1941-2021 : BON ANNIVERSAIRE WONDER WOMAN !

En 1994, c’est William Messner-Loeb qui tient la barre de la série Wonder Woman. Il a progressivement éloigné l’Amazone du versant mythologique de son univers, mettant en scène la disparition de ses sœurs. Les épisodes sont alors dessinés par un certain Jeff Parker, qui fera par la suite une carrière de scénariste. Mais la série est sur le point de subir un grand changement avec l’arrivée d’un jeune dessinateur brésilien, Mike Deodato.

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Mais pour l’heure, en plein milieu du run de Messner-Loeb, le scénariste Christopher Priest signe un premier diptyque, bien des années avant Wonder Woman #137-138. Contrairement à cette prestation de 1998, où le scénariste doit ranger les jouets en prévision de l’arrivée d’Eric Luke, ici Priest doit contribuer à faire avancer les intrigues de son confrère.

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Donc nous sommes à une époque où Diana croit ses amies Amazones mortes. Hantée par des rêves où apparaît sa mère la Reine Hippolyte, elle continue sa mission héroïque mais estime perdre pied peu à peu, et se laisser aller à la violence.

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Elle tente de se confier à Superman, mais ce dernier, qui porte les cheveux longs ce qui indique qu’on est entre sa « mort » et son mariage, est lui aussi très pris par ses affaires.

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Toujours troublée par son propre comportement inexplicable, Wonder Woman se tourne ensuite vers Doctor Fate. Bon, à l’époque, Doctor Fate est une femme, le rôle ayant été endossé par Inza Nelson, mais en soi, ce n’est pas très important pour le récit. Dans la discussion entre Diana et Inza, une idée se fait jour : si Hippolyte apparaît dans les cauchemars de sa ville, cela veut peut-être dire qu’elle est encore en vie, quelque part.

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Mais Wonder Woman, tout en écoutant les propos de son équipière, commence à comprendre que quelque chose cloche. Elle devine qu’il ne s’agit pas de la magicienne…

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… mais de sa vieille ennemie Circé, qu’elle pensait également morte.

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Dans la seconde partie de ce diptyque au final très important pour l’articulation narrative de la série, Christopher Priest brosse le portrait d’une Circé manipulatrice qui tire un plus grand plaisir quand sa victime prend conscience d’être manipulée.

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Il ne lui suffisait pas d’avoir fait croire à Wonder Woman que les Amazones sont mortes (en réalité, Themyscira est transportée dans une dimension de flammes où les guerrières doivent mener une lutte perpétuelle), il faut désormais que Diana sache qu’il s’agit d’un mensonge.

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Et désormais, elle tient la Princesse Diana (l’autre) dans ses filets. En échange du retour de l’île et de ses habitantes, elle ne lui demande qu’une seule petite chose : la vie d’un innocent. Bien entendu, l’héroïne refuse, mais le sort (Circé ?) met sur sa route Cynthia, qui se fait appeler « Jane », une travailleuse du sexe qui attire ses clients en portant une tenue tricolore semblable à la sienne.

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Découvrant la véritable identité de la jeune femme, Diana l’emmène chez sa grand-mère, et découvre que Circé a pris sa place. Elle entend bien refuser l’accord, mais bien entendu, le sort s’acharne et la sorcière finit par obtenir ce qu’elle avait exigé.

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L’histoire se conclut avec une héroïne qui retourne chez elle, mais qui sent peser le poids de la culpabilité. Nul doute que, si Priest avait été le scénariste régulier, il aurait joué sur ce ressort, qui sera écarté par Messner-Loeb, ce dernier se concentrant sur la lutte contre le White Magician et sur le remplacement de Diana par Artemis. Mais force est de constater que Priest signe ici deux épisodes denses, dont certaines péripéties annoncent le second diptyque quatre ans plus tard, et où des thèmes fréquents (la famille, la lignée, la séduction, l’illusion… : de quoi justifier un TPB, je vous le répète) permettent d’approfondir les personnages.

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Au dessin, on retrouve John Ross, dessinateur écossais qu’on a évoqué récemment à l’occasion d’une histoire consacrée à Ben Grimm. Cet illustrateur que, personnellement, je ne connaissais pas la semaine dernière, livre une jolie prestation à la narration impeccable. Il rate quelques cases, dessine quelques visages un peu tordus, mais il sait donner du mouvement et de la vie à ses images.

Deux épisodes fill-ins qui font pourtant grandement avancer la série, et qui mériteraient une réédition.

Jim