranger les jouets » pour Eric Luke et pour l’heure, c’est Hippolyte qui tient le rôle de Wonder Woman sur Terre, il faut donc résoudre ce détail. C’est la fonction principale du diptyque, mais Priest en profite pour y injecter beaucoup d’humour et d’émotion.
La fin de la première partie met en évidence le méchant de l’histoire : la sorcière Circé.
La même équipe réalise ce deuxième épisode, cette fois sous une couverture de Phil Winslade, occasion de voir les deux versions de Wonder Woman charger côte à côte.
Le prologue de la deuxième partie donne quelques explications. Circé a rencontré Elliott West, jeune veuf éploré qui élève son fils seul, et y découvre l’occasion de manipuler la vie de Diana.
Après avoir élucidé ces détails, Priest enchaîne sur la lutte de la mère et la fille contre la magicienne, non sans humour : la case où l’on voit Wally West transformé en cochon est assez amusante.
Priest met aussi en avant les sentiments. Quand Diana comprend que sa mère est persuadée d’être Sally West, et donc de souffrir à l’idée de quitter sa famille, elle se rend compte que le dilemme est de taille.
L’affaire se résout dans une dernière bataille contre Circé, sur la pelouse du pavillon des West. Diana parvient à faire boire un philtre à sa mère, qui recouvre alors ses souvenirs. La même boisson servira à faire oublier à Elliott et à son fils les instants qu’ils ont connus avec cette mère de famille pourtant disparue. Et si Hippolyte est persuadée qu’ils s’en remettront, Diana, elle, en doute un peu.
Priest a donc rendu Diana à son rôle d’héroïne et Hippolyte à son île paradisiaque. Mais il en a profité pour offrir deux épisodes qui font rire et pleurer. Bel exploit.
Jim