RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Suite de Wonder Woman: The Last True Hero, le recueil Wonder Woman: Ares Rising continue la réédition des épisodes écrits par William Messner-Loebs.

L’action reprend alors que Diana, qui ne sait toujours pas en quoi Circé est liée à la disparition de Themyscira, n’a pas retrouvé de boulot et qu’un trafic d’armes de haute technologie fait des remous parmi les gangs rivaux.

Des armes telles qu’un pistolet générateur de trou noir, utilisé dans Wonder Woman #77, épisode à la fin duquel on apprend que ce trafic est entretenu par un certain Ares Buchanan, qui s’auto-proclame « dieu de la guerre ».

Les fils rouges de la nouvelle situation se dessinent. Outre les armes, Diana et ses lecteurs assistent à une recrudescence de surhommes en tous genres, qui sèment le trouble. Ainsi de Mayfly, une tueuse à super-vitesse que Wonder Woman affronte avec Flash (l’autre héros dont Messner-Loebs écrit les aventures à cette époque).

Le scénariste en profite pour évoquer Etta Candy, qui essaie des robes de mariages, et les problèmes de celle-ci : suivant un régime drastique, la jeune femme tombe dans les pommes, ce qui n’est pas du goût de l’héroïne et permet à Messner-Loebs d’évoquer la tyrannie de l’apparence. C’est un peu survolé, un peu caricatural, mais ça donne quelques pages sensibles.

En parallèle, le récit nous présente un nouveau personnage, une juriste arriviste qui loue une chambre auprès de la même logeuse que Diana. Cette femme, Donna Milton, est très tôt présentée comme une méchante, ce qui donne au lecteur une longueur d’avance sur l’héroïne. Wonder Woman #80 lui est consacré, et l’on apprend qu’elle est acoquinée, de très près, à Ari Buchanan. L’épisode est illustré par Steve Carr et Deryl Skelton, et l’absence de Lee Moder se fait cruellement sentir.

Blessée à la suite de son combat contre Mayfly, Wonder Woman découvre qu’elle a du mal à voler. Mais elle enquête cependant auprès de la mafia afin d’en savoir plus sur la circulation d’armes novatrices. À la fin de l’épisode, Donna Milton, qui vient d’aider Diana à récupérer des fonds grâce à une procédure en dédommagements assez musclée face à Maxwell Lord, songe à sa future trahison…

… qui est confirmée dans l’épisode 82, consacré aux origines d’Aristotle Buchanan, un homme insignifiant en qui le dieu Arès a insufflé un peu de son énergie (Zeus ayant interdit aux autres divinités d’intervenir sur Terre, à la fin de la période Pérez me semble-t-il). Le récit éclaire également l’alliance entre Buchanan et le White Magician, personnage un brin oublié depuis quelques épisodes et représentatif du caractère parfois décousu des scénarios de Messner-Loebs.

Wonder Woman #83 détaille cette fois le parcours de Donna Milton et sa lente et méticuleuse trahison (ce qui donne l’impression que Messner-Loebs a besoin de raconter les trucs qu’il a passés sous silence par l’ellipse séparant les numéros 81 et 82). On y a confirmation qu’elle est enceinte, fruit de sa liaison avec Buchanan dans laquelle elle s’est lancée afin, espère-t-elle, de donner naissance à un demi-dieu. La nouvelle n’impressionne pas le trafiquant d’armes qui lui tire dessus. Mourante, elle actionne un détonateur à trou noir qui emporte tout le monde…

Dans l’épisode suivant, Donna accouche de son enfant avec l’aide de Diana. Le dessin est assuré par Massengil, avec Parks, McClellan et Garzon à l’encrage, et c’est sans doute le plus laid de toute la prestation de Messner-Loebs, et donc du recueil. Dommage, car potentiellement c’était celui qui aurait dû se charger de la plus grande émotion, puisque les ennemies se réconcilient autour d’une naissance. Signalons d’ailleurs que Wonder Woman, série de femme s’il en est, n’aborde pas souvent le thème de la maternité, et c’est ici tout au mérite du scénariste.

C’est ici également que le White Magician fait son grand retour. Il a simulé sa mort et reprend contact avec la pègre, maintenant que Buchanan a disparu. La discussion avec le chef de gang Sazia tourne mal, et le sorcier le tue sous les yeux de la jeune épouse du mafieux.

De son côté, Wonder Woman pense que la disparition de Buchanan mettra un terme aux guerres souterraines secouant Boston, mais une nouvelle invasion d’êtres à super-pouvoirs menace les habitants, et surtout ses propres amis : il s’agit de représailles évidentes. Wonder Woman #85 est le premier épisode dessiné par Mike Deodato, qui propose des dessins dynamiques et sexys et beaucoup d’action. C’est sans doute le plus bel épisode du recueil, à la fin duquel Julia Kapatelis est grièvement blessée.

C’est un certain Jeff Parker qui illustre les deux épisodes suivants. Le futur scénariste officie dans un style qui évoque un peu Steve Rude ou John Calimee, avec les maladresses de la jeunesse mais une évidente volonté de bien faire.

Le récit raconte comment des surhommes qui sont autant de commentaires moqueurs envers la mode du moment (des cyborgs surdimensionnés avec des costumes à poches, quoi…) frappent les amis et alliés de la princesse amazone, et comment celle-ci harcèle les sphères criminelles en retour. C’est là qu’intervient la veuve de Sazia, qui échange une information sur le White Magician, permettant à Diana de libérer Vanessa Kapatelis, contre une trêve. La résolution de cette intrigue semble un peu précipitée. Et c’est d’autant plus palpable que les deux épisodes suivants, écrits par Christopher Priest et illustrés par John Ross (et inclus dans ce recueil également) reviennent à un mystère laissé de côté depuis une dizaine d’épisodes : le sort de Themyscira et le devenir de Circé.

À la lecture de ce TPB, on remarquera que les différents éléments présents dans les épisodes de Deodato, qui avaient eu droit à des rééditions bien avant ceux-ci, ont été installés par Messner-Loebs. Parfois maladroitement, parfois avec un suivi discutable, parfois en donnant l’impression que les idées venaient au fil de l’écriture, mais là. Je sens que je vais reparcourir les chapitres dessinés par Deodato en profitant de ce que je connais désormais du reste de cette prestation.

Le recueil comprend enfin un one-shot assez sympathique, mais sans aucun rapport, et plaqué dans le sommaire sans plus de ménagement que l’Annual dans le premier tome. Il s’agit d’un récit intégré à la collection « Retroactive » qui proposait de retrouver des auteurs des années 1970, 1980 et 1990 et de les associer aux personnages qu’ils ont marqués. Voici donc DC Retroactive 1990s: Wonder Woman, dans lequel Etta Candy confie à Wonder Woman un groupe de jeunes filles qu’elle doit former. L’histoire est légère et amusante, confrontant Diana à ses propres critères sur l’éducation, et amenant la petite troupe de filles à se comporter en dignes héritières qui sauve un club de garçons. Sans prétention, le numéro a le mérite de réunir William Messner-Loebs et Lee Moder, dont le style est devenu plus anguleux.

Il manque à ce recueil un peu d’éditorial, ce qui aurait sans doute compenser le caractère sec et elliptique de l’écriture de Messner-Loebs, qui a une fâcheuse tendance à livrer en retard des informations essentielles. Cela nuit souvent à nourrir les cliffhangers et surtout les sub-plots, un défaut que l’on peut retrouver dans ses Flash ou ses Thor.

Jim

1 « J'aime »